+ Teddy

Je me balade depuis un petit moment maintenant et je sens la fatigue me ralentir, mes jambes sont un peu plus lourdes à chaque pas, alors j'essaye de trouver un endroit sympa où me poser. Il ne me faut que quelques pas de plus avant de me retrouver en face de ce petit restaurant venu tout droit d'un chef d'oeuvre du cinéma américain, où malheureusement, personne n'est là pour nous servir. Mais bon, j'aime tellement le style de l'endroit que je ne peux qu'en pousser une nouvelle fois les portes. Je m'avance de quelques pas et me rend compte que je ne suis pas seul. J'aperçois une brune mais ne parviens pas à mettre un nom sur son visage. Je plisse légèrement les yeux tout en m'approchant d'elle. Je fais une espèce de moue déçue quand je me rends compte que c'est l'une des nouvelles. Qu'est-ce qu'elle vient faire là ? Pas que dans le restaurant, mais carrément dans le jeu. On était bien, nous les premiers à faire partie du casting, sans eux, là, que ce soit Nolene ou cette petite brune et les deux autres qui venaient de débarquer. Mais bon, je ne vais pas commencer à faire la gueule à tous ceux qui arrivent après moi. Quoi que si, je pourrais, mais à forcé je risque de me faire haïr de tous et donc de me faire surement nominer et de sortir plus tôt que prévu, alors qu'au fond je suis un gentil garçon, et je mérite d'aller loin rien que parce que j'ai une bouille d'ange. J'esquisse un vague sourire à l'attention de la demoiselle. « Tu es nouvelle, toi. Bienvenue. » Je ne crois pas avoir eu l'occasion de le lui dire lors du prime, alors autant le faire maintenant. Mieux vaut tard que jamais, hm. « Je suis Esteban. Et toi ? » J'avais été tellement agacé qu'ils arrivent, ces nouveaux, que je m'étais contenté de râler intérieurement, oubliant carrément d'être attentif à leur présentation, du coup je ne me souvenais pas de leur nom. Mais bon, ce n'est pas bien grave, j'imagine.

Ne connaissant pas les lieux et n’ayant trouvé aucun guide assez sympathique pour m’aider dans cette lourde étape j’ai décidé de me perdre volontairement, il n’y a que comme ça qu’on finit par retrouver son chemin. Sans trop comprendre pourquoi et comment j’atterris dans un genre de café miteux qui n’a aucune allure. Prête à faire demi-tour, c’était sans compter sur la porte s’ouvrant sur un grand blond. « Tu es nouvelle, toi. Bienvenue. » Si je suis nouvelle ? Pff y avait vraiment besoin de ce genre de réflexion ? « Ah oui c’est vrai, j’avais presque oublié. » Oups j’ai renfilé mon air de peste, moi qui croyait l’avoir bien rangé au placard ou moins pour passer cette première semaine... tant pis je l’emmerde Ken. C’est pas parce que j’ai des bonnes manières que je suis polie, il n’y a d’ailleurs rien de plus facile que de se faire passer pour quelqu’un ayant des manières. Le plus dur c’est de faire le contraire. Entre imiter un gangsta et une duchesse il y a pas photo concernant la facilité, c’est pourquoi moi j’ai décidé d’être une princesse mais je pense que je n’ai pas vraiment eu à le faire au final puisque je suis née comme ça. Bref, il me parle d’Esteban. Ça doit être lui. Il a bien une gueule à s’appeler comme ça tiens. « Enchantée. Moi je me suis déjà présentée dimanche soir. » Je lui esquisse un sourire après avoir repris des manières plus appropriées par contre qu’il se gratte pour que je me répète, je ne me soumets pas à ce genre de pratique en tout cas pas tant que je suis une princesse. « Tu m'en veux pas si j'estime que je n'ai pas à me répéter ? » Mes paupières clignent comme celles d'une biche innocente. N'est-ce pas ce que je suis ? Non en fait pas vraiment...

