i wasn't planning on acting cliché
ft. Rowan & Maxence

J'aimais pas trop ça les ascenseurs, de base. J'étais ce genre de personne qui, même sans être claustrophobe, ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au plafond pour vérifier qu'il y avait bien une trappe de secours dès qu'il montant dans un ascenseur, et qui préférait prendre les escaliers à moins d'avoir vraiment la flemme. Bon, certes je disais peut-être ça parce que j'habitais un rez-de-chaussée et que la France n'était de manière générale pas réputée pour ses immeubles de cinquante étages ; Là je crois que j'aurais vite fait d'adopter l'ascenseur, histoire de ne pas mourir d'une crise cardiaque à trente ans à peine simplement parce que j'avais couru pour grimper quarante-six étages. Du coup, hormis pour rejoindre les primes puisque le plateau n'était pas accessible autrement, je n'utilisais jamais les ascenseurs du nid, ni pour monter ni pour descendre. Et si je m'étais engouffré dans la cage d'ascenseur à ce moment précis ce n'était donc pas parce que j'avais soudainement décidé de bouder les escaliers mais parce que j'avais aperçu Rowan y entrer la première « Attends moi ! » que j'avais alors lancé en me faufilant entre les portes de l'ascenseur juste avant qu'elles ne se referment. Jetant un œil aux boutons j'avais vu celui du quatrième étage allumé, et décidé que du coup j'irai au quatrième aussi, voilà. « Je t'ai presque pas croisé cette semaine, pendant un moment j'ai presque cru que ton nouveau partenaire te séquestrait. » Je rigolais mais bon, quand on voyait l'énergumène dont elle avait hérité avec l'élimination de Sloan, elle ne devait à mon avis pas être parmi les plus satisfaits du dernier prime et des nouveaux binômes qui en avaient résulté. Enfin après je ne sais pas, peut-être que quand on connaissait Silas il se révélait sympathique et tout ... Mais au premier abord c'était pas trop ça quoi, sans doute parce qu'à chaque prime j'avais l'impression de ne l'entendre que grogner et se plaindre. Ça devait être sympa, de dormir avec un tel ours mal léché ... Oh mais j'oubliais, Rowan disposait d'une arme fatale la nuit, ses coups de pied. « Pendant un moment j'ai aussi songé à te confier Tixy, comme Teddy n'a pas l'air hyper fan des chats ... Mais j'avoue que je craignais un peu que Silas fasse partie de ceux ici qui aimeraient en faire un méchoui. » Un peu comme Dior, ou Esteban ou qui sais-je encore, c'était à croire que certains n'avaient jamais vu un animal de leur vie et découvraient depuis qu'ils étaient sur cette île que la planète n'était pas exclusivement peuplée d'être humains.

J’ai touché le fond. C’est triste à dire, mais c’est la vérité. J’ai touché le fond, et je ne sais pas si je pourrais remonter la pente un jour ou l’autre. Mes journées sont sans saveurs, les heures me paraissent durer des jours entiers, et j’erre telle une âme en peine dans les couloirs, sans but précis. Je ne sais plus quoi faire pour m’occuper. J’ai exploré tous les lieux possibles et imaginables du nid et je tourne en rond. Je ne sais plus quoi faire de mes dix doigts, j’ai essayé tout ce qu’on pouvait essayer dans le coin. J’ai touché le fond, parce que j’en suis au point de prendre l’ascenseur pour me rendre au quatrième étage, dans le simple espoir qu’il tombe en panne et me coince suffisamment pour m’occuper une demi-journée. En l’occurrence, la journée est plutôt bien avancée, mais qu’importe, demi-journée ou moitié de la nuit, je suis plus à ça près, c’est dire. Techniquement, si j’en viens à rester coincée dans cet ascenseur, ce serait pas non plus la solution du siècle puisque nul doute qu’y être enfermé décuplera le temps, et que j’en aurais très vite marre. Sauf que cette fois-ci, je ne pourrais pas changer de pièce, ou simplement marcher sans but précis. Mais je crois que