Ça serait mentir que de dire qu'elle ne t'avait pas énervé. Elle t'avait énervé à vouloir te protéger à tout pris, en allant contre les idées des autres. Ça ne t'avait pas plus, ça t'avait agacé. Elle t'avait agacé. Pourtant, la veille, tu étais resté avec elle parce qu'elle te l'avait demandé, et parce qu'elle n'était pas bien. Seth était parti, et elle en avait même pleuré. Bon. Tu ne savais même pas pourquoi tu t'en souciais, de tout ça. Enfin, soucier était un bien grand mot, mais l'intention était là. En temps normal, tu en aurais réellement eu rien à faire. Et là, tu l'avais écouté et tu étais resté avec elle. Cet endroit commençait à beaucoup trop te changer, ce n'était pas bien. Qu'importe. Tu t'étais réveillé avec, une fois de plus, Monroe à tes côtés. Alors qu'elle était toujours endormie, tu te levas afin d'aller prendre ton petit-déjeuner, puis te laver les dents. Une fois de retour dans la chambre, rien n'avait bougé. Elle était toujours dans la même position, assoupie. Et autant dire que toi, tu ne savais pas quoi faire. Parce qu'il faudrait un miracle pour que tu te rendormes à cette heure-là. Tu t’assoies alors sur le lit, adosser contre le dossier, et tu sors le grand calepin se trouvant sous ton coussin, accompagné d'un crayon. Tu n'avais pas redessiné depuis ton séjour dans les toilettes, lorsqu'Opaline t'avais interrompu en plein milieu de la nuit. Et là, tu ne sais pas pourquoi, l'envie de dessiner te prends. Alors tu dessines. Et pas n'importe qui. Tu commences à recopier presque parfaitement les traits du visage de Monroe sur papier. La côtoyer pendant plus de deux mois t'avais fait plus ou moins fait connaître par coeur le moindre détail de son visage.

Je ne pensais pas vraiment que Sandro resterait avec moi après le prime, qu'il reste et qu'il ne proteste pas, c'est vrai que je n'étais pas au meilleur de ma force mais ce n'est pas forcément ce qui aurait pu faire qu'il reste. Il s'en fout un peu non ? Enfin en théorie, j'vais pas m'en plaindre bien au contraire. Surtout que je lui ai gentiment dit d'aller se faire foutre, j'ai bien senti son agacement, et il aurait pu partir faire sa vie mais non. J'ai apprécié qu'il reste et je n'ai pas vraiment cherché à savoir où j'allais dormir cette nuit. Avec lui, ça me semblait plutôt logique et naturel. Et il n'y voit pas vraiment d'inconvénients puisqu'il est certain qu'il me l'aurait dit. Je me suis endormie rapidement, assez épuisée par la journée, ça fatigue de pleurer, d'être déçu, ces dilemmes, enfin tout ça quoi. Je ne sais pas du tout à quelle heure j'ai pu m'endormir. Mais mon sommeil est plutôt paisible, je ne sens même pas Sandro sortir du lit. Je sens pourtant qu'il commence à m'échapper petit à petit. Je me demande l'heure qu'il peut être parce que le lit n'est pas vide. Je le sens sans même avoir ouvert les yeux. Du coup je me rapproche un peu et j'ouvre les yeux. Il fait jour déjà, tant mieux. Je m'étire et lui souris. J'vais pas dire que j'suis super de bonne humeur parce que Seth est parti, Odessa est partie et ça me gonfle, mais lui il est là et heureusement j'ai envie de dire. « Bonjour...  » Je me redresse légèrement pour l'embrasser.  Je souris encore. Je n'avais pas vraiment remarqué le calepin qu'il tenait dans les mains et le crayon, je viens juste de me réveiller il faut le rappeler. « Ce n'est pas du café ça. » Ce n'est pas du café mais un calepin, il abuse, non mais je plaisante, ce n'est pas comme si je m'attendais à un déjeuner au lit, je pourrais le faire moi, mais pas lui. Peu importe, je m'en fiche au fond.  Je reste allongée et je le regarde. « Je peux voir ? » Je me souviens qu'il n'était pas pour et tout, mais bon, on sait jamais. Au pire, je regarderais moi même.

