COSMAS & JAILEEN
24.07 à 02h56


Vous en voyez beaucoup vous des gens qui prennent un bain à trois heures du matin ? Non, évidemment. Pourtant c’était bien ce que les accros à la très célèbre émission de télé réalité, Fake Lover, étaient en train d’admirer. La lumière tamisé de la pièce laissait entrevoir une silhouette au beau milieu de la salle de bain. La tête contre le rebord de la baignoire, une main hors de l’eau, quelques mèches de cheveux à l’air libre. Une femme. Il s’agissait d’une candidate. Elle donnait l’impression de ne plus respirer tellement elle semblait paisible. Elle donnait l’impression d’être sans vie. L’eau était stagnante, encore bouillante. Le drame venait tout juste de se passer. Jaileen. Il s’agissait de la blondinette de l’aventure. Prise d’un atroce mal de crâne et d’insomnie, la demoiselle était venue se réfugier ici dans l’espoir de trouver une solution à ses problèmes. Elle pensait prendre un somnifère ou encore un autre cachet pour faire s’endormir ce petit singe qui jouait des cymbales dans sa tête, mais il n’en était rien et l’appel de l’eau avait été bien plus fort. Ses vêtements se trouvait éparpillaient par ci, par là dans toute la pièce. Elle n’avait pas eu le courage de retourner dans sa chambre pour enfiler un maillot, elle y était allée en sous-vêtement. Après tout, un soutif et un string c’était presque pareil qu’un bikini, non ? Des bruits de pas s’approchaient de la salle de bain. La porte s’ouvrait. La demoiselle ne bougeait toujours pas. C’était comme si rien ne semblait pouvoir l’atteindre cette nuit.

Je tire sur la poignée. La porte s'ouvre. J'ai chaud. Ça fait une heure que je cours, sur cette satanée machine. Pourquoi ? Parce que je n'arrive pas à dormir, évidemment. Lorsque les Grecs ne trouvent pas le repos, ils font des marathons, vous ne le saviez pas ? Enfin, peut être que cela n'est que mon cas ... Bref. Toujours est-il que, comme toute chose, courir à un grand avantage et un méga grand inconvénient. Lesquels sont-ils ? Eh bien ... Lorsque l'on court, on se forge un corps de dieu. C'est comme ça, c'est la vie, et cela ne vient pas en une fois, évidemment. Il faut beaucoup d'entrainement pour arriver à ses fins. Le grand inconvénient, cependant, de cette pratique donnant un corps d'Apollon à celui qui l'entreprend, c'est qu'il se retrouve très (trop) facilement imbibé dans sa propre sueur. C'est à cause de la forte arôme d'homme virile (et irrésistible, mais ce n'est qu'un détail) que je me suis donc dirigé vers la salle de bain, en quête d'une bonne douche. Mais que vois-je ? Une blonde, en train de se prélasser dans son bain. Je souris, en coin. Elle fout quoi, ici, elle ? Ne devrait-elle pas être en train de refaire son masque de beauté, là ? N'a-t-elle pas peur de se réveiller avec d'énormes cernes ? Ça fait combien de temps qu'elle est là, d'ailleurs ?

- Eh bah dis donc. Tu essayes de faire le record du nombre d'heures passées dans un bain ou quoi ?

S’endormir dans un bain. Il fallait vraiment être tarte pour y parvenir. C’était dangereux. Inconscient même. Jaileen était là depuis une bonne grosse demi-heure à peine certainement. L’eau était encore tiède. Elle semblait paisible et calme, comme si rien ni même personne ne pouvait venir l’enquiquiner. Pourtant la porte s’ouvrait et une voix masculine s’élevait dans la pièce. - Eh bah dis donc. Tu essayes de faire le record du nombre d'heures passées dans un bain ou quoi ? Elle ne comprenait pas vraiment ce que la personne était en train de baragouiner. La voix venait juste la déranger. Elle avait bien du mal à ouvrir les paupières. C’était peut-être pour ça qu’elle venait se gratter les yeux avant de s’étirer et d’étouffer un bâillement. Tournant la tête, la demoiselle tombait nez à nez avec … le torse de l’un de ses colocataires. Oui, c’était la première chose qu’elle voyait en se réveillent. Elle ouvrait de grands yeux ronds. Elle n’avait pas le souvenir d’un garçon tout près d’elle lorsqu’elle avait glissé dans son bain. Au bout de quelques secondes, la blondinette levait la tête pour apercevoir le visage de … Cosmas. Oh non, il ne manquait plus que ça. Se réfugiant dans un coin de la baignoire, ramenant ses jambes vers elle, comme pour cacher son corps. « Arrête de me regarder avec tes yeux de pervers là. » Ce n’était pas que, mais il faisait un petit peu peur avec son sourire en coin et sa manie à la regarder avec instance.