Quand j'arrive dans le restaurant, je me tombe nez à nez avec l'une des nouvelles arrivantes de la semaine. Je fais remarquer qu'elle est nouvelle et lui souhaite la bienvenue. Elle me répond du tac au tac qu'elle avait presque oublié. Je souris franchement, cette fois, parce que je sens que je l'aime bien, tout compte fait. Je peux déjà déduire du peu que je viens d'entendre qu'elle a un minimum de répartie et ça me plait assez. « C'est triste d'être atteint de troubles de la mémoire si jeune. » Que je rétorque d'un air désolé. La maladie d'Alzheimer touche généralement les vieux, mais elle peut aussi s'abattre sur de jeunes gens comme nous, dans de rares cas, il parait. Je ne connais pas vraiment l'âge de la jeune femme, et je ne compte pas le lui demander, mais si je devais le deviner je dirais qu'elle doit avoir à peu près autour de la vingtaine, comme moi, ce qui est donc bien jeune pour avoir des troubles de la mémoire, hm. Mais bref. Je me présente et lui demande de le faire à son tour, mais bien que mademoiselle soit aussi enchantée que moi qu'on se rencontre elle ne daigne pas décliner son identité à nouveau puisqu'elle l'aurait apparemment déjà fait lors du prime. Elle me demande d'ailleurs si je lui en veux de ne pas vouloir se présente rune nouvelle fois. « J'imagine que c'est surtout à toi de m'en vouloir puisque je n'ai pas été capable de retenir ton petit nom. » Alzheimer me guette, moi aussi, vu que je ne me rappelle pas de son prénom. Il faut dire que je n'ai pas été très attentif pendant le prime, disons que j'avais mieux à faire. Et puis bon elle se sent surement encore un peu mystérieuse vu que je ne me souviens plus de comment elle s'appelle, elle a comme une sorte d'avantage puisqu'elle connait mon nom à moi. Je vois clairement qu'elle essaye de se la jouer petite princesse au-dessus de tout, même de moi, alors qu'elle est bien en-dessous, et pas seulement parce qu'elle est entrée après tout le monde dans le nid. Mais bon, ça ne sert à rien de revenir sur le pourquoi du comment elle est arrivée ici, tout ce que je veux pour l'instant c'est un nom, et à défaut d'obtenir ce que je veux en le demandant, je pourrais toujours essayer de la faire boire, hm. Quoi, comment ça, ça ne se fait pas d'abuser des jeunes filles ? Je veux juste lui soutirer des infirmations, je ne vois pas où est le mal.

Troubles de la mémoire ? Moi ? Laissez-moi rire, qu’il s’engage en bourse et je lui mets la pâtée au type. Type, oui, car il ne mérite même pas un prénom pour ne pas avoir retenu le mien. « A vrai dire je doute qu’il n’y ait ne serait-ce qu’une seule personne qui ait prêté attention à ce detail. » Mon accent s’emballe lorsque j’appuie sur les mots. Ce detail comme je viens de le dire me déplait, me vexe et m’agace. A croire que personne n’a feigné jouer la carte de l’éducation ce fameux dimanche soir ce qui est en soit un réel problème puisque, entêtée à ne pas me présenter pour la seconde fois, personne ne prendra connaissance de mon appellation et je resterai donc éternellement la « nouvelle. ». « Mais tu sais… le fait que tu t’en veuille démontre ta présence d’éducation et en ça… je t’en suis reconnaissante, Esteban. » car j’ai vraiment l’impression d’avoir atterrit chez le bas peuple et c’est peu dire. Aucunes manières, zéro politesse… ils ne mangent même pas de vrais repas, c’est à s’en indigner. Il me suffit d’une seule fois pour que je puisse retenir un prénom, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je l’ai appelé par son petit nom le blond. « Qu’est-ce que tu viens faire ici tout seul ? Boire ? » Je le questionne tout naturellement de mon air innocent et interrogatif puisque de toute évidence ce n’est que la retranscription orale de mes pensées. Et puis finalement… « Oh non je sais ! Vous organisez des tournois de poker ?! J’adore ça ! » la lumière vient à moi. Je veux bien assimiler qu’ils puissent ne pas manger ensembles, échanger leurs lits sans même considérer la personne qu’ils délaissent pour ce changement mais tout de même ils doivent bien avoir quelques moments de plaisir où ils se retrouvent tous ensemble. Je m’obstine à y croire, c’est une communauté tout de même ! Les autres ne devraient pas tarder à arriver.

Pauvre chou, va. Personne n'a dû retenir son prénom, c'est vraiment trop injuste. Bah ouais cocotte, mais fallait pas arriver à l'improviste comme ça, désolé. Mais bon, je suis sûr qu'il doit bien y avoir une personne dans le nid qui se souvient de son nom quand même. Enfin, sinon ça serait un peu inquiétant, il me semble. Mais elle dit être reconnaissante du fait que je m'en veuille de ne plus me rappeler de comment elle s'appelle, donc ça va quand même. Puis la brune me demande ce que je viens faire ici, tout seul. Boire peut-être. Avant que je puisse répondre elle émet l'hypothèse que nous préparions une partie de poker. Elle adore ça, apparemment. Je souris d'un air amusé. « Non, désolé. Ça m'aurait bien plu mais je crois que les autres auraient trop peur que je leur mette une raclée. » Moi, je me vante ? Ah oui, vraiment, vous trouvez ? Ce n'est vraiment pas grand chose pourtant, je sais en faire plus, mais disons que je préfère rester un minimum sobre devant la jeune femme, pour ne pas déjà paraître trop arrogant, autant qu'elle ait une belle image de moi, hm. « Je viens pour écouter les musiques du Jukebox, je les aime bien. Et puis pour danser un peu aussi. » Que je dis d'un ton qui se veut relativement enthousiaste. En fait je ne sais pas trop pourquoi je suis là, j'aime juste l'endroit. Je m'approche alors du Jukebox pour l'enclencher. Une petite musique des années cinquante se met à résonner dans le restaurant. Un large sourire barre mon visage. « Ça te dit ? » Que je lui propose alors. « A moins que tu ne préfères boire quelque chose. » Peut-être qu'elle n'aime pas danser et préférera me regarder me ridiculiser, c'est comme elle veut, hein. Elle aura même le droit de se moquer si elle veut, je ne suis pas trop du genre susceptible, et je sais que je ne danse pas comme un dieu, donc bon.

