speak freely or don't speak at all
ft. Amy & Maxence

La dernière fois que j'avais fait mon sac, c'est à dire il y a quinze jours, je m'étais dit que le plus pratique serait encore de ne pas le défaire et de m'éviter ainsi d'avoir à revivre une énième fois le fait de courir après mes affaires le samedi et le dimanche en espérant n'avoir rien oublié. Et puis entre temps j'avais comme d'habitude perdu toutes mes bonnes résolutions, et aujourd'hui impossible de remettre la main sur ma veste. Pas n'importe laquelle, on ne pouvait pas la louper ou la confondre avec une autre, rouge et blanche, et à l'effigie des JO d'Albertville ; Je l'avais piquée au paternel un jour, et j'avais plus ou moins oublié de lui rendre. Oublié, ouais. Et là ça m'emmerdait bien de ne pas remettre la main dessus, disons que c'était pas comme un tee-shirt ou une paire de chaussette, j'y tenais assez ... Du coup j'étais là, au milieu du dressing, à retourner l'intégralité de mon sac, éparpillant mes affaires autour de moi sans trouver ce que je cherchais. C'est comme ça que j'étais tombé sur mon portefeuille, jusque là planqué au fond de mon sac ... Enfin non, pas "planqué" mais disons que j'avais déjà failli le perdre une fois pendant les castings à Dublin alors je ne tenais pas à réitérer l'expérience. Je vais pas dire que c'était ma vie ce portefeuille mais bon, y'avait quand même mon passeport, mon permis, ma carte de presse, ma carte bleue, une ou deux photos, un vieux ticket de métro, un emballage de chewing-gum vide ... Ouais, faudrait que je pense à faire le tri dedans un jour. Mais pas aujourd'hui, je devais déjà retrouver ma veste. J'étais presque tenté de regarder dans les affaires des autres mais bon, je sais que moi j'apprécierais plus que moyennement que l'on vienne mettre son nez dans mes affaires, alors j'allais m'abstenir. Un peu irrité d'avoir mis le bazar dans mon sac pour rien au final, j'avais commencé à ranger quand la porte avait grincé derrière moi. Me retournant machinalement j'avais trouvé Amy sur le pas de la porte ... Et je n'avais rien dit. Je crois qu'elle m'évitait, ou alors c'était moi qui l'évitais ... Je ne savais pas trop. Et ça m'emmerdait, si j'étais totalement honnête, parce que je l'aimais bien Amy et que ce n'était pas vraiment quelqu'un avec qui j'avais envie de me fâcher. Mais bon, comme j'étais pas non plus le genre à être sur le dos des autres je préférais la laisser tranquille. Lui tournant donc à nouveau le dos j'avais attrapé certaines des mes affaires pour les entasser dans mon sac avant de pousser le reste sans ménagement dans ma partie du dressing ; Je rangerais plus tard. Quand j'aurais retrouvé cette fichue veste.

Je n'ai plus de secret. Plus d'argent. Plus de moral. Maxence m'a prit ces trois choses. J'ai dis que je ne lui en voudrais pas mais... Je crois que j'ai surestimé mes capacités. Trouver le secret de Ben, révéler une partie de ma vie douloureuse ne lui avait donc pas suffit ? Non il lui en fallait toujours plus. Et tant pis si je suis un dommage collatéral. Le jeu avant l'amitié. Je sais que c'est hypocrite de ma part de m'attendre à ce qu'il fasse passer les sentiments en priorité, quand de mon côté je n’hésiterais pas à faire la même chose. Sauf que moi je suis bourrée de défauts, alors que de Maxence j'espérais un peu mieux. D'autant qu'il na pas besoin de cet argent comme moi j'en ai besoin. Du moins il me semble. Et puis remuer ce passé… Me forcer à tout déballer…C’est me replonger dans un passé que j’ai envie d’oublier. Mais qui malheureusement ici ne cesse de me rattraper. Encore et encore. Donc ouais, cette semaine, je ne suis pas au top de ma forme. J’évite Maxence. Benjamin. A vrai dire j’évite beaucoup de monde, voulant être seule. Mais je suis bien obligée de croiser des gens, de faire ma sociable de temps en temps. Et de jouer à tout va bien dans le meilleur des mondes.
