birthday's on april's fools
ft. Amy & Maxence

Bon. Après deux nuits à partager le même lit que Teddy je crois que je pouvais dire que c'était moins embêtant que cela ne m'avait semblé au début. Elle avait toujours l'âge d'être ma fille, j'avais toujours du trouver une solution pour Tixy - qui finalement dormait sous le lit depuis deux nuits, allez comprendre - mais ça ne nous empêchait à priori pas de dormir et c'était le principal. Parce que c'était un peu le but du truc à la base quand même. Et si la veille j'avais été réveillé aux aurores pas Titi je n'en avais pas pour autant oublié ce que j'avais dit à Amy, et ce matin c'était donc moi qui était bien décidé à réveiller la jeune femme. A une heure un peu plus raisonnable tout de même, cela va sans dire ... Neuf heures et demi je me disais que c'était relativement correct comme heure, non ? Même si me concernant j'étais levé depuis plus longtemps que ça, forcément, parce qu'il avait d'abord fallu que je prenne pas douche, et dieu merci à cette heure-ci les candidats avaient soit la flemme soit dormaient encore aussi j'avais été tranquille dans la salle de bain, puis que je m'affaire à la cuisine. Et ne me dites pas que mon idée était bidon, déjà parce que je n'en avais pas eu d'autre, et aussi parce que sincèrement, qui n'aimait pas qu'on lui apporte son petit déjeuner au lit ? Personne de normalement constitué à mon avis. Et puis j'y avais quand même mis du mien, j'avais pas seulement balancé deux ou trois trucs sur un plateau, j'avais fait des crêpes, j'avais pressé le jus d'orange moi-même plutôt que d'ouvrir une bouteille, j'avais fait griller des toasts, et comme si je ne savais pas si la jeune femme était plutôt thé ou café j'avais fait les deux ... J'avais même fait du pain perdu, avec du sucre glace, alors. Non franchement, j'étais fier de moi et j'étais presque satisfait de voir que le nouveau partenaire d'Amy n'était plus là, quand j'étais revenu avec le plateau rempli à ras bord. Pas que je ne sois pas du genre à partager mais bon, là c'était pas vraiment pour lui que je m'étais décarcassé vous voyez. Le seul truc que je craignais un peu à vrai dire, c'était de devoir réveiller la jeune femme ... Parce que croyez-moi certains avaient des réactions plutôt imprévisibles quand on les réveillait. J'aurais peut-être du demander conseil à Ulysse avant juste au cas où, j'avais moyennement envie de me prendre un coup ou de lui faire faire une crise cardiaque, hm ... « Amy ? » Rien. Même pas un petit ronflement ou un grognement pour me faire savoir qu'elle avait remarqué ma présence. « Amyyyyy ? » que j'avais alors recommencé en forçant tellement le chuchotement que cela n'avait plus grand chose d'un chuchotement en fin de compte. Ah, elle remuait un peu, je crois qu'elle m'avait enfin entendu. « Joyeux, hm, non-anniversaire ? » que je tentais alors pour lui faire comprendre ce que je lui voulais, avec mon plateau dans les mains. Béni soit Lewis Carol pour avoir inventé la notion de non-anniversaire, celle qui te permettait de souhaiter n'importe quel anniversaire en retard tout en ayant l'impression de faire passer cela pour quelque chose de légitime. « C'est un peu lourd là, alors si tu pouvais, hm, me faire un peu de place. » Je n'étais pas en train de dire qu'elle prenait toute la place, mais bon soit Faust avait fini par terre soit elle avait profité de son absence pour s'étaler au beau milieu du matelas. Pas qu'elle n'ait pas raison, une partie de moi regrettait presque déjà la semaine précédente où j'avais pu m'étaler sans personne à côté de moi.

