DANS UNE TEMPÊTE
INCONNUE DE RAGE
ET DE CRIS INHUMAINS.
et déchirant
sa gorge nue.
14H56

Quand Cupidon t'offre deux jours de soleil à suivre il faut savoir en profité peut importe ton humeur, peu importe ce qui peut se passer dans ta petite tête. Il faut en profiter un point c'est tout. C'est tellement rare cette semaine que ce serait un affront à notre joli bébé que de passer les jours de soleil à l'intérieur. Il pourrait le prendre mal et nous faire une semaine de pluie ou pire encore une semaine de chaleur caniculaire histoire de nous punir tel un dieu en colère. Alors je vais faire parti de ceux qui profite de l'après midi ensoleillé pour se balader. Cette fois je n'ai ni livre ni autre gadget, parce que je sais que mon attention ne sera pas assez sérieuse pour lire un livre ou faire autre chose. Parce que je sais que mes pensées vont m'occuper bien assez pour en ajouter. Alors je sors du château l'allure légère dans une petite robe printanière. Je laisse mes pas me guider là où il le souhaitent me laissant distraire par mon esprit embrumé ces derniers temps. Je me sens triste mais d'une manière si intense que j'ai l'impression que rien ne pourrait changer cet état d'esprit. Et d'ailleurs se mêle à ça une résignation et un abandon totale. Je n'ai pas envie d'aller mieux, enfin si c'est juste que je ne me sens pas assez forte pour. C'est comme si toute énergie c'était évaporé de mon corps. C'est peut être dû au manque de sommeil, mais je pense plutôt que ça se situe dans un point plus spirituel. Tout en marchant je m'amuse à faire tourner ma bague sur mon annulaire, celle qui m'octroie le statut de fiancé. Je la fait tourné sans réellement m'en rendre compte, un geste machinale comme lorsqu'une fille fait tourné une mèche de cheveux autour de son indexe. Je n'y prête aucune attention et c'est bien ça le problème. Parce que dans très peu de temps je vais me rendre compte que je l'ai fait trop glissé de mon doigt et que celle-ci s'en sera échappé. Mais pour le moment elle était encore là entrain de glisser de bas en haut pendant que je mordille nerveusement ma lèvre inférieur et que je me demande s'il serait possible que j'ai un entretien privé avec une certaine personne de mon entourage. J'arrive rapidement à la fontaine sur le bord de laquelle je m'assoie machinalement toujours dans mes pensées les plus profondes et intimes. Soupirante je dépose mes mains sur mon visage, lasse de temps de questionnement. C'est à ce moment là que je me rends compte que quelque chose ne va pas, que quelque-chose de grave vient de se passer. Pourtant je laisse tomber mes mains sur mes cuisses sans chercher à trouver la source du problème imitant. Ce n'est que lorsque le geste habituel recommence et que je ne sens plus que de la chair à la place du métal noble qui entourait mon annulaire. Un sursaut s'empare de mon corps et dans un mouvement de panique je regarde cette fameuse main totalement dénudé, fragile et suffocante. Je panique immédiatement, me lève tourne sur moi même, regarde dans les plis de ma robe, au sol dans l'eau clair de la fontaine, je suis à bout de souffle je prends ça comme un signe et je perds tout repères. Respire, respire je me dis à moi-même mais rien y fait. Je m'agite, je manque une respiration ou c'est peut être un battement de cœur qui saute je ne sais pas. Je viens de perdre ma bague de fiançailles et je ne me suis jamais sentit aussi vulnérable que maintenant.

