celse

Je m’emmerde un peu. C’est léger, rien de très grave, je ne sais simplement pas quoi faire de ma peau aujourd’hui. Je tourne en rond, n’ayant pas envie de lire un livre. Pas envie d’embêter qui que se soit. Pas envie de grand chose. C’est dur la vie, han. Surtout lorsqu’on vit dans un tel château. C’est juste que les filles me manquent. Encore et un peu plus chaque jour. Rien de très grave encore une fois. Ça vient simplement me confirmer que j’aime réellement mon boulot et que je ne l’échangerais pour rien au monde, tout simplement. Un verre d’eau à la main, je me rend au salon, sans vraiment de but initiale. J’erre, c’est tout. Mes yeux captent le piano, on ne peut pas le manquer. Il me fait de l’oeil depuis qu’on est arrivé, mais je ne l’ai pas encore essayé. J’en ai perdue la passion depuis bien longtemps. C’était trop chiant toutes ces pratiques, c’était pas vraiment fait pour moi. Mais bon, peut-être que je me laisserai tenter d’ici la fin. Peut-être. Je m’assois directement par terre bien que les canapés sembles très confortables. C’est silencieux. C’est un peu pesant non, comme silence ? Je termine mon verre d’eau, me disant que je dois avoir l’air bien étrange assise là, seule. Puis je pense à un truc. Une chose qu’une des filles dont je m’occupe m’a montré et qu’on faisait ensemble. Je dépose le verre à l’envers contre la table. C’est le truc, la chanson Cups, du film dont je ne me souviens plus le nom. Les filles l’avaient adoré. Je me met donc à taper plutôt doucement sur la table, faisant exactement comme on me l’avait montré. Ouais, c’est pas top, mais pas trop pire non plus. Sauf que voilà que je décide de chanter les paroles de la chanson. Habituellement je ne le fais pas, parce que ma voix est aussi fausse qu’un train qui déraille. « When I’m gooooooone, when I’m goooooOOOooone. You’re gonna miss... » Heureusement que je suis seule. Ah non, y’a quelqu’un. Merde. Je m’arrête subitement, fixant le jeune homme qui vient d’entrer. Je ne suis pas certaine de son prénom, on a jamais eu la chance de parler. Je le fixe, un sourire gêné s’invitant sur mes lèvres alors que je dépose mon verre que j’ai toujours dans les mains. « Si tu fais un commentaire sur ma voix... » Ouais, je sens que ça s’en vient. « Je vais euh... Je vais... Je sais pas ce que je vais te faire, mais ce sera horrible. » dis-je extrêmement déterminée alors que c’est probablement la pire mise en garde de l’humanité. Ouais bon, je ne fais pas vraiment peur, je le savais déjà. Il va resté planté là, ou il va venir me rejoindre ? Finalement, un peu de compagnie ça ne serait pas si mal.

C’était évident que j’allais me faire surprendre par un candidat du nid. Je ne peux pas m’asseoir en plein milieu du salon, tapant sur la table avec un verre et chantant terriblement faux en pensant que personne ne va passer par là et être intrigué par tout le grabuge que je fais. Mais bon, l’arrivé de Celse a tout de même le don de me faire taire, alors que je me veux pseudo menaçante. Je suis loin de l’être finalement. Je le sais, et c’est ce qui me fait sourire. « C’était quoi l’idée, le faire exploser ? » Non mais ce qu’il est méchant lui ! On ne se connait même pas et il se permet ce genre de commentaire. En vrai, je me retiens vraiment de rire, puisque je trouve ça réplique plutôt amusante. Mais j’essaie de garder mon sérieux. « Ouais... j’ai toujours envié les chanteuses d’opéra qui font ça... En fait, est-ce que ça existe réellement, une femme qui brise le verre avec sa voix ? Parce que j’ai plus l’impression que ça relève d’un mythe. » Voilà, il ne fait qu’un commentaire, et moi je lui débite un discours complet. De toute façon, il vient me rejoindre et s’installe en face de moi alors que je le suis du regard. « On dirait qu’il va te falloir trouver, et plutôt rapidement… » Ah oui, je dois trouver ce que je vais lui faire. Hm... Et j’imagine qu’il ne compte pas partir tant que je n’aurai pas trouvé oui. Bon... « Je vais... Euh... Je vais continuer à chanter, pour ton plus grand malheur. » C’est une torture en soit... Et ce sera vraiment horrible, comme je le lui ai promis.

Est-ce que je viens réellement de poser cette question, et ce, avec tout le sérieux du monde. Parfois, j’ai l’impression d’avoir des crampes au cerveau. Genre je parle, je parle et voilà que je dis quelque chose qui sur le coup, me semble totalement intelligent. Jusqu’à ce que je le dise et que je me rend compte de mes paroles. Ça c’était une crampe au cerveau. Est-ce que les chanteuses d’opéra réussissent à briser du verre. Et évidemment, Celse se met à rire face à ma question. Non mais il a le droit, je crois que je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi stupide. Je suis douée, que voulez-vous. « Non, je ne crois pas que ce soit possible, à part dans les dessins animés, je n’ai jamais entendu parler de ce… pouvoir » J’hoche la tête, finissant par rire moi aussi, ouais, c’est particulièrement gênant. « Fais comme si je n’avais rien demandé ! Mais merci de la réponse han ! » Oui, au moins, il avait prit la peine de répondre. Et voilà que je lui dis que je vais continuer à chanter, ce qui relève de l’horreur à mes yeux et qui semble une bonne punition pour un commentaire qu’il ne m’a même pas fait en plus de ça. « Vraiment ?... » Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que je vais regretter d’avoir proposé un tel truc. « Euh... Oui. » Je ne suis plus aussi certaine, mais je répond à l’affirmative. « J’ai le droit de choisir le titre, et d’exiger la choré qui va avec ? » Bon, lui lorsqu’on lui ouvre une porte, d’un centimètre, il décide de l’ouvrir à grandeur. Ouais bref, c’était une mauvais métaphore, mais je me comprend. « J’imagine que oui... J’ai un faible pour les Spice Girls en passant. » Nicola, Nicola... Tu vas faire une folle de toi. Et le pire dans tout ça, c’est que ça m’amuse. Voilà que je lui lance même un regard de défi. Ce qu’il ne faut pas faire dans la vie.