Depuis dimanche dernier, des changements ont eu lieu. J’ai changé de partenaire. On m’a troqué Ulysse contre Faust. Une chose est sure, je n’y perds pas en bogossitude et tablettes de chocolat. Par contre c’est quand même différent. J’ai dû aussi déménager toutes mes affaires, puisque j’ai changé de chambre. Je suis passée de la une à la quatre. Note positive, je la partage avec Ulysse justement, il dort à côté de mon lit, alors je peux le surveiller le bougre. Oui parce qu’il a besoin d’être surveillé le petit, faudrait pas qu’il fasse n’importe quoi voyez vous. Bref, je suis en train de dormir. Plutôt bien ça va. Lorsque je suis doucement réveillé par quelqu’un ou quelque chose. Je bouge lentement, espérant que ce qui me distrait va bientôt disparaitre, et me laisser tranquillement pioncer. Mais non. J’entends même une voix. « Joyeux, hm, non-anniversaire ? » Ah ? Serait ce Maxence ? Il aurait prévu de m’offrir ce cadeau tant attendu ? Je ne sais pas, mais du coup ça pique ma curiosité…Alors je consens à ouvrir les yeux. J’aperçois le bonhomme, au dessus de mon lit, un plateau dans les mains. Oh, il m’a préparé le petit dej ? Il est mignon. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Il souhaite que je lui face de la place. Je tourne la tête sur le côté pour voir si Faust est là. Mais non, j’ai le lit pour moi toute seule. Tant mieux. « Bien monsieur. » Je remets en place la brettelle de ma nuisette et me décale sur le côté. « Tout ça pour moi ? Wouah, je suis gatée. » Il n’a pas fait les choses à moitié, on trouve de tout. Café, thé, jus d’orange, toast, confitures… « Je savais que ça fonctionnerait d’insister. » que je dis en plaisantant. Je me rapproche de lui et dépose un baiser sur ses lèvres. « Merci. » Ça va on se calme, c’est juste un smack, ce n’est pas comme si je venais de lui rouler une pelle. « Bon, et maintenant il est où mon vrai cadeau ? » Que je demande mutine. Bah oui parce que ça c’est juste une mise en bouche hein ? Ce n’est quand même pas réellement mon vrai cadeau voyons ? Finalement plus sérieusement je reprends. « Tu sais qu'on ne m'a pas fait le petit déjeuner au lit depuis...depuis...je ne sais même pas si on me l'a déjà fait en fait. »

C'est qu'elles commençaient à être loin, mes années de serveur dans un café lyonnais, j'avais fini par oublier que ça pouvait peser son poids, un plateau. Surtout vu comme j'avais blindé celui-là, maintenant que j'y pensais heureusement que je ne m'étais pas étalé avec au beau milieu du couloir. Pour l'heure donc j'espérais simplement pouvoir le poser sur le lit, ce que j'avais fait dès qu'Amy m'y avait autorisé par son « Bien monsieur. » Voilà, c'était mieux. Et tant que j'y étais je m'étais gardé un bord de lit pour m'asseoir également, tandis que la jeune femme observait le contenu du plateau « Bien monsieur. Tout ça pour moi ? Wouah, je suis gâtée. Je savais que ça fonctionnerait d’insister. » Bah oui, quand je faisais quelque chose j'essayais de ne pas le faire à moitié ... Et j'étais peut-être trop influençable dès qu'on me regardait en battant des cils et en m'adressant un sourire. Pauvre bougre que j'étais. Bref, elle m'avait dit « Merci. » et j'aurais pu m'en contenter, mais j'avais eu le droit à un baiser en guise de supplément, alors de quoi je me plaignais sincèrement « Si j'avais su, je t'aurais préparé le petit déj' bien avant. » Oup's, j'avais pensé à voix haute ? Au temps pour moi. Bon au moins ça semblait lui faire plaisir, je vais avouer que j'avais quand même eu peur l'espace d'un instant de me retrouver face à quelqu'un qui serait du genre dragon au réveil et qui aurait plutôt eu tendance à me dire d'aller voir en enfer avec mon plateau. Pas que je parle d'expérience fort heureusement, mais bon. « Bon, et maintenant il est où mon vrai cadeau ? » que m'avait alors demandé la jeune femme d'un ton taquin. Mais non, il ne fallait pas rêver, je n'allais pas me faire avoir aussi facilement une seconde fois, j'avais retenu la leçon après lui avoir fait goûter ma sauce épicée la dernière fois. « Caché quelque part sur