Elle bat des cils. Je crois qu'elle dormait. Ah bah ... Heureusement que je suis arrivé, hein. Sans moi, elle aurait très certainement été retrouvée noyée demain matin, hein ... Merde. J'aurais peut être dû la laisser ici tout compte f ... Non, c'est bâtard. Je ne suis certes pas son plus grand fan, mais elle a ses qualités ... hein ? Ce n'est pas qu'un mensonge que je me raconte pour me rassurer à son égard, si ? J'espère que non, sinon, elle est mal barrée, une fois sortie du nid. Elle s'étire. Elle a des beaux bras, pour une blondasse ... Enfin, elle est plutôt pas mal, mais ça, je le pense depuis toujours et je ne m'en suis jamais caché. C'est juste dommage qu'elle ait un caractère de garce, parce que physiquement, elle ressemblait beaucoup à Anna ... C'est d'ailleurs très probablement pour cela que je ne la supporte pas, maintenant que j'y pense. Elle semble cependant se crisper lorsqu'elle se rappelle de moi ... De mon identité. Elle va jusqu'à me traiter de pervers, d'ailleurs, mais ça ne me fait ni chaud, ni froid. Je ne me rabaisserais plus à son niveau. Plus à présent. C'est une gamine, après tout. Une gamine de trois ans ma cadette, mais une gamine quand même. Qui fait des caprices lorsqu'elle n'a pas ce qu'elle veut.

- Doucement, princesse. Je crois que j'ai de meilleures choses à regarder que ton doux minois, après tout. Je roule des yeux vers le plafond avant d'ôter mon short de sport, à présent vêtu uniquement d'un caleçon. Vais-je le porter sous la douche ? Peut être. Peut être pas. Vous verrez bien.

Ils étaient encore nombreux dans cette maison, mais non, il fallait qu’elle se retrouve en tête à tête avec les tablettes de chocolat de Cosmas. Bon d’accord ce n’était pas déplaisant à regarder au réveil, mais tout de même, il aurait au moins pu prendre la peine d’enfiler un tee shirt. En petite tenue, la demoiselle venait se recroqueviller dans un coin de la baignoire comme pour se cacher de la vue du garçon. Elle le qualifiait de pervers. Après tout il était bien là, debout, à détailler la demoiselle comme si c’était un morceau de viande. Doucement, princesse. Je crois que j'ai de meilleures choses à regarder que ton doux minois, après tout. Princesse ? Comment devait-elle prendre la chose ? Disait-il cela en rapport avec son secret de base ? S’agissait-il d’un surnom juste pour l’énerver ? Elle n’en avait aucune idée. Le garçon se débarrassait de son short. Instinctivement la blondinette venait mettre une main devant ses yeux. On ne sait jamais, peut-être qu’il était nu comme un ver sous son short. Cependant Jaileen était curieuse et elle ne pouvait s’empêcher de jeter un coup d’œil entre ses doigts. Il semblait porter un caleçon. Tant mieux. Elle pouvait souffler calmement et enlever sa main de son visage. Elle l’observait gagner la douche, gardant son regard sur lui durant quelques instants avant de se détendre à nouveau et de laisser ses jambes s’étendre dans l’eau tiède. Le silence n’était pas pesant, mais plutôt calme. Fermant les yeux, elle étirait ses bras en arrière, tout en poussant un petit gémissement de béatitude. Soupirant, elle tournait les yeux vers son camarade. « Tu fais quoi debout à une heure aussi tardive ? » demandait-elle toujours en le détaillant de la tête aux pieds.

