Ces derniers jours sont bizarres. J'ai un peu envie de pleurer, des fois. Moi, pleurer, s'il vous plait.. ça arrive rarement en plus. Mais bon. C'est un mélange de déception mais aussi d'excitation qui m'envahit. Je ne veux pas partir mais je ne peux pas attendre de voir mes proches. Je suis un peu tiraillé, je l'avoue.. quelle vie difficile j'ai là.. mais il faut tenir bon, c'est la dernière semaine. C'est pas la pire. J'avoue que je suis content d'être encore là, surtout depuis que j'ai décroché ce ticket pour la finale dimanche, qui soyons très clairs je n'avais pas du tout vu venir. Mais je suis ravi cependant ! Il faudrait être fou pour que ce ne soit pas le cas hum. Enfin quoi qu'il en soit, ce sont maintenant les tous derniers jours et je compte bien en profiter. Notamment avec Teddy, parce que j'en ai envie et que c'est surtout la personne qui a le plus marqué mon aventure. J'ai envie de passer un dernier moment avec elle avant que nos chemins se séparent - temporairement je l'espère. Enfin j'imagine. Je la cherche, dans tout le nid. J'ai juste envie de la voir voilà c'est tout. Sauf que je ne la trouve nulle part, jusqu'à ce que je pénètre dans notre chambre et la vois là, occupée à faire je-ne-sais-quoi. Je me moque un peu, pour être honnête, de ce qu'elle peut être occupée de faire, ainsi je la prends par la main et je l'emmène avec moi. Elle va me suivre, elle a intérêt, en fait elle n'a surtout pas le choix. Mais bon. Je l'emmène avec moi à travers tout le nid avant qu'on arrive très vite à la crique secrète. Il n'y a rien, je n'ai rien préparé, c'est juste la crique normale, avec la mer qui vient taper le sable de temps en temps. Oh si il y a bien une bouteille de champagne et deux coupes que je suis venu déposer ici il y a quelques minutes déjà. Je viens nous amener près de l'objet tandis que je prends place, assis, sur le sable, et que j'intime à ma camarade de faire la même chose. « Oui ? » que je lui demande en lui montrant la bouteille. Je demande donc si elle en veut, au cas où elle n'aurait pas compris. Suivant sa réponse, je me sers à mon tour une flute de champagne tandis que je viens la lever en sa direction. « A cette dernière semaine ! » c'est très étrange d'annoncer ça comme ça. Je veux dire.. on a quand même passé trois mois ici. Et à partir de dimanche, ça va se terminer. C'est dur à avaler, mais je pense que toute bonne chose a une fin et Fake Lover en est une. Mon regard maintenant vrillé sur l'horizon, je viens à penser à un truc. « Dis Teddy.. tu fais quoi après la finale ? » par là je veux dire dans les semaines qui suivent. Je suis sur qu'elle veut aller voir ses proches je le comprends tout à fait puisque moi aussi c'est mon cas. Mais je ne veux pas qu'elle m'oublie, par exemple, ce serait trop injuste et triste également. Je sais que ce n'est pas son genre mais mieux vaut prévenir que guérir. D'ailleurs si je nous ai amené dans cet endroit ce n'est pas pour rien ; c'est symbolique pour moi, parce que c'est ici qu'on s'est vraiment rapprochés elle et moi, oui j'en suis convaincu. « Tu vas pas m'oublier hein ? » je veux pas qu'elle m'oublie parce que moi je l'oublierai pas voilà.