l'île, je t'ai laissé une pelle et une pioche dans la remise du jardin pour t'aider. Je voulais pas que tu t'ennuies tu vois, ça partait d'une bonne intention. » Elle la saisissait là, l'ironie dans la voix ? C'était la même que dans la sienne alors sans doute que oui. Souriant d'un air amusé j'avais fini par avancer ma main jusqu'au plateau pour y attraper un quartier d'orange ; Hey, je l'avais préparé ce plateau alors je pouvais bien me servir un peu. « Tu sais qu'on ne m'a pas fait le petit déjeuner au lit depuis ... depuis ... je ne sais même pas si on me l'a déjà fait en fait. » J'avais penché la tête sur le côté. Vraiment, jamais jamais ? Bon et bien mieux valait tard que jamais après tout, au moins j'avais trouvé un cadeau utile « Alors c'est sans doute ce qui manquait à ta vie, un type parfait dans mon genre. » que j'avais répondu avec un ait de tragédien. Non mais ça va, je plaisantais. Mordant dans mon quartier d'orange j'avais inspecté la chambre d'un air un peu ailleurs ; La décoration était vraiment laide, y'avait pas à dire je préférais mon ancienne chambre. Reposant mon regard sur la jeune femme j'avais fini par demander « Alors, Faust ? » Est-ce que c'était mieux ou pire qu'elle se l'imaginait, est-ce qu'il était du genre remuant la nuit ou bien est-ce qu'elle s'en servait comme radiateur personnel, tout ça ... « Remarque ça va, t'as qu'à lever la tête pour continuer à surveiller Ulysse, je suis sûr que ça lui manque. » avais-je fini par rajouter d'un ton amusé. Faut dire qu'elle était quand même cool la composition de cette chambre, je n'étais pas mécontent d'avoir Ulysse, Amy et Danica à proximité ; Y'aurait aussi eu Rowan ou Titi je n'aurais pas dit non, mais bon fallait savoir se contenter de ce qu'on avait, et ça tombait bien j'étais spécialiste pour ça.

En guise de remerciement, Maxence a le droit à un baiser. « Si j'avais su, je t'aurais préparé le petit déj' bien avant. » Petit coquin. Je souris malicieusement. « Et encore ce n’est qu’un petit dej’. Prépares moi le diner et tu verras… » Que j’ajoute en plaisantant. La récompense n’en sera que plus grande. Bon Maxence s’est fait une place dans le lit, avec son plateau. M’enfin son plateau c’est bien beau mais…il est où mon vrai cadeau ? Pas que je m’impatiente mais quand même. « Caché quelque part sur l'île, je t'ai laissé une pelle et une pioche dans la remise du jardin pour t'aider. Je voulais pas que tu t'ennuies tu vois, ça partait d'une bonne intention. » Ah oui d’accord. Quel homme gentil il fait, se préoccuper de mon bien être, s’assurer que je ne m’ennuie pas trop en me trouvant des occupations. « Oh oh, je suis sure que c’est un bijou ! » Que je m’exclame faussement excitée. « Et ça tombe bien j’adore les chasses au trésor » Bon n’importe quoi. J’attrape une tartine de beurre, à laquelle je lui rajoute de la confiture. Et je croque dedans. Hm. Je lui confie que ça fait bien longtemps, si ce n’est jamais, qu’on ne m’a pas préparé le petit dej’ au lit.   « Alors c'est sans doute ce qui manquait à ta vie, un type parfait dans mon genre. » ça va les chevilles. « A croire que c’est toi que j’attendais toute ma vie ! Mon prince charmant. » Haaan. N’empêche qu’il a bien raison, ça manque dans ma vie un homme bien. Ou une femme. Le truc c’est que j’ai tendance à tomber amoureuse des mauvais garçons. Ceux qui sont loin d’incarner le prince charmant. Il m’interroge alors sur mon nouveau partenaire, Faust. « Alors ça va. Il prend pas trop de place. » Je n’ai pas encore eu à l’éjecter du lit. « Ouais ça va, l’est pas trop loin le Ulysse. En même temps il faut bien, il serait perdu sans moi. » Et bien oui c’est certain. Non mais en tout cas c’est vrai qu’on a de la chance d’être dans la même chambre. Et de partager aussi celle avec Maxence et Teddy. C’est cool. « Je peux t’admirer aussi la nuit quand tu dors, c’est cool. » Que je dis pour le taquiner. Bah oui bien sur je le fixe la nuit et tout, c’est pas flippant non non. « Bon alors dis moi…comme ça t’as une fille de 18 piges ? Tu l’as eu tôt. » Il devait avoir 16/17 ans non ?