je veux bien prendre le risque, hein, au point où j’en suis. Je me faufile dans l’ascenseur quand j’entends une voix qui me demande de l’attendre. Je bloque les portes avec mon pied, par réflexe, avant de découvrir l’auteur d’une telle supplication. Maxence. Il aurait pas dû se montrer, parce que maintenant je vais compter sur lui pour m’occuper, il n’a pas de chance. Je hausse les épaules à sa remarque. « Qui te dit que ce n’est pas le cas ? Si ça se trouve, j’étais bâillonnée et cachée sous le lit qu’on partage depuis tout ce temps, à essayer d’attirer l’attention de quelqu’un, mais personne n’est venu m’aider. Pas même toi, tss, je suis déçue. » Voilà, et si ça avait été le cas, j’aurais bien été embêtée, vu qu’on est déjà samedi après-midi et qu’il ne s’étonne que maintenant de ne pas m’avoir croisé plus tôt dans la semaine. J’aurais pu mourir sous ce lit, non mais les hommes, je vous jure. Et comme fantôme, je pense pas être spécialement drôle. Du style à hanter les autres, et tout ça. « On peut toujours arranger ça, je serais ravie de la prendre une nuit avec nous. Elle pourra faire ses griffes sur Silas, si elle veut. » Et comme ça je tiendrais ma vengeance sur le jeune homme pour m’avoir réveillé à trois heures du matin après le prime. Faut pas me faire des coups pareils, je me venge après, et Silas va vite le découvrir. Bon sinon, il est pas horrible comme partenaire, je vais m’y habituer. S’il arrête de jouer au boxeur nocturne et de me réveiller quand bon lui chante. J’ai pas le temps de rajouter autre chose qu’une secousse se fait sentir. Je me rattrape à la barrière de l’ascenseur. Et voilà, ce que je voulais : il est en panne. Bon au moins, j’ai Maxence pour m’occuper maintenant, je risque pas de finir par me taper la tête contre les murs. Ce serait dommage d’en arriver là, quand même. « Hm, t’es pas claustro, rassure-moi ? » Parce qu’il manquerait plus que ça, que Maxence hyper ventile et tombe dans les pommes. J’aimerais autant éviter. « Parce que je connais les gestes de premiers secours, mais vite fait. » Ouais, et encore, ça se limite aux fractures de côtes en bonne et due forme, et au bouche à bouche jusqu’à faire exploser les poumons. Pas vraiment une experte, quoi.  

Le nombre de candidats présents commençait pourtant doucement mais sûrement à diminuer, mais pourtant il arrivait encore parfois de ne pas croiser quelqu'un ou presque pendant plusieurs jours d'affilée, pourvu que l'on ne soit pas la même chambre et que l'on ait pas les mêmes habitudes concernant les heures des repas ou de passage dans la salle de bain. Faut dire qu'au bout de cinq semaines chacun commençait à trouver ses petites habitudes, moi le premier ; C'était assez étrange comme sensation, je n'étais pas habitué à avoir des habitudes autrement que lorsque j'étais chez moi. Mon boulot était à l'opposé du train-train et mes congés étaient généralement répartis d'égale manière entre "mes" trois villes de Briançon, Paris et Bruxelles. Et mes habitudes du coup, semblaient bien différentes de celles de Rowan puisque comme je venais de lui faire remarquer maintenant que je l'avais sous la main, je l'avais à peine aperçue cette semaine. A croire que son dévoué partenaire la retenait en otage « Qui te dit que ce n’est pas le cas ? Si ça se trouve, j’étais bâillonnée et cachée sous le lit qu’on partage depuis tout ce temps, à essayer d’attirer l’attention de quelqu’un, mais personne n’est venu m’aider. Pas même toi, tss, je suis déçue. » C'est vrai, j'aurais bien du me douter mardi ou mercredi que quelque chose ne tournait pas rond, et entamer avec l'aide de mon si fidèle fauve des recherches intensives ; Peut-être même déclencher une alerte enlèvement auprès de Cupidon, sait-on jamais qu'un perroquet ait pu prendre Rowan en otage contre une ration de cacahuètes en guise