En ce début d'aprem, je viens de finir de manger. J’ai comme projet de me rendre à la plage. Je passe par le dressing pour me changer et me mettre en maillot. Je tombe sur Maxence. Il me regarde un instant, puis m’ignore. Bien. Je choisis de l’ignorer aussi. Je passe à côté de lui, et me rends à mon coin dressing, qui se trouve non loin de lui. Je cherche nerveusement mon maillot. Mais je le trouve pas. Ça m’agace et je balance toutes mes affaires rageusement derrière moi pour le chercher. Je vais bien, tout va bien. Je fiinis par m’arrêter, me rendant compte que je suis ridicule de m’attaquer sur ces pauvres vêtements. En plus je viens de me rappeler que mon maillot est dans la salle de bain. « C’était le mauvais choix. » que je dis finalement brisant le silence.

Que je fasse le choix de ne pas adresser la parole à Amy ne voulait pas dire que j'entrais dans son jeu, parce que si cela ne tenait qu'à moi je l'aurais déjà fait ... Mais bon, comme je savais que j'avais neuf chances sur dix de me faire envoyer sur les roses, et que j'avais pas en plus envie de passer pour le connard qui versait du sel sur ses plaies, je préférais fermer ma gueule. C'était ce que je faisais depuis plusieurs jours, jusqu'à présent cela n'avait pas trop mal réussi, alors voilà. Bien elle m'ignorait aussi, au moins nous étions sur la même longueur d'onde. Continuant de rassembler mes affaires, ou plutôt de les entasser dans un coin - méthode de rangement Maxence, le retour - j'observais pourtant la jeune femme du coin de l’œil, sans pouvoir m'en empêcher. J'avais presque envie de tenter une approche malgré tout ... Ou pas, si elle s'en prenait à moi comme à ses fringues je craignais pour mon intégrité physique, finalement. « C’était le mauvais choix. » Inutile qu'elle précise à quoi elle faisait référence, j'avais compris. Elle m'avait demandé de faire le bon choix et moi j'avais ... fais un choix. Pas le bon, de toute évidence. Du moins de son point de vue. « Le mauvais choix parce que tu aurais voulu que je fasse le contraire ... » que j'avais alors commencé sur le ton de la question, marquant une légère pause avant de terminer « ... ou le mauvais choix objectivement, parce qu'à ma place tu n'aurais pas fait exactement la même chose ? » Allez oui, qu'elle essaye de me faire croire que si la situation n'était pas inversée elle n'aurait pas fait exactement comme moi. Alors qu'elle m'avait elle-même avoué il y a quinze jours que si elle avait une piste sur mon secret elle n'hésiterait pas à l'exploiter ; Ce même soir où elle m'avait aussi assuré que c'était le jeu, que son secret devrait bien sortir à un moment ou un autre et que quitte à ce que quelqu'un le trouve elle pourrait se faire au fait que ce soit moi. Elle avait parlé un peu vite, de toute évidence. « T'es un peu injuste. » Oui, je disais ça comme ça, je m'en foutais si ce n'était pas délicat, vu que tout de façon elle me prenait déjà pour le roi de l'indélicatesse, maintenant. « Tu veux te persuader que je t'ai forcé à revenir sur quelque chose dont tu n'avais pas envie de parler et que tu aurais voulu garder pour toi ... Mais tu penses qu'il se serait passé quoi, dans quinze jours ? » La même chose, elle aurait du tout déballer de la même façon, en plein prime, et ça n'aurait pas été moins douloureux pour elle ou pour son frère. Mais soit, si elle voulait se trouver un responsable, quelqu'un à qui reprocher sur humeur de la semaine, je pouvais le comprendre aussi. Je crois. « Je remets pas en cause le fait que ce soit difficile pour toi, et je comprends même que tu m'en veuille, je crois. » Même si j'avais espéré que non. Parce qu'elle me l'avait dit et que j'y avais cru, faut croire que j'étais con, ou bercé de douces illusions. Ou les deux. « Mais t'as choisi ton secret en t'inscrivant ici. Raconter ton histoire, t'as choisi de le faire toute seule. » Voilà, maintenant si elle m'en voulait libre à elle, mais qu'elle n'oublie pas que cette situation là elle l'avait créée elle-même le jour où elle avait décidé de participer à cette émission. J'avais fini par me lever, laissant mon sac dans un coin ; J'étais planté là, au milieu du dressing, en sachant que je ferais mieux de déguerpir mais sans parvenir à décoller mes pieds du sol. « Je suis désolé. » Ouais, y'a deux secondes je jouais à l'intraitable et là j'étais désolé, allez comprendre. Même moi je ne comprenais plus trop. Je ne savais même pas si c'était de l'avoir buzzée ou de tout ce que je venais de lui dire, dont j'étais désolé. Mais je l'étais, qu'elle me croit ou non. Je ne lui demandais même pas de me croire de toute façon, je savais que ça ne serait pas le cas.