« Et encore ce n’est qu’un petit dej’. Prépares moi le diner et tu verras … » C'est ça, c'est ça, elle faisait la maligne mais si je la prenais au mot et que je lui faisais à dîner elle serait obligée de tenir parole, si elle ne voulait pas ensuite que je lui rappelle jusqu'à la fin de sa vie quelle dégonflée elle était. Enfin, disons au moins jusqu'à la fin de l'émission. « Fais gaffe, j'ai bonne mémoire je risque de me rappeler de ça plus tard. » Bon, trêve de plaisanterie pour le moment il était question de déjeuner, même si elle trouvait encore le moyen d'ergoter gentiment sur le fait qu'elle attendait son vrai cadeau. Bah oui, parce que le plateau là c'était pour de faux, tout ça c'était dans sa tête et dans la mienne bien entendu. Une chasse au trésor la tenterait peut-être plus du coup, je ne sais pas moi « Oh oh, je suis sure que c’est un bijou ! Et ça tombe bien j’adore les chasses au trésor. » Qu'est-ce que je disais, la chasse au trésor ça marchait à tous les coups, hm. Non mais plus sérieusement, j'avais tout de même haussé un sourcil avant de répondre d'un ton faussement navré « C'est quand même décevant, moi qui te pensais assez originale pour rêver à quelque chose d'un peu moins trivial et banal qu'un bijou, mais au final tu es comme toutes les autres femmes. » Quelle déception en effet. Non mais je disais ça alors que c'était quand même super pratique, le coup du bijou quand on avait pas de meilleure idée de cadeau, ça fonctionnait dans la plupart des cas. Et dieu sait que je séchais souvent, question cadeaux. Même si là je m'étais pas trop mal débrouillé vu que d'après ses dires c'était une première, jamais on ne lui avait apporté le petit déj' au lit, ce qui faisait donc de moi l'homme parfait rien de moins, bah oui « A croire que c’est toi que j’attendais toute ma vie ! Mon prince charmant. » Ouais voilà, sans le carrosse, ni le cheval blanc, ni valet, ni armoiries, ni château, mais prince charmant quand même, excusez-du peu. Mais puisque j'avais assez dit d'âneries pour la matinée, plutôt que d'en rajouter une couche j'avais préféré enquiller sur le nouveau partenaire de la jeune femme, puisqu'elle ne semblait pas avant-hier enchantée à l'idée d'échanger Ulysse contre quelqu'un d'autre « Alors ça va. Il prend pas trop de place. » Bon, c'était un peu le principal à mon humble avis, le reste pouvait toujours s'arranger « Ouais ça va, l’est pas trop loin le Ulysse. En même temps il faut bien, il serait perdu sans moi. Je peux t’admirer aussi la nuit quand tu dors, c’est cool. » Ah bah oui, non mais pourquoi pas hein, chacun trouvait bien le sommeil de la façon qu'il voulait, mais ... « Et ça t'arrive souvent, de fixer les gens dans leur sommeil ? Non parce que jusqu'à présent je te trouvais sympa mais j'ai bien peur que ça vire à l'inquiétant, là. » Des fois qu'elle veuille me confesser une tendance obsessionnelle quelconque ou bien un fétichisme des gens endormis, c'était le moment où jamais de faire son mea culpa. Y'avait des dérogations ceci dit, genre par exemple y'avait eu cette époque quand Alicia était encore bébé où je pouvais passer des soirées à l'observer dormir, mais je crois que le reportage que j'avais vu à la télévision sur la mort subite du nourrisson n'y était pas pour rien non plus. Et d'ailleurs en parlant de ça « Bon alors dis moi…comme ça t’as une fille de dix-huit piges ? Tu l’as eu tôt. » L'espace d'un instant je m'étais demandé comment elle avait deviné ça toute seule, mais après je m'étais souvenu de ma réflexion concernant Teddy lors du prime avant-hier, et j'avais fait le rapprochement. Attrapant un second quartier d'orange sur le plateau j'avais acquiescé d'un signe de tête avant de répondre « Dix-sept ans. » Dix-sept ans c'était tôt donc, effectivement. Presque, elle était née trois semaines avant mon anniversaire si vous vouliez tout savoir. « Et donc oui c'était un accident, mais non je regrette absolument pas. Et sa mère non plus. » C'était généralement les questions qui suivaient, celles que j'avais l'habitude d'entendre ; Un peu moins maintenant, mais quand j'étais plus jeune bon dieu, ça en devenait agaçant. D'entendre des inconnus ou presque faire des commentaires sur ta vie alors qu'ils ne savaient absolument rien.