C’est étrange comme ce type pouvait me paraitre à la fois gentil et malsain. A vrai dire je crois l’avoir cerné et je pense pouvoir le qualifier en un seul mot : escroc. Ca peut sembler rude mais je connais très bien les types dans son genre, rien qu’à son attitude je flaire la thune. Entre compères on se repère vous savez, quoi que je doute que le blondinet soit à la hauteur de mon rang et qu’il ait décroché l’une des précieuses places du programme financier d’Oxford mais qu’importe, il faut de tout pour faire un monde. Mais soit, bien qu’il me paraisse hypocrite à souhait je me contente de sa compagnie, d’ailleurs si les autres arrivaient pour un tournois de poker ce serait parfait sauf qu’apparemment ce n’est pas ce qui est planifié. De toute façon j’ai cru comprendre qu’ici rien ne l’était. Par ailleurs mon interlocuteur semble bien sûr de ses compétences et avoue qu’il aurait bien aimé un petit tournois ; et moi donc. « Hm d’accord… » je suis dubitative quant à son réel niveau, à vrai dire je ne crois que ce que je vois. « Que dirais-tu d’en organiser un prochainement ? J’aimerai beaucoup voir ce que tu vaux. » Je lui annonce un sourire en coin et le regard malicieux car très honnêtement je doute qu’un des candidats soit plus fort que moi à ce jeu-là. « Je viens pour écouter les musiques du Jukebox, je les aime bien. Et puis pour danser un peu aussi. » Mon regard dérive alors vers l’objet vintage « Oh tu danses ? » C’est un peu surprenant mais pourquoi pas, j’ai peut-être en face de moi un danseur étoile ayant foulé le parquet du Bolchoï. J’y ai vu tellement de spectacles que je ne saurai reconnaitre la vedette du dernier en date si jamais il se tenait devant moi. « Ça te dit ? … A moins que tu ne préfères boire quelque chose. » Eh bien je ne dirais pas non, quoi que l’offre me surprend. Je veux dire je n’ai jamais dansé comme ça… j’espère qu’il ne va pas faire de chose stupide et ridicule. « Remettons la boisson à plus tard. » Je lui offre un sourire tandis qu’un rire cristallin s’échappe de ma bouche quelques secondes plus tard à l’écoute de la musique. Je crois que c’est la première chose marrante que je fais ici. « Tu connais quelques pas de rock’n’roll ? C’est ce qu’ils dansaient à cette époque. » Incollable aux niveaux des époques, je pourrais classer toute une liste de chose par décennies, notamment les styles musicaux. Quant à la danse... eh bien je sais simplement que toutes celles des années 50 se dansaient en duo.

Bon, d'accord, j'avoue ne pas être un as du poker, je me débrouille quoi, mais comme je suis un petit vantard j'aime bien me donner des aptitudes supérieures à celles que j'ai réellement. Je n'y peux rien si j'aime enjoliver ce que je suis et ce que je fais, je suis comme ça, à toujours voir plus gros, plus grand, pour avoir l'air plus impressionnant. On ne peut pas dire que ça marche souvent, parce que les gens de nos jours se méfient des petits malins comme moi, il sentent l'embrouille et la vantardise à cent mètres on dirait. M'enfin, j'aime parler de moi et mentir un peu à mon sujet, donc je ne vois pas pourquoi je m'en priverais devant la demoiselle, ce serait bête. Elle dit vouloir voir ce que je vaux, et que pour ça, il faudrait organiser un petit tournoi, un de ces quatre. « Ouais, pourquoi pas. Tu risques pas d'être déçue en tout cas. » Que je lui lance dans un sourire, d'un air plus que sûr de moi alors que ça sent le plantage total. Tant pis pour moi, je l'aurais cherché. Enfin, me connaissant, il y aura bien moyen à ce que je trouve une excuse pour me défiler, genre je suis malade, je suis resté coincé dans l'ascenseur, j'ai dû aider le chat à descendre du toit, ou une connerie comme ça. Je déclare ensuite être là pour la musique, que j'aime beaucoup, et donc pour danser. Elle me demande si je dance d'un air étonné. Et oui ma jolie. « Qui ne danse pas ? » Je lui lance un regard qui veut tout dire. Non mais c'est vrai ça, je suis sûr que peu importe de quelle danse on parle, qu'elle soit verticale ou horizontale, on peut dire que tout le monde pratique ce sport, d'une certaine façon. Je lui demande si ça lui dit, ou si elle préfère un petit verre. On va remettre la boisson à plus tard puisque c'est ce que mademoiselle veut. Elle se met à rire, je ne sais trop pourquoi. Peut-être que ça lui fait extrêmement plaisir de danser en ma compagnie. Qui n'aimerait pas ça, en même temps, hm ? Elle me demande si je connais quelques pas de ce que dansait les gens dans les années cinquante. « Vite fait, oui. Je me débrouille, quoi. » Que je dis en haussant les épaules. Puis je la prend par la main et l'entraîne avec moi sur la piste de danse. Ils dansaient bien à deux, à l'époque ? J'en sais rien, mais maintenant que je la tiens je vais pas la lâcher la miss.

