On ne pouvait pas dire que j'avais passé ma journée à ne rien faire pour une fois, et pourtant dieu sait que nous avions tous largement le temps de nous tourner les pouces à longueur de journées ici. J'avais accaparé la cuisine avec Ulysse tout le début de l'après-midi, désireux d'observer ses talents pour la cuisine à l’œuvre presque autant que de trouver enfin quelqu'un de sympa qui accepterait de me faire des loukoums ; Parce que c'était bon, mais que j'étais plus doué pour les manger que pour les faire voyez-vous. Et je me disais qu'après tout cela étudier un peu ne pourrait pas me faire de mal, ça faisait plusieurs jours que je n'avais pas fichu grand-chose à ce sujet à vrai dire, depuis la veille du prime ... Après avoir récupéré mon bouquin sur ma table de nuit j'avais donc monté les escaliers jusqu'à l'étage supérieur, dans l'idée de me poser dans un des fauteuils de la bibliothèque ; Elle était rarement autre chose que vide, à croire que certains avaient peur de se faire bouffer par un bouquin enragé. Toutefois j'avais été interrompu sur mon chemin, ou plutôt ma curiosité m'avait-elle interrompu en entendant un air de piano s'échapper de la salle de musique ; Un son bien trop clair pour qu'il s'agisse d'un enregistrement, surtout. M'arrêtant j'avais rebroussé chemin, observant depuis l'encablure de la porte la candidate qui, me tournant le dos, jouait sans doute sans savoir qu'elle avait un spectateur. Bon, je devais bien l'avouer, la demoiselle n'était peut-être pas d'une amabilité folle - bien que de dos je l'avais reconnue, ce n'était pas non plus comme si nous étions cent cinquante dans cette baraque - mais elle savait y faire avec un piano. L'air m'était vaguement familier aussi, mais j'aurais bien été incapable de le replacer, et les bras croisés je me contentais donc sagement d'écouter. J'avais juste eu le malheur de poser le pied sur une latte grinçante et ce qui devait arriver arriva : s'interrompant mademoiselle s'était relevée en trombe et serait probablement sortie de la pièce à la vitesse de l'éclair si je ne m'étais pas justement retrouvé sur son chemin. Elle m'avait bousculé, quant à moi je l'avais inconsciemment attrapée par le bras sans savoir si c'était mon équilibre ou le sien que j'essayais de préserver « Tu m'as fait peur ! » m'avait-elle finalement lancé tandis que je la lâchais, sans que je sache trop si c'était de la surprise ou carrément du reproche. « Je vois ça oui. » avais-je répondu malgré tout d'un ton légèrement amusé. Ça va, il n'y avait pas mort d'homme non plus « Désolé, c'était pas mon intention, je voulais pas t'interrompre. » C'était on ne peut plus vrai, si elle avait continué à jouer je serais sans doute resté encore un petit moment, mais maintenant je doutais qu'il soit nécessaire de lui demander de reprendre. D'autant plus que jusqu'à présent la seule interaction que j'avais eu avec la jeune femme revenait à l'avoir embrassé à ce prime où Cupidon nous avait demandé d'embrasser la personne que nous apprécions le moins ... Du coup, je n'étais sans doute pas en position de lui demander quelque chose, hm. « Tu jouais quoi ? C'était joli. » Au final si, j'avais demandé quelque chose. Mais bon, c'était simplement un peu de curiosité de ma part, si elle ne répondait pas je m'en remettrai.

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