Gueule de bois. Ma meilleure ennemie. J’ai encore eu le coude un peu trop léger la nuit dernière, et me voilà donc incapable de m’extirper de mon lit, le trouvant beaucoup trop douillet face à la froideur de ce monde extérieur. Pas du tout dans l’exagération. En plus, j’ai un de ces maux de crâne, c’est pas possible. « Eh le canon ! » Aoutch. Ma tête. Je tourne péniblement celle-ci en direction de la voix, plissant les yeux pour enfin y reconnaître Krisjana. Elle n’a pas quelqu’un d’autre à emmerder ce matin ? « Pas si fort. » je murmure, grimaçant alors que je la vois s’élancer sur le lit. « T’es chiante… » j’ajoute, enfonçant mon visage dans mon oreiller jusqu’à ce que je sens qu’elle s’est étendu à mes côtés. C’est qu’en plus, elle a l’intention de rester. « Essaie de sourire un peu plus souvent, tu fais une de ces têtes en ce moment » Ma tête va très bien, c’est gentil qu’elle s’en inquiète. Je laisse un soupire exagéré s’échapper de mes lèvres, tournant aussi mon corps sur le côté pour bien lui faire face. « Et pourquoi je suivrais le conseil d’une fille qui offre un sourire tous les siècles ? » je demande, moqueur, et pas bien méchant. Elle va, je l’espère, comprendre que c’est une blague. Ces derniers temps, j’ai cru me rendre compte que mon humour n’était pas toujours bien interprété. « Sinon, je peux le faire pour toi, mais ça fera un peu joker » Qu’elle ne s’approche pas de moi. En plus, elle m’a refusé de lui raser les cheveux, donc elle a perdu tout droit de faire quelque chose de mon corps. Enfin, façon de parler. « Tu fais peur comme fille… » un faible sourire apparaissant au coin de mes lèvres, pas vraiment sérieux à se sujet non plus. Il m’en faudrait plus pour qu’elle me fasse peur quand même. « C’est quoi ton plan, pour me redonner le sourire ? À l’exception de me charcuter les joues. » Parce que ça, c’est non. Et j’ai l’air si dépressif que ça ? Parce qu’en fait, ça va, je ne me sens pas plus mal qu’un autre jour. Ma sœur est décédée depuis dix ans, ce n’est pas parce que maintenant tout le monde est au courant que ça change réellement quelque chose pour moi. Oui, ça ramène de vieux souvenirs, mais c’est tout. Si personne ne s’en était rendu compte, je buvais tout autant avant dimanche.

Krisjana est chiante. Elle ne voit pas que j’ai la gueule de bois ? Justement, j’ai bien l’impression qu’elle en prend un malin plaisir. « C'est vraiment pas gentil-gentil ce que tu dis là » Qu’est-ce que je disais. Elle a haussé le ton, ce qui a le don de me faire grincer des dents. « Chuuuut, pas si fort. » Mon mal de tête est assez intense comme ça, merci. Surtout que finalement, elle décide de rester, se couchant à mes côtés, me faisant comprendre que je devrais sourire plus et arrêter mon état supposément dépressif. Tss, n’importe quoi. « J'en offre des sourires, à ceux qui le méritent, là est toute la nuance » Ah mais qu’est-ce que je vois là ? Un petit sourire peut-être. « Mais moi je le mérite, ça me fait de la peine ce que tu me dis là. » Je fais une d’une petite moue sur mes lèvres, comme si ses mots m’atteignaient réellement. Non mais son histoire de sourire à la Joker, ça fait un peu peur tout de même, je dois l’avouer. Et il semblerait qu’on lui dise souvent. Et elle ne comprend pas. La blague. Je souris en voyant son air, c’est qu’elle est une très bonne imitatrice de blonde un peu stupide. Mais moi ce que je veux savoir, c’est comment elle compte s’y prendre pour me redonner le sourire. Puisque c’est bien pour ça qu’elle est là non ? « J'ai jamais dis que j'allais te redonner le sourire, j'ai autre chose à foutre » Au oui, ça paraît. Je hoche la tête, plein de compréhension pour elle. « C’est vrai que t’as l’air super occupée en ce moment. » Genre elle traîne dans mon lit, mais la fille à autre chose à foutre. « A défaut de te faire sourire, j'peux vaguement te distraire en restant moi-même, c'est à dire odieuse et relou» Ça mérite à réflexion. C’est toute une offre qu’elle me fait là, la brune. Ce qu’il me fait rire, c’est qu’elle prétend être odieuse, et on va avouer qu’elle l’est un peu parfois, mais malgré tout ça, je crois que j’apprécie sa compagnie. Peut-être parce que je commence à cerner un peu mieux le personnage qu’au début. « Je n’en demandais pas autant de ta part. » J’irais presque à dire que c’est beaucoup trop généreux même. « Mais vas-y, distrait moi. » C’est elle qui s’est proposé après tout. Même si j’ai presque peur de ce qu’elle va me sortir maintenant. « Avoue que tu voulais juste passer du temps avec mon incroyable personne. » Et mon incroyable gueule de bois. Elle veut juste me voir souffrir plutôt.