Je suis perplexe. Devant tout ça. Enfin, cette peinture en particulier, bien que cela aurait pu être n’importe quoi dans cette pièce. Le dieu Cupidon ? Ou je ne sais quoi. Non mais c’est un peu n’importe quoi. D’un côté, il est chanceux, je ne crois pas que j’aurai un jour la chance d’avoir un temple à mon honneur. Y’aurait rien de franchement intéressant après tout. Je ne suis qu’une nanny. Je pourrais toujours m’en construire un. Des portraits de moi accrochés partout et des statuts, plusieurs statuts. Nan. Je ne suis pas assez narcissique pour ça je crois. Ça me mettrait franchement mal à l’aise de me voir habillé d’une couche dans une pose débile. J’entends des pas derrière moi, ayant envie de me retourner et de crier à la personne de sortir au plus vite d’ici pour ne pas qu’elle pose ses yeux sur ces horreurs. Mais trop tard, elle est déjà à mes côtés. Malédiction. Je ne me tourne pas vers elle, continuant ma pseudo contemplation du tableau. « Eh, il a un petit ventre, le Cupidon, sur cette peinture » J’étais justement pour me faire cette remarque. « Hm-hm... » Un marmonnement incompréhensible s’échappe de mes lèvres alors que j’hoche la tête pour approuver ses propos, tout aussi sérieuse qu’elle. Enfin, j’essaie. « C'est ça de recevoir des offrandes et de s'en goinfrer, hein. » Elle a totalement raison. « Le chocolat. Je suis certaine que c’est la faute du chocolat. » Mais oui, il a la tête d’un ange qui bouffe du chocolat à toutes les occasions possibles. « Oh mais, il semblerait que je blasphème » Je me tourne enfin vers la jeune femme que je ne connais pas vraiment, ouvrant grand les yeux comme si j’étais subitement choquée de ses paroles. « Honte à moi. En signe de repentir, je me flagellerai toute la nuit durant. Et j'écrirai un poème à la gloire de notre estimé maître. Puisse-t-il me pardonner. » Ah ouais, tant que ça. Je finis par ouvrir la bouche avant de secouer la tête en signe de négation et surtout, de désolation pour elle. « Je peux te prêter mon fouet si tu le désir...» Oui, je suis totalement sérieuse. Ou pas. J’ai la tête d’une fille qui a un fouet ? Mon expression reste tout de même concerné pour ma voisine. « Mais t’es mieux oui. J’aurais peur pour ta survie dans le nid... Il paraît que c’est un sadique ce ptit là ! » C’est ce qu’on dit.

Je sais bien qu’elle n’est pas sérieuse, la fille à mes côtés. C’est le genre de choses qu’on détecte immédiatement, lorsqu’une personne plaisante. Ouais, je suis assez forte pour reconnaître un sens de l’humour. Enfin, pas toujours, parce que y’a vraiment des styles d’humour que je ne comprend pas et que je ne comprendrai jamais, mais là n’est pas la question. Et alors qu’elle me fait remarquer le ventre de ce cher Cupidon, je lui expose ma théorie en retour, celle du chocolat. Non mais moi, si je ne me contrôlais pas, je serais surement obèse à manger une tonne de chocolat. « Un classique. En tout cas, pour un être prétendument suprême, je le trouve bien polisson de se laisser aller au péché de gourmandise. Enfin, j'dis ça, j'dis rien. » J’hoche la tête à nouveau, à croire que je suis d’accord avec tout ce qu’elle dit. C’est très... vrai. C’est tout. « C’est sur qu’il cache bien son jeu, un ange, c’est pas censé se laisser autant aller vers un péché aussi grave. » Bon, je crois que j’exagère un peu sur la gravitude du péché, mais ce n’est pas comme si on était sérieuse là. Et voilà que je lui propose mon fouet pour la punir d’avoir dit d’aussi horribles choses. Je suis gentille comme ça. « Oh, tu ferais ça ? Ça m'éviterait d'avoir à décrocher les voilages de la chambre. Ça ne serait vraiment pas pratique à manier, en plus. » Là je dois avouer que j’ai un peu de difficulté à retenir un fou rire. Je l’imagine bien entrain de flageller avec les rideaux de la chambre. C’est une idée comme une autre, mais c’est beaucoup plus facile avec un fouet. Si seulement j’en avais vraiment un. « Non... j’imagine que c’est mieux si c’est moi qui manie le fouet, les résultats seront meilleurs. » Mais qu’est-ce que je dis moi ? Non mais elle va croire que je suis une de ces fanatiques de SM et de 50 Shades of Grey. Bon je finis par sourire, parce que c’est bien beau plaisanter, mais là, je ne suis plus capable d’être aussi sérieuse devant autant de n’importe quoi. « Au fait, comment dois-je te nommer, belle rousse ? » Je me tourne vers elle pour la regarder, mon sourire grandissant en entendant sa question. C’est vrai qu’on a pas fait les présentations formelles. « Nicola ! Et toi, jolie brune ? » Je ne fais pas cela pour la copier, c’est vrai qu’elle est jolie.