Il lave son bol en pyjama dans la cuisine, à cette heure-ci il n'y a pas un chat dans la cuisine. Le château semble paisible, il pourrait se lever plus tôt mais il aurait peur de perdre cette sérénité qu'il ressent tous les matins. Profitant du calme ambiant il en profite pour lire une heure dans la bibliothèque, quand ses yeux commencent à fatiguer et avant que la salle de bain ne soit envahie il part prendre ses affaires et entre dans la salle de bain. Il constate qu'il n'est désormais plus seul, il fallait bien que cela arrive à un moment de toute manière, il se doutait bien que cette solitude allait finir par le quitter à un moment de la journée. Et là il trouve Henley qui est en train de prendre sa douche. « Bonjour. » Oh il n'est pas certain de savoir si elle compte lui répondre ou pas. Il a très bien imprégné le fait qu'elle n'ait pas apprécié son choix lors du prime. Lui s'en moquait, il avait fait ce qui lui semblait le plus juste. Pourtant il avait commencé à penser que la jeune femme n'était pas aussi désagréable que ce qu'il avait pu penser dans un premier temps, mais il imaginait que cette impression allait s'arrêter aussitôt qu'elle était apparue. Il commence par enlever son pyjama pour se retrouver en maillot de bain et il va sous la douche, elle est assez grande pour deux. « Tu pourrais me passer le gel douche qui se trouve près de toi, s'il te plaît ? Ou je suis trop abruti pour ça je ne sais pas. » Oh ça il n'avait pas oublié, et il n'avait absolument pas apprécié la remarque de la blonde.

J'étouffe un bâillement, je regarde l'heure. Oui, je devrais peut-être aller prendre ma douche. Je ne vais pas passer ma journée en pyjama, non, hors de question. Et ça fait tellement de bien de profiter de l'eau chaude, je ne pourrais pas m'en passer. Oui, ça, c'est certain. Si bien que comme j'en ai l'habitude, je range tout mon bordel que j'ai utilisé pour mon petit-déjeuner puis je vais jusqu'à la salle de bain. Et à peu près cinq secondes plus tard, je suis sous le jet d'eau. Nue, bien entendu. Je ne vois pas tellement l'intérêt de barboter en maillot de bain. C'est stupide, je trouve. De toute façon, je suis dos aux caméras, a priori donc tout ce qu'on voit, c'est mes fesses. Je pense que beaucoup de personnes sur cette planète ont déjà vu une paire de fesses donc bon. Bref. Je me rends pas compte tout de suite qu'il y a quelqu'un d'autre dans la pièce à cause du martèlement des gouttes d'eau par terre. C'est quand je regarde par-dessus mon épaule que je réalise que, ouais, Amery est là. Bof, peu importe. J'ai presque fini, de toute façon. Mais arrivé dans la douche, il me demande son gel douche. Et il fait référence à l'autre soir, durant le prime. Ça me tire un sourire moqueur. « En tout cas, t'es sacrément un incapable si tu ne peux pas le choper tout seul. » je lui dis simplement. C'est vrai, il aurait pu me dire de dégager, me pousser ou juste passer à côté de moi, non ? Bah non. Mais parce que je suis (à peu près) gentille, je lui file son gel douche. En espérant qu'il ne va pas vouloir autre chose. Je n'ai pas vraiment pour habitude de faire les choses gratuitement ou par bonté, tu vois.

