fear for the nightwatch man
ft. Jouko & Maxence

Je dormais mieux depuis que j'étais de retour dans le nid. Sincèrement, ces quatre jours dehors entre dimanche et jeudi m'avaient fait un bien fou sur certains points - avoir des nouvelles de mes proches, prendre un peu de recul, tout ça - mais mon sommeil lui avait été un peu mis à mal. Peut-être que mon inconscient, sachant que j'étais tout seul dans ma chambre et dans mon lit, avait subitement décidé de s'en donner à cœur joie en me balançant à la gueule tout ce dont il s'était privé pendant dix semaines ... Et depuis que j'étais de retour dans le nid plus rien. Je ne faisais que refuser l'obstacle, je savais bien que dans un peu plus d'une semaine maintenant je devrais refaire face au même souci, mais fuite en avant c'était tellement ma spécialité. Alors pour le moment je n'y pensais pas, je profitais simplement de ma tranquillité tant que je le pouvais encore et ce matin je m'étais même accordé une grasse matinée pareille à celle d'hier matin. D'autant plus que je doutais qu'il en soit de même demain, jour de prime, et entre ceux qui stresseraient pour le résultat des demi-finales, ceux qui stresseraient pour la révélation des secrets et ceux qui accompliraient l'exploit de stresser pour les deux en même temps, il serait sans doute difficile d'espérer être tranquille dans la chambre jusque tard. Mais le souci une fois que t'étais debout c'était qu'il fallait s'occuper, et on ne va pas se mentir le principal inconvénient du nid c'était qu'on tournait rapidement en rond ... Surtout maintenant, avec le nombre de candidats ayant drastiquement diminué. Même les anciens s'étaient cassés, pour la plupart, je crois bien qu'il ne restait plus qu'Ulysse, Babou et moi. En fait j'en étais même pratiquement certain puisque cela faisait une bonne demi-heure que j'observais sans but réel les écrans de la salle de vidéo-surveillance. Je ne cherchais rien en particulier, et ce n'était pas comme si je participais encore à la chasse aux secrets, alors disons juste que je m'occupais comme je pouvais, en observant ... Et non sans me faire au passage la réflexion que regarder ces écrans là et regarder l'émission dehors cela n'avait encore pas grand chose à voir. Machinalement je caressais Tixy, roulée en boule sur mes genoux, et finalement je me disais qu'il ne me manquait qu'un seul truc, là. Et la porte s'était ouverte, est-ce que Dieu venait de m'entendre ... ? « Jouko ! Dis-moi que tu as amené de quoi manger avec toi, et tu seras officiellement la réponse à mes prières. » Je n'étais pas contre un peu de compagnie non plus, d'ailleurs, alors même si il n'avait pas de quoi manger je l'acceptais sans problème, et même je lui avais fait signe de s'installer sur l'autre fauteuil libre à côté du mien. « Je t'ai félicité pour ta place en demi-finale ? Toi et Rowan vous êtes les derniers représentants de la team blonds, je ne sais pas si tu réalises du poids qui pèse sur vos épaules ... Enfin, surtout les tiennes, parce que je soupçonne Rowan d'être une blonde de contrefaçon, mais chut. » Oui, j'arrivais à passer du coq à l'âne et à raconter des âneries tout cela dans la même phrase, avouez que ça demandait un certain talent ... Ou bien une certaine dose de connerie, couplées à un sommeil approximatif, mais n'allez pas croire que je me cherchais des excuses.