La semaine est passée à une vitesse folle et je n’ai pas arrêté de soutenir Jouko tout du long même si je dois l’avoir plus épuisé qu’autre chose. Je suis triste à l’idée de quitter cet endroit, vraiment très triste car bien qu’il se soit vidé petit à petit il était emplit de personnes sympathiques auxquelles je me suis attachée et je sais très bien que certains ne recroiseront jamais mon chemin. Je suis aussi triste parce que vivre en communauté m’a été bénéfique et m’a apporté une certaine sérénité que je n’avais pas ressentie jusqu’alors, remuant moins mes pensées et ma solitude je me sentais plus… normale. Moins vacillante. Je ne maitrise et ne maitriserai jamais ce problème que j’ai mais je me sens mieux vis-à-vis de cela maintenant. Ressassant des milliers de souvenirs acquis en cet antre, je plie soigneusement mes affaires afin de commencer à remplir ma valise. L’heure du départ sera difficile. Jouko intervient alors et me sommant de le suivre je le fais, ma main prisonnière de la sienne. Son attitude est étrange mais je le suis automatiquement parce que ça ne me gêne pas de ne pas savoir où il m’emmène. « Où va-t-on ? » Je suis tout de même une amoureuse des questions alors je lui en pose une. Une seule. Non, une deuxième, je ne peux pas me contenter d’une seule. « Tu veux t’enfuir avant la finale ? » Pour que l’aventure ne s’arrête jamais peut-être ! Non finalement nous arrivons à la crique et je m’étais tue, me contentant de suivre ses pas naïvement. J’aime beaucoup cet endroit. « Tu voulais regarder le coucher du soleil ? » Je l’interroge un large sourire sur les lèvres. Ce sera le dernier, le dernier que nous pourrons regarder d’ici comme avant. J’ai pleins de beaux souvenirs ici, Jouko en ressasse un et autant dire que c’est autant agréable que nostalgique. M’asseyant auprès du finaliste, je souris un peu plus à sa proposition. « Volontiers ! » Il avait donc tout prévu c’était… woaw. Touchant. Je suis très flattée. Nous portons un toast et j’estime qu’il est bon de rajouter autre chose. « A l’aventure ! » Je parle au passé comme au futur car je sais qu’il y en aura d’autres d’aventures surtout si nous restons en contact. Je veux le revoir le plus vite possible après, en fait je voudrais toujours rester avec lui parce que je ne m’ennuie jamais et parce que j’adore être en sa présence mais ce n’est hélas pas possible je le sais bien. En attendant nous trinquons à tout ce que nous avons vécu, c’est incroyable. Vous savez j’ai encore ce t-shirt qu’il m’avait donné le jour de son strip-tease dans la salle de vidéo surveillance. Je l’observe, mon regard ne décollant pas de lui tandis que le sien s’en va vers l’horizon. Ce que je veux faire après ? … « Il faut absolument que je me tienne au courant des cours en bourse, je n’imagine pas à quel point ça a dû changer depuis mon entrée ici. Je ne pensais vraiment pas rester aussi longtemps et c’est une catastrophe il a pu arriver n’importe quoi ! » Je m’en rends dingue car c’est vraiment très important pour moi ! Je sais que mes parents ne seront pas au domicile familiale à mon retour et peut-être même qu’ils ne savent rien de ma participation à ce jeu… quoi que, quelques langues curieuses avaient sûrement décroché leur téléphone afin de composer le numéro d’un des deux. J’appréhende mon retour, mon entourage avait déjà beaucoup d’aprioris à mon égard alors après avoir été exposée quelques mois durant je n’ose imaginer leurs discours. « Tu vas pas m'oublier hein ? » Je… je suis sonnée. Non je ne vais pas l’oublier, je ne veux pas mais pourquoi dit-il cela ? Il veut disparaitre ? Il songe à ce qu’on ne se revoit jamais ?! « Mais… tu avais dit que l’on se reverrait. » J’annonce inquiète, mes yeux s’humidifiant. Il a dit toujours tenir ses promesses. J’abaisse mon verre, celui-ci frôlant le sol. Je ne sais pas ce que j’attends pour le poser. « Que veux-tu faire ? Voyager ? J'ai assez d'argent pour venir voir moi-même la médaille. » Je tente de le convaincre. Il doit bien y avoir une raison mais en attenant des larmes perlent sur mes joues alors il ferait mieux de manager ses mots. Je suis déçue, très déçue, j’ai vraiment envie d’éclater en sanglots mais ce ne serait pas très digne. « Je ne peux pas faire ce que je veux devant les caméras alors je voulais te revoir à l'extérieur... » Je continue, persuadée que ses projets sont trop gros pour que nos destins se croisent à nouveau. Baissant la tête, je tente de me contenir par des reniflements, mais les billes lacrymales s'écrasent sur le sol, je ne peux les stopper.