Je brise le silence et prend la parole. On ne va pas s’ignorer éternellement. Et mine de rien, je crois qu’il faut que ça sorte. « […]... ou le mauvais choix objectivement, parce qu'à ma place tu n'aurais pas fait exactement la même chose ? » A sa place. Il faut voir dans quel sens…Parce que oui, je n’aurais pas hésité à le buzzer, à valider. Mais si j’étais réellement à sa place, dans sa position, avec sa vie, sa cagnotte remplie, et qu’en face de moi j’avais cette candidate…Avec son passif, et son besoin d’argent…Et que ça serait quelqu’un auquel je tiens en plus…Et que je savais qu’elle risquerait de le prendre mal. Je n’aurais probablement pas prit la même décision que lui. « Le mauvais choix de toutes les manières possibles. » Sauf pour sa cagnotte et son ego, je suppose. Il déclare que je suis injuste. Comme si je ne le savais pas. Tu veux te persuader que je t'ai forcé à revenir sur quelque chose dont tu n'avais pas envie de parler et que tu aurais voulu garder pour toi ... Mais tu penses qu'il se serait passé quoi, dans quinze jours ? » Pourquoi quinze jours ? Ah oui, il veut surement parler du fameux prime ou les gens révèlent leur secret. « Dans 15 jours j’aurais eu soit toujours ma cagnotte. Soit j’aurais été dehors. » Et je ne serais pas revenue pour raconter mon secret. A l’écouter c’est moi qui ait décidé tout ça. Lui il ne fait que suivre le jeu. C’est vrai, en partie. Mais le truc c’est qu’il n’est pas seulement question de déballer mon passé…Il se dit désolé. « T’as pas compris que je suis ici pour le fric ? Que la seule p’tain de raison pour laquelle j’accepterais de balancer mon histoire en pature au monde entier, c’est pour le fric ? Pas parce que je ressentais le besoin d’en parler ou je ne sais quelle connerie. » Parce que croyez moi que je m’en serais passé de cette étape, aisément. « Donc ouais, j’ai choisi mon secret. Mais Benjamin ne devait pas être là. Il ne devait pas être là à me rappeler constamment mon passé…A être un indice ambulant. Sans lui, vous n’auriez jamais trouvé mon secret. » Parce que je n’en aurais jamais parlé. Mais la avec benjamin…la tâche leur est devenue tellement facile. Je peux pas cacher mes sentiments à son égard. C’est trop violent. « Ce n’était pas censé se passer comme ça… » Je crois que si on me redemandait aujourd’hui de participer au jeu, en sachant qu’il y aurait Benjamin, je refuserais. « Je t’en veux d’avoir fait passer le jeu avant le reste. Avant moi. Tu savais très bien que je le vivrais mal » Même si je lui ai dis que je ne lui en voudrais pas. Il devait s’en douter. Déjà je lui aais dis que j’aurais les boules énormes. Et lors de la confront, il a bien du comprendre que la pilule passait mal. « Je pensais que tu tenais un peu à moi. Je pensais… » Oui je pensais beaucoup de choses. Je me sens un peu ridicule d’avouer ça. « ..suffisamment pour pas que t’ailles au bout. Que t’étais ce genre de mec qui se souciait plus du bien être de l’autre, que de la fierté de trouver un secret… » Erreur. Soit sur le fait qu’il est ce genre de mec, soit sur le fait qu’il tienne à moi. Ou alors à l’évidence pas assez. « Et crois pas, je sais que je suis complètement injuste avec toi…D’autant que je t’ai dis que je ne t’en voudrais pas. Je le pensais sur le moment mais…je me suis surestimée. » Pourtant pas dans mes habitudes de me voir meilleure que je ne suis. Au moins, ais je consciense d'être injuste avec lui, c'est déjà ça.

