Le Prime s'était terminé, d'une façon fort ... Unique. Voyez-vous, on m'avait demandé de choisir entre forcer Jaileen à passer une nuit avec moi, et déclarer lequel des deux elle préférait : Valeri ou moi. Et de façon romantique, évidemment. Il va sans dire que la deuxième option était la seule envisageable, à mes yeux, et que Jaileen avait répondu Valeri. Comme prédit. Je ne la voyais pas répondre autrement. Je n'aurais pas voulu qu'elle réponde autrement. Elle lui avait couru après pendant plusieurs semaines d'affilée ... Et moi, dans tout ça ? Elle s'était contentée de m'insulter, (et vice versa), depuis le début. Hormis un baiser, nous n'avions rien partagé. Rien du tout. Évidemment qu'elle ne m'aurait pas choisi moi. Mon cerveau le savait, tout ça. En plus, j'avais Odessa, donc comme ça, tout est bien qui finit bien, non ? Le baiser n'est qu'un incident anodin auquel il n'est pas utile de penser, si ? Sauf que si. Mon cerveau le sait, tout ça, mais pas mon coeur. Ni ma ... Oui, bon. Voilà. Pas mon corps. Il est pincé, légèrement. Il aurait aimé que Jaileen réponde "Cosmas", dans le fond. C'est mon égo surdimensionné qui voulait ça. Il est tôt. Les autres dorment tous. Arpentant silencieusement la plage, je suis perdu. Je cherche une solution. Un échappatoire ... Mais je ne trouve rien. Absolument rien, hormis du sable, et quelques coquillages. Je m'assois, face à l'eau. Pensif. La vie, c'est la merde, quand on y pense bien, tout de même.

Que voulez-vous, Jaileen n’arrivait pas à rester dans les bras de la douce Morphée et c’était pour cela qu’elle ne cessait de tourner dans son lit encore et encore .Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était. Certainement très tôt puisque il faisait encore noir à l’extérieur, d’après ce qu’elle pouvait apercevoir au travers des volets. La demoiselle poussait un soupir tout en se tournant une dernière fois. Elle fermait les yeux. Une image lui revenait en tête. Celle de son baiser avec Cosmas. Jaileen ouvrait les yeux aussitôt. Elle ne voulait pas revivre cet instant encore une fois. C’était bien trop étrange. La veille les deux jeunes gens s’insultaient à chaque fois qu’ils se croisaient et là, c’était tout juste s’ils osaient se regarder. Ayant envie de se changer les idées, la jolie blonde envoyait valser sa couverture sur le sol avant de se lever et de prendre la direction de la salle de bain, histoire de se débarbouiller le visage, de se rafraichir avant de retourner au lit. Seulement, une fois sur pieds, la jeune femme n’avait plus vraiment envie de retourner dans son lit. C’était presque naturellement qu’elle enfilait une petite robe blanche au style rétro, mais qui lui allait comme un gant. Elle attachait ses cheveux pour ne pas être gênée par ces derniers avant de s’élancer dans les studios de la production à la recherche de quelque chose à faire, à visiter. Elle passait par le terrain de jeu, par le ponton, la fête foraine avant de venir gambader sur la fausse plage. Chaussure à la main, elle laissait les vagues venir caresser ses pieds tout au bord de l’eau. Ce n’était qu’au bout de quelques minutes que Jaileen remarquait une présence sur la plage. Une présence masculine à en juger par la silhouette qu’elle pouvait distinguer. Elle ne mettait pas beaucoup de temps à reconnaître Cosmas. Baissant très brièvement la tête, elle se risquait à passer devant lui en espérant qu’il ne l’aurait pas remarqué. Pourtant, elle finissait par changer d’avis. Elle s’approchait de lui, pour venir s’installer à ses côtés. Le regard vers l’horizon, elle demandait calmement : « Pourquoi tu m’as embrassé ? » Elle ne voulait pas le blâmer. Elle ne pourrait pas revenir sur le passé. Elle voulait juste savoir pourquoi il avait fait ça, le premier pas.