Je crois qu'elle admire - oui, admire, je ne suis pas du tout imbu de ma personne, je vous l'assure - mes abdominaux. Et qui pourrait lui en tenir rigueur ? Vu les efforts titanesques que je fais pour les garder en forme, ce serait fort fâcheux que personne ne puisse s'extasier devant leurs formes prononcées. Comme prévu, le surnom "Princesse" la pique à vif, mais c'est comme ça que je la vois, personnellement. Douillette, délicate ... Capricieuse à souhait. Je me déshabille un peu plus, parce que l'air de rien, la douche me fait de l'oeil. Immédiatement, la blondinette se masque les perles, persuadée que j'étais en train de m'exhiber pour son plus grand plaisir. Je ricane, légèrement. Je n'étais pas des plus pudiques, mais à ce point là, quand même ... Il ne fallait pas exagérer. Un silence agréable s'installe entre nous. Je crois que c'est parce que je n'entends pas sa voix criarde me brailler dans les oreilles et me dire en quels points je suis son inférieur et un mauvais coup. On n'avait fait que de s'embrasser, et sur les directives de Cupidon, qui plus est, mais bon ... Je m'apprête alors à entrer dans la cabine lorsque je l'entends. Elle me demande ... Pourquoi je suis ... Debout ... À heure aussi tardive. Ah, oui, pourquoi pas. Si elle veut parler, hein. (Comme toujours, en même temps ...)

- Je ... Faisais du sport. J'avais peine à dormir. Et toi ? Je suis quand même pris de court par sa question. Je n'ai pas l'habitude qu'elle me parle normalement.

Elle avait peut-être l’air stupide la blondinette avec sa main devant ses yeux pour se cacher la vue, mais après tout il était en train d’enlever son short de sport et peut-être qu’il allait se retrouver tout nu. Elle n’en savait rien finalement. Il était peut-être naturiste, exhibitionniste ou un truc dans le genre. Il s’approchait de la douche, mais, alors qu’elle prenait la parole, voilà que le jeune homme s’arrêtait net. Que faisait-il debout à une heure aussi tardive ? C’était une très bonne question ça. Je ... Faisais du sport. J'avais peine à dormir. Et toi ? Faire du sport à trois heures du matin ? Elle ouvrait de grands yeux ronds tout en continuant de le regarder. Elle clignait des yeux pour reprendre ses esprits. Elle, ce qu’elle faisait ici ? « Je … J’avais du mal à dormir aussi. » Elle n’avait pas spécialement envie d’en dire plus. La jeune femme ne voulait pas s’étendre plus sur ses états d’âme du moment. C’était étrange. Ils n’étaient pas en train de se crier dessus. Bizarre. Une toute nouvelle fois l’anglaise ramenait ses jambes vers elle. « Tu vas faire du bruit si tu ouvres l’eau maintenant. Ce serait bête de réveiller les autres. » Une invitation ? Peut-être. Certainement. Elle voulait peut-être juste enterrer la hache de guerre. Un petit sourire venait alors se dessiner sur les lèvres de la demoiselle. Un sourire qu’elle lui adressait. L’ambiance était étrange. Spéciale.

Je crois que ma réponse lui est ... Inattendue. Je dois être l'un des seuls fous de la planète capables de se relever à trois heures du matin pour faire une séance de jogging intensif sur une machine électrique, après tout. Néanmoins, je suis rassuré de savoir que je ne suis pas le seul à avoir eu du mal à dormir. Comme quoi, les dernières semaines ne sont pas toujours faciles. Je me demande, cependant, si elle me dit la vérité ... Et je suppose qu'elle également. Ça n'a pas vraiment d'importance, tout ça, de toutes façons. Je n'avais que faire des causes véritables de ce qu'elle faisait, ici. À la base, je voulais juste lancer la conversation, moi, c'était tout. Cependant, je remarque que nous ne nous disputons pas. Comme si ... Le prime avec les équipes avait un peu brisé l'enchantement, ou plutôt, la malédiction posée sur nous deux. Tout revenait à la première semaine de jeu, d'ailleurs. Cette semaine où nous avions commencé à nous lancer des piques ... Bref. Elle me dit alors de ne pas ouvrir l'eau, et je la regarde, curieux.