Qu'on se le dise, Freddie aimait la pluie. Oui, elle aimait ça. Pas nécessairement le fait d'avoir les cheveux trempés et la crève que ça impliquait généralement les jours suivants, mais plutôt la sensation d'être exposée à une nature légèrement titillante, presque caractérielle, loin d'être absolument lisse donc, contrairement à la sensation qu'elle pouvait avoir lorsqu'il faisait plein soleil. Ainsi donc, cette semaine, le temps majoritairement pluvieux ne risquait pas d'avoir raison de sa patience. A vrai dire, il était plus probable que les seules journées annoncées comme ensoleillées la séduisent un peu moins, alors qu'elle pouvait sans mal s'imaginer que ses camarades, eux, devaient au contraire se réjouir de voir poindre quelques jolies éclaircies. Elle n'irait pas jusqu'à prétendre que le soleil était pour elle plus que malvenu, mais il est vrai qu'elle ne pourrait jamais tellement s'en enthousiasmer. Toujours est-il qu'elle saisit tout de même l'occasion pour s'aventurer à l'extérieur du château, sans trop savoir si elle cherchait simplement à faire passer le temps et à occuper son milieu d'après-midi ou à aller à la rencontre de quelqu'un qui, elle n'en doutait pas un seul instant, aurait également décidé de ne pas rester enfermé par ce temps. C'est plus hasardeusement qu'autre chose qu'elle prit alors la direction du jardin à la française, un endroit qui était pour le moment loin de lui être familier mais qu'elle ne demandait naturellement qu'à découvrir. Elle marcha donc, longeant une herbe si précisément coupée qu'elle en ferait pâlir d'envie les jardins de toutes les apprenties Bree Van de Kamp du coin, et ne tarda finalement pas à apercevoir une fontaine où semblait déjà se trouver l'une de ses camarades. Une jolie brune, dont elle pensait connaître le nom, mais à qui elle n'avait jamais eu l'occasion de faire la discussion. Aujourd'hui le lui permettrait alors peut être. Sauf que dans l'immédiat, elle crut noter que quelque chose n'allait pas. En effet, à mesure que ses pas la rapprochèrent de la jeune femme, elle se rendit compte qu'elle avait à faire à une personne particulièrement fébrile, à cet instant. Elle ignorait ce qui avait bien pu se passer, quelle pouvait alors être la raison de ce qu'elle analysait comme une petite crise de panique, mais le fait est qu'elle était bien moins sûre, d'un seul coup, d'avoir l'intention de s'éterniser par ici. Comprenez bien que Freddie était loin d'être la personne la mieux placée pour agir dans ces cas-là. Elle n'était pas la plus compréhensive qui soit, plutôt fermée à la détresse des autres et il n'y avait qu'à voir comment elle avait agi face à la crise de larmes d'Aliénor quelques semaines plus tôt pour deviner combien elle était larguée à cet instant précis. Pour autant, peut être plus désireuse d'élucider le mystère que représentait à présent sa camarade qu'autre chose, l'anglaise s'approcha encore de quelques pas et se risqua à se manifester. « Tu devrais te rafraîchir, ça t'apaiserait peut être » qu'elle souffla, sans trop savoir si c'était des choses qui se disaient, si elle n'était pas maladroite. Elle s'était contentée de supposer que l'eau de la fontaine pourrait en effet l'apaiser. « Je suppose que tu as égaré quelque chose, et probablement pas une babiole sans importance ... » Disons qu'à l'avoir vu s'agiter de la sorte, oui, elle s'était dit qu'elle avait perdu plus qu'un bouton de sa robe, hm.

Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, perdre ma bague. Mais la première fois je l'avais juste oublier sur e rebord de l'évier. Et surtout je n'avais pas paniqué de la sorte. Là tout de suite j'ai juste l'impression qu'elle pourrait être n'importe où dans le domaine,je ne peux même pas dire par où je suis passé. Dire que quelques jours plutôt j'envisageais de l'ôter pour rendre les choses plus faciles. Et maintenant qu'elle n'est plus à mon doigt j'en ai les mains qui tremble, la respiration qui s’accélère et le cœur qui s'emballe. Et je sais que si je ne me calme pas je le retrouverais jamais et rien que cette idée ne fait qu’amplifier le phénomène. Je ne l'entends pas venir vers moi ce n'est que lorsqu'elle prend la parole que je me rends compte de sa présence alors que je cherchais nerveusement derrière un buisson.  « Tu devrais te rafraîchir, ça t'apaiserait peut être » Freddie je crois. On ne s'est jamais réellement parlé mais je crois bien qu'il s'agit d'elle. En même temps je crois qu'elle fait partie des populaires, je ne peux pas ne pas connaître son prénom. Alors que l'inverse serait totalement normal. Oui. Je devrais peut être me rafraîchir. « Tu as raison. » Je dis en prenant une grande inspiration et en me baissant pour tremper ma main dans l'eau. Je passe cette même main sur ma nuque puis sur mon front. « Je suppose que tu as égaré quelque chose, et probablement pas une babiole sans importance ... » En effet, elle est très observatrice. Je crois qu'à sa place je n'aurais pas percuté enfin pas aussi rapidement. J'aurais d'abord émit l'hypothèse que la personne ne question est entrain de chasser des lutons imaginaires. Je lui fais oui de la tête, tentant de reprendre mon souffle. La dernière fois que j'ai eu une crise de panique comme je suis carrément tombé dans les pommes. J'aimerais pas vraiment lui infligé quelque chose de la sorte. Je souffle un bon coup, au bord des larmes cette fois. Je souris, maigrement. « Désolée, j'ai perdu ma bague de fiançailles. » Je lâche complètement désespéré. Elle brille bien et le solitaire étant d'une bonne taille je crois que si elle était là je l'aurais déjà vu, avec le soleil et tout. « C'était celle de sa grand-mère alors tu vois... j'ai déjà faillit la perdre une fois... Si j'étais superstitieuse je crois que je prendrais ça pour un signe... » Je retiens une bonne fois pour toute mes larmes et affiche un large sourire. Est-ce qu'elle pourrait m'aider ? Je n'en sais rien je ne veux surtout pas la déranger alors je n'ose pas réellement lui demander. Je veux dire c'est mon problème si je suis tellement ailleurs que j'en perds l'unique chose qui compte réellement pour moi ici. « Te sens pas obligé de m'aider... » Je commence du bout des lèvres les bras ballants. « … mais si jamais ça te dis de devenir mon héros et sache que c'est une place d'honneur et bien reste et aide moi à retrouver cette fichu bague. » Je suis légèrement brutale à la fin, je suis en colère contre moi-même.. D'être si stupide et tête en l'air, comme si tout ça ne comptait pas pour moi alors que c'est tout le contraire ou en tout cas c'était tout le contraire.. Je ne sais plus.