Il repose rapidement le livre qu'il est en train de lire à sa place pour se diriger vers la salle de bain, il a peur qu'elle soit remplie s'il y arrive trop tard. Disons que sans être pudique, la douche c'est un moment qu'il aime bien passer seul, sans être entouré par une dizaine de personnes. Aujourd'hui il ne sera pas seul, la seule satisfaction qu'il a c'est qu'il n'y a qu'une seule personne présente dans la salle de bain. Et il se pourrait bien qu'elle parte bientôt. Ce n'était déjà pas l'amour fou entre eux deux et alors depuis qu'Amery avait choisi de ne pas garder Ines dans le jeu, les choses étaient pires. Si elle décidait que les choses en resteraient ainsi, très bien, lui s'en moquait, si elle était assez puérile pour ça ce n'était pas son problème. Elle n'avait même pas la politesse de le saluer, bien il savait au moins à peu près où il se dirigeait avec elle. Il n'avait pas l'intention de faire des efforts, étant donné qu'elle n'en faisait pas de son côté. Il entra dans la douche à son tour, et il remarqua que son gel douche était juste à côté de la blonde. Il remarqua aussi qu'elle était nue, mais ça il tâchait d'en faire abstraction. Donc en plus d'être un abruti il était un incapable ? Bien de mieux en mieux. « Tant d'amabilité ça fait toujours plaisir. » Il ne lui demandait pas non plus de lui étaler le gel douche non plus, alors elle pouvait bien faire un effort, elle n'avait qu'à tendre le bras. Il faut croire qu'elle était dans un bon jour puisque quelques secondes plus tard Amery avait le gel douche dans les mains. « Merci. » Ça ne l'empêchait pas d'être poli de son côté. « Tu dors bien maintenant qu'Ines est partie, ou tu veux que je vienne te border le soir ? » Il ne pouvait pas s'en empêcher, non mais il ne comprenait pas pourquoi elle y accordait autant d'importance, ça le dépassait en fait.

Je suis toujours quelqu'un de très sympa, moi. Ouais. Et outre l'ironie évidente de cette pensée, je pense pouvoir dire que je change pour personne. Jamais. Pas de traitements de faveur, non, rien de tout ça. Alors c'est la même chose pour Amery. Qu'il apprécie ou non, moi, je m'en fiche. Il ne faut pas s'attendre à ce que je dise des trucs gentils juste pour faire plaisir. Et puis quoi encore. C'est vrai qu'il est un incapable. Il ne parvient même pas à se démerder le cul pour s'emparer de son gel douche donc ouais, mes mots sont plutôt bien choisis, là. Que ça lui plaise ou non. Je hausse les épaules à son commentaire. Et il me parle d'amabilité mais je lui ai quand même passé son gel douche, non ? Je ne pense pas être la pire des garces jusque-là. Bref, j'apprécie le contact de l'eau chaude sur ma peau, je ferme les yeux un instant. C'est super agréable, quand même. Enfin, quand j'ai pas une voix parasite en fond sonore, ouais, c'est bien. Il est drôle, Amery. Il ne faut pas croire non plus qu'Inès était ma meilleure pote et qu'on se torchait mutuellement le derrière en signe de notre immense amitié incassable et de notre complicité sans faille. Elle était cool. Et il lui a préféré Betty. Bonjour le mauvais goût. « C'est marrant, je te préfère quand tu parles pas. » que je lance sans même prendre la peine d'ouvrir les yeux. Et il a l'air plutôt doué pour ça. Qu'il ne s'embête pas pour moi, il peut continuer à fermer sa gueule, ça me convient aussi. Tu vois, je ne suis pas si compliquée que ça, en fait !

C'est qu'elle est agaçante la blonde, lui au fond il ne cherche pas les ennuis, mais il n'aurait pas du choisir Betty. Enfin il ne regrettait absolument rien, il se moquait bien de savoir si Henley était satisfaite ou pas de son choix, simplement à ce moment-là elle l'agaçait tout particulièrement. A un moment il eut presque peur qu'elle lui balance son gel douche au visage. Ce qu'elle ne fit pas alors pendant de longues secondes il se tut, ouvrit le jet d'eau qui se déversa sur lui. Pourtant lui qui parlait d'ordinaire si peu, brisa le silence le temps de quelques paroles. Il n'aurait pu rien dire que cela aurait eu le même effet. Oh si attendez, elle préférait quand il ne parlait pas. Bien, de mieux en mieux. Il soupire, de toute manière se taire c'est toujours ce qu'il fait de mieux. « Rassure-moi tu traites tout le monde cette manière, j'ai pas le droit à un traitement de faveur ? » Non parce qu'il pourrait presque le prendre mal. En tout cas il l'ouvrait à nouveau, oui il était doué pour se taire mais plus encore il n'aimait pas qu'on lui dicte sa conduite. « J'espère que tu traites ta fille un peu mieux. » C'est simplement pour la faire réagir, il sait qu'il se mettrait assez en colère qu'on lui parle de son fils de cette manière. Mais il n'avait pas l'intention de se taire simplement pour obéir à mademoiselle. Ce qui risquait aussi d'arriver, c'était qu'elle finisse par s'en aller. Au fond il s'en moquait, si elle voulait partir qu'elle le fasse, il n'était pas non plus là pour avoir à supporter son mauvais caractère.

