Benjamin & Tifenn
21 avril à 23h12

Il y a deux semaines, Tifenn était au plus bas parce que Joanès avait quitté l’aventure. La semaine dernière, c’était à cause d’un vilain rhume que la demoiselle avait passé la plupart de son temps au fond de son lit. Elle n’avait même pas eu l’occasion de fêter son anniversaire. Même pas souffler une petite bougie sur un biscuit. C’est triste. D’autant plus qu’elle avait vécu cette journée spéciale loin des siens et que la vie ici commence sérieusement à lui peser. Elle a envie de tout plaquer, mais elle ne le fait pas. Elle se doit d’aller le plus loin possible. Sans un mot la gamine traversait le domaine avec un muffin à la main sur lequel se trouvait une seule et unique bougie. Elle avait une sale mine la petite. Elle n’était pas au top de sa forme. Toujours aussi silencieuse, Tifenn venait s’asseoir en tailleur au bord du bassin. La capuche de son sweat, bien trop grand pour son petit corps de crevette, sur la tête, elle venait allumer la bougie d’un coup de briquet. « Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Tifenn, joyeux anniversaire. » Sa voix est basse. Ses pupilles azures observent la flamme durant quelques secondes. « En retard. » qu’elle ajoute toujours aussi bas avant de souffler dessus délicatement. Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres. Le gâteau toujours entre les mains, l’allemande tremble un tout petit peu. Il fait nuit et pas franchement très beau. Elle a un petit peu froid. Son regard se perd sur l’horizon. Elle n’en peut plus la p’tite. Elle est au bout du rouleau. Elle se demande même ce qu'elle fait là. Finalement elle est toujours aussi mal à l'aise qu'au début.

Je ne trouve plus mon paquet de clopes. C’est con, je pourrais bien aller m’en chercher un nouveau dans le cellier, mais en même temps, je l’avais tout juste commencé aujourd’hui. Et puis, j’ai une bonne idée d’où il doit être. J’ai passé l’après-midi dans le jardin avec Babou, ça me semble logique que je l’ai laissé là-bas. Je prends donc le chemin vers le jardin, trouvant effectivement mon précieux paquet à la même où je l’ai laissé. J’en profite pour en griller une, marchant, errant et profitant de l’air tout de même assez lourd de la nuit. Mes yeux captent une personne près de la piscine et je me demande qui peut avoir envie de se baigner à cette heure-ci. Curieux, je décide de m’approcher, prêtant oreille à la personne, fille, qui chante bonne anniversaire. Hm… Ok. À pas de loup, j’avance encore un peu, reconnaissant Tifenn, assise par terre, soufflant une bougie. Elle venait bien de dire en retard, donc, son anniversaire n’était pas aujourd’hui. Je devrais peut-être la laisser seule, pourtant, je décide de m’annoncer. « C’est trop gentil, tu n’aurais pas du. Mais habituellement, on laisse la personne dont c’est l’anniversaire souffler la bougie ! » C’est la règle. Évidemment, je sais bien que ce gâteau ne m’était pas destiné, mais voilà que, coïncidence, c’était mon anniversaire hier. Je m’installe aux côtés de mon ancienne partenaire, remarquant sa petite mine. « T’en fais une de ces tête, pour une fêtée ! Tifenn, c’est le temps de retrouver le sourire, maintenant. » Depuis que Joanes est partie, elle est dans la déprime la petite.

C’est peut-être un petit peu stupide de souffler ses bougies une semaine après la date de son anniversaire, mais ça lui redonne le moral tout de même. Pas des masses, mais un petit peu quand même. Elle aurait bien aimé être toute seule pour ce moment spécial, mais une voix masculine qu’elle connait plutôt bien, pour avoir eu l’occasion de partager le lit de ce mâle pendant deux semaines. « C’est trop gentil, tu n’aurais pas du. Mais habituellement, on laisse la personne dont c’est l’anniversaire souffler la bougie ! » Tifenn ne comprends pas tout de suite. Elle observe son camarade en fronçant les sourcils. Pourquoi il ne veut pas que la gamine souffle ses bougies ? Après tout, même si elle le fait avec un peu de retard, ça reste toujours son anniversaire. Elle a tout à fait le droit de le fêter quand elle a envie. Même six mois après si l’envie lui prends. Ou alors il a une très bonne raison de dire ça. Une raison qui se trouve qu’il a peut-être prit un an de plus il y a peu de temps. « C’était mon anniversaire la semaine dernière. » Sa voix est basse et timide, comme à son habitude. « Mais tu … Il est quand le tien ? » Parce qu’elle n’oublie pas un seul instant que c’est peut-être aussi celui de son ancien partenaire et que donc elle se doit de lui faire un cadeau. Enfin là, elle n’a rien sous la main donc il devra se contenter d’un muffin. Elle reste silencieuse un instant et n’ose pas regarder son camarade. En revanche, l’allemande sent bien que Benjamin est en train de l’observer avec une certaine insistance. Elle n’ose pas lui demander ce qu’il se passe. Elle a bien trop peur qu’il lui fasse un reproche. Alors elle reste avec son muffin entre les mains et laisses ses pupilles se balader sur l’horizon. Il brise le silence. « T’en fais une de ces tête, pour une fêtée ! Tifenn, c’est le temps de retrouver le sourire, maintenant. » Voilà, un reproche. Elle sait très bien de quoi il parle. Joanès. Il n’y a pas besoin de lui faire un dessin à la p’tite. Elle devient toute rouge et elle baisse la tête comme si elle venait de faire une bêtise. « Je sais. » Tifenn ne sait pas si elle peut se confier à Benjamin, mais elle a envie de le faire. « Seulement j’ai l’impression que tout le monde ne me voyait qu’à travers lui et … je ne sais pas comment faire pour montrer que je peux très bien exister sans lui ici à mes côtés. » Voilà, c’est dit.