Maxence a le droit à un petit baiser. Et oui cela mérite bien ça. Je lui confie que si il voit les choses en plus grand, genre me préparer un diner, la récompense s’en suivrait forcément, à la hauteur du geste. « Fais gaffe, j'ai bonne mémoire je risque de me rappeler de ça plus tard. » Je souris. « Même pas peur. » Pas de quoi m’effrayer. De toute façon, je doute que ça soit dans ses projets de nous préparer un diner en tête à tête. Déjà si on se contentait du moment présent, et profiter de ce petit dej’. Copieux, vu qu’il a pensé à tout. Sauf…à mon vrai cadeau bien sur ! L’est ou ? Enterré dans le jardin apparemment. Petit cachotier. « C'est quand même décevant, moi qui te pensais assez originale pour rêver à quelque chose d'un peu moins trivial et banal qu'un bijou, mais au final tu es comme toutes les autres femmes. » Oh il a bien raison, mais vu qu’on était sur le ton de la blague. D’autant que je ne porte pas énormément de bijoux. Juste de temps en temps. « Ah non mais attends, moi si je suis toute excitée c’est parce que je suis persuadée que ce n’est pas n’importe quel bijou que tu vas m’offrir…Cela me parait évident que tu vas me faire ta demande ! » Tout à fait. Non c’est pas ça ? Il n’en a pas l’intention dans un futur proche ? Il aurait bien tort, je serais la femme parfaite. A peu – beaucoup – de choses près. Lui en tout cas l’est parfait, c’est mon prince charmant. Même que je le regarde dormir la nuit. « Et ça t'arrive souvent, de fixer les gens dans leur sommeil ? Non parce que jusqu'à présent je te trouvais sympa mais j'ai bien peur que ça vire à l'inquiétant, là. » Mais non il ne faut pas avoir peur. « Mais non t’inquiètes pas, je suis parfaitement équilibrée. Je fais juste ça…trois à quatre fois par semaine, rien de bien grave. Et t’as ma parole, je garde les photos pour moi. » Bah oui puisque je prends des clichés aussi. Bon et sinon parfois il m’arrive de dire des choses sérieuses, je vous assure. D’ailleurs regardez, je le questionne sur sa fille. Maintenant que je sais qu’elle a la moyenne d’âge de Teddy. Plus vieille que ce que je m’étais imaginé. Il rectifie, elle a 17 ans. Oui bon c’est pareil. « Et donc oui c'était un accident, mais non je regrette absolument pas. Et sa mère non plus. » Il fait les questions et les réponses. « Vous vous êtes séparés quand ? » Peut être même qu’ils n’ont jamais été ensemble, si c’était l’histoire d’une nuit. « Elle est comment ? Elle te ressemble ? » Je pose trop de questions peut être ?

