J'aurais du me douter que Nolan ne lâcherait pas le morceau de si tôt puisqu'il alla même jusqu'à m'attraper de force pour que mon regard soutienne le sien. Je fronçai légèrement les sourcils, l'idée ne me plaisant guère. Je n'avais pas de comportement différent avec le jeune homme plus qu'avec... avec personne. Il était l'une des rares personnes avec qui je partageais mon temps ici, sans quoi je restais terrée toute seule. Parfois j'assistais aux pitreries d'Héléna ou de Rusty, mais le reste du temps était consacré à Nolan et lecture. Rien qu'en y pensant je soupirai automatiquement.

Beeen, je suis fatiguée.

Je commençais certes à avoir l'habitude de manquer de crédibilité mais cette fois, je n'y prêtai même pas attention. Je me faisais presque pitié, ayant l'impression d'être la mauvaise actrice d'un mélo-drame pathétique. L'envie de me libérer se faisait de plus en plus pressante, bien sûr, elle pouvait attendre, mais je redoutais qu'elle se fasse plus profonde ce pourquoi d'un geste brusque je me jetai dans les bras du jeune homme avant de refermer mon étreinte sur lui, l'imaginant bouche bée. Étape une effectuée.

Le mal était fait et je ne pouvais plus à présent reculer dans mon élan. Qu'importaient les limites, qu'importaient les principes, bas les masques je ne supportais plus cette image de frigide qui me suivait partout. Bien sûr, même dans les moments que j'aurais qualifiés d'érotiques, je savais garder mon soupçon d'élégance. Ainsi, j'empoignai le visage de Nolan, relevant légèrement le mien, puis le scrutai longuement tandis que ma respiration se faisait des plus haletantes. Bien mal placée dans la scène, je vins tirer une dernière latte sur ma cigarette avant de la faire tomber à mes pieds. Après avoir dévisagé le jeune homme, je joignis gracieusement mes lèvres aux siennes, oubliant l'espace d'une seconde la vulgarité de nos baisers pathétiques échangés au cours de la semaine. Je laissai alors mes mains glisser le long de sa nuque en même temps que nos bouches se frôlaient. Le désir grimpa d'un cran mais malgré la sensation agréable de nos mouvements, mon subconscient me dictait de cesser immédiatement ce qu'évidemment, je ne pus me résoudre à faire, continuant à l'embrasser avec conviction. Pas de passion, pas de sentiment ni d'arrière-pensées, juste un baiser, juste un contact.

La flamme fut bien vite atténuée aussitôt que Nolan eut reçu mon envie. Il poursuivit sans trop d'entrain, cette fois, les rôles avaient tout l'air de s'inverser. Quelques secondes à peine s'écoulèrent et il se recula subitement, me laissant plantée dans le froid saisissant. Je ne pris même pas la peine de réfléchir, ni même de respecter sa réaction puisqu'une nouvelle fois je me collai à lui pour répéter machinalement l'évènement précédent sans me soucier de ce qu'il se traînait dans son regard. Je n'aurais pas pu cesser un instant, comme une envie de cigarette non assouvie, le désir n'était toujours pas évaporé et il n'aurait fait que s'empirer si jamais j'avais lâché tout contact. Entre deux effleurements de lèvres, je lui murmurai que cela n'aurait aucune répercussion sur la relation amicale que nous entretenions. Ma mémoire était conçue pour oublier toutes sortes de débordement tel.