Au menu de ce soir, du risotto au parmesan fait maison que j'engloutis en peu de temps qu'il faut. Je savoure mon repas près de la baie vitrée, le regard hagard et l'esprit volatile. J'observe les allées et les venues des châtelains du coin de l'oeil. Je salue certains, je discute avec d'autres. Les discussions fusent. Je choisis alors ce moment pour m’éclipser en leur souhaitant de passer une agréable soirée. Sur mon passage, j'embarque une pomme. Je la mords à pleines dents et me délecte de l'acidité de celle-ci. Mes pieds me mènent jusqu'à la salle de billard. J'y pénètre et ne vois personne. Je hausse les épaules, cale la pomme dans la bouche et retrousse les manches de ma chemise. Je reprends une bouchée du fruit avant de m'accroupir près d'un meuble où sont entreposés des jeux en tout genre. Je pioche dedans et découvre des fléchettes et la cible qui l'accompagne. J’acquiesce et me redresse. J'aperçois un crochet contre le mur. Je l'accroche et m'en éloigne. Je termine de manger et je balance le trognon dans la poubelle. Je dégaine les fléchettes, en choisis un au hasard. Je vise, puis je tire. En plein dans le mille. J'entends la porte s'ouvrir. Je me retourne et croise le regard bleuté de Amery. Je lui souris et l'invite d'un geste de la main à le rejoindre. Je suis ravi de le voir. Arrivant à ma hauteur, je dis : - Félicitations pour ton sauvetage. Ça se fête, tu ne crois pas ? Je lui donne une légère tape amicale sur le dos et ris légèrement. Quand je parle de fête, j'entends un bon verre de scotch.

Les journées se raccourcissent de plus en plus, désormais il fait presque nuit noire à dix-huit heures. Il est assez perturbé par ce changement, et à vingt-deux heures il a presque envie d'aller se coucher. Pourtant il n'est pas encore fatigué, simplement la nuit lui tombe envie d'aller se terrer sous sa couette. Il chasse cette pensée et s'isole dehors quelques minutes pour fumer une cigarette. Et quitte à être sorti, il décide de s'en griller une deuxième. La température extérieure ne lui permet toutefois pas de rester bien longtemps dehors avec son seul pull sur les épaules. Il ne sait pas trop quoi faire pour s'occuper, il s'ennuie ferme la nuit tombée. Il se demande ce à quoi peuvent bien s'occuper les autres candidats, il a parfois l'impression d'être le seul à s'ennuyer ici. Il ne sait pas si c'est parce qu'il est seul ou s'il y a une autre raison à cela. Il faut dire qu'il n'a pas été poser la question, il n'en verrait pas l'intérêt, et ce serait très étrange. Finalement il se décide pour la salle de billard, une partie, même seul lui fera passer le temps et le divertira pendant quelques dizaines de minutes. Il ouvre la porte et tombe sur Orson à qui il sourit. Il s'approche de lui quand il l'invite à le rejoindre d'un signe de la main. Il lui parle de son sauvetage, et du fait qu'il faut fêter ça, le sourire sur ses lèvres s'agrandit légèrement tandis qu'il baisse la tête un instant. « Merci. » Il le remerciait mais au fond il n'y était pour rien, lui. « J'imagine que ça se fête, tu proposes quoi ? » Comme alcool il entendait, il imaginait que c'était de ça dont il parlait. « Alors ça se passe comment pour toi ici ? » qu'il finit par lui demander en haussant les épaules. C'est simplement pour engager la conversation, et il sait pertinemment que faire la conversation ce n'est pas un de ses talents, il aurait pu lui demander quelle serait la météo demain, que ça aurait eu le même effet.