Non, c'est vrai, c'est bien quand il parle pas, en fait. Et on l'entend pas souvent, en général donc c'est très bien. Mais bien entendu, quand il l'ouvre, c'est pour dire de la merde, c'est évident. Un peu comme tous les autres, c'est vrai mais Amery, lui, il se place bien dans la connerie quand même. Et puisqu'il a l'air d'avoir retrouvé la parole, il ne peut plus s'empêcher de parler. Ah. Il me raconte une histoire de traitement de faveur et tout ce qui s'en suit. « Si, en fait, je me trouve trop gentille avec toi, là. » je lance d'une voix lasse avant d'attraper mon propre gel douche. Je m'en étale une finie couche sur un bras quand il reprend -encore- la parole. Pour mentionner ma fille. La façon dont je la traite. Et ça, c'est à peu près tout ce qui me faut pour m'énerver. Tu sais quoi, je commence à en avoir sacrément marre des gens qui pensent que je suis une mauvaise mère, que je ne suis pas assez bien pour gérer Brielle et mon statut de mère. C'est ma vie, ma fille et je les emmerde tous. Et je l'emmerde, lui aussi. Je place un peu de gel douche au creux de ma main. Et quand je repose le flacon, je le lâche un peu trop violemment donc il tombe par terre. Tant pis. Bon, du calme. « T'es vraiment con, Amery. » Oui, il l'est. C'est pas de ma faute hein. Je recouvre ma peau de gel douche pendant quelques secondes de plus avant de reprendre la parole. « Connard. » je souffle en levant les yeux au ciel. Non mais quel abruti, waouh.

Il n'aime pas qu'on lui dise quoi faire, alors si Henley lui demande de se taire, il ne le fera pas, par simple esprit de contradiction. Pourtant il est très doué pour se taire, c'est sans doute la chose qu'il fait le mieux. Il ne parle pas beaucoup d'ordinaire, mais là aujourd'hui il a décidé d'ouvrir la bouche. Il se demande si la blonde est aussi désagréable avec tout le monde ou si c'est simplement parce qu'elle ne le supporte pas. Il écoute peu ce qu'il se dit dans le château. Oh et donc, elle se trouvait trop gentille ? Il était bien chanceux Amery alors. « Quelle chance. » Oh oui il en était ravi, parce qu'elle était absolument délicieuse avec lui. Non content de la déranger, il ouvrit sa bouche une nouvelle fois, pour lui parler de sa fille. Il savait que ce n'était pas la chose la plus intelligente à faire, là il ne pensait pas à ça à vrai dire. Il voulait simplement la faire réagir, qu'elle dise quelque chose, c'était peut-être pour l'agacer autant qu'elle pouvait le faire aussi. Il faut croire qu'il avait touché un point sensible à en juger par sa réaction. Il regarde le gel douche tomber par terre dans un bruit sourd, et ses yeux reviennent vers la jeune femme. Abruti, con, connard, donc il aura presque tout eu de sa part. Et il l'avait bien cherché aussi, il ne voulait pas la mettre dans un tel état. « Je suis désolé, je ne voulais pas. » Il ne voulait pas quoi ? Oh il ne savait pas trop, mais il savait qu'il n'avait pas été très malin pour le coup, et c'était le moins qu'on puisse dire.

Oui, c'est vrai qu'il est chanceux, là. Oh, c'est certain que je peux faire pire, je n'en doute pas une seule seconde. Là, j'ai quand même été assez sympa. Je veux dire, tout est relatif, bien sûr. Cependant, ça, ça rentre dans ma définition du « sympa ». Je suis presque certaine que beaucoup auraient apprécié que je sois aussi sympa que ça avec eux. Si j'ai la réputation de grosse méchante en temps normal, ce n'est pas pour rien. On s'amuse et on se détend comme on peut. Certains butent des gens, d'autres aident des gens, bah moi, j'insulte tout le monde. Chacun ses choix. Cela dit, je deviens tout de suite moins « sympa » quand il me parle de Brielle. À vrai dire, je me suis demandée combien de temps ça allait prendre avant qu'un con ramène ça sur le tapis. Combien de temps pour deviner mon point sensible et pour appuyer pile là où ça fait mal. Non, je ne suis pas faite de béton ou de pierre, j'ai mes faiblesses comme tout le monde. Putain, si j'avais su, j'aurais pris ma douche dans ma salle de bain habituelle, peu importe le bordel qui y règne parce qu'il me fait chier, là, l'autre. Et voilà qu'il s'excuse. Ah bah merveilleux. Il y a rien de plus agaçant que les gens qui ne sont pas capables d'aller au bout des choses, qui font demi-tour au moindre petit truc. Et je me félicite d'avoir lavé mes cheveux avant même son arrivée puisque là, j'ai juste à finir d'étaler le gel douche, à passer rapidement sous le jet d'eau et hop, quinze secondes plus tard, je suis enroulée dans une serviette. « J'en ai rien à battre de ton "désolé", va te faire foutre. » Je dis ça d'une voix calme malgré tout. Je ne suis pas en train de gueuler dans toute la pièce, je veux dire. Je lui dis juste d'aller se faire foutre, c'est tout.