de rançon. « Ah ! C'est donc ça les couinements que j'entendais la nuit ... Moi qui croyais que c'était Jasmine et Esteban qui copulaient. » Au temps pour moi dans ce cas, hein. Mais du coup cela me confortait dans l'idée que j'avais bien fait de ne pas confier mon chat à la jeune femme, je n'avais pas vraiment envie qu'elle subisse le même sort et se retrouve saucissonnée sous un lit. Pourtant cela n'arrêtait pas la jeune femme, visiblement elle était prête à prendre Tixy en pension avec une idée très précise en tête de ce qu'elle pourrait en faire « On peut toujours arranger ça, je serais ravie de la prendre une nuit avec nous. Elle pourra faire ses griffes sur Silas, si elle veut. » Rien que ça, et bien dites moi c'était l'amour fou entre Silas et Rowan de toute évidence, bientôt elle allait me dire qu'elle regrettait la présence d'Archie. Quoi que l'un ou l'autre elle était la première à me dire qu'elle cognait la nuit, alors elle n'avait besoin de personne pour se défendre ... Les griffes de Tixy elle devait considérer ça comme un bonus agréable et utile. « Non, il est si terrible que ça ? » Je veux dire, je sais bien que quand on le regardait il avait l'air un peu sinistre, qu'il passait la plupart des primes à râler et que ... Enfin voilà, mais bon c'était pas un monstre non plus, si ? « Enfin, je te file Tixy si tu veux, mais faut me garantir qu'elle ne risque pas sa carcasse, hm. » Parce que là par contre je n'étais pas d'accord, fallait pas pousser non plus. Croisant les bras, je m'apprêtais à m'appuyer contre la paroi de l'ascenseur derrière moi lorsque ce dernier se secoua légèrement avant de s'immobiliser. La main cramponnée instinctivement à la rampe de sécurité sous le miroir, j'avais attendu d'être certain qu'il ne bougerait pas à nouveau avant de lâcher. « C'est pour ça que je prends toujours les escaliers. » que j'avais alors sifflé d'un air blasé, tout en appuyant machinalement sur toutes les touches du tableau de bord. Bah oui, c'était comme quand la télécommande ne marchait plus et qu'on appuyait comme un forcené sur tous les boutons, vachement utile. « Hm, t’es pas claustro, rassure-moi ? Parce que je connais les gestes de premiers secours, mais vite fait. » Relevant la tête vers elle, j'hésitais un instant à lui faire croire que si, j'étais affreusement claustrophobe et qu'elle allait devoir supporter mon moi paniqué jusqu'à ce que quelqu'un daigne nous laisser sortir d'ici ... Mais ce n'était pas forcément du meilleur goût, alors je préférais éviter. « Non, je tiens trop au fantasme de l'ascenseur pour me permettre d'être claustrophobe. » avais-je donc préféré ironiser d'un ton amusé. Quoi, c'était une excuse comme une autre le direz-vous. « Mais si tu sens le besoin de t'exercer au bouche à bouche je t'en prie, tu commences à me connaître maintenant, je suis toujours prêt à rendre service. » Croisant les bras à nouveaux j'étais retourné m'adosser au miroir, un rictus toujours amusé sur le visage. Difficile de savoir si je la mettais au défi où si je me fichais simplement gentiment d'elle ; Parfois la frontière entre les deux était si mince.

Non mais vraiment, si Silas s’était avéré être un psychopathe caché parmi les candidats dans le seul but de satisfaire ses pulsions meurtrières, j’aurais pu disparaître ni vu ni connu. Aucun candidat n’a demandé après moi, même parmi ceux avec lesquels je m’entends bien, en particulier Maxence. Je croyais qu’on avait construit quelque chose nous deux, une super amitié qui ne se finirait jamais, je l’avais déjà érigé au statut de meilleur ami pour la vie. Me voilà donc déçue, de savoir qu’il ne s’inquiète de ne pas m’avoir vue qu’aujourd’hui, samedi après-midi, après une semaine passée sans se voir, ou plutôt sans vraiment s’arrêter l’un vers l’autre. Je lui raconte mon supposé calvaire, bâillonnée