C'était quand même sacrément fâcheux que Freddie débarque une fois encore au moment où l'une de ses camarades semblait en pleine détresse. Ce n'était pas d'hier, elle était très mal placée pour tâcher d'épauler les autres dans des moments comme celui-ci, pas parce qu'elle était sans cœur, mais parce qu'elle n'était pas dotée de suffisamment d'empathie pour les soutenir comme ils mériteraient certainement de l'être. Elle savait, vraiment, qu'il valait mieux qu'elle ne se trouve pas à proximité de quelqu'un qui avait du chagrin, parce qu'elle était du genre à minimiser la détresse des autres, à estimer qu'ils dramatisaient tout. Oui, elle avait conscience de tout ça, voilà pourquoi elle hésita un instant à rebrousser chemin et à dispenser sa camarade de sa compagnie. Pas pour la fuir en soi, mais pour ne pas avoir à prendre le risque d'empirer les choses en faisant preuve d'autant de délicatesse et de subtilité qu'un enfant qui serait pris du désir de détruire d'un coup de pied la ville de légos qu'il aurait passé l'après-midi à construire. Pourtant, elle resta. Clairement, elle n'était pas sûre de ne pas avoir ensuite à le regretter, mais il est vrai qu'elle eut tout de même envie de voir si ce genre de situations ne pourraient pas la rendre un peu plus 'humaine' au final. Elle n'estimait pas être un être abjecte ou d'une cruauté sans nom à l'égard de ses semblables - pensant que son seul métier suffisait à prouver qu'elle ne se désintéressait pas entièrement de leur cas - mais on la jugeait souvent trop peu disposée à faire preuve de compréhension dans tout ce qui touchait le domaine personnel, les petites faiblesses d'autrui, qu'elle condamnait souvent un peu trop facilement, chose dont elle avait là aussi bien conscience. Alors oui, elle prit la décision de rester auprès de sa camarade, tentant une approche comme une autre en lui suggérant de se rafraîchir avec l'eau de la fontaine, voyant bien qu'elle n'était pas dans un état tout à fait normal et supposant que ça pourrait toujours lui faire plus de bien que de mal, ce qui serait déjà une bonne chose. Et puis, se souvenant de l'avoir vu s'agiter quelques instants plus tôt, elle émit l'hypothèse que sa camarade avait égaré quelque chose, et très certainement quelque chose auquel elle tenait. Oui, disons qu'elle l'imaginait mal se mettre dans un état pareil pour une fioriture qui ne lui manquerait pas. Non, là ça devait certainement être relativement grave, car relativement symbolique à ses yeux, ce qu'elle lui confirma d'ailleurs, d'abord silencieusement, puis en évoquant une bague de fiançailles. Ah. Et semble-t-il qu'elle aimait jouer à cache-cache, celle-là. « De la superstition à la folie, parfois il n'y a qu'un pas » qu'elle lâcha assez machinalement, sans grande délicatesse il est vrai. Si Freddie pouvait croire en certains signes, elle se refusait à tout interpréter de cette façon. Sa camarade laissa alors entendre qu'elle n'était pas forcée de l'aider, mais qu'elle n'aurait rien contre l'idée qu'elle soit tentée de le faire, toutefois. « Une place d'honneur, ah ouais, carrément » fit-elle, dans un fin sourire, plutôt disposée à l'aider à vrai dire. « Sur ton testament aussi, du coup, j'aurais une place d'honneur, hm ? » Eh, qui ne tente rien n'a rien, et là elle allait quand même prendre de son temps pour l'aider à retrouver sa bague. Ah oui d'ailleurs, la bague ... « Elle a un aspect particulier, cette bague ? Non pas qu'il puisse a priori y en avoir beaucoup qui traînent par ici, mais sait-on jamais ... » C'est vrai que les bagues, ça pouvait fleurir un peu n'importe où. L'anglaise commença alors à brièvement regarder autour d'elle, soufflant doucement en reposant son regard sur sa camarade. « Pour tout te dire, je ne suis pas sûre d'avoir déjà vu une vraie bague de ma vie. » Elle avait été élevée par deux hommes, et ne portait pas de bijoux. Ouais, les bagues et elle, ça faisait généralement trente-six.