Je n'ai rien prévu de spécial, enfin j'ai juste déposé du champagne à la crique secrète - qui soyons honnête n'a de secrète que de nom, surtout maintenant - mais rien de très élaboré pour être honnête. M'enfin ça montre quand même que j'ai envie de passer un petit moment avec Teddy - oui puisque c'est pour elle et moi donc que j'ai rapporté ça - et d'ailleurs je n'attends même pas pour aller la chercher. Je la trouve dans notre chambre - c'est très étrange de définir cela comme ça - et puis finalement la tire avec moi et la coupe ainsi dans ses petites occupations personnelles. Pour être honnête c'est la dernière soirée que nous allons passer ici et je veux la passer avec elle donc je veux qu'elle me suive simplement. Oh évidemment je ne pouvais pas espérer non plus que ses lèvres restent scellées tout le long de notre ascension jusqu'à la crique, puisque là voilà déjà occupée à me poser moult questions. C'est du Teddy tout craché mais eh, on commence à avoir l'habitude, n'est-ce pas ? Elle me demande où on va. Ah oui, c'est vrai, je ne lui ai rien dit. C'est vrai. Mais j'aime bien laisser planer le mystère un peu. « Laisse-toi faire et tu verras. » oh je comprendrais qu'elle vienne à s'enfuir puisque la dernière fois que je lui ai dit de se laisser faire je me suis mis à lui faire un strip-tease et à mettre ses mains sur mon corps. C'est un mauvais moment que j'aimerais effacer de nos vies respectives, sauf qu'évidemment les caméras ont bien capturé les images et je crois que ça va me suivre à vie. Dommage.. Si je veux m'enfuir avant la finale ? Oh... ce n'est pas une mauvaise idée. À vrai dire j'ai déjà de l'argent, beaucoup d'argent - pour moi du moins - et je pourrais en faire beaucoup de chose. Mais pour la beauté du geste je pense que je peux attendre jusqu'à demain soir et stresser inutilement en sachant pertinemment que je ne repartirais pas les mains vides. Mais bon, je stresse pour un rien.. Je ne réponds finalement rien et nous arrivons enfin à la fameuse crique secrète. J'ai choisi cet endroit parce que comme vient de le dire Teddy c'est un moyen parfait d'admirer un dernier coucher de soleil et puis c'est également ici qu'elle et moi nous sommes rapprochés - à mes yeux. Mais le cadre est magnifique. Je prends place sur le sable et lui indique de faire la même chose, avant que je nous serve du champagne dans deux flutes et je l'invite à porter un toast. A l'aventure ? C'est une belle manière de tourner les choses. C'est vrai que ce jeu est une aventure hors du commun, ou alors elle parle de l'aventure à l'extérieur de ces murs, le futur ce genre de choses. C'est très vague mais en même temps pas assez. « D'accord.. alors à l'aventure alors ! » tchin ! ma coupe vient claquer la sienne tandis que je lui demande au passage ce qu'elle compte faire après le jeu. Les bourses, évidemment, j'aurais du m'en douter. Je n'y comprends absolument rien lorsqu'elle m'en parle mais je trouve mignonne la façon dont elle témoigne de sa passion - appelons un chat un chat. Il faut toujours vivre pour sa passion, je le fais alors j'imagine qu'elle le fait aussi. Chacun ses trucs ! J'aimerais cependant qu'elle me parle de ce genre de choses, de bourses, de chiffres ! de côtes ! les maths n'ont jamais été mon point fort mais je suis sur qu'elle pourrait m'en apprendre beaucoup dans le futur. Parce que oui, je compte la revoir même si elle vient à être choquée de mes propos puisque évidemment je me suis mal exprimé. Evidemment que je veux la revoir mais elle ne l'a pas compris, mais c'est entièrement ma faute là sur ce coup-là. « Mais.. oui mais.. » je me stoppe soudainement au beau milieu de ma phrase lorsque je vois qu'elle