durant presque une semaine cachée sous un lit. Il me confirme avoir entendu des bruits. Oh le sadique. « Oh, j’ai donc confirmation que tu m’as entendue, mais que tu n’as rien fait. Tu baisses dans mon estime là. » Et pas qu’un peu, hein, c’est le saut depuis le vingtième étage d’un immeuble pour s’écraser au sol. Je suis déçue et attristée, vraiment. Bon ceci dit, j’en rigole, mais franchement, je serais pas étonnée que Silas me fasse un coup pareil, il a un regard de psychopathe de temps en temps, ça fait froid dans le dos. Raison de plus pour qu’il me prête effectivement Tixy, histoire qu’elle se fasse les griffes sur le torse de mon partenaire. Et si elle de bonne humeur, elle peut même viser un peu plus bas, hein. Je dois quand même passer pour une sadique auprès de mes partenaires. J’ai rien contre la gente masculine, je vous le jure. « Non. » Que je dis en haussant les épaules. Silas est une espèce à part, on ne sait pas trop à quel saint se vouer avec lui. « Il ronfle un peu, il me réveille au milieu de la nuit, il tape, il dort à moitié à poil et il ne sait pas rester de son côté. Mais il est pas méchant. Je crois. » J’ai pas encore de vraie discussion avec lui, en fait. Pour l’instant, on partage un lit, fin de l’histoire. « Il devra me passer sur le corps s’il compte lever la main sur cette pauvre bête. » Hm, je dois dire que vu le personnage, heureusement qu’il m’a pas entendu dire ça, parce qu’il se serait fait un plaisir de ne garder que le meilleur, à savoir ‘’devra me passer sur le corps’’. Pitié qu’il soit pas à la salle de surveillance à cet instant, pour écouter notre conversation. Nous n’avons pas le temps d’atteindre le quatrième étage que monsieur l’ascenseur a décidé de faire un caprice. Pouf, comme ça, plus rien, complètement bloqué. J’aurais dû m’en douter. C’était couru d’avance que l’ascenseur tomberait en panne, c’est un coup classique, non ? En tout cas, Maxence déclare que c’est pour cette raison qu’il préfère les escaliers. Claustro’, le type ? Personnellement ça me dérange pas spécialement de rester coincée, j’ai pas d’antécédents de claustrophobie même si c’est pas un truc dont je raffole. Disons qu’il faudrait pas que ça s’éternise, même si la compagnie est agréable. Par contre je ne sais pas si Maxence a un quelconque problème avec les espaces fermés, et je préfère lui poser la question, que je sache à quoi m’attendre. S’il faut le réanimer, ou ce genre de conneries. Heureusement pour moi, je n’aurais pas à effectuer les gestes de premiers secours, parce qu’il supporte l’ascenseur. Enfin, j’en suis pas persuadée à 100% vu ses précédentes paroles concernant les escaliers. Peut-être que la seule façon pour lui de supporter l’ascenseur est par ce fameux fantasme dont il parle. J’esquisse un léger sourire. « Je ne te savais pas si coquin. » Je suis pas tout à fait persuadée qu’il s’agisse que d’humour, à vrai dire. Les hommes, vous savez. « Et tu commences à me connaître toi aussi, et tu sais que je m’exécute quand on me dit ce genre de choses. » Il se souvient de la fois où je me retrouve en soutien-gorge à cause de lui hein ? Je voulais pas passer pour une dégonflée ce jour-là, et je n’en serais pas non plus une aujourd’hui. Je m’avance légèrement en sa direction, avant de finalement m’appuyer à mon tour contre une des parois de l’ascenseur. « Mais tu vois, je commence à en avoir marre de toujours être celle qui exécute les défis. » Puisqu’il s’agit bien de ça, d’une façon plus ou moins directe. Je suis en grève, c’est décidé. La dernière fois j’ai chopé froid, ça m’a … refroidi, donc. À son tour, une fois. Je le quitte pas les yeux, léger sourire aux lèvres, me demandant s’il va s’exécuter ou non. S'il va se dégonfler ou non, surtout, puisque dans le cas de la première solution, il n'est pas sorti de l'auberge.

Il y avait donc une légère probabilité pour que Silas soit un dangereux psychopathe désireux de se faire respecter de sa nouvelle partenaire en la retenant prisonnière, voyez-vous ça. Et parait-il que tout cela serait indirectement de ma faute puisque je n'avais rien fait pour l'aider à se sortir de ce mauvais pas. « Oh, j’ai donc confirmation que tu m’as entendue, mais que tu n’as rien fait. Tu baisses dans mon estime là. » Non mais elle était marrante aussi, est-ce que je pouvais me douter que derrière son côté gringalet Silas avait des pulsions de tortionnaire ; Et puis s'il avait fallu s'inquiéter à chaque disparition, nous aurions pu conclure à un enlèvement commun par les martiens du dit Silas et de Faust, tous les deux pratiquement invisibles durant la totalité de la semaine ... Quoi qu'il se raconte qu'on les ait entendu geindre depuis leur lit d'agonie une ou deux fois. Je compatissais, avoir la crève quand il faisait un temps magnifique c'était la poisse. « Tu sais ce qu'on dit, un témoin qui se tait c'est un salaud, vingt-trois ça devient des monsieur tout le monde. » Et puisque mes petits camarades ne s'étaient pas plus secoués que moi à ce sujet j'étais donc entièrement dédouané, merci à la théorie du témoin spectateur. Mais bon, blague à part, j'avais quand même du mal à croire que le Silas puisse être si terrible que ça ... Je veux dire, il n'avait pas l'air super avenant mais quand même « Non. » A la bonne heure. « Il ronfle un peu, il me réveille au milieu de la nuit, il tape, il dort à moitié à poil et il ne sait pas rester de son côté. Mais il est pas méchant. Je crois. » Bon, si elle croyait alors dans ce cas, y'avait aucune raison de s'en faire. Et puis si ce n'était que ça il n'était sans doute pas le seul, à dormir à moitié à poils, à prendre son binôme comme radiateur personnel ou à filer des coups de pieds « Oui donc au final ça ne te change pas beaucoup d'Archie. » avais-je alors ironisé d'un ton amusé. Ou peut-être un peu pour ce qui était du physique, ce n'était pas vraiment le même style ... Après c'était une histoire de goûts et de couleurs comme on dit, et je ne connaissais pas assez Rowan pour être incollable sur ses goûts en matière d'hommes. J'acceptais tout de même de lui prêter Tixy et ses griffes aiguisées si besoin, à condition qu'elle me garantisse qu'il ne lui arriverait rien de fâcheux. « Il devra me passer sur le corps s’il compte lever la main sur cette pauvre bête. » Rien que ça dites-moi, soit Rowan était du genre particulièrement dévouée envers les animaux, soit il s'agissait de l'expression indirecte d'un désir à la fois profond et jusqu'ici refoulé, huhu. « Je suis sûr qu'il ne laissera pas passer une si belle occasion, si tu lui proposes gentiment. » Oui bon ça va, on pouvait bien plaisanter un peu. De toute façon allez savoir si c'était le hasard ou bien Cupidon qui faisait preuve de jalousie (peut-être que Rowan était à son goût et qu'il voulait la garder pour lui, sait-on jamais, il avait peut-être des sentiments et des envies cet angelot) mais voilà en tout cas la cabine d'ascenseur qui faisait des siennes ; Bah voyons. J'aurais bien aimé savoir combien de fois au juste c'était déjà arrivé depuis le début de l'émission, la moitié des candidats pouvait déjà témoigner d'avoir été coincé ici à un moment ou à un autre, fallait apprendre à se renouveler quand même au bout d'un moment. Mais donc non, que la jeune femme se rassure je n'étais pas claustrophobe, pas même un tout petit peu, et je ne risquais pas de tomber dans les pommes ou de me mettre à hurler. A vrai dire quand je pensais à l'éventualité de cette situation ce n'était pas vraiment le genre de scénario que j'avais à l'esprit, excusez-moi « Je ne te savais pas si coquin. » Mon secret était donc découvert, fichtre. Ne répondant rien je m'étais contenté d'un sourire exagérément innocent. Parce que j'étais innocent, cela va de soi. « Et tu commences à me connaître toi aussi, et tu sais que je m’exécute quand on me dit ce genre de choses. » Je n'irais pas jusqu'à dire que c'était clairement mon intention, mais disons que ouais, ce côté-là de sa personne ne m'était pas non plus entièrement sorti de la tête. Mais c'était ce qui rendait la chose intéressante, faire ce genre de sous-entendus à quelqu'un de rabat-joie ou de totalement premier degré n'avait pas le moindre intérêt nous sommes d'accord. Les bras croisés, un air de défi sur le visage, je regardais donc la jeune femme se déplacer vers moi avant qu'elle ne s'arrête pour ajouter « Mais tu vois, je commence à en avoir marre de toujours être celle qui exécute les défis. » Je voyais oui, je voyais surtout que c'était un très mauvais moment pour se la jouer égalité hommes-femmes et réclamer que je lui rende la pareille. Mais c'était bien joué je ne nie pas, et d'ailleurs sans doute espérait-elle seulement que cette fois-ci c'était moi qui allait devenir le dégonflé ... Mais c'était mal me connaître. Décroisant les bras, un sourire narquois sur le visage, j'avais parcouru moi-même la courte distance qui me séparait encore de Rowan, me plantant devant elle d'un pas résolu. Prenant son visage entre mes mains, parce que quand je faisais un truc je m'arrangeais pour le faire bien, j'avais attrapé ses lèvres avec les miennes pour l'embrasser sans hésitation supplémentaire. Et qu'on soit bien d'accord on avait parlé de bouche à bouche juste avant, alors je ne m'étais pas contenté d'un bécot de rien du tout ; Ça c'était ce que Cupidon nous avait accordé la dernière fois, j'avais eu le temps d'aiguiser un peu ma curiosité depuis. Je profitais en tout cas, de toute façon l'ascenseur n'avait pas l'air décidé à bouger, alors tant qu'elle ne m'interrompait pas elle-même je n'avais pas encore trouvé d'autre façon de passer le temps. Compter les moutons ou les tâches sur le miroir c'était un peu démodé.

