DONIA & AMERY
misery loves my company

Mes tentatives d’approches ne sont pas très recherchées : je dois avouer qu’il pourrait y avoir place à une certaine amélioration de ce côté. Pourtant, cette petite demande, qui sonne tout à fait clicher à mes oreilles, semble satisfaire mon camarade, qui accepte ma requête sans vraiment rouspéter. Je crois même que mon arrivée le tir de son ennui. Tant mieux, j’aime bien rendre service, parfois. Il me propose d’être la première à jouer, mais je décline d’un geste de la main son invitation. « Non, vas-y, tu étais là le premier, alors te laisse le plaisir de commencer. » Et puis, bien que je maîtrise à perfection l’art de manier le bâton – et n’y voyez là rien de déplacer – je ne suis pas la meilleure pour débuter un jeu. Tant qu’à m’humilier en jouant comme un pied, je préfère passer mon tour. Je me rattraperai sur le reste. Alors qu’il s’affaire à placer les boules sur la table, je vais en quête d’une baguette. Mon partenaire de jeu s’enquiert de mon identité. Il est vrai que nous n’avons pas vraiment eu le loisir de faire plus ample connaissance auparavant. « Je suis Donia. Et il est vrai que nous n’avons pas vraiment discuté, il faut dire que je suis loin d’être une fille bavarde... mais aujourd’hui semble être une bonne journée pour commencer. » Je ne promets de l’être quotidiennement, mais faire quelques efforts supplémentaires ne me tuera pas, je dois l’avouer.

Si je vais un rapide compte rendu de mon aventure jusqu’à présent, je dois tout de même avouer qu’elle se passe un peu telle que je l’avais imaginé… à quelques détails près. Je n’irais pas juste à dire que je passe les meilleures journées de mon existence, mais il va s’en dire que je suis loin d’être à plaindre. Et que ma situation pourrait être plus fâcheuse que celle avec laquelle je dois vivre chaque jour. Lentement, mais surement, je m’intègre à la vie dans le nid. Heureusement pour moi, certains de mes compatriotes sont supportables. Ce n’est pas toujours le cas, cependant, mais l’endroit est si grand, il y a toujours moyen d’éviter les tracas, sauf quand bien sûr, il dort sous les mêmes draps. Je laisse l’honneur de démarrer la partie à mon camarade, ne perdant néanmoins pas des yeux son jeu. Une première boule trouve refuge dans l’un des coins. Je le félicite d’un signe de la tête. « Semble-t-il que ce n’est point le cas, finalement. » lui fis-je la remarque quand il me mentionne se croire seul dans son état. « Difficile de se démarquer dans le contexte actuel… c’est la loi de celui qui parle le plus fort qui règne. » D’un côté, je ne vais pas vraiment m’en plaindre. En restant dans l’ombre, les chances que je me faufile encore plus loin dans cette aventure sans trop attirer l’attention s’en voient décuplées. Et quand ils me remarqueront enfin, il sera trop tard : j’aurai probablement une bonne longueur d’avance sur eux. Le candidat m’apprend finalement que son prénom est Amery. « Je vais essayer de le garder en mémoire, alors. » Mon tour vient finalement, et je m’approche de la table pour frapper. Je tente d’en mettre une dans un coin à mon tour, mais je n’ai définitivement pas le talent qu’il faut pour réussir une telle manœuvre. Bonne joueuse, je me contente de hausser les épaules et lui faisait signe de prendre sont tour. Je m’appuie sur ma baguette qui est maintenue au sol en position verticale, et jette un coup d’œil à mon partenaire de jeu. « Que penses-tu du jeu, jusqu’à présent? » lui demandais-je. Je ne parlais pas de la partie de billard qui nous venions à peine débuter, mais plutôt de l’aventure en elle-même. Nous semblions prendre un rôle d’observateur vu nos tempéraments, et peut-être qu’à mon image, il avait une opinion similaire à la mienne face à cette question.