Eibhlin & Danaé
#5

Je sens qu’un petit peu d’air frais ne pourra me faire que le plus grand bien. Seulement je n’ai pas envie d’aller me promener toute seule. Je n’aime pas trop l’extérieur. Surtout lorsqu’il commence à faire nuit. On ne sait jamais qui je peux rencontrer. Fake Lover est peut-être une émission de télé-réalité célèbre et sérieuse, des fous peuvent toujours se débrouiller pour réussir les castings et entrer dans le nid d’amour. Je parcours les couloirs à la recherche de quelqu’un de gentil, et qui ne va pas passer son temps à me parler de Zoran ou de ce que je suis capable de faire avec ma bouche, lorsque je croise le chemin d’Eibhlin. Je l’aime bien elle. Beaucoup même. Je ne sais pas vraiment ce qu’elle est en train de faire, mais je suis certaine qu’elle ne va pas trop m’en vouloir si je la kidnappe pour venir se balader avec moi. Je m’approche d’elle et lui tapote sur l’épaule. « Viens. J’ai besoin de m’amuser. » Je ne lui en dis pas plus et me contente de lui faire un petit sourire timide pour qu’elle craque et accepte de m’accompagner. Pas de strip poker pour cette fois, juste un petit moment sympathique dans la foret entre copines. Elle accepte et nous voilà sur un petit sentier de terre quelques minutes plus tard en train de nous balader. Je ne parle pas beaucoup et j’ai presque l’impression qu’elle est un petit gêné. Il y a comme une petit malaise entre nous j’ai l’impression. « T’as pas tes patins sur toi ? J’ai envie d’essayer encore une fois. » Oui ça peut être marrant de me voir à nouveau sur des patins. Bon je doute qu’elle ait des patins dans le sac à dos qu’elle a sur les épaules, mais cette nana est tellement surprenante, et puis elle aime tellement ça, qu’on ne sait jamais ce qu’il peut y avoir dans son sac. C’est un petit ma Mary Poppins à moi en fait. Bon d’accord j’en rajoute des tonnes, mais ça me fait sourire de penser à cela et franchement ce n’est pas du luxe de voir un véritable sourire sur mes lèvres ces derniers jours.

Eibhlin passe dans la château un instant pour récupérer son sac à dos de camping. Pouwah elle a tout prévu. Elle aime bien ça mine de rien. Quand elle repasse dans un autre coin, elle tombe sur une Danaé qui a l'air bien ravie de la voir. Elle a besoin de s'amuser. L'irlandaise n'a pas le temps de réagir autrement qu'en faisant une petite moue intéressée, qu'elle est déjà emportée au loin par la blonde. Elle n'a pas le temps de dire ouf. Bon, elle peut bien dire que tant qu'il s'agit de la blonde, ça va. Elle n'aurait pas forcément accepté ça de la part de tout le monde. Elles arrivent dans la forêt qu'un silence s'installe. Oh après tout, elle n'a pas eu son mot à dire du coup elle ne va pas engager la conversation. C'est la blonde qui veut s'amuser, pas elle. Et puis finalement, elle lui demande si elle a ses patins avec elle. Eibhlin est étonnée et elle répond doucement : « Si... » Elle esquisse un sourire. Elle avait raison l'autre jour : quand on commence, on ne peut plus s'arrêter. C'est addictif comme truc. C'est ce qui lui est arrivé à elle quelques années plus tôt. Elle enlève son sac à dos duquel elle sortit sa paire de patins bleus. Elle, elle en a pas aux pieds. Non, elle est pieds nus en ce moment, ses doigts de pieds caressant doucement la terre de la forêt pour sa pseudo communion avec la nature. Finalement elle lui tend ses patins, sans vraiment lui proposer de les lui mettre. Non, elle a bien vu comment il fallait faire et puis, c'est des chaussures quoi. Elle est pas assez empotée pour ne pas savoir qu'il faut mettre ses pieds dans la chaussure du patin. Elle ne l'aide pas, parce que mine de rien ça ne l'émerveille pas tant que ça qu'elle veuille mettre ses patins. Bah non, comme tout le monde, elle a autre chose ne tête : « Alors comme ça on suce ! » Qu'elle lance, un sourire en coin. Elle ne peut pas s'empêcher de le lui demander. Elle ne porte aucun jugement. Elle fait ce qu'elle veut après tout. Faire la petite coincée et après la suceuse, c'est plutôt pas mal comme coup ! « T'as raison, il paraît que sucer, c'est bon pour la santé ! » Qu'elle ajoute, avec sourire narquois et passablement amusé. « Je peux encore faire une vanne sur ça ? Promis, après on en parle plus et je t'apprends à sauter en patins ! » Ce qu'elle ne saura pas faire parce que ça ne s'apprend pas comme ça d'un coup.