C’est vrai qu’habituellement, je croise Maxence plus tôt dans la semaine. Je le croise toutes les semaines d’ailleurs, il est l’un des candidats avec lequel je passe le plus de temps et dont je suis le plus proche, et lui, il ne s’inquiète que maintenant de ne pas m’avoir vue plus tôt. Moi qui pensais qu’il m’appréciait aussi, je crois que je me suis fait trop de faux espoirs. « Et bien, j’ai vingt-trois personnes à engueuler, j’ai du boulot. » Un par un, le même discours. Maxence le premier, je suis tellement déçue. Pour le coup, je demanderais presque à Silas qu’il me saucissonne et me cache sous le lit, histoire de lui donner mauvaise conscience. Enfin, je suis quand même pas sûre de vouloir dépérir sous un lit, vu que visiblement, Maxence n’était pas si pressé de me revoir, hm. Concernant Silas, d’ailleurs, il n’est pas méchant, même s’il semble être grincheux au premier abord. Il me change pas beaucoup d’Archie, en effet, étant donné les coups nocturnes. « C’est le même, en pire. » C’est un bon résumé, je trouve. Même si Archie m’a jamais réveillée au milieu de la nuit juste pour le plaisir de m’emmerder. Non mais clairement, à choisir, je reprendrais Archie, quand même. Je me demande presque ce qu’il devient. Dans tous les cas, si Maxence veut bien me prêter son chat pour me venger de mon nouveau partenaire, je dis pas non. Et qu’il ne s’inquiète pas pour Tixy, je compte bien la protéger. Même s’il faut me passer sur le corps, hm. « J’y repenserais quand je serais en manque. » J’ai compris son sous-entendu, je suis pas bête, mais faut dire que j’y ai moi-même pensé quelques secondes auparavant. Pour l’instant, je me porte bien, j’ai pas impérativement besoin d’un mec dans mon lit. Et si ce besoin vient à se faire ressentir, j’aurais pas à chercher trop loin, vu que j’ai effectivement un mec dans mon lit. Maintenant est-ce qu’il est à mon goût, c’est une autre histoire. Il est pas moche, c’est certain, mais je préfère quand même mon ancien partenaire, pour le coup. Enfin, tiens, en parlant de mon partenaire, je suis même pas sûre de le retrouver ce soir, vu que l’ascenseur décide de faire des siennes. Bien. J’espère que c’est que temporaire, j’ai pas spécialement envie de rester des heures ici, même si j’aurais pu tomber sur bien pire compagnie que celle de Maxence. Au moins, il n’est pas claustrophobe, je n’aurais pas à lui faire du bouche à bouche. Même s’il me met au défi de m’entraîner sur lui. Il est bien gentil, mais je crois qu’à un moment ou à un autre, ça doit aussi être à lui de mettre du sien. Non parce que je me suis déjà retrouvée à moitié à poil face à lui, alors je vais pas non plus m’exécuter dès qu’il me lance un défi, je suis curieuse de savoir si lui aussi il est capable de mettre du sien, parce que jusqu’ici, il m’a plutôt prouvé le contraire, honnêtement. Ceci dit, même si je le connais peu, j’imagine qu’il n’est pas du genre à se dégonfler. Ou alors, je ne me gênerais pas pour le chambrer sur ça, durant des semaines s’il le faut. Du coup, j’attends de voir. S’il va effectivement se jeter à l’eau ou non. Adossée à l’une des parois, je ne le quitte pas des yeux, le regard joueur. Et finalement, je ne suis pas si surprise que ça de découvrir qu’il s’exécute, faisant les quelques pas qui nous séparent. Et je me laisse faire quand il prend mon visage entre ses mains, puis quand ses lèvres viennent à la rencontre des miennes. Je ne le repousse pas, et je me permets même de prolonger ce baiser qui est loin d’être désagréable. J’avais déjà eu un aperçu lors de notre première rencontre aux escaliers de secours, mais je dois dire que je suis pas contre le fait d’en avoir un peu plus. Il faudrait être stupide pour cracher sur un garçon comme Maxence. Je ne quitte pas ses lèvres jusqu’à ce que finalement, un bruit familier m’avertisse que nous sommes au quatrième. Faut croire que j’étais bien trop occupée pour réaliser que l’ascenseur était reparti. Je détache finalement mes lèvres des siennes, non sans une pointe de regrets. « Tu n’es pas un dégonflé, bravo. » Que je lui lance avec un clin d’œil avant de me retourner et de quitter l’ascenseur, m’engouffrant dans les couloirs.