J'ai une vie passionnante. Honnêtement, je pense que des fois, je devrais écrire un livre. Ou deux, car ma vie est tellement passionnante que ça ne tiendrait pas en un seul tome. Réellement, je le pense. Non en réalité j'ai une vie naze, il faut être honnête. Je me lève relativement tôt, vers neuf heures - c'est tôt pour les gens ici, mais quelque part je les comprends un peu, je veux dire c'est un peu comme des vacances ici n'est-ce pas ? -, je file direct dans la douche. Incroyable n'est-ce pas ! Après, je fais un petit tour dans le nid, je discute ici et là avec des candidats déjà réveillés. Honnêtement c'est pas la partie la plus intéressante de la journée. Enfin en y réfléchissant bien je crois pas qu'il y en ait réellement, des passages super importants dans l'une de mes journées type. Non il y en a pas du tout. L'après midi, je traine ici et là, parfois je vais faire du sport, dans la salle ou à la piscine. Le plus clair de mon temps je le passe dans le bassin mais je doute réellement qu'on m'en veuille n'est-ce pas. Mais c'est tout. Tout ce que je fais ici. Ah, je dors, parfois. Je fais des siestes, je crois qu'à une certaine heure de la journée mon organisme me demande clairement à se reposer au moins quelques heures durant l'après-midi. Oui je suis une vieille. Enfin un vieux mais vous avez pigé le concept. Ah non ! Il y a un truc que je fais assez régulièrement ! Oui.. je mange. Sans cesse. Du chocolat souvent. Et puis des fois je vais espionner les autres dans la salle de vidéo surveillance. Parfois je fais les deux en même temps. Comme à ce moment même, les bras remplis de paquets de maltesers ou autre M&Ms je pousse la porte de la salle et tombe sur Maxence. Ah, merde.. j'en connais un qui s'ennuie aussi. Je souris. À peine arrivé il me demande si j'ai à manger. Oh ! « Je crois que c'est ton jour de chance ! » je souris et viens déverser ce que j'ai dans les mains sur la table devant lui. Je crois qu'il y a assez pour nous deux, hum. « Je pense que tu vas devoir te faire remercier un jour » oui un jour je ne suis pas pressé, je pense pouvoir attendre encore quelques jours. Mais il a de la chance je ne suis pas exigeant, il peut m'offrir n'importe quel truc je ne le rejetterai pas. Bien. Il m'invite à m'asseoir juste à ses côtés ; je m'exécute. J'en profite pour passer ma main quelques instants sur Tixy qui occupe les genoux de mon camarade et Maxence prend la parole. Oh, non, non, il ne faut pas qu'il me dise ça. Je suis quelqu'un de très stressé, et en vérité si je n'atteins pas la finale alors qu'il me dit ça, je vais le considérer comme un échec. Enfin j'aurais considéré ma très probable élimination comme un échec, bien évidemment, mais là il me lance clairement un défi. Enfin je le vois comme ça. C'est peut-être parce que j'aime trop les défis, je sais pas. « En effet je suis cent pour cent naturel. Tu veux toucher ? » que je dis en penchant légèrement la tête. Je n'ai jamais fait de couleur, ah ça non, je suis un blond de naissance. Ce qui explique aussi que mentalement j'ai une déficience assez incroyable. « Et tu me mets trop de pression, là ! J'ai trop peur de nous déshonorer, nous, les blonds ! Ce serait trop la honte ! » non ? Je trouve que si ! Il faut en effet un représentant des blonds je suis d'accord, mais imaginez cependant que ni moi ni Rowan n'y accède.. ah non ils nous en voudraient trop. Je pense qu'on aurait tous du faire un pacte dès le début, le gang de blonds, et puis on aurait gagné, pour une fois. Bah oui les bruns gagnent tout le temps j'ai l'impression.. c'est pas très marrant uhm. Quant à Rowan je ne sais pas si c'est une fausse blonde ou pas mais je pense également que c'est le cas. Elle a des racines brunes, je pense donc que c'est une traîtresse n'est-ce pas ? « Alors, c'était comment dehors ? Des filles t'ont approché ? T'as fait quoi ? On passe dans les magazines ou pas ? » oui ça m'intéresse beaucoup. Histoire de savoir ce qui m'attend bientôt, hum.

Je n'avais même pas spécialement faim. Comme je m'étais levé tard je n'avais pas déjeuner, et bien que midi soit passé depuis longtemps mon estomac ne m'avait pour l'instant pas encore rappelé à l'ordre. Alors pourquoi au juste est-ce que j'avais parlé de nourriture à peine Jouko avait-il mis les pieds dans la pièce, comme s'il s'agissait qu'une question de survie me direz-vous ... C'était la faute de la salle de vidéosurveillance, en fait. Bah oui, avec un peu d'imagination on pouvait facilement apparenter cela à une salle de cinéma, et une séance de cinéma n'était pas complète si on avait pas un truc à grignoter en même temps qu'on regardait les gens vivre leurs folles aventures sur un écran. Bon autant dire que là, niveau folles aventures y'avait pas grand-chose à se mettre sous la dent, Silas qui fumait une clope sur le balcon, pendant que Krisjana et Jorah mangeaient sur une des tables du jardin et que Titi bronzait sur un transat près de la piscine, c'était pas non plus ce qu'on pouvait appeler palpitant. Raison de plus pour avoir un truc à bouffer, ça rendait le temps moins long ... Et justement, déposant sur la table tout ce qu'il avait dans les mains Jouko venait d'illuminer ma journée. Ou au moins ma pause de midi, si tenté que l'on puisse parler de pause parce