est sur le point de pleurer. Voyager ? Qui a dit que j'allais voyager ? Oh évidemment j'aimerais voyager mais je pense que ça peut attendre.. j'ai passé trois mois à Hawai et la Finlande me manque un peu. J'ai le mal du pays. Je l'écoute débiter tandis que je remarque qu'elle est en pleurs et je m'en veux très franchement. Je me suis mal exprimé, je ne sais pas ce qui m'a pris de dire ça, de tourner ça comme ça puisque ça laissait très franchement penser que je n'allais/ne voulais plus la revoir. Or ce n'est pas ça du tout. Je cherche un moyen de rectifier le tir. « Ah non, ne pleure pas.. s'il te plait. » je m'en veux ! Je n'aime pas faire pleurer les filles c'est tellement nul. Surtout elle, elle ne le mérite pas. « Je ne voulais pas dire ça ! Bien sur que je veux te revoir ! Le plus vite possible en plus.. » je tente de me rattraper aux branches. C'est la vérité cependant. « Je veux juste rentrer un peu chez moi, l'histoire de quelques jours ou semaines. Evidemment l'idée de te faire venir avec moi m'est passé par la tête mais ce serait très égoïste de ma part parce que toi aussi tu dois avoir une famille qui te manque et à qui tu manques. » oui c'est vrai. Voilà ce que je voulais dire. « Pour ce qui est de voyage je t'avoue que ce serait tellement tentant ! Je veux faire le tour du monde ! Mais il me faudrait un acolyte.. » mais qui ? Oh.. j'ai bien une petite idée derrière la tête mais voyons si Teddy a compris que c'était une invitation à peine voilée. À peine. « Et puis moi j'avais complètement oublié ces caméras.. » je tente une petite chatouille sur son ventre pour lui faire oublier ses larmes. Je n'ai jamais connu de Teddy triste, de Teddy énervée ou de Teddy curieuse oui, mais pas de Teddy triste avant aujourd'hui et je n'aime pas ça voilà tout.

« Laisse-toi faire et tu verras. » J’ai déjà entendu cela auparavant. Mes lèvres se scellent en un sourire pourtant je ne peux me laisser faire très longtemps car bien que je lui permette de me guider aveuglément je suis incapable de retenir mes interrogations. Tout vient à point à qui sait attendre, parait-il. Il semble que ce soit le cas puisque nous voilà arrivés à la crique et je remarque le champagne déposé là sûrement pas par hasard. Je suis contente. Devant un coucher de soleil en plus… c’est super ! Je m’assois bien sagement et sans rien dire à ses côtés comme il me l’indique tandis que nous trinquons. Nous pouvons trinquer à la dernière semaine, à l’aventure qu’elle soit passée ou future mais il y a surtout une autre chose à laquelle il faudrait porter un toast. Bien que nous ayons déjà passé notre temps à ça en début de semaine. « Et à la finale de demain ! Je suis trop contente que tu y sois, je te supporterai fermement ! » De tout mon cœur ah ça oui ! Je suis vraiment heureuse dans l’instant et encore plus lorsque je lui expose mes intentions quant à la bourse pourtant mon humeur retombe comme un soufflet lorsque Jouko me demande de ne pas l’oublier. On n’oublie pas une personne lorsqu’elle est près de vous. Je sais bien que la vie au sein du nid n’est qu’une utopie et qu’il faut revenir à la réalité que nous imposera l’extérieur. Je le sais… il est évident qu’à l’extérieur nous ne sommes plus seuls, chacun a sa vie, sa maison, ses amis… moi je n’estime pas en avoir à l’extérieur, ceux que je me suis fait ici sont plus précieux que ces personnes malsaines que je fréquente par défaut. La réputation et le confort social, c’est ce que père dit mais je ne me sens pas bien avec eux ; ils sont trop méchants. Maintenant je considère que mes amis sont ici sauf que d’ici quelques heures nous seront tous retournés chez nous, aux quatre coins du monde et