Même si elle n'avait pas brisé le silence la première je pense que j'aurais fini par le faire, peut-être pas là, tout de suite, mais à un moment ou un autre au cours de la semaine j'aurais fini par me jeter à l'eau si elle ne l'avait pas fait. Pourtant j'étais plutôt du genre à faire l'autruche et à éviter les conflits d'habitude, courageux mais pas téméraire je vous l'accorde, mais là la vérité c'est que ça m'emmerdait sincèrement, d'être fâché avec Amy. C'était pas comme se fâcher avec Esteban ou Krisjana, ça j'ai envie de dire que ça ne m'empêcherait pas de dormir, c'était plutôt comme se fâcher avec Ulysse ou Danica ... C'était nul, en somme. Mais comme je me sentais nul, aussi, disons que tout était assorti. « Le mauvais choix de toutes les manières possibles. » Soit, si elle voulait. Je ne sais pas toute fois si elle réalisait à quel point son discours avait bien changé, depuis la dernière fois. Pour un peu que j'ai des soucis de mémoire j'en serais presque venu à croire que cette conversation n'avait jamais eu lieu, mais puisque je n'étais pas encore sénile je savais que je n'avais pas rêvé. Et que c'était surtout elle qui avait carrément changé de bord dans son discours. « Dans 15 jours j’aurais eu soit toujours ma cagnotte. Soit j’aurais été dehors. » Et son secret aurait été le même, ici ou dehors. Il aurait aussi probablement fini par se savoir, de toute façon, qu'elle en parle ou non, parce que la production elle, veillerait bien à ce qu'il soit connu. L'audimat, les téléspectateurs, tout ça ... Je crois que je ne vous apprenait rien, hein. C'était bizarre en fait, parce que j'étais amer mais malgré tout je savais que je ne lui en voulais pas ; Elle n'avait rien fait pour, faut dire, j'aurais pu lui en vouloir parce qu'elle m'en voulait, mais cela n'avait aucun intérêt. J'étais désolé. Pour ce que je venais de dire surtout, et la façon dont je l'avais dit. Probablement qu'elle n'en avait rien à foutre, mais au moins je l'aurais dit. Mais je crois que j'étais un peu à côté du "vrai" problème en fin de compte ; Elle était là pour l'argent, uniquement. C'était ce qu'elle me disait, en gros, ça et le fait que si son frère n'avait pas été démarché par la production son secret n'aurait peut-être jamais été découvert. Peut-être pas, c'est vrai. Ou peut-être que si, on ne saurait pas, et de toute façon à cet instant-là ce n'était pas de Benjamin que je me souciais ... Pas que je n'ai pas un peu d'empathie à son égard, j'étais pas un monstre non plus, mais si vous me demandiez de choisir entre arranger les choses avec lui ou avec Amy mon choix était vite fait. Est-ce qu'il y avait encore quelque chose à arranger, c'était là toute la question ... C'était pas de mon ressort, ce n'était pas moi qui pouvait répondre à cette question. « Ce n’était pas censé se passer comme ça … » J'avais baissé les yeux vers le sol, passant machinalement une main sur ma nuque, relevant finalement la tête quand Amy avait repris « Je t’en veux d’avoir fait passer le jeu avant le reste. Avant moi. Tu savais très bien que je le vivrais mal. Je pensais que tu tenais un peu à moi. Je pensais … suffisamment pour pas que t’ailles au bout. Que t’étais ce genre de mec qui se souciait plus du bien être de l’autre, que de la fierté de trouver un secret … » Elle n'y était pas du tout, ça n'avait rien à voir avec une question de fierté. C'était certes un peu plaisant d'avoir réussi à mettre ses indices bout à bout et d'avoir réussi à me démerder, ça faisait se sentir pas trop con, mais c'était loin d'être la raison principale. « Et crois pas, je sais que je suis complètement injuste avec toi … D’autant que je t’ai dis que je ne t’en voudrais pas. Je le pensais sur le moment mais … je me suis surestimée. » C'est le moins que l'on puisse dire, oui. Mais je crois que je comprenais ... Avec les explications qu'elle venait de me donner je comprenais, je crois, même si je ne me sentais pas moins amer, et moins déçu. Moins fautif, aussi. « Je comprends. » Je préférais le préciser, qu'elle n'essaye pas de croire que je me trouvais des excuses ou que je lui jetais la pierre, parce que ce n'était pas le cas. Ce n'était pas le cas avant, et ça l'était encore moins maintenant. « Je suis parti du principe que quand on vient dans ce genre d'émission on accepte les risques dès le départ, ou alors on agi en conséquence. Je sais que y'a des trucs dont j'aurais jamais accepté de parler, encore moins à la télévision, mais ces trucs-là y'a toujours été hors de question que la production en entende parler. » De toute façon j'avais été très clair avec mon rédacteur là-dessus, avant de céder et d'accepter d'aller à Dublin. J'allais pas là-bas pour étaler n'importe quoi à propos de ma vie, je refusais de rouvrir des plaies que j'avais mis parfois des années à faire cicatriser. « Le secret que j'ai choisi de défendre ici je l'assume, j'ai accepté le fait qu'il soit dévoilé. Je pensais juste que c'était pareil pour toi, que ... je sais pas, que tu y avais vu l'occasion de te débarrasser d'un poids, ou j'en sais rien. » Et si elle ne l'avait jamais envisagé de cette façon alors je comprenais qu'elle m'en veuille, effectivement. Même si je ne comprenais pas trop qu'on puisse prendre le risque de devoir de toute façon révéler quelque chose que l'on voulait garder enfoui, qui faisait trop mal, on qu'on n'assumait pas. « Si y'a deux semaines, quand on en a parlé, tu m'avais dit cash "j'ai trop morflé avec celui de Benjamin, je sais pas si je pourrais gérer que le mien soit révélé aussi" j'aurais pas insisté, et je t'aurais pas buzzée de nouveau. Parce qu'effectivement tu fais partie des personnes ici auxquelles je tiens. » Même encore maintenant, et même si ce n'était plus réciproque. Et même si cela me faisait bizarre de dire ça, parce que c'était pas le genre de trucs que je disais à voix haute, d'habitude. Après elle me croyait ou elle ne me croyait pas, mais c'était la vérité. Quand elle m'avait dit qu'elle aurait les boules je l'avais compris comme si n'importe qui d'autre me l'avait dit, parce que c'était toujours un peu rageant de perdre son secret, après tout le but du jeu c'était quand même de le garder ... Mais bon, juste ça, rageant. « Même si je reste aussi persuadé que si je l'avais pas fait, quelqu'un d'autre l'aurait fait à ma place. Teddy l'avait aussi, c'était probablement pas la seule ... » Alors oui, sans doute que j'avais envie d'être celui qui buzzerait plutôt qu'un autre, je pense que c'était légitime, c'était le jeu. Et j'étais venu là pour jouer, cela faisait partie du deal, je n'étais pas là pour enfiler des perles, même si parfois fallait que je me force pour me rappeler que je n'étais pas là totalement en vacances. « Et y'a jamais été question que je profite de ma cagnotte alors ne t'en fais pas, si c'est ce qui t'inquiétait la tienne n'a pas disparu » Comprenne ce qu'elle voulait, je ne savais même plus si c'était à elle que j'avais expliqué le topo, le pourquoi du comment quelque soit ma cagnotte je ne pourrais de toute façon pas la garder pour moi, peut-être que c'était à Danica ... Quelle importance, j'étais pas là pour l'argent. J'en avais pas moins besoin que quelqu'un d'autre, fallait pas croire que mon métier me procurait un salaire de ministre, mais comme j'étais arrivé en sachant déjà que je jouais à blanc, je n'aurais pas le sentiment de perdre quoi que ce soit. On ne perdait que ce qu'on avait possédé, après tout.