Elle jouait, moi aussi, le truc c'est qu'il allait bien falloir que l'un des deux cède à un moment ou à un autre. Ou pas, hm. Pour l'heure elle s'était contentée de me répliquer que « Même pas peur. » et lui adressant un regard entendu qui signifiait que moi non plus, j'avais simplement haussé les épaules en souriant d'un air narquois. Ce même sourire que lorsque je lui avais annoncé dans un extrême sérieux que son véritable cadeau d'anniversaire, celui qui venait après le petit déjeuner, était tout simplement enterré quelque part sur l'île. Oh allez, ce n'était pas si grand comme île, si elle cherchait bien elle devrait pouvoir trouver avant la fin de la saison. Mais elle s'imaginait que c'était un bijou, quelle déception, moi qui pensais avoir affaire à une nana originale. « Ah non mais attends, moi si je suis toute excitée c’est parce que je suis persuadée que ce n’est pas n’importe quel bijou que tu vas m’offrir … Cela me parait évident que tu vas me faire ta demande ! » Immédiatement j'avais porté la main à mon cœur, comme le tragédien qui viendrait de découvrir le pot aux roses « Malheur, je suis découvert, toute ma surprise est gâchée. Mais c'est là la preuve que je me suis épris d'une femme diablement intelligente. Sois gentille, quand je mettrai un genou à terre fais au moins semblant d'être surprise. » J'en faisais peut-être un poil trop là, non ? Juste un peu, hein. Mais bon, à côté de ça elle venait de m'avouer épier les gens dans leur sommeil alors je ne savais pas trop lequel des deux était le plus atteint, mais pour notre sécurité à tous les deux mieux valait sans doute que cette conversation reste entre nous, hm. « Mais non t’inquiètes pas, je suis parfaitement équilibrée. Je fais juste ça … trois à quatre fois par semaine, rien de bien grave. Et t’as ma parole, je garde les photos pour moi. » Si elle avait même pensé aux photos, moi je vous dis que si elle avait envie de changer de plan de carrière maitre chanteur pouvait être un truc à sérieusement envisager. Et moi j'aurais peut-être du me renseigner un peu mieux avant d'offrir le petit-déjeuner à une folle. Pardon, à une femme un peu instable. « Je t'ai apporté le petit déj' au lit je te rappelle, tu pourras faire un petit geste en retour, et effacer ces photos. Laisse les techniques de maitre chanteur à Dior, je suis certain qu'elle a l'habitude de ce genre de trucs, elle. » Bouh, quelle mauvaise langue je faisais. Mais on ne pouvait pas être si acide et si vénale sans avoir un certain don pour la manipulation si vous voulez mon avis, et chez la jeune femme cela semblait être quelque chose d'inné. Bon, on rigolait et tout, mais finalement Amy avait fini par me poser une question plus sérieuse, à propos d'Alicia. J'étais parfois un peu sur la défensive à ce sujet, probablement parce que trop habitués aux réflexions et aux regardes bourrés de sous-entendus quand on finissait par comprendre que j'avais dix-sept ans à la naissance de ma gamine et que forcément ouais, c'était pas ce qui était prévu. Pas que sa mère ou moins regrettions, d'autant plus que tout ce qui faisait ma vie actuellement était partit de ça, y compris mes études et donc mon métier, mais bon quand vous faites le joli-cœur avec votre copine de lycée vous ne songez pas vraiment à changer des couches et faire chauffer des biberons l'année suivante. « Vous vous êtes séparés quand ? » J'avais pincé les lèvres un instant, pas parce que la question m'embêtait mais parce que c'était compliqué. Il s'avérait compliqué de trouver une réponse à cette question. « La première fois on avait vingt-deux ans. Et puis quand on en avait vingt-neuf, et puis ... enfin c'est compliqué on est pas vraiment "séparés". On est juste pas "ensemble" non plus. » Allez essayer d'expliquer ça, vous. Le souci c'est qu'on le serait peut-être vraiment, ensemble, si j'avais eu un autre métier, et si j'étais là plus souvent que quelques jours par-ci, par-là. Entre autres choses. En attendant on savait comment ça finissait, à chaque fois que je restais chez elle plus de deux jours. J'avais juste pas envie de savoir qui elle fréquentait en parallèle, et vice versa. « Elle est comment ? Elle te ressemble ? » que m'avait finalement demandé Amy, ce à quoi j'avais doucement haussé les épaules avant de répondre « Quand elle était plus jeune assez oui, je crois. Mais elle prend plutôt de sa mère en grandissant. » Et pas que physiquement d'ailleurs. Normalement j'avais une photo qui trainait au fond de mon sac, avec ma carte de presse, mais j'avais sacrément la flemme d'aller jusqu'au dressing là, et puis Amy pouvait bien me croire sur parole de toute façon. « Et toi ? Les enfants, tu penses à en avoir un jour bien c'est pas trop ton truc ? » Si tel était le cas je n'irais pas la blâmer, après tout, je ne faisais pas partie de ceux qui estimaient qu'on ne pouvait pas être heureux sans enfants. Je veux dire, ma fille était et resterait toujours la personne la plus importante qui soit à mes yeux, mais c'était arrivé comme ça, sans être prévu. Et j'avais été souvent absent, je savais que j'aurais pu être un meilleur père si j'avais fait un autre métier, alors si la situation se représentait maintenant sans doute que j'y réfléchirais à deux fois.