Jouko le premier. Je ne peux pas retenir plus longtemps les larmes qui emplissent mes yeux. « Mais ». C’est ce qu’il dit mais quoi ? Il me supplie de ne pas pleurer et ça ne me fait que sangloter davantage. Je n’ai pas le droit ? Il n’aime pas cela ? Je fixe le sable de mon regard brouillé à défaut d’oser le regarder dans les yeux, ce n’est pas très digne de pleurer de cette façon et j’ai d’ores et déjà honte pourtant je ne peux le contrôler. L’une de mes mains vient balayer une larme lorsqu’il déclare vouloir qu’on se rencontre de nouveau. Le plus vite possible. J’ai eu peur de me retrouver de nouveau seule dans le simple souvenir de ce jeu sans que rien n’en ressorte et en une simple phrase Jouko a réussi à me rassurer car c’est exactement les mots que j’aurais aimé entendre. Reste encore à ce que je me calme. J’essuie mes joues de revers de mains –que c’est vulgaire- et continue à fixer le sable malgré tout. Je ne veux pas le confronter à mes yeux rouges tandis qu’il reprend la parole, mon dieu quelle honte. Je secoue la tête à la négative lorsqu’il termine sa phrase. Il a tort. Personne ne m’attends et je ne dois pas leur manquer comme eux ils me manquent depuis des années, je le sais car mes parents peuvent passer de longs mois sans rentrer chez moi et lorsqu’ils reviennent ils sont toujours trop pris par leur travail ou leurs diners où nous participons au concours de la famille la plus heureuse en apparence. Par ailleurs je ne veux pas accompagner Jouko voir sa famille, ce serait m’immiscer dans un lieu où je n’ai pas ma place et puis c’est un moment joyeux qu’il se doit de garder pour lui seul, n’est-ce pas ? « Ta famille doit être impatiente de te retrouver, c’est normal que tu y ailles seul. » que je souffle entre mes lèvres. Sa condition familiale liée à son secret me revient à l’esprit et je me demande alors comment il le vit, c’est encore frai, mais je ne peux lui poser de questions à propos de cela ce serait totalement indiscret. Je tente de me reprendre petit à petit pour cesser d’être triste et pathétique à un instant qui se voulait festif et agréable. Je ne savais pas que Jouko voulait faire le tour du monde cela dit et épongeant mes yeux du dos de ma main, je finis par tourner le regard vers lui, mes lèvres formant une fine ligne arquée vers le haut. « Tu voudrais nager dans toutes les eaux du monde ? » Ce serait un beau projet et ses sponsors seraient ravis. Il a de la chance de pouvoir suivre ses rêves bien que cela impliquerait beaucoup de sacrifices. Moi je ne pourrais pas abandonner mes études comme ça bien que j’ai déjà quelques années d’avance par rapport aux personnes de mon âge. La main de Jouko vient me chatouiller le ventre et mon sourire s’agrandir, j’y souffle à demi un léger rire. Après toutes les choses qu’il a faites et son manque de pudeur il est certain qu’il a oublié la présence des caméras. « C’est joli. » Que je déclare en regardant l’horizon. Je suis de nouveau heureuse en cet instant. Ma tête vient s’appuyer contre son bras, je ne peux atteindre son épaule car il est beaucoup trop grand puis rapidement je relève la tête et cette fois-ci je me redresse afin de déposer mes lèvres sur les siennes. J’interromps le baiser de moi-même. Gardant un maigre espace entre nos visages, mon regard passe de ses lèvres à ses yeux. « On pourrait rendre visite à tous nos amis pendant ce tour du monde. » Je veux bien être son acolyte. Je veux vivre des choses incroyables, loin de la sphère élitiste où on m’enferme. J’aimerais voyager avec lui à mes côtés, qu’on rigole tout le temps et qu’on revoit toutes ces belles connaissances faites lors de ce jeu et qui s’éparpilleront sur tout le globe.

