Je me suis déjà bien baladé ce matin, maintenant j'en ai un peu marre. Je crois que j'ai juste envie d'aller m'allonger quelque part, n'importe où, même par terre, et de piquer un petit somme, ou un long, je ne vais pas faire le difficile. En plus je n'ai pas tant dormi que ça cette nuit, je me demande donc vraiment comment ça se fait que je sois d'aussi bonne humeur. D'habitude avec si peu d'heures de sommeil je suis tout à fait capable de m'en prendre à quiconque m'adresserait la parole ou m'emmerderait un peu trop, mais là non, ça va, j'ai un petit coup de mou tout d'un coup mais ça va plutôt bien sinon. Enfin, je sens les quelques forces qu'il me reste me crier de ne pas monter les escaliers qui se trouvent devant moi parce que ça va être fatiguant, très fatiguant, trop même, surtout que j'ai déjà fait mon sport pour la journée, la semaine, ou le mois carrément en grimpant jusqu'en haut du phare ce matin. Mais finalement je prends mon courage à deux mains et réussi à poser mes deux pieds sur la première marche. Une marche, une. Plus que... Heu, c'est quoi ce truc qui se casse la figure, là ? On dirait un tube de je sais pas trop quoi. Je n'ai de toute façon pas vraiment le temps de plus m'y intéresser puisque Jorah déboule dans l'escalier et commence à me gueuler de ne pas marcher dessus, précisant que ce n'est pas donné. « Non mais ça va, je l'ai vu. Au pire je t'en aurais payé de nouveaux, ça doit pas coûter plus cher que mes costumes. » Que je dis en haussant les épaules. Si j'ai assez de fric pour me faire faire du sur mesure, je parie que je peux lui racheter cent fois son matériel. Bon, j'exagère un peu, surtout que je saurais pas quoi en faire donc je vois pas l'intérêt, mais c'est juste pour l'exemple. Et puis quand je bousille quelque chose qui appartient à quelqu'un et que je sais pertinemment que je suis fautif je vais pas faire le con, je paye, c'est tout, je risque pas d'en mourir, enfin je crois. Et puis Jorah dit que ça l'aurait aussi un peu embêté que je glisse, j'aurais pu me faire mal et tout. Je crois que je le comprends, on doit en avoir gros sur la patate d'abîmer un beau mec comme moi. « T'inquiètes pas, va, tu te débarrasseras pas de moi aussi facilement. » Ouais, je suis un bonhomme, c'est une chute dans les escaliers qui va me tuer, me faire mal peut-être mais je suis un dur, moi. Ou pas. Je crois n'être jamais tombé dans les escaliers, surement parce que je les emprunte trop peu souvent, donc ça aurait été une première, mais pas de quoi en faire un drame. « Qu'est-ce que tu comptes faire avec tout ce bordel ? » Que je demande finalement en ramassant les flacons à mes pieds. C'est peut-être de la peinture. Genre je l'imagine bien artiste, Jo' le peintre barjo. Je trouve que ça sonne bien, même si je suis peut-être à côté de la plaque.

J'ai à peine monté quelques marches qu'on m'interpelle. C'est Jorah qui me dit de faire attention à ce qu'il vient de faire tomber. C'est lui le premier qui aurait dû faire attention s'il voulait pas qu'un con piétine ses trucs, mais heureusement pour lui, je n'en suis pas un, et j'ai des yeux donc j'ai vu, je vais pas écraser ses flacons de je sais pas quoi. Même si c'était le cas je pourrais toujours lui en racheter donc pas de panique. Il m'explique que ça se trouve pas partout ce genre de truc, que c'est parce que c'est rare que c'est cher. D'accord, j'en prends bien note, même si ça risque pas de me servir à l'avenir, c'est sans doute bon à savoir. Je hoche simplement la tête en l'écoutant. Puis il dit que j'aurais pu glisser en plus et que ça l'aurait presque autant embêté que si j'avais juste marché sur ses trucs. Oui mais ça va, je suis solide et puis on se débarrasse pas de moi si facilement, enfin si ça se trouve ça fait super mal de tomber dans un escalier mais j'ai jamais tenter l'expérience et j'ai pas envie de la tenter, donc je pourrais pas trop dire en fait. En tout cas il rétorque qu'il espérait bel et bien m'achever sur un ton amusé, donc je souris. Finalement je ramasse ce qu'il a fait tomber avant de lui demander ce qu'il va faire avec. Un gâteau qu'il dit au début, en plaisantant. « Ah bah si, j'aurais dû m'en douter. Tu me gardes une part, hein. » Bah oui, j'aime les gâteaux, comme tout le monde. Non mais je sais bien qu'on fait pas de la pâtisserie avec ce genre de trucs, à moins que ce ne soit un nouveau genre de cuisine ou un truc de son pays au nom bizarre, j'en sais rien après tout. Mais non, en fait il faisait du rangement puis il a eu envie de faire du moulage. « Du moulage ? » Que je répète d'un air étonné, pour qu'à ma tête il comprenne que je sais pas ce que sais et qu'il m'explique. Je sais à peu près ce que c'est du moulage, enfin dans certains domaine mais là je crois pas saisir tout à faire le truc. Il commence ensuite à me parler du produit que j'ai ramassé, mais j'ai pas tout retenu, enfin si, un truc. « Des blessures en trois dimensions... pour quoi faire ? » C'est que ça m'intrigue cette histoire. Mais rapidement mon cerveau se met en place, enfin, je crois. « T'es genre visagiste, pour le cinéma ou des trucs comme ça ? » Bah quoi, je vois pas ce qu'il pourrait faire d'autre en me parlant de créer des blessures, personne fait ça à part dans les films où comme c'est un film, justement, les choses sont censées être fausses donc les blessures aussi. Et ouais. Donc Jorah doit travailler là-dedans maintenant. N'empêche que je savais pas, mais ça m'impressionne, presque. De toute façon il y avait que dans un univers comme le cinéma, l'art en général, ou le football, où on aurait pu accepter qu'un employer ait une coiffure comme la sienne, hm. Enfin si ça se trouve j'ai rien compris aussi, mais ça m'étonnerait.