Oh oui, il était clair qu’elle t’avait énervé à être obstinée comme ça. Vraiment. C’était insupportable, soyons honnête. Pourtant tu avais fait un effort lorsque son partenaire avait été éliminé, et tu avais accepté de passer le reste de l’après-midi avec elle, et tu n’avais rien dit lorsqu’elle s’était naturellement couchée dans ton lit à toi. Tu devenais beaucoup trop docile, ce n’était pas bien. Il fallait sûrement que tu te reprennes. Enfin, pour à peine une ou deux semaines, ce n’était pas bien grave… si ? Non, bien sûr que non. Qu’importe. Ce n’était pas comme si sorti d’ici tu passerais toutes tes journées avec elle. Vous vous verriez peut-être une fois de temps à autre, et encore, tu n’en étais même pas sûr. Bref. T’es assis sur le lit, et tu dessines un portrait. Son portrait. Et il faut dire que c’est plutôt réussi, même s’il manque encore  quelques petites choses. Ce n’était jamais parfait de toute manière. Monroe finit par se réveiller, et elle sourit. Elle sourit tout le temps, tu ne comprends vraiment pas. C’est n’importe quoi. « Bonjour... » Tu lui rends son baiser tout en déposant ton crayon sur le côté, arrêtant de dessiner. Tu la regardes un instant. « Ce n'est pas du café ça. » Quelle observatrice. Tu lèves un peu les yeux au ciel. Ce n’était pas parce qu’elle était triste ou quoi que tu allais lui ramener un petit déjeuner au lit, il ne fallait pas exagérer non plus. Tu étais peut-être un peu plus docile, mais pas à ce point. « Si tu veux du café, tu sais où se trouve la cuisine.. » que tu dis. Oh, ça va. Ce n’était pas si méchant que ça, juste une information. Bref. Elle doit bien savoir que tu n’étais pas de ce genre d’homme. D’ailleurs, tu ne comprendrais jamais pourquoi certains hommes font ça… C’est idiot. Son petit-déjeuner, elle peut très bien le faire elle-même. Qu’importe. Ton regard est toujours posé sur elle et ses yeux bleus. « Je peux voir ? » Bah tiens. Elle sait très bien ce que tu vas répondre, pourquoi elle te pose la question ? surtout que si elle voyait ça, elle ne se sentirait plus. Ce n’était pas ton but. Il fallait pas qu’elle se sente trop importante non plus. « Non. » Voilà, une réponse simple. Courte et simple.