Je comprends. Bien. « Je suis parti du principe que quand on vient dans ce genre d'émission on accepte les risques dès le départ, ou alors on agi en conséquence. Je sais que y'a des trucs dont j'aurais jamais accepté de parler, encore moins à la télévision, mais ces trucs-là y'a toujours été hors de question que la production en entende parler. » Hm je suis censée le prendre comment ? Si tu veux jeter ta vie privée en pature à la télé, il faut assumer derrière ma cocotte ? C’est un peu comme ça que je le vois. Mais bon, je le pense de toute façon. Il pensait que si j’étais venu avec un secret pareil, c’était pour me débarasser d’un poids. A l’évidence il pensait mal. « Si y'a deux semaines, quand on en a parlé, tu m'avais dit cash "j'ai trop morflé avec celui de Benjamin, je sais pas si je pourrais gérer que le mien soit révélé aussi" j'aurais pas insisté, et je t'aurais pas buzzée de nouveau. Parce qu'effectivement tu fais partie des personnes ici auxquelles je tiens. » Peut être aurais je du adopter cette attitude. Jouer la carte de l’affect’. Mais ce n’est pas mon genre. Je n’allais pas le supplier de ne pas me buzzer de nouveau.   « Me débarasser d’un poids ? Je l’ai toujours ce poids, c’est pas en parler ici qui va m’aider… » Je ne suis franchement pas venu ici dans des buts thérapeutiques. D’autant que ce n’est pas un truc que j’ai gardé pour moi durant ces dernières années. J’ai mon groupe de soutien, les NA, avec qui je peux tout partager, sans qu’ils me jugent. « Je ne suis pas conne, j’ai accepté le fait qu’il serait révélé… » Forcément. Je savais à quoi m’attendre en venant ici. Un minimum du moins, parce que je n’avais pas prévu la présence de Benjamin qui a un peu tout chamboulé. « T’as pas compris… » Non je n’ai pas l’impression. « Si j’ai accepté d’entrer avec ce secret…C’est juste pour le fric. » Je l’ai dis y a une minute, mais je ne suis pas sure qu’il ait saisi. « J’assume mon secret, j’assume beaucoup moins de m’en servir à la télévision… » Pas un truc dont je suis fière. « Et tout ça pour quoi ? Me retrouver avec une cagnotte vide à la fin… » Sans parler du fait que je me défonce lors des primes, à participer à tous les défis à la cons, ridicules, et là…pouf, envolé. Oh je sais bien, c’est stupide, de toute façon il y a très peu de chances que je la valide cette cagnotte. Mais qui a dit que j’étais une femme rationnelle ? « Je ne suis pas persuadée que quelqu’un d’autre m’aurait buzzé…Faudrait déjà qu’ils s’y intéressent pour ça. » Et regardez, Teddy avait décidé que non finalement ça ne l’intéressait pas de confirmer. Et le reste ? Je ne suis pas sure qu’ils portaient assez d’attention à ma personne pour aller me buzzer. « Je pensais que t’aurais eu ton compte avec Benjamin. » Mais ça ne lui a pas suffit, non. « Et y'a jamais été question que je profite de ma cagnotte alors ne t'en fais pas, si c'est ce qui t'inquiétait la tienne n'a pas disparu » C’est censé me rassurer ? « Raison de plus d’avoir les boules si t’en fais rien de ta cagnotte. » Si ce n’est même pas utilisé à bon escient… « Tu ne comptes pas parler de moi dans ton reportage, j’espère. » Je sais qu’il n’est pas dans ce jeu pour se tourner les pouces. D’ailleurs ça a quelque chose de dérangeant de savoir qu’on est un peu le sujet de ses études.