- Et je fais comment, moi, maintenant ? Je doute fortement que tu m'invites dans ton bain, en fait. Il ne faut pas rêver non plus. Notre passé n'était pas derrière nous à ce point là, quand même, hein. Elle sourit, et je lui renvoie un sourire plus léger, plus tendre ... Plus timide. Je ne sais pas trop sur quel pied danser, avec elle, en fait.

Les deux jeunes gens semblaient calmes. Ils ne se criaient pas dessus. Ils se parlaient sans hausser la voix. C’était étrange et pourtant tellement reposant à la fois. Elle était incapable de dire si le fait qu’ils soient tous deux réveillés en plein milieu de la nuit était une coïncidence, mais en tout cas ce n’était peut-être pas une mauvaise chose. Cela allait peut-être leur permettre de faire connaissance comme ils auraient dû le faire au début de l’aventure avant de se faire des remarques désobligeantes dès le tout premier jour. Il ôtait son short pour s’approchait de la douche. Elle ne le quittait des yeux. Il ne pouvait pas prendre une douche à une heure aussi avancée de la nuit. Il risquait de réveiller les autres. - Et je fais comment, moi, maintenant ? Je doute fortement que tu m'invites dans ton bain, en fait. Elle haussait les épaules alors qu’un air plutôt enfantin venait s’installer sur son visage. « Beh je peux sortir et te laisser mon bain. » soufflait-elle tout en ramenant encore un petit peu plus ses jambes vers elle. Elle n’avait pas envie de sortir d’ici, mais si c’était ce dont il avait envie alors elle le ferait. « Enfin, encore faut-il que l’odeur de la vanille ne te dérange pas plus que ça. » reprenait-elle tout en attrapant un petit peu de mousse à l’aide de l’une de ses mains. « Je crois que j’ai un petit peu trop forcé sur la dose en fait. » Effectivement il y avait pas mal de mousse dans la baignoire et l’odeur de la vanille envahissait entièrement la pièce. Elle lui adressait un énième petit sourire tout en continuant de s’amuser avec la mousse.

C'est ... Différent. Peut être que les dernières semaines annonçaient un vent de changement. Je me disais bien que j'avais senti une légère brise souffler sur le chemin ici ! Toujours est-il que ce soir ... L'ambiance est louche. Différente. C'est le regard. C'est dans le regard de Jaileen, dans le mien. Partout. Dans l'air que nous respirons, sur les murs nous entourant, sur le sol par dessus lequel nous marchons. Ce n'est pas une atmosphère lourde et suffocante, non. C'est léger. Doux. Très étrange. Elle me dit qu'elle peut sortir du bain. Je hausse un peu des sourcils. Elle me fait un service là ou je rêve ? Ça ne lui ressemble pas. Il doit y avoir anguille sous roche, non ?

- T'es sure qu'il est pas dangereux, ton bain ? Non, parce que j'suis pas très rassuré, moi. Je lui déclare alors, sans vouloir la vexer. Et puis ... Une idée. ne me demandez pas d'où elle sort. Je veux bien venir alors, mais que si tu restes. Comme ça, je sais qu'il n'est pas empoisonné, ou je ne sais quoi. Elle me parle alors de vanille, et je souris légèrement. Il n'y a rien que j'aime de plus au monde que l'odeur de la vanille. Peut être pas, mais bon. Autant faire genre, non ? Elle admet avoir trop forcé sur la dose. C'était donc ça, son poison ? Elle n'en semblait pas morte, pourtant. Autant tester, hein. Ni d'une, ni de deux, j'inspire profondément avant de m'infiltrer doucement dans la baignoire, aux côtés de la blonde.

- Tu es bien généreuse, ce soir. Je ne te reconnais pas. Je plaisante alors en souriant légèrement, avant de lui tendre ma main.

- Cosmas. Enchanté. Comme pour recommencer les introductions à zéro.