Honnêtement je m'en moque pas mal toutes ces obligations de partenariat, il y a bien assez de lit libres pour qu'on soit obligé de dormir là où Cupidon nous l'ordonne. Surtout hier soir, honnêtement j'étais assez chamboulée par le départ de Seth pour aller me glisser dans le lit de Sully. Le seul lit dans lequel je voulais glisser c'était dans celui de Sandro, parce que je n'ai aucune envie de me serrer contre mon nouveau partenaire, l'embrasser, le toucher et tout ce que je pourrais avoir envie de faire. D'autant que j'ai bu pas mal, j'suis encore plus tactile. Enfin là c'est le matin et je dors à poing fermé, je suis apaisée et la nuit m'a été plutôt bénéfique. Il faut dire que je ne m'attendais pas à voir Sandro à mon réveil, je crois que j'ai passé plus de temps dans son propre lit que lui. C'est dire. Et ça me fait sourire, mais bon j'sais pas c'est toujours mieux que de faire la gueule. Je lui dis bonjour normal, petit bisou et hop. Je fais une petite plaisanterie sur le manque flagrant de café ce qui ne manque pas de le faire réagir. « Si tu veux du café, tu sais où se trouve la cuisine.. » Je secoue la tête, non non absolument, je ne sais pas. J'y passe le plus clair de mon temps mais non. « Oui, je sais, mais il aurait été meilleur si tu me l'avais apporté, tu vois ? » Non il ne sait pas, ce n'est pas grave, le café peu attendre, j'suis de meilleure humeur, je suis toujours déçue et triste mais je ne vais plus pleurer normalement. J'sais pas trop pourquoi je lui demande si je peux voir ce qu'il a dessiné, parce que la réponse est assez évidente. « Non. » Bah tiens. Je hausse les épaules genre je m'en fous. ce n'est pas tellement le cas. Bon, je me redresse m'en fous j'ai dit. Je me colle un peu contre lui pour l'embrasser, j'en profite aussi pour laisser glisser mes doigts contre son cou. Je l'embrasse en y mettant la forme, laisser traîner ma langue dans sa bouche tout ça. Mais étant donné que le but était tout bonnement de détourner son attention je stoppe le baiser moi même et l'air de rien je tourne la tête vers son calepin, maligne la Monroe hein ? Et là ? Stupeur. C'est ma tête sur le papier, ma tête que je reconnais très facilement tant le dessin est encore plus mieux que l'original. « C'est impressionnant... T'es super doué.  » Je dis dans un sourire alors que je porte à nouveau mes yeux sur lui. Oui bon, j'dis pas ça pour être sympa, clairement pas, ce n'est pas franchement un  mec qu'on achète avec ça, au contraire. « Tu me connais par cœur c'est mignon...  »  Il va adorer je sens, et comme c'est mignon et tout ça, je l'embrasse à nouveau.

« Oui, je sais, mais il aurait été meilleur si tu me l'avais apporté, tu vois ? » Tu arques un sourcil. Non, tu ne voyais pas. Parce que c’était tout bonnement débile ce qu’elle disait, le goût du café ne changeait pas en fonction de qui l’apportait à X endroit. M’enfin, tu lèves les yeux au ciel, un peu désespéré par son cas, au final. « T’es condamné à boire du mauvais café alors. » Bah oui. Puisque bon, ce n’était pas toi qui lui emmènerait du café au lit. Ce n’était pas dans tes cordes, ce genre de choses gentilles. Non, vraiment pas. Bon, qu’importe. Tu ne l’autorises pas à regarder ce que tu dessines. Surtout que c’est elle que tu dessines. Tu n’as pas envie qu’elle puisse voir ça. Et elle hausse les épaules. Ça voulait dire qu’elle abandonnait ? C’était bizarre, ce n’était pas ton genre. Mais ça te satisfait bien, surtout qu’elle se relève pour t’embrasser. Ta main se dépose dans sa nuque mais bien sûr c’était beaucoup trop beau. Puisque mademoiselle finit par reculer sa tête lorsque tu ne t’y attends pas – parce que oui, tu étais plutôt complètement à fond sur ce baiser -  et elle jette un coup d’œil sur ta feuille. La garce. Non mais vraiment, ce n’était pas possible. Qu’est-ce qu’elle ne comprenait pas dans « non » ? T’aimais pas ça. « C'est impressionnant... T'es super doué. » T’en avais un peu rien à faire des compliments. Pas parce que c’était elle, et elle qu’elle venait de t’avoir comme si tu étais un bleu, non. Ça aurait pu être n’importe qui d’autre, tu n’aurais pas bronché. « En attendant je t’avais dit de pas regarder. » Ouais, voilà, exactement. Elle a vraiment le don pour te mettre sur les nerfs, c’est n’importe quoi. Tu as toujours ton regard posé sur elle, pourtant. « Tu me connais par cœur c'est mignon... » Tu la fusilles du regard. C’est exactement pour ça que tu ne voulais pas qu’elle regarde ce fichu dessin. Tu n’étais pas mignon, non mais n’importe quoi. Elle t’embrasse, tu ne peux pas t’empêcher de l’embrasser à ton tour, mais lorsque le baiser est fini, tu prends de nouveau la parole. « C’est juste parce que je suis coincé avec toi depuis deux mois.. » Bah oui, alors obligatoirement tu la connaissais par cœur. Enfin.. tu ne pourrais pas dessine Sully avec autant de précision, mais qu’importe. Elle n’était pas obligé de le savoir.