Maxence joue au tragédien, porte la main sur son cœur. « Malheur, je suis découvert, toute ma surprise est gâchée. Mais c'est là la preuve que je me suis épris d'une femme diablement intelligente. Sois gentille, quand je mettrai un genou à terre fais au moins semblant d'être surprise. » Je bouge légèrement, sautillant sur le lit. « Han je le savaiiiiis ! » J’avais quand même un petit doute, mais là il vient de me confirmer tout ce que je pensais. « T’inquiètes pas, je ferais semblant d’être surprise. Mais l’émotion ne sera pas feinte, je te garantis pas que je serais capable de retenir mes larmes d’ailleurs. » Déjà que là je fais beaucoup d’effort pour les retenir hein. En attendant, je me fais pas de bile que ça n’arrivera jamais. Comme si un mec comme lui pourrait vouloir m’épouser un jour. Je ne suis pas de celles qu’on épouse, mais plutôt cette qu’on se tape dans les toilettes miteux d’un bar. Celle que tu te tapes en attendant de trouver la bonne. En plus regardez, je le fais flipper aussi, avec mes histoires d’observation durant la nuit. J’y peux s’il est hypnotisant lorsqu’il dort. « Je t'ai apporté le petit déj' au lit je te rappelle, tu pourras faire un petit geste en retour, et effacer ces photos. Laisse les techniques de maitre chanteur à Dior, je suis certain qu'elle a l'habitude de ce genre de trucs, elle. » Maitre chanteur ? Mais voyons, pour qui me prend il ? « Tu me fais la peine de me croire capable d’une chose pareille…Les photos sont juste pour ma collection personnelle. » Et bah oui, mais je retiens. Mon dieu c’est fou le nombre de conneries qu’on peut sortir ce matin…Faut croire qu’il a mit quelque chose dans le café. Mais on parle un peu plus sérieusement ensuite. Un peu quand même. Sinon on va nous prendre pour deux fous. J’évoque sa fille, puis son ex. Pas si ex que ça apparemment. Ils entretiennent une relation compliquée. « Je vois…Cela ne perturbe pas votre fille ? » Voir ses parents se mettre et remettre ensemble, ça ne doit pas être simple pour une enfant. Surtout pour comprendre. Bon maintenant elle est adulte donc c’est différent je suppose. « Quand elle était plus jeune assez oui, je crois. Mais elle prend plutôt de sa mère en grandissant. » Une photo ça serait mieux, mais je ne vais pas être chiante. « Et toi ? Les enfants, tu penses à en avoir un jour bien c'est pas trop ton truc ? » Hm et là, je regrette un peu de lui avoir parlé de sa fille. Parce que c’est un sujet assez sensible pour moi. « Je ne pense pas non…Je ferais une mauvaise mère. » Même si au fond de moi je le ressens le désir d’être mère…sans vouloir l’avouer. « J’aurais pu l’être… Il ou elle aurait eu 4 ans aujourd’hui si je n’avais pas décidé de mettre un terme à ma grossesse. » Parfois je regrette ma décision. Et parfois je me dis que c’était la meilleure chose à faire. Surtout compte tenu des circonstances de l’époque. J'essaie de m'en convaincre en tout cas.