Spoiler:

En fait ça commençait à m'agacer, qu'elle me regarde et qu'elle me parle comme si d'un seul coup j'étais devenu un type calculateur et dont on ne pouvait que se méfier. Je comprenais qu'elle soit contrariée mais quand même, j'avais espéré au moins le bénéfice du doute plutôt que de la voir conclure directement que j'avais agi parce que je n'en avais rien à foutre. Bah oui, j'avais passé neuf semaines à me rapprocher d'elle uniquement pour la dépouiller, c'était tellement mon style en plus. « Me débarrasser d’un poids ? Je l’ai toujours ce poids, c’est pas en parler ici qui va m’aider … » Oui bah, désolé de ne pas être extra-lucide et de ne pas être dans sa tête pour savoir ce qu'elle pensait ou ce qu'elle ressentait, hein. « Je ne suis pas conne, j’ai accepté le fait qu’il serait révélé … » Bon, alors dans ce cas là en quoi le fait que ce soit moi ou quelqu'un d'autre y change quoi que ce soit ? Je comprenais pas trop. « T’as pas compris … » Oui non, de toute évidence il allait falloir qu'elle m'éclaire. « Si j’ai accepté d’entrer avec ce secret … C’est juste pour le fric. J’assume mon secret, j’assume beaucoup moins de m’en servir à la télévision … Et tout ça pour quoi ? Me retrouver avec une cagnotte vide à la fin … » Oui bah ça va, on l'aura compris à force, qu'elle n'était là que pour le pognon et rien d'autre. Ça me persuadait juste encore plus que si elle avait eu l'occasion de me buzzer pour récupérer ma cagnotte et celle de son frère elle l'aurait fait, et là elle n'aurait pas trouvé que c'était le mauvais choix. « Et c'est en me disant ça que tu espères me faire croire que si la situation inversée tu n'aurais pas validé, uniquement pour gonfler ta cagnotte ? » Je disais même pas ça d'un ton accusateur, j'étais juste ... déçu, je crois. Qu'elle me reproche à tort de l'avoir buzzée juste pour récupérer ses sous, alors que c'était elle qui depuis tout à l'heure faisait tout un plat d'une cagnotte qui, rappelons-le était totalement fictive. Elle ne ressortirait pas moins riche qu'avant d'être arrivée sur cette île, je ne sais pas si elle en avait conscience. « Je ne suis pas persuadée que quelqu’un d’autre m’aurait buzzé … Faudrait déjà qu’ils s’y intéressent pour ça. » Et c'était de ma faute, si certains avaient l'air d'avoir carrément oublié que c'était un peu le but du jeu à la base, chercher les secrets des autres ? Si ils avaient juste envie de galérer trois mois sur une île c'était à Koh-Lanta qu'il fallait s'inscrire. « Je pensais que t’aurais eu ton compte avec Benjamin. » Oui c'est vrai, mais j'étais tellement assoiffé de fric et de reconnaissance voyez-vous, je n'avais pas pu résister forcément. Pour une cagnotte à laquelle je n'avais même pas droit en plus, c'était parfaitement logique. « Raison de plus d’avoir les boules si t’en fais rien de ta cagnotte. » J'avais secoué la tête, c'était elle qui n'avait rien compris en fin de compte. Et je n'étais pas certain d'avoir envie de lui expliquer clairement et par A + B pour quelle raison elle n'avait rien compris « Et tu penses qu'elle va aller à qui, cette foutue cagnotte, si je la valide ? » Je regrettais déjà d'avoir dit ça. Même si en fin de compte la réponse coulait un peu de source. Ulysse était jeune, Danica avait besoin d'argent, Amy aussi ... Peut-être que je pourrais aussi en filer un peu à RSF, aussi. Ça je doutais qu'on puisse m'en empêcher. Secouant la tête à nouveau, j'avais fini par tourner le dos en soupirant. J'avais pas envie de m'engueuler, sincèrement, pas avec elle, alors je préférais jouer le repli ... Tant pis si cela donnait envie à Amy de rajouter lâche ou trouillard à la liste des nouveaux qualificatifs qu'elle voulait me donner, hein. Je m'étais dirigé vers la porte sans un mot de plus « Tu ne comptes pas parler de moi dans ton reportage, j’espère. » Je m'étais arrêté dans l'encablure de la porte. Y'a une semaine elle ne m'aurait pas posé cette question, ou pas avec ce ton là du moins. Je n'avais même pas pris la peine de me retourner pour répondre, c'était mieux de toute façon, comme ça elle ne verrait pas que sa dernière réflexion était un peu le coup de grâce ... Je ne sais pas si elle avait conscience d'à quel point c'était blessant, de voir qu'elle avait changé d'avis sur moi en si peu de temps. « Pourquoi, t'as peur que j'en veuille à ton intégrité morale en plus d'en vouloir à ton fric ? » Elle la saisissait, là, l'ironie ? J'avais dégluti « Si tu penses que j'ai passé neuf semaines à me rapprocher de toi ou de quelqu'un d'autre uniquement pour vous berner, je pense pas que le fait que je te dise que t'as rien à craindre de ce que je pourrais écrire sur toi ou sur d'autres change quoi que ce soit, non ? » Elle s'était déjà fait un avis sur la question de toute évidence, alors à quoi bon gaspiller ma salive. Je l'aimais bien Amy, mais là valait mieux que je m'en aille avant de finir par dire un truc que j'allais regretter.

sujet terminé pour maxence