featuring ana

Quel prime à chier. Enfin, presque totalement à chier. Non, en fait, le prime n'avait pas été si nul, quoi que d'un ennui profond, mais le simple fait que Sami ait, à la fin de la soirée, été éliminé, suffisait à le faire redescendre à des niveaux abyssales dans mon top des primes. Je râlais, depuis l'annonce, incapable de comprendre comment les téléspectateurs pouvaient à ce point manquer de jugeote. Sami, il gérait, nan? D'où il était éliminé? Franchement? Pff, je comprenais rien. Qu'on m'ait viré moi, ok, je pouvais piger la démarche, mais Sami ? Il était adorable et tout. Mais bon. Au final, à moi, à mon moi profond, ça faisait rien. C'était pas mon problème, pas ma vie. Mais quand même... Ça me faisait chier pour lui, ça me faisait chier pour sa fille. Bizarre comme j'avais plus de colère pour le sort de quelqu'un d'autre que pour mon propre sort. Enfin bon, j'avais toujours été comme ça. J'étais vraiment un trop bon copain, en vrai. Sur ces délicieuses pensées, je passe sans m'en rendre compte la cage d'escaliers menant à la nouvelle chambre. Tiens? J'étais encore jamais vu ici. Faut dire, elle était ouverte au commun des mortels depuis seulement hier soir. Malgré moi, je me tape la petite grimpette et jette un coup d'oeil impressionné aux lieux. Elles étaient pas aussi jolies, nos chambres à nous. Mais d'un autre côté, j'avais rien à foutre là. Du coup, après même pas cinq minutes, les mains en poche, je repasse la porte, redescends, et aussitôt, la vision fugace de ma cliente me saute aux yeux. Je réagis instinctivement, je me cache derrière l'entrée, laissant juste ma tête dépasser. « Pssst » je fais à son attention. J'suis un agent en mission. Elle seule doit m'apercevoir. C'était vital. Sauf qu'elle m'entend pas, la nouille. « Anaaaa » je souffle, un peu plus fort, m'arrachant la gorge au passage. Toujours rien. M'enfin, elles sont toutes sourdes les brunes, dans ce château ? Finalement, je me plante au milieu du couloir. « ANABEL, VOUS ÊTES ARRÊTÉE POUR VOL À L'ÉTALAGE DE BONBONS À MAINS NON ARMÉES, HAUT LES PATTES » je braille alors. Ah ! Enfin, elle daigne se retourner, détachant son attention du biscuit qu'elle avait dans la main. J’étouffe un rire en voyant sa tête. J'lui avais fait peur ou quoi? « Ah, ça tu l'entends ! » je m'offusque faussement. De la main, je lui fais signe d'approcher, de me suivre. Tandis qu'elle venait vers moi, je rentrais distraitement dans la cage d'escaliers, puis dans la chambre. On serait tranquilles là, a priori. Non? À nouveau, mon regard se pose sur son butin, et je soupire imperceptiblement avec un dépit feint. « Elle a osé te dévoiler l'emplacement de notre réserve secrète... » La traîtresse ! D'accord, leur statut de nouveau couple faisait qu'Anabel et elle partageaient tout, mais de là à ce que Laoise lui parle de la cachette de bonbons... Je retenais mes larmes. Tss. Vilaine. Enfin, si ça se trouve, elle avait juste trouvé ça dans le cellier. Bref, je virevolte et me laisse tomber sur le lit, en tailleur, comme toujours, et regarde Anabel. « Bon, maintenant que tous les membres du front de soutien d'Anabel en vue de la victoire sont présents... » regard mauvais à son intention « nous pouvons commencer la réunion. » Faussement sérieux et tout. En plus d'être un super copain, j'étais un super bon acteur. Qui avait dit que la perfection n'existait pas, déjà? Une demi-seconde, je l'observe, avant d'afficher un sourire de gosse. « Je vais te faire gagner, tu vas voir. » Si si, c'était vrai. C'était ce à quoi j'allais m'employer ces deux prochaines semaines, ou cette semaine, au minimum. C'était mon taf, et je voulais lui faire honneur.