« C’est ce qu’on verra. » Je lui lance les yeux plissés et le regard suspicieux. Peut-être est-il aussi doué qu’il le prétend mais c’est bien connu : ceux qui en disent le plus en font le moins. Quoi qu’il en soit s’il a menti, ce qui est fort probable, je pense être apte à le percevoir assez rapidement. A moins que ce soit un bon bluffeur né mais de ce que j’en voit ça en a pas l’air. « Qui ne danse pas ? » Il ne quitte donc jamais son arrogance, j’ai l’impression que chaque réplique est une façon pour lui de se mettre en avant et c’est assez impressionnant. Mais qu’importe, monsieur a beau faire son intéressant le fait est que je veux danser du rock’n’roll, pas de la danse de boîte de nuit pour arriérés. Ca va quand l’alcool est là disons. Je roule des yeux, un fin sourire sur les lèvres puis le questionne à propos de la danse américaine. J’aimerai beaucoup qu’il me réponde qu’il sait la danser car ce serait vraiment divertissant. Quoi qu’enseigner à un novice pourrait aussi s’avérer marrant. J’espère simplement qu’il connait vraiment les bases et qu’il ne fait pas semblant. « Super ! Suis-moi alors. » Commençant à sautiller au rythme de la musique, je l’entraine en attrapant sa seconde main. Me mouvant dans l’espace, je guide ses bras et effectue quelques mouvements basiques comme passer sous son bras par exemple. « Tu ne te débrouilles pas si mal ! » En tout cas s’il n’a aucune expérience c’est plutôt bien. Je tourne, sautille, bref j’ai l’impression d’avoir un soudain trop plein d’énergie. « Allez, allez ! » Il est pas assez dynamique à mon goût, du coup de mes mains je lui impose une cadence plus rapide et je dois l’avouer ça me fait bien rire. Je crois même sourire à dents découvertes, c’est pour dire.

Après avoir parlé de Poker, on évoque la danse. Elle me demande si je danse, question que je trouve assez stupide, puisqu'il me semble qu'à peu près tout le monde danse, ou en tout cas tout le monde a bien dû danser au moins une fois dans sa vie. Pour ce qui est du rock, je ne suis pas un expert, mais je connais à peu près les bases, donc je devrais savoir me débrouiller avec la demoiselle. Elle me dit de la suivre, prenant ma seconde main dans la sienne. D'accord, elle veut mener la danse, ça me plait pas des masses, mais bon, je peux faire un petit effort, surtout qu'elle a l'air de mieux s'y connaître que moi. Au bout de quelques pas elle dit que je ne me débrouille pas si mal. Je me mets à sourire d'un air fier de moi, même si elle commence un peu à me mettre la pression quand elle commence à frapper dans ses mains pour me faire accélérer. Elle a l'air de bien s'amuser, tant mieux pour elle. J'essaye de suivre le rythme qu'elle tente de m'imposer, c'est presque ça mais pas tout à fait. Je suis pas fait pas un franchement bon danseur, même si j'aime assez ça. Mais là elle m'en demande beaucoup, déjà je me concentre pour pas faire n'importe quoi, donc si en plus je dois aller plus vite, je suis pas sûr de suivre encore longtemps. « T'es une vraie pile électrique. Comment tu fais ? » Que je lui demande d'un air amusé et admiratif à la fois. Non mais c'est vrai, elle sautille comme une folle depuis tout à l'heure, me faisant passer pour un pauvre débile ridicule. A côté d'elle j'ai l'air d'un pas doué, mais bon, je crois que ça pourrait être pire, donc on va faire avec ce qu'on a, hein.