Du patin. J’ai envie de faire du patin à roulette. Heureusement qu’Eibhlin est avec moi. Je sais qu’elle adore ça et je suis presque certaine qu’elle en a une paire sur elle. Pourquoi aurait-elle un sac à dos sur elle sinon ? Je m’arrête et lui quémande ce qu’elle a dans le sac, autrement dit sa paire de patins. Elle semble étonnée. Normal vu que j’étais plutôt réticente à monter là-dessus la première fois et qu’en plus on n’avait pas échangé le moindre mot depuis le début de notre petite balade. « Si... » qu’elle me répond en sortant une paire de chaussure bleu de son sac avant de me la tendre. Je lui adresse un sourire pour la remercier. Je ne sais pas trop si je peux m’asseoir par terre pour enfiler tout ça parce que je n’ai pas vraiment envie de salir mes vêtements. J’hésite un instant avant de hausser les épaules telle une gamine et de finalement poser mon cul sur le sol en terre. Je suis en train de retirer l’une de mes chaussures lorsque la voix d’Eibhlin s’élève dans les airs. « Alors comme ça on suce ! » Je crois que j’ai mal entendu là. Je suis certaine que toute cette histoire avec Zoran me monte à la tête et que j’entends le verbe sucer de partout. Je lève la tête et pose un regard interrogateur sur ma camarade. Je ne dis rien pour le moment. Je veux être certaine de ce que je viens d’entendre. « T'as raison, il paraît que sucer, c'est bon pour la santé ! » Je baisse aussitôt la tête. Non je n’ai pas mal entendu et je n’ai pas des hallucinations, c’est juste que tout le monde parle de ça en fait. Cool. Je n’ai pas envie de répondre. Je n’ai pas envie de parler de ça. En plus Eibhlin est en train de me regarder avec un sourire narquois que je n’aime pas du tout. J’ai envie de partir en courant et de me cacher. Ce n’est pas que je n’assume pas mes faits et gestes, c’est juste que ce serait plus simple si tout le monde pouvait arrêter d’en parler. « Je peux encore faire une vanne sur ça ? Promis, après on en parle plus et je t'apprends à sauter en patins ! » Si elle croit que je vais me lancer sur ce sujet et lui raconter la façon dont je m’y suis prise pour donner du plaisir au beau brun, elle se met le doigt dans l’œil et pas qu’un petit peu. « Non t’as plus l’droit de faire de vannes là-dessus. » que je me contente de lui répondre sur un ton vachement sec. « Tu m’aides ? » que je rajoute en tendant mes mains devant moi pour qu’elle les attrape et m’aide à relever mon gros cul.

« D’accord ! » Parler de Zoran ? Je commence à en avoir par-dessus la tête alors quand j’entends Eibhlin qui commence à me faire des vannes sur ce que j’ai fait avec lui, je préfère l’arrêter tout de suite. Je ne suis pas ici avec elle pour lui faire un court sur l’art de la fellation. D’autant plus que je doute qu’elle en ait besoin un jour, même si on n’est jamais sûr de rien. Assise sur le sol, j’enfile les patins que la demoiselle vient de me donner. J’ai le coup de main maintenant, je n’ai plus besoin qu’elle m’aide, sauf pour me lever. J’ai un petit peu peur de tomber là. Je tends mes mains vers l’avant pour qu’elle les attrape et me dire vers elle. Ce qu’elle fait tout en prenant la parole. « Est-ce que je peux te poser une question méga-hyper importante, mais qui me taraude depuis un moment maintenant ?... » J’approuve d’un petit signe de la tête tout en me demandant ce qu’elle peut bien se poser comme question pour que ce soit aussi méga-hyper important. Je ne tarde pas à le savoir. « Pourquoi tu m’aimes bien ? » C’est une très bonne question. Je hausse les épaules et ne tarde pas à commencer à lui répondre : « J’sais pas. Je trouve que t’es plutôt simple comme nana et en plus toujours un petit grain de folie qui fait que j’aime bien passer du temps en ta compagnie. » Je ne sais pas que dire d’autre alors je me contente simplement de lui adresser un sourire. Sourire qui s’estompe bien vite lorsqu’elle reprend la parole. « Non parce que tu peux bien avouer que je suis hyper chiante et un peu emmerdeuse. Et que je suis encore sérieusement certaine qu’il se passera quelque chose entre nous avant que tu t’en ailles… » Avant que je m’en aille ? « Si tu veux que je parte t’as qu’à l’dire tout de suite hein. » Je ne rebondis pas sur ce qu’elle dit juste avant. Oui elle est un petit peu chiante et emmerdeuse, mais c’est plutôt marrant quand ça vient d’elle. Non il ne va rien se passer entre nous parce que ce n’est pas ma tasse de thé et puis c’est tout. J’préfère les hommes bien virils moi. « Et toi ? Tu m’aimes bien ? » que je demande machinalement.