qu'ici c'était à croire que nous étions tous en pause à longueur de journées. « Je crois que c'est ton jour de chance ! Je pense que tu vas devoir te faire remercier un jour. » C'est vrai, d'autant plus que si il était véritablement la réponse à mes prières silencieuses de nourriture, qui sait si le Tout Puissant ne déciderait pas de se venger lâchement si jamais je n'accomplissais pas de bonne action envers mon prochain pour le remercier, hm. « Ça tombe bien, je suis encore là la semaine prochaine. Ça me laisse le temps de réfléchir à un truc du tonnerre. » Rien que ça, oui. Ça me rappelait cette discussion avec une gamine - enfin non, mais elle avait l'air d'une gamine - pendant les castings ; La pauvre, j'avais fait des pieds et des mains pour la persuader de me laisser le dernier kinder bueno du distributeur. Et le pire c'est qu'elle avait fini par accepter. Bref, toujours est-il que maintenant que Jouko était là je l'avais invité à s'asseoir à côté de moi, histoire qu'il me tienne un peu compagnie ... Si j'étais revenu malgré mon élimination c'était bien pour profiter des candidats restant encore un peu, après tout. J'en avais d'ailleurs profité pour le féliciter pour sa place en demi-finale et pour lui faire remarquer qu'en tant que dernier vrai blond en course il avait le devoir de nous représenter fièrement, huhu. « En effet je suis cent pour cent naturel. Tu veux toucher ? » Non mais je n'en doutais pas, ça avait l'air trop naturel pour être faux, pas comme Rowan, hein ... Mais soit, il avait penché la tête vers moi comme pour prouver ses dires, et un sourire narquois sur le visage je lui avais arraché un cheveux ou deux avant de me justifier d'un ton innocent « Oh, pardon. Je pensais avoir vu un cheveu blanc. » Et oui je sais, sachant que des cheveux blancs j'en avais sans doute un peu plus que lui c'était l'hôpital qui se foutait de la charité, mais que voulez-vous. « Et tu me mets trop de pression, là ! J'ai trop peur de nous déshonorer, nous, les blonds ! Ce serait trop la honte ! » J'avais acquiescé d'un signe de tête, l'air faussement résigné. C'est vrai que tant de blonds en début de jeu et seulement un en demi-finale, nous n'avions pas vraiment été au point. Y'aurait pourtant eu de quoi faire entre Jouko, Titi, Medhi, Esteban, Nolene, Ulysse, moi ... Mais non, une véritable épidémie. « La honte, c'est tout à fait ça. Probablement qu'après ça tu serais forcé de te teindre en brun, ou de te raser le crâne ... Alors tu sais ce qu'il te reste à faire. Continuer à retirer ton tee-shirt devant les caméras, tout ça ... » Bah oui, il fallait bien donner envie aux minettes d'exploser leur forfait. Manque de bol pour lui la seule fois où j'avais vaguement zappé sur une rediffusion de la quotidienne quand j'étais dehors, Teddy le surinait pour qu'il retire son tee-shirt face aux caméras, la coquine. Mais j'avais rapidement zappé, pas que de savoir ce que faisaient mes petits camarades à l'intérieur ne m'intéressait pas mais j'avais voulu profiter de ces quatre jours pour déconnecter un peu ; C'était pour cette même raison qu'Ulysse et moi n'avions même pas parlé de nos secrets, alors que rien ne nous en empêchait. Et puis j'avais peur que de voir l'émission d'un point de vue extérieur ne nuise à l'essence de ce pourquoi j'étais ici, pour observer le phénomène d'un point de vue interne. En parlant de l'extérieur en tout cas « Alors, c'était comment dehors ? Des filles t'ont approché ? T'as fait quoi ? On passe dans les magazines ou pas ? » C'était une très bonne question. Enfin, de très bonnes questions devrais-je dire. Des questions qu'il aurait peut-être mieux valu poser à Archie ou Faust, dehors depuis plus longtemps que moi et qui avaient vraiment eu le temps de se faire une idée alors que moi ... Pas vraiment, en fait. Pourtant j'avais dans un premier temps décidé de jouer le jeu, secouant la tête presque excessivement avant de répondre « Ohlala si tu savais, c'est la foliiiie dehors. Les magazines te harcèlent à toutes heures du jour et de la nuit, des gens campent devant la porte de ta chambre d'hôtel, les nanas t'arrachent tes vêtements si tu te tiens trop près ... Pfiouu. » Oui hein, tout ça, mon dieu. Marquant quelques secondes de pause pour sonder sa réaction, un air amusé sur le visage, j'avais fini par éclater de rire avant de reprendre mon sérieux « Non, plus sérieusement, j'ai pas vraiment trop eu le temps de me rendre compte, et je suis pas sortit énormément de l'hôtel ... Je suis pas hyper à l'aise dans les grandes villes déjà de base, alors là en ayant passé dix semaines enfermé ici encore moins. Et puis j'avais pas mal de trucs à régler, de coups de fil à passer pour le boulot, de nouvelles à prendre de ma famille ... » Ouais, dans l'immédiat le seul truc qui m'avait importé c'était de pouvoir parler à ma fille, au reste de ma famille, et voilà. De toute façon les retombées médiatiques de l'émission, les magazines, tout ça, je restais persuadé que c'était une question de volonté et que celui qui avait vraiment envie d'y échapper pouvait s'en sortir assez rapidement ... Au pire des cas je serais probablement de nouveau bientôt - j'espérais en tout cas - au Moyen-Orient et là, inutile de dire que personne ne viendrait me parler de Fake Lover.