Oh je sais bien que ce que je dirais changera Sandro et tant mieux, je ne veux pas qu'il change, c'est de cette façon qu'il m'a attiré, je pense qu'il serait nettement moins intéressant à mes yeux s'il était docile et serviable et banal. Ouais les mecs banals il y en a à tous les coins de rues. Et bon clairement il est plutôt canon dans son genre mais ça aussi il y en a à tous les coins de rues. Non, j'aime Sandro tel qu'il est. Enfin, peut être que je changerais deux ou trois choses, peut être que je le ferais plus bavard mais j'pense que je m'y suis un peu habitué. « T’es condamné à boire du mauvais café alors. Je suis obligée de rire un peu. Parce qu'il doit me trouver désespérante. Je le suis en un sens, mais bon c'est de l'humour rien de plus. « Puisque c'est ainsi... » Je dis d'un air résigné alors que bon, si j'avais tant envie de café que ça il me suffirait de me lever, de retrouver des fringues pour et y aller. Etant donné qu'il refuse de me montrer son dessin et qu'il est du genre têtue je décide de lui jouer un tour, pas si méchant le tour mais bon, j'avoue que c'est pas franchement loyal. J'fais ce que je peux aussi, et puis d'un côté je ne me moque pas de lui parce que je l'embrasse et y mets tout mon cœur. Et lui aussi puisque je sens sa main contre ma nuque. Il ne doit pas s'attendre à que j'interrompe le baiser comme ça si bien que je peux tranquillement regarder son dessin... de moi. Époustouflant. Je le complimente mais ça semble le gonfler plus qu'autre chose. « En attendant je t’avais dit de pas regarder. » Je l'ai encore énervé, ça devient une habitude, enfin ça l'a toujours été je crois. « Tu sais bien que je ne t'écoute pas vraiment... » Je ne suis pas désolée, c'est qu'un dessin pas une affaire d'état en plus c'est moi, pas une personne dont l'identité est un secret. Et puis lui non plus ne m'écoute pas. Il a pas l'air heureux mais il me regarde toujours, tout le temps et je continue à faire ma chieuse. Un peu. Il me fusille du regard, c'est encore plus mignon. Enfin, moi ça m'amuse, mais je ne souris pas plus, parce que j'ai déjà assez souris jusque là. En tout cas il répond à mon baiser même s'il rompt l'échange. « C’est juste parce que je suis coincé avec toi depuis deux mois.. » Coincé ? Oui bien sûr c'est sans doute ça. Il est coincé et puis il passe un peu son temps à me regarder, à force forcément il me connait. « Oh mais ne t'inquiètes pas, d'ici peu tu seras débarrassé de moi, tu retrouveras ta tranquillité loin de la chieuse qui passe son temps à te contredire. Mais bon tu vas devoir te taper ta lessive du coup. » Comme si c'était le truc le plus important, enfin j'dis ça mais peut être que ça l'est pour lui, j'en sais rien. Moi je sais que ce n'est pas ce qui va me manquer le plus, mais plutôt tout ça, nos petits désaccords, sa façon de me regarder, le goût de ses lèvres, l'odeur de sa peau, tout un tas de petites choses qui vont être énormes une fois sorti d'ici.