Oui c'est vrai qu'elle est très agaçante, qu'elle pourrait se comporter bien mieux qu'elle ne le fait, mais Amery n'avait pas été très fin sur le coup. Il a un fils il sait très bien que c'est bien le dernier sujet à aborder pour énerver l'autre, parce que ça peut être blessant. Lui ce qu'il voulait c'était simplement l'agacer un peu rien de plus, et il savait très bien où s'aventurer pour la faire réagir. Sans vraiment la connaître, il le sait, parce qu'il n'aurait pas apprécié. Pour autant il ne sait pas s'il a mérité de se faire autant insulter, sans doute pas. Il continue de prendre sa douche sans ajouter un mot, mais il tient tout de même à s'excuser, il ne voulait pas ce qui est en train de se passer. Ce n'est pas ce qu'il avait en tête. Il avait sûrement été un peu trop bête. Mais elle s'en moquait bien de ses excuses, et elle lui disait d'aller se faire foutre. Oh bien de mieux en mieux, il était ravi de cet échange avec la jeune femme, très constructif. « Je voulais simplement t'agacer autant que tu peux le faire. Je ne pense pas que tu sois une mauvaise mère. » Non et il ne l'avait jamais pensé. Et même si elle est très énervante quand elle s'y met, il n'a rien contre elle, alors oui il ressent le besoin de s'excuser, parce qu'il n'est pas quelqu'un de méchant. Non ça ne lui ressemble pas, parfois il dit des choses qu'il ne pense pas, comme tout le monde, il ne contrôle pas tout ce qui sort de sa bouche, parfois il ne réfléchit pas avant de parler, même si cela reste relativement rare.

Je ne vois pas comment j'aurais pu réagir autrement. Ça m'énerve toujours autant et je pense que ça m'énervera toujours autant qu'on me balance que je suis une mauvaise mère, que je ne sais pas prendre soin de Brielle et tout ce qui s'en suit. Être loin d'elle, c'est insupportable, tu n'imagines même pas à quel point. Je devrais être avec elle, pas dans ce foutu jeu, je le sais. C'est dingue, je pensais pas qu'elle changerait ma vie à ce point-là. Mais, eh, de toute évidence, elle a tout chamboulé. Bref, pour en revenir à l'autre crétin, là. Je crois que je l'apprécie pas trop, étonnamment, hm. Je dirais même que j'ai envie de le frapper. Par chance, je suis violente que le jeudi. Blague. Je lui dis d'aller se faire foutre et je pourrais même continuer à l'insulter parce que c'est tout ce qu'il m'inspire, là, mais je finis par m'arrêter. Et lui ose reprendre la parole. C'était juste pour me faire chier ? Ah bah je pourrais presque saluer l'initiative, tu vois. Oh et accroche-toi bien, je ne suis pas une mauvaise mère, en fin de compte. « Ah, si tu ne penses pas que je suis une mauvaise mère alors, je peux retourner sur mon joli petit nuage, tout redevient parfait. Non mais sérieusement... » Je lève les yeux au ciel. « Évite de redire des conneries du même genre parce que t'as tout faux et je vous emmerde, toi et tous les autres qui pensent comme toi. Je suis une bonne mère, c'est tout. » Oui, c'est tout, je suis une bonne mère et je les emmerde, personne n'a le droit de dire que je crains dans le rôle de mère parce que ce n'est pas vrai. Je ne suis sûrement pas la mère parfaite mais je fais de mon mieux et j'aime croire que c'est suffisant.