Je suis romantique un peu. Quoi, non ? Mais.. si ! regardez, j'ai déposé du champagne à la crique ! Quoi, ce n'est pas mignon ? mais si.. j'en suis sur.. pour être tout à fait honnête je ne me reconnais plus entièrement depuis que je suis ici. Je suis complètement différent du Jouko que j'étais le premier jour, je crois que c'est à cause de Teddy. Elle me calme un peu. Dans le sens où j'étais surtout un électron libre et que c'était dans cette optique là que j'étais entré dans ce jeu, et là je crois qu'elle me pose un peu. C'est pas plus mal. C'est différent mais j'aime bien cette sensation donc c'est d'accord. Quoi qu'il en soit nous sommes donc là à trinquer.. à quoi d'ailleurs ? Elle propose l'aventure et ça me convient parfaitement. C'est large et flou mais ça englobe un peu tout. Notre aventure passée, ce que nous vivons maintenant ou ce que nous allons vivre après ? Oui ça me convient. Elle parle également de la finale demain et j'aurais voulu qu'elle se taise parce que malgré le genre que je me donne je suis quelqu'un qui stresse très facilement et même si finir la quatrième place est déjà quelque chose d'honorable, je sais que je vais quand même stresser. C'est débile. J'apprécie néanmoins son soutien même si très honnêtement je me doutais bien qu'elle allait me soutenir, enfin je l'espérais disons. « C'est gentil ! Je savais que je pouvais compter sur toi. » l'envie de lui souffler un "tu es une personne en or" m'a traversé l'esprit mais je trouve que je suis devenu trop gentil au fil de cette aventure et même si ça ne me dérange pas on ne va pas abuser non plus. Même si je le pense ! Bien. Par la suite je fais preuve de connerie dont moi seul ai le secret et qui consiste à dire tout et n'importe quoi sans penser aux conséquences. Peut-être qu'il faudrait que je réfléchisse avant de parler ou bien que j'installe un filtre de paroles qui consisterait à ce que je fasse attention à ce que je dis. Mais encore une fois, il ne faut pas trop m'en demander. Evidemment quand je disais de ne pas m'oublier je voulais parler du cours laps de temps pendant lequel nous allons aller voir nos familles et amis respectifs, et je sais très bien que j'ai une mère très possessive et que la connaissant je risque de rester là-bas un bon bout de temps. De plus demander à Teddy de m'accompagner serait égoïste et très étrange, pour elle j'entends, je veux dire elle aussi elle a des gens à aller voir. J'ai cru comprendre qu'elle avait une situation difficile et des parents qui n'étaient très peu présents et je ne sais pas comment la rassurer. Je suis sur qu'elle se fait des films et je pense que ses proches seront présents lorsqu'elle rentrera chez elle, j'en suis sur, comment peut-on passer à côté d'une personne comme elle ? Je souris à sa réplique, j'y vais seul d'accord. Je veux juste qu'elle arrête de pleurer parce que ça me met un peu mal à l'aise de me dire que c'est de ma faute, mais elle a l'air de s'arrêter donc ça me rassure grandement. Et puis après l'idée de voyage m'est suggérée par Teddy elle-même et même si je n'avais pas pensé réellement à cette idée je dois avouer que faire le tour du monde serait très tentant, mais encore faudrait-il quelqu'un avec qui partager ces longs mois d'aventures. Tiens d'ailleurs nous avons trinqué à l'aventure il y a de ça quelques minutes, peut-être que sans le savoir nous parlions de ce genre d'aventures ? Car je veux que Teddy m'accompagne. Qui d'autre ? J'ai de vrais amis à l'extérieur et je me suis fais d'en vrai ici aussi mais Teddy est en tête de liste. Ce n'est même pas une amie en réalité elle est beaucoup plus que ça, et tout le monde le sait elle la première. Nager dans toutes les eaux du mondes me parait être un beau projet et je viens à sourire. Ce serait tellement cool ! « Pas bête comme idée ! Et toi tu pour.. » oh attendez elle n'a pas encore accepté. Peut-être même n'a-t-elle pas encore compris que je parlais d'elle lorsque j'ai évoqué le terme "acolyte". Je la chatouille un peu, ça a l'air de la faire rire. Ouf elle ne pleure plus ! je ne l'aurais pas supporté davantage. Quoi qu'il en soit elle est admirative de la beauté du paysage et je viens acquiescer ses propos. Je suis entièrement d'accord. « Ca va tellement me manquer.. je ne veux plus partir. Restons ici. » preuve encore que j'ai oublié la présence des caméras ; je viens de révéler l'un de mes plans. Je suis bête mais ce n'est pas nouveau.. Elle vient m'embrasser, et s'interrompt pour repartir sur cette idée de voyage. Visiblement elle a compris. Elle veut rendre visite à tous les candidats de ce jeu. Oh ! je suis pressé je ne veux plus attendre ! « Han ! En fait si partons tout de suite ! » j'allais me lever, mais non. Je reste assis et je me calme, regardant le paysage de nouveau. Je vais pleurer, c'est pas mon genre mais je vais pleurer. Si ce n'est pas aujourd'hui ce sera demain, je le sens.