« Puisque c'est ainsi... » Tu hausses les épaules, ce n’est pas vraiment la peine de répondre quoi que ce soit. Elle savait ce qu’elle avait à faire si elle voulait du café. Qu’importe. Tu ne veux pas lui montrer le portrait que tu dessines. Parce que tu dessines Monroe, oui. En soi, le dessin n’est pas si mal réussi, mais tu ne veux pas qu’elle puisse voir ça pour penser qu’elle a une quelconque importance. T’aimais pas montrer ce genre de chose, sérieusement. Et la connaissant, elle allait sûrement t’embêter avec ça. Certes, tu la dessines, certes, tu connais ses traits par cœur, mais il était inutile qu’elle l’apprenne. Elle te joue un mauvais tour, et en profite donc pour regarder ce qu’il y avait sur ton calepin. En soi, ce n’est rien de mal. Mais tu ne le voulais pas. Et quand tu ne voulais pas quelque chose.. il ne fallait pas faire le contraire. « Tu sais bien que je ne t'écoute pas vraiment...» Sans déconner. Tu ne la regardes pas très bien pour le coup, t’aimes pas trop ça. T’aimes pas le fait qu’elle ait pu voir que tu la dessinais elle. T’étais comme ça, tu n’y pouvais rien. Si pour une fois elle se contentait d’écouter ce que tu disais, ça serait bien. Vraiment. « Hm ». C’est la seule chose que t’arrive à dire. Parce que sinon, tu risques de t’énerver conter elle. Alors tu lui rends son baiser, et tu lui fais comprendre que non, t’es pas mignon. Tu ne veux pas être mignon. « Oh mais ne t'inquiètes pas, d'ici peu tu seras débarrassé de moi, tu retrouveras ta tranquillité loin de la chieuse qui passe son temps à te contredire. Mais bon tu vas devoir te taper ta lessive du coup. » Pas faux. Tu la regardes toujours. De toute manière, il n’y avait rien d’autre à regarder ici. Tu hausses les épaules après ses paroles, ne la lâchant pas du regard. « Je trouverai bien quelqu’un d’autre pour la lessive. » Parce que bon, ce n’était jamais toi qui la faisais. De toute manière, tu trouvais toujours quelqu’un qui le faisait pour toi. Les femmes étaient faciles à avoir. Surtout après les avoir mis dans ton lit. A ton retour à Paris, tu en trouverais bien une à qui ça ne dérangerait pas de faire la lessive. Et une qui n’était pas une chieuse comme Monroe. D’un côté, ça serait un peu ennuyant. Mais il était clair que tu serais plus tranquille, et que plus personne ne te contredirait. Enfin bref. Il fallait dire que tu ne dessinais pas n'importe quelle fille.

Je boirais bien un café, mais je peux attendre et je n'ai surtout pas envie de bouger de là, je suis bien avec lui, on risque d'être séparé bientôt alors bon j'suis pas à un café près hein. En tout cas je le prends par surprise et je me joue de lui, c'est vraiment pas très bien mais il est chiant, il a qu'à me montrer et voilà c'est qu'un dessin pas de quoi en faire un drame. Et puis il est revenu dessiner dans le lit, il aurait très bien pu aller ailleurs et je n'aurais pas voulu voir parce qu'il a dit qu'il ne dessinait plus trop je crois si mes souvenirs sont bons. Alors forcément s'il s'y remet alors que j'suis dans les parages, que je suis susceptible de le voir il ne faut pas s'étonner si je veux regarder. Et j'suis pas entrain de me demander si c'est parce que c'est moi le sujet de son portrait. D'un côté avant il ne voulait pas non plus mais ça va, à part l'embêter un peu je suis pas entrain de danser sur le lit parce qu'il m'a dessiné moi et que ça doit sans doute signifier des choses. Sans doute. Sûrement même. Il me dit qu'il m'avait dit non et je réplique au tac-o-tac à mon tour, il devrait me connaître à force. D'ailleurs si je l'écoutais on en serait sûrement pas là lui et moi. Parce que j'aurais abandonné comme tous les autres, j'aurais décidé que ce n'était qu'un sale con qui ne mérite pas de rester dans cette aventure. Sauf que ce n'est pas le cas. Je l'emmerde pas mal mais d'un côté j'suis encore contre lui, je l'embrasse et même si son regard tranche il y répond. Il me fusille du regard et alors ? Il le fait tout le temps de toute façon alors quelle importance ? Quand je lui dis que bientôt il sera débarrassé de moi, j'ai droit à un haussement d'épaule. « Je trouverai bien quelqu’un d’autre pour la lessive. » Je ris, c'est un rire spontané, assez furtif. Putain mais je rêve.  