Un bruit. Doucement, je tourne ma tête sur le côté. Je me demande ce qu'il en est ... D'où il vient ... Et je ne mets pas longtemps à discerner une riche chevelure blonde cascadant le long des épaules de Jaileen. Nous restons là, un instant. Je ne veux pas briser le silence, entre nous. Pourquoi ? Parce que ... Je crains sa réaction. Je crains de tout gâcher. Je ne sais pas où j'en suis, et je ne veux pas m'avancer alors que je n'en ai, en réalité, aucune idée. Et pourtant, elle me demande pourquoi je l'ai embrassée. Elle brise elle le silence. C'est une excellente question. Ce serait bien qu'elle le sache. Je me retourne à nouveau vers la mer. Je n'ose pas confronter son regard, et, je lui dis, calmement :

- Vois-tu, c'est une excellente question. Moi-même, je n'en connais pas la réponse. Pas entièrement, en tous les cas. Je me hâte finalement à ajouter :

- C'est arrivé, point. Je me demande s'il est plus important de se demander pourquoi c'est arrivé, ou plutôt, ce que cela voulait dire. Non, parce que moi, je n'ai aucune idée de ce que ça voulait dire, ce baiser, hein.

Cosmas. Bon d’accord il n’était plus beaucoup dans l’aventure, mais il y avait tout de même encore assez de monde pour que Jaileen puisse espérer ne pas tomber sur lui. Pourtant il était toujours là lorsqu’on ne s’y attendait pas. Par exemple sur la plage à six heures du matin. Jaileen était un petit peu agacée de le voir ici, mais ne résistait pas bien longtemps à l’envie de venir lui demander des comptes sur leur baiser de la semaine passée. Elle ne pouvait pas rester sans savoir. - Vois-tu, c'est une excellente question. Moi-même, je n'en connais pas la réponse. Elle grimaçait. Ce n’était pas la réponse qu’elle attendait. Ce n’était pas une réponse tout court. Poussant un soupir, elle l’écoutait continuer. - C'est arrivé, point. Je me demande s'il est plus important de se demander pourquoi c'est arrivé, ou plutôt, ce que cela voulait dire. Ce que cela voulait dire. L’anglaise n’y avait pas pensé. Elle encerclait ses jambes de ses bras pour poser son menton sur ses genoux. « Et cela voulait dire quoi alors ? » demandait-elle timidement. Elle avait un petit peu peur de la réponse, elle ne pouvait pas le nier.

Elle grimace, alors. Je me retiens de sourire. Je ne peux pas prendre les choses autrement qu'avec le sourire, voyez-vous. Pour moi, la situation en est presque comique, avec le temps ... Mieux vaut en rire qu'en pleurer, après tout, non ? Toujours est-il que je me retiens de sourire, pour ne pas non plus lui donner l'impression que je me moque d'elle, car c'est faux. Je ne me moque pas d'elle, ni de la situation. Nous parlons là de choses sérieuses. Au moins, on ne s'engueule pas comme des poissons panés. Pour une fois, on parle de quelque chose de ... Plus grand que nous, je pense, et ça nous pousse à réfléchir. On sort de nos disputes enfantines pour se poser un instant, et réfléchir à des réels problèmes du monde. La vie. L'avenir. L'amour. Elle me demande ce que ça veut dire, en souriant timidement, et je le lui renvoie, son sourire, avec une légère pointe d'amertume. Je ne sais pas. J'ai peur. J'ai peur de ma réponse, peur de la sienne. Peur des réactions. De l'entourage. De tout le monde. J'ai peur de ... Plein de choses.

- Je ... Je ne sais pas, et c'est bien ça, ce qui me fait peur. Je lui avoue, avec honnêteté. J'espère qu'elle saura m'aider.

Parler avec Cosmas sans s’insulter, sans se cracher à la figure était une nouveauté pour Jaileen. Enfin si on ne parlait pas de la semaine précédente bien évidemment. Là aussi ils ne s’étaient pas hurlés dessus. Ils s’étaient embrassés. Oui les deux ennemies du nid d’amour avaient échangé un baiser quelque peu fougueux et en toute intimité avant que la jeune femme ne prenne la fuite. Encore une fois. Comme lors de la première semaine quand la musique de Cupidon avait fait son apparition dans la régie alors qu’ils étaient en train de se disputer. Seulement là l’anglaise voulait des explications. Elle semblait déjà assez à l’ouest concernant ses sentiments pour que la personne qu’elle déteste le plus dans l’aventure vienne lui offrir un baiser, plutôt agréable en plus de ça. Le jeune homme ne répondait que brièvement. - Je ... Je ne sais pas, et c'est bien ça, ce qui me fait peur. Il ne savait pas. Il ne savait jamais de toute façon. La demoiselle baissait brièvement la tête. « Alors c’était juste comme ça ? Juste parce qu’une idée t’as traversé l’esprit et rien d’autre ? » demandait-elle à voix basse. C’était possible. Probable même, mais étrange tout de même.

Je crois que ce baiser a surpris tout le monde, sur le nid, moi le premier. À ma sortie d'ici, je ne m'attends pas à moins, d'ailleurs, qu'une claque d'Odessa, un silence radio de la part de Sully, et une bonne tape dans le dos d'Hadatt qui me déballera une connerie du genre "bien, fiston, je suis fier de toi". Bref. De quoi redouter davantage le retour, en somme. Jaileen était venue, ce matin ... Nous ne nous étions à peine regardés, depuis l'infortuné évènement. Encore moins reparlés. Les choses avaient été tellement inattendues, aussi, qu'il nous avait sans doute fallu changer d'air. Très certainement, même. Au moins, maintenant, elle n'avait plus de prétexte. Elle ne pouvait plus dire que j'embrasse mal, bien que je dois avouer que cette amère victoire est bien moins sucrée que je ne l'aurais espéré, au départ. Ce n'est pas de l'amour. Je ne suis pas amoureux de Jaileen, et je le sais. Mais ... Mais je pense qu'il y a quelque chose, quand même, et c'est ça, ce qui m'effraie. Une attirance. Réciproquée ou non, elle existe. Elle se cache, dans les confins de mon esprit, mais sa présence est là, et je le sais. Elle me demande cependant si je l'ai embrassée parce qu'une "idée" me traversait l'esprit, ou non. Je ne veux pas non plus paraitre trop fermé, car ce n'est pas là mon but, donc je renchéris par un simple :

- J'en avais envie. J'espère que ça lui suffira, parce que je ne saurais faire mieux. Je ne regrette pas. J'ajoute éventuellement, sans savoir pourquoi.

La blondinette n’était pas la seule à avoir eu la surprise d’un baiser de Cosmas. Personne ne s’attendait à ce que le jeune homme vienne offrir un baiser à l’anglaise. Elle n’avait pas su comment réagir sur le moment. Elle avait un petit peu de ce que les gens à l’extérieur pouvaient bien penser. Durant des semaines et des semaines elle avait passé son temps à courir après son partenaire, Valeri, et là son pire ennemie dans le nid d’amour venait tout chambouler. Elle savait très bien qu’elle n’était pas amoureuse de lui. Mentalement il ne lui plaisait pas plus que ça. Physiquement, elle n’avait jamais pu nier qu’il était moche ou quelque chose dans le genre. Ce matin Jaileen venait le questionner. Elle avait besoin de savoir ce qu’il pensait vis-à-vis de tout ça. Elle ne pouvait pas tout garder pour elle et il était certainement le mieux placé pour l’écouter à ce sujet. - J'en avais envie. La demoiselle levait la tête soudainement pour poser ses pupilles sur la silhouette de son interlocuteur. Je ne regrette pas. Ah. Elle baissait les yeux encore une fois. Décidément la petite anglaise ne savait plus quoi penser. « Je … Je croyais pourtant que je te dégouté. » soufflait-elle en serrant encore un petit peu plus ses jambes contre elle. [i] « Je ne veux pas te blesser ou quoi que ce soit Cosmas, mais je pense vraiment que c’était une erreur. Je ne regrette pas pour autant, j'ai toujours assumé mes actes et mes paroles, mais je pense que ce n'était pas une chose à faire. » Et dire qu’il était probable qu’elle perde Valeri, son amitié, voire plus, pour un baiser qu’elle n’avait même pas choisi. « Tu ... as pensé à Odessa dans tout ça ? Tu crois qu'elle va te dire quoi ?» demandait-elle en espérant peut-être y trouver des réponses quand à ce que pouvait bien penser son ancien partenaire sur le sujet.

La vie est trop complexe pour être vécue, parfois. Voilà la conclusion que je tire de cet épisode de la semaine passée. Ça ne donne pas envie d'en comprendre plus, tout simplement parce que plus on en comprend, plus on a l'impression de se perdre. On discute, calmement. Je lui fais mes quelques aveux, ce qui me permet, en même temps, de les faire à moi même. Je crois que je suis surpris, lorsqu'elle me dit qu'elle pensait me dégouter. Je dois vous avouer ne pas trop savoir quoi répondre, à tout cela. Honteusement, je dévie mon regard. Je ne veux pas affronter le sien.

- Il faut croire que non ...

On se met alors à discuter, calmement, et je souris, légèrement.

- Il en faut bien plus pour me blesser, Jaileen. Je ne sais pas ce que c'était, mais le fait est que c'est arrivé. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, et nous n'avons tué personne. Ce n'était qu'un baiser. Je pense qu'il ne faut pas trop y accorder de l'importance, personnellement. Elle me demande si j'ai pensé à Odessa, suite à quoi mon sourire s'efface, quelque peu.

- Évidemment que j'ai pensé à Odessa. Je crois que j'ai tout foutu en l'air, avec elle. N'est-ce pas ce que ses cryptiques messages sur mon blog signifiaient ? Que c'était fini ? Qu'elle ne voulait plus me voir ? Je suis persuadé que si. Je soupire, calmement. Je pense qu'on se prend vraiment trop la tête, vis à vis de tout ça ...

J'avais juste envie de me reposer ... De ... me baigner ... Les vagues avaient l'air belles. Invitantes.

- Je propose qu'on aille se baigner. déclarais-je alors, sans la regarder, toujours. J'ai besoin de me changer les idées, je crois.

Jaileen se posait tout un tas de questions depuis la semaine dernière, mais elle ne pouvait pas avoir de réponses étant donné que Cosmas, le principal intéressé, la fuyait. Du coup, ce matin, sur la plage, elle en profitait pour venir lui parler, pour lui demander des explications. C’était bizarre. Elle était pourtant persuadé de le dégouter. - Il faut croire que non ... Non. Il fallait croire que non. L’anglaise faisait une petite moue pas franchement contente de la réponse de son camarade. Elle ne disait pourtant rien de plus. Elle ne voulait pas jeter de l’huile sur le feu. Enfin, pour le moment elle avait tout de même d’autre question. - Il en faut bien plus pour me blesser, Jaileen. Je ne sais pas ce que c'était, mais le fait est que c'est arrivé. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, et nous n'avons tué personne. Ce n'était qu'un baiser. Je pense qu'il ne faut pas trop y accorder de l'importance, personnellement. Effectivement ils n’avaient rien fait de mal. La jeune femme haussait les épaules. « Alors pourquoi tous les autres ils y accordent de l’importance eux. Ca ne les regarde même pas et c’est leurs réactions qui me font douter de tout un tas de choses. » Pourtant Valeri le lui avait toujours dit, elle ne devait pas se préoccuper de ce que les autres pouvaient bien raconter, mais bon c’était toujours plus simple à dire qu’à faire. Et puis elle ne pouvait qu’entendre ce qui se disait sur elle puisque les gens ne se cachaient pas vraiment pour en parler. - Évidemment que j'ai pensé à Odessa. Je crois que j'ai tout foutu en l'air, avec elle. Et Jaileen en était désolé pour lui. En signe de réconfort, si on pouvait appeler cela comme ça, la demoiselle venait oser poser l’une de ses mains sur une épaule de son camarade. Elle ne disait rien. Elle se contentait de gestes plus ou moins explicites. Je pense qu'on se prend vraiment trop la tête, vis à vis de tout ça ... Il n’avait pas tort et le fait de le reconnaitre donnait des boutons à la pseudo princesse. Elle préférait faire mine de n’avoir rien entendu. - Je propose qu'on aille se baigner. Bonne idée. Ou pas. Elle grimaçait. « J’ai pas mon maillot sur moi. » se justifiait-elle d’une toute petite voix.