Jouko a de la chance mais je pense qu’il ne le sait pas réellement. Normalement je me comporte comme un requin, ce même requin auquel j’avais fait allusion une fois… il me semble que c’était lors d’un moment que nous avions passé dans le jacuzzi. C’est surprenant qu’il soit aussi certain de la confiance qu’il puisse me porter car je ne pense pas être une de ces personnes en lesquelles on peut aveuglément suivre les pas. Cela dit je ne sais pourquoi la cause de Jouko me tient tant à cœur, en fait tant que ça le concerne je suis contente et… oui, je viens de mentir je sais très bien pourquoi mais soit. Je suis contente que mon soutient ait de la valeur à ses yeux car il est sincère et que évidemment j’ai trop trop envie qu’il gagne ! Ce serait trop bien ! En plus il serait ému non ? J’aimerais bien le voir ému, par curiosité. En attendant c’est moi qui suis émue, des larmes coulent sur mes joues à l’idée qu’on ne puisse jamais se revoir. Je suis persuadée qu’à l’extérieur Jouko est ce genre d’homme qui plait beaucoup aux filles et qui ne peut y résister alors je serais un peu triste (meurtrie, à vrai dire) qu’il ne daigne me revoir car justement je ne l’oublierais jamais. Je le pense fort ! J’essaie vraiment de stopper cette pleurnicherie ridicule car en plus je dois mettre Jouko mal à l’aise et je ne veux pas de ça, c’est très immature de ma part. Avec son aide néanmoins j’arrive à me reprendre parce que de toute façon avec lui ce n’est pas compliqué d’être heureuse. Il est d’accord pour nager dans toutes les eaux du monde, j’aimerais tellement voir ça ! A part le regarder s’entrainer quelques fois dans la piscine pour l’encourager avec mon air de forcenée je ne l’ai jamais vu vraiment nager. Quant à moi… mh il ne termine pas sa phrase et c’est mieux comme ça car je ne vois pas ce que je pourrais faire de spécial mais qu’importe puisqu’il m’arrache un rire. Moi aussi j’aimerais rester là pour toujours mais… « Ce serait tellement bien mais le principe de lassitude nous enlèverait tout plaisir face à ce paysage. » La tête posée contre lui, une grimace vient entacher mon visage. J’en viens à l’embrasser parce que le moment est parfait et qu’il faut bien que je me fasse pardonner et que je lui montre que tout va bien non ? Non, ce n’est qu’un prétexte. Il veut partir tout de suite. Alerte ! « Non ! » Oups, j’ai réagi trop brusquement c’est cela ? Il faut que je desserre cette main qui est venue serrer précipitamment son avant-bras. « On va rater le meilleur moment sinon. » que je reprends plus calmement et plongeant mes yeux globuleux dans les siens. « Et puis on a pas fini nos coupes. Et aussi les autres ne sont pas encore rentrés chez eