cian

Tu étais en train de demander si tu n’étais pas mieux en dehors d’ici, en fait. Parce que tu faisais clairement n’importe quoi. India avait pleuré à cause de toi. Toi. Tu ne faisais pourtant jamais pleurer les filles, ce n’était pas ton genre. Et pourtant.. Tu t’en voulais tellement, c’était fou. Tu te fichais pas mal d’avoir réussi à trouver le secret de Cian. T’aurais préféré ne pas savoir, même. T’aurais préféré ne pas avoir cet argent si c’était pour mettre India dans cet état. Tu n’étais qu’un pauvre con. C’était ce que tu pensais, et en plus de ça tu te sentais tellement vulnérable. Tu étais vraiment nul comme mec. Vraiment. Du coup, parce que t’as seule envie est de t’isoler, tu vas te cacher dans la bibliothèque histoire d’y trouver aucun autre candidat. Il n’y avait pas beaucoup de monde qui y allait, dans cette bibliothèque, tu avais l’impression. Tu prends un livre au pif, tu t’assois par terre, adosser contre une étagère – non, tu ne voulais pas de chaise ni de table – et tu commences à lire. Du moins, à essayer de lire, de déchiffrer avec fluidité les phrases. Sauf que toi, tu avais appris à lire à 12 ans seulement. Du coup tu avais toujours eu un peu de mal à lire, et ça a été toujours plutôt complexant pour toi. Alors tu essayais de temps en temps de t’entraîner, de prendre un livre, de lire vite, sans buter sur les mots, tout ça. Sauf qu’aujourd’hui, tu n’y arrives pas. Tu es tellement déconcentré que tu n’arrives à rien. T’as l’impression d’être un illettré, et ça t’énerve. T’es sur les nerfs. Alors que ce n’est clairement pas ton genre, de t’énerver. Toi, tu étais un garçon calme et gentil. Mais tous ces évènements font que tu deviens encore plus sensible que d’habitude. « Putain ! » tu t’exclames en jetant le livre à l’autre bout du couloir. Et aussitôt, tu ramènes tes jambes contre ton torse, tu enfouies ta tête entre tes genoux, les yeux fermés, complètement désespéré. À vrai dire, tu pourrais pleurer, là. Tout allait mal.

Tu étais encore plus vulnérable que d’habitude. Il fallait le faire. Avec tout ce qui avait pu se passer, toute cette culpabilité qui te rongeait, tu en devenais encore plus sensible que d’habitude. Si bien que lorsque tu avais essayé de lire, tu t’étais retrouvé comme une merde à buter sur presque tous les mots. Un vrai idiot. « Laisse toi aller ça va te faire du bien.... » Tu relèves la tête en reconnaissant la voix de Cian. Tu l’aimais bien, Cian. Oui, vraiment. Tu ne savais pas pourquoi, mais il était évident que tu l’appréciais. En tout cas, tu secoues vivement la tête de droite à gauche. « Après la dame aux gros seins elle va encore dire des choses méchantes sur moi… » tu marmonnes. Oui, tu ne te souvenais plus de son prénom. En tout cas elle parlait toujours du jus de fruit Andros, qu’elle avait l’air de beaucoup apprécier. Ou un truc comme ça. Bref. Tu n’allais pas pleurer, c’était pour les chochottes. Enfin.. tu en étais sûrement une après tout. En tout cas, tu es toujours recroquevillé sur toi-même. La seule différence est que tu à la tête relevé vers l’ex taulard. « Je peux éventuellement te faire un câlin mais juste parce que c'est toi. » Quoi ? Il venait vraiment de dire ça, ou tu venais de rêver ? A vrai dire, toi tu n’étais pas du genre à dire non à des propositions de la sorte. Mais tu n’étais pas certain que Cian pense les paroles qu’il venait de prononcer. « Je… tu n’es pas obligé tu sais.. » Non, vraiment pas. Ce n’était pas la peine de faire ça pour toi. Puis ton regard se pose sur les bouquins derrière le candidat. « Je sais plus lire… » tu chouines, comme si c’était le principal de tes soucis. Alors qu’il savait très bien quel était le principal de tes soucis, lui.