Tu vas la dessiner elle aussi ? » J'suis sans doute un peu plus agressive que je l'aurais voulu. C'est sans doute pour ça que je me colle un peu plus contre lui, pour atténuer tout ça. Ouais bref.  T'es vraiment qu'un sale con quand tu t'y mets. Mais un sale con qui va s'ennuyer profondément quand il sera tout seul dans son appartement parisien avec une grognasse fadasse qui aura trop peur de lui tenir tête qu'elle sera prête à nettoyer son appart avec sa langue si il le lui demandait... » Le "il" c'est lui, ça semble assez évident. Oh non j'suis pas jalouse, enfin juste un peu, mais j'dis la vérité. Il va s'ennuyer profondément même s'il ne le dira pas. Il ne le dira pas d'ailleurs, ou alors j'sais pas trop quelle mouche pourrait l'avoir piqué. Je secoue la tête, j'arrive pas à croire être à ce point attaché à lui parce que bordel que ce n'est pas du tout un cadeau ce type. Vraiment pas.

Ce n’était pas comme si tu avais prévu de dessiner Monroe ou quoi que ce soit. La majorité du temps, tu t’asseyais avec un crayon à la main et du papier, et tout partait tout seul. Et là, ce fut Monroe. A croire que tu l’avais dans la tête en ce moment. Tu ne savais pas trop si c’était bon signe, ça. Sûrement pas. Tu ne voulais pas d’une femme dans ta tête, c’était trop compliqué. Oui, vraiment trop. Tu ne voulais pas de ça, toi. Et tu ne voulais pas non plus que Monroe pense que tu l’avais dans sa tête. C’était inutile. Donc tu fais tout pour lui faire penser le contraire, et tu précises même que tu trouveras bien une autre personne pour faire ta lessive une fois à Paris. Ce qui n’était pas faux, en soi. C’était ce que tu faisais presque tout le temps. « Tu vas la dessiner elle aussi ? » Tu arques un sourcil quant à sa réaction. Parce que tu ne t’y attendais pas trop. Tu fais comme si de rien était et tu hausses les épaules, encore une fois, de manière nonchalante. « C’est très probable, oui. » Ou pas. Parce que bon, des femmes, tu en dessinais pas des masses. Seulement ta sœur. Et celle que tu avais connue en Afghanistan. Et Monroe, maintenant… Bref. Tu lui mens parce que tu aimes jouer la carte de la provocation. C’était ton domaine, à vrai dire. Mettre en rogne les gens, et tout ça. Enfin qu’importe, elle se colle tout de même à toi, et tu ne la rejettes pas. « T'es vraiment qu'un sale con quand tu t'y mets. Mais un sale con qui va s'ennuyer profondément quand il sera tout seul dans son appartement parisien avec une grognasse fadasse qui aura trop peur de lui tenir tête qu'elle sera prête à nettoyer son appart avec sa langue si il le lui demandait... » Ah oui, rien que ça. Bon, tu étais un sale con, déjà. De toute manière, ce n’était pas la première fois qu’on te le disait ça. Ça ne te faisait pas grand-chose. Et après, elle te faisait le portrait de celle qui te fera tout ce que tu voudras à Paris. Elle n’avait pas si tort que ça, en soi. Mais tu n’allais pas t’ennuyer. Enfin, tu trouverais bien une manière de ne pas t’ennuyer. C’était pas si compliqué que ça. Tu hausses encore les épaules, ne t’attendant pas à ce que la discussion dévie à ce point là. Mais bon, puisqu’on y était… « Elle sera sûrement meilleure que toi au lit, et au moins mon appartement sera propre. » Provocation numéro deux. Pourtant, tu gardais ton sérieux. Sur ces mots tu déposes à nouveau ta main sur sa nuque pour l’embrasser.

