Que faire lorsque tout le monde pionçait encore et que personne ne pouvait comprendre cette méchante envie de faire chier les autres en fournissant à leur insu des images insolites à la production ? La réponse était vite trouvée, aller jusqu’au bout des choses et mettre en place un plan machiavélique. Cette idée m’était naturellement venue en tête lorsque j’étais parti sous la douche il y a quelques minutes et que j’avais frôlé la gamelle en glissant sur une petite dose de gel douche qui avait coulé de sa bouteille, laissée ouverte sur le sol. Si je n’étais pas tombé je m’étais demandé combien de personnes allaient avoir le réflexe de se rattraper avant la chute qui ferait d’eux les parfaits candidats pour un bêtisier de fin d’année. Ainsi, après m’être habillé de manière très décontractée, soit un t-shirt et un jogging gris accompagné d’une simple paire de baskets sur lesquels j’avais fait une véritable affaire en me les procurant à moindre coût, les avantages de la marchandise tombée du camion dirons-nous, je m’étais mis en tête de rendre le sol plus glissant encore qu’une patinoire afin de voir successivement mes camarades faire le grand plongeon sur le sol tout en faisant comme si je n’étais pas l’imposteur qui avait eu envie de se payer la tête des autres en leur faisant une petite blague. Je m’étais donc appliqué à laisser couler volontairement la bouteille de gel douche que je tenais à l’intérieur de ma main sur le sol puis je l’avais dispersé à la main de sorte à ce que le liquide puisse recouvrir toute la largeur de l’entrée. Si, pour le moment personne n’était arrivé pour me montrer si ma combine diabolique était un succès ou non j’allais enfin avoir droit à une réponse, des bruits de pas plutôt lourds m’annonçaient que quelqu’un était sur le point de faire son entrée.

Ouh c’que t’as la tête dans le cul. Mais violent. Tes yeux veulent pas rester ouverts, t’arrêtes pas de bailler, et tes cheveux témoignent de ta nuit horrible. Imitation du Docteur Brown, bonjour. A tes côtés, ta sœur est toujours endormie. Encore. Tu serais bien resté à ses côtés, mais impossible de retrouver le sommeil. T’as beau fermer les yeux, compter les moutons, rien n’y fait. Tu lâches un grand soupir, murmurant un « Fais chier. » Tu te lèves doucement, enjambant le corps de ta sœur en évitant de lui marcher dessus. Tu ne portes qu’un simple boxer – comme à ton habitude – et tu passes instinctivement ta main à l’intérieur, remettant ton paquet en place. Oui, classe. Mais bon, forcément, la nuit, ça tient pas en place, et le matin, ça a tendance à former une bosse. C’est pas comme si la caméra voyait pour la première fois une érection matinale, et tu t’en fous un peu, en fait. Les yeux toujours à moitié fermés, tu commences à marcher jusqu’à la salle de bain de l’aile ouest, ne regardant pas où tu mets les pieds. T’as besoin d’une douche pour te réveiller, pour pouvoir retrouver ta forme légendaire, et l’eau chaude t’aidera à te sortir de ton état déplorable. Tu passes la porte de la salle de bain, et retires directement ton boxer, l’envoyant un peu plus loin. Et alors que tu t’approches de la douche, t’entends un gros BOUM. Avant que tu ne captes quoi que ce soit, tu sens une grosse douleur au niveau de tes fesses. T’es au sol, après avoir fait un énorme vol plané en glissant sur le sol. Au moins, là, t’es plus du tout endormi. Tes yeux sont grands ouverts, et tu vois Tiago, à moitié mort de rire, et à moitié dégouté d’avoir ton boxer sur la tête. « Tu vas me le payer ! », dis-tu en riant, pas du tout vexé par la farce. Au moins, t’es sûr de passer dans le bétisier.

Je commençais à m’impatienter, pas que j’ai de toute manière un seul jour pu patienter plus de cinq minutes à une caisse de supermarché ou devant la banque, un endroit que j’avais toujours évité comme la peste puisque je n’avais jamais le moindre centime en ma possession. A croire que mon travail de caissier ne rapportait rien alors qu’en réalité, bien avant la mort de ma sœur jumelle déjà nous étions toujours écrasés par les factures qui s’entassaient lourdement sur nos épaules bien trop faibles pour pouvoir les supporter. Là n’était pas la question en cette belle matinée, j’attendais ma première victime et il se trouve justement qu’un jeune garçon était sur le point d’entrer dans la salle de bain, il n’avait pas le moindre petit soupçon sur ce qu’il allait se produire lorsqu’il ouvrirait la porte pour me rejoindre. D’ailleurs, il avait retiré son boxer qu’il avait balancé en vrac et que j’avais reçu en plein dans la tronche. Pas que ce soit désagréable hein, il m’était arrivé bien pire mais bon, on va dire que du coup je m’étais retrouvé aveugle pendant un bref laps de temps durant lequel il était tombé après avoir glissé sur le sol que j’avais au préalable enduit de gel douche. Un gros boom s’était fait ressentir et des vibrations provenant de sa chute avec. Déçu de ne pas avoir pu voir le mouvement en intégralité je me rinçais tout de même l’œil sans discrétion face à son corps nu très agréable à regarder. Ma bisexualité avait tendance à très facilement ressortir dans ce genre de situations, surtout quand la vue était aussi bonne. Maintenant, il ne restait plus qu’à définir si je devais courir avant de prendre un coup de poing au coin du nez ou si tout allait bien se terminer pour moi. « Tu vas me le payer ! » J’hochai les épaules, conservant son boxer comme si ce dernier était une monnaie d’échange alors qu’il ne devait pas vraiment avoir d’intérêt pour lui. « Avant ou après que tu m’aies hélas enlevé cette magnifique vue des yeux ? » Lui demandais-je ironiquement en détaillant son corps musclé et appétissant. Quelle que soit sa décision j’étais prêt à courir en tout cas. Je me contentais juste d'ajouter une petite touche supplémentaire, comme pour mettre de l'huile sur le feu. « Oh et... Tu as un peu de gel douche sur la fesse gauche. »