Il n'y avait pas de raison après tout, que je sois le seul à porter le chapeau dans cette histoire alors qu'objectivement si elle avait vraiment disparu tous mes petits camarades auraient été aussi coupables que moi d'avoir été aveugles et d'avoir laissé un dangereux psychopathe agir sous notre toit. Ce que j'avais cru bon de lui faire remarquer « Et bien, j’ai vingt-trois personnes à engueuler, j’ai du boulot. » Oui en effet, elle avait du boulot alors elle ferait bien de s'y mettre rapidement et de ne plus se soucier de ce que moi j'avais oublié de faire ... J'étais même prêt à lui prêter Tixy pour l'aider à se défendre, alors si ce n'était pas la preuve ultime de mon dévouement envers elle. D'autant plus que visiblement son nouveau partenaire était lui aussi un énergumène de premier choix, du gabarit de feu Archie « C’est le même, en pire. » m'avait-elle finalement confirmé. En pire ? Tiens donc, enfin quoi que je n'aurais pas mis l'ancien partenaire de Rowan dans la catégorie des pires, je veux dire, ce n'était quand même pas un mauvais bougre ce Archie ... Pour Silas je ne savais pas, il était encore là et pourtant j'avais plus discuté avec Archie qu'avec lui. Mais il ne devait pas trop avoir à se plaindre en tout cas, Rowan n'était peut-être pas la délicatesse incarnée mais elle était tout de même tout sauf désagréable d'un point de vue physique - et pas que, mais ça je ne savais pas si c'était le genre de choses dont se préoccupait le Silas - et à sa place je saurais apprécier la chose, hm. « J’y repenserais quand je serais en manque. » De toute évidence elle aussi devait le trouver assez à son goût pour envisager de s'en contenter ... Bon, pourquoi pas après tout. Tout cela était bien beau en tout cas mais ce n'était pas parce que nous étions en pleine discussion que Cupidon devait se sentir obligé de s'amuser un peu et de bloquer l'ascenseur. Parce qu'il va de soit que c'était lui qui était derrière tout ça, et derrière tout ce qui se tramait d'anormal dans cet immeuble. Et comme cela devenait un peu une habitude je n'avais pas pu m'empêcher de défier la jeune femme à nouveau, la seule différence étant que cette fois-ci elle n'avait pas hésité à me renvoyer la balle. Ce qui était de bonne guerre il est vrai, raison pour laquelle je n'avais pas essayé de tergiverser et avait préféré m'exécuter ... C'était une véritable corvée comme vous devez vous en douter. Devoir embrasser une femme qui n'en laisserait pas beaucoup indifférents, moi y compris, et le tout sous couvert d'un défi de sa part, oui je faisais tout cela parce que j'avais le couteau sous la gorge uniquement. Et c'était pour cette même raison que j'avais pris le temps d'en profiter d'ailleurs, du moins jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur ne m'interrompent et ne me poussent à détacher mes lèvres des siennes ; Cupidon ne savait pas ce qu'il voulait décidément. « Tu n’es pas un dégonflé, bravo. » Sourcil arqué, et air amusé sur le visage, je m'étais décalé pour la laisser passer et m'étais adossé au fond de l'ascenseur tout en la regardant en sortir « Je serais presque vexé que tu en aies douté l'espace d'un instant. » La fixant toujours j'avais attendu sagement que les portes de l'ascenseur se referment, et finalement j'avais appuyé sur le bouton du troisième étage.