J'sais pas pourquoi ça devrait m'importer qu'il dessine n'importe qui. Mais bon, j'sais pas, peut être qu'il dessine tous les gens qu'il rencontre ou tous les gens avec qui il couche, et j'en viens à me demander s'il le fait à chaque fois, ou juste une fois pour toutes les fois, enfin c'est stupide et ça me fait sourire, comme une conne, sans raison. Bref. Je ne sais pas pourquoi je lui demande parce que je sais bien qu'il ne me dira pas, non. Et qu'il ne rajoutera pas que je suis la seule femme qu'il a envie de dessiner. Oui je sais, j'suis une romantique dans l'âme que voulez-vous. Il a fallut que je tombe amoureuse de Sandro, le contraire du mec romantique, bref. Peu importe, j'essaye de masquer mes émotions mais bon, j'suis pas forcément douée, surtout pas au saut du lit, dans lequel je me trouve encore par ailleurs. Je crois qu'il ne s'attendait pas à trop à ce que je lui demande s'il dessinera sa nouvelle bonne. Je suis presque surprise moi aussi. Mais trop tard. « C’est très probable, oui. » Evidemment, je lève les yeux au ciel. Tellement prévisible comme réponse. « En fait, t'es un peu le Jack Dawson des temps moderne, en moins niais et moins mort. » Et c'est mieux parce que j'suis pas nécrophile. Et comme j'aime m'envoyer en l'air avec lui, bah ça m'arrange. « Je t'avais dit que j'étais du genre jalouse. » Je hausse les épaules un peu moins légère qu'auparavant. C'est vrai, j'y peux rien moi. Il m'a bien fait comprendre qu'il me voulait que pour lui, la réciprocité ne devrait pas être étonnante même si au pays de Sandro, macholand on ne l'entend sans doute pas de cette oreille. Je suis sympa alors après je lui résume ce que va être sa vie de retour à Paris. Il fait le mec qui n'en a rien à foutre avec son haussement d'épaule et au fond c'est sûrement le cas. C'est triste. « Elle sera sûrement meilleure que toi au lit, et au moins mon appartement sera propre. » Non mais je rêve. Connard. Enfin j'sais bien qu'il me provoque mais bon quand même. Je n'ai pas le temps de répondre en plus parce qu'il m'embrasse à nouveau. Evidemment, j'vais pas le repousser, s'il n'y avait que moi et si nous n'avions pas besoin de respirer pour vivre et bien je serais dans cette position tout le temps. Je profite largement du baiser, je l'enlace et hum. Je me détache parce que ça devient nécessaire. « Sale con, bis. » Je secoue la tête, c'est pas possible. Je le dis en souriant assez largement. « Tu sais bien que c'est impossible. Nos corps se fondent l'un dans l'autre à la perfection que tu ne trouveras pas un meilleur vagin pour ton pénis. Et je suis tellement douée avec ma langue que je préfère l'utiliser pour caresser la sienne. Et tu sauras qu'il n'y a pas meilleur que moi pour le ménage. Donc, tu vas tellement t'ennuyer que tu m'appelleras au secours. » Ou pas. Finalement, c'était déjà pas crédible mais alors la partie sur le téléphone c'est encore pire. « Enfin non peut être que c'est moi ça. Et en plus c'est mieux si je suis là, tu pourras t'assurer qu'on ne me regarde pas. » Ouais ouais, enfin j'suis pas entrain de dire qu'il faut que je vienne chez lui pour lui faire son ménage mais bon, enfin peut être, mais, peu importe. Il va sans doute trouver un truc pour me contredire.