L’heure était aux présentations et j’en venais à espérer avoir conservé ma mémoire infaillible de l’époque où je la travaillais très très régulièrement pour les cours. Sans cela je risquais de très vite m’y perdre au milieu des prénoms et des informations concernant chacun des potentiels candidats. Je m’étais donc arrêtée de parler pour pouvoir écouter les autres, ne pas en louper une miette et qui sait, peut-être même apprendre des trucs intéressants. Yityish s’était présentée la première et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle avait un prénom difficile à prononcer mais qui devait être encore doublement plus difficile à écrire. Titi me semblait être le surnom idéal pour ne pas se taper l’être con en déformant son prénom. Une seconde jeune femme s’était présentée. May-Line, un charmant prénom qui collait plutôt bien à la première impression que je me faisais d’elle, celle d’une jeune femme très gentille avec un regard très innocent, elle ne respirait pas la superficialité à première vue et c’était un bon point. Alors que je complimentais Babou sur ses lunettes qui lui allaient plutôt bien le garçon qui était à nos côtés avait pris la parole. D’ailleurs, il était plutôt mignon comme mec, de beaux yeux bleus qui avaient surement déjà dû faire de l’effet à plus d’une fille. « Mouais… Des lentilles mettraient ton visage bien plus en avant » C’était une idée, il est vrai que les lentilles offriraient tout de suite un effet plus « naturel » au visage de Babou mais ce n’était franchement pas nécessaire. Alors que mes camarades s’étaient penchés sur ce qu’ils avaient eu l’occasion de remporter à la loterie j’avais pris la parole, ironique. « Ne soyez pas dégoûtés… Je sais que vous auriez tous voulu avoir le rendez-vous en tête à tête avec Vaughan. » Malchanceuse jusqu’au bout, que voulez-vous que je vous dise, j’allais faire avec.

La chance ? J’connais pas ça. C’est pour les faibles. Il n’y a pas de réel hasard. Tout est écrit. Je vais gagner ce putain de jeu et ça sera pas grâce à la chance mais grâce à moi, uniquement. Tant pis si la boite que je viens d’ouvrir contient un lot pourri. A la limite, je m’en fou. J’ai pas besoin de ça. De l’argent, ça m’aurait pas déplu en revanche. Mais pas de thunes. Seulement un strip-tease. J’en gagne un par un mec et je dois lui en effectuer un en retour. What ?! Le chérubin est un gros pervers. Il veut bander comme un taureau face à deux mâles quasi nu. Mais je lui offrirai certainement pas ce plaisir. Pas question que je danse et que je me dénude devant un mec. Je l’ai bien précisé : je ne suis pas gay. Ils ne doivent pas vraiment être habitués à des hétéros. Quand on voit déjà que les présentateurs sont gays, faut pas s’étonner. Une main vient se poser derrière mon épaule et une voix fluette résonne dans mes oreilles. La nana aimerait voir mon strip-tease. Pas étonnant. Je me retourne, la reluque de haut en bas puis sourit. « Tu sais ce qu’on va faire ma jolie, ton cadeau là, tu vas le donner à ce cher Johnny et en échange t’auras droit à mon strip-tease. » Et elle aura droit à m’en faire un aussi avant qu’on s’amuse comme des fous et qu’on inaugure dès la première semaine le baisodrome de Fake Lover. « Deal ? » Je lui jette un regard ténébreux et charmeur comme je sais si bien le faire.

Non mais sérieux, il est hors de question que je m’exhibe devant un mec, qu’il soit beau, gros ou moche. Ça serait comme demander à un taureau de faire du charme à un lion. No way. Heureusement, en voyant une autre postulante pas trop dégueu s’approcher, une idée de génie me vient. Echanger le cadeau de la demoiselle avec celui de John, le mec à qui j’étais censé faire un strip-tease. Je propose mon deal direct et sans mâcher mes mots. J’ai l’intuition que ça peut marcher. Les nanas raffolent des mecs qui ont de l’assurance et il se trouve que j’en ai à revendre. Tant mieux. Le deal est conclu. Un fin sourire naît sur mon visage tandis que mon regard glisse sur le postérieur de la demoiselle déjà partie faire affaire. Il semblerait que la nana ait du tempérament en plus d’être bien gaulée. J’apprécie son manège et en suis fort épaté. A mon avis, rares sont les fois où elle n’obtient pas gain de cause. Elle semble être assez persuasive, un peu comme moi à vrai dire. Elle revient ensuite à mes côtés pour me demander mon avis sur sa démarche. Je dois avouer que c’était… « Pas mal. » J’irai pas non plus jusqu’à lui baiser les pieds. « Bravo Bonnie. T’oublieras pas de mettre de la dentelle dans ta valise. » Puisqu’elle aussi est censée me faire un striptease, autant qu’elle le fasse dans de bonnes conditions. « A bientôt. » Je lui adresse en prime un clin d’œil avant de sortir de la pièce et d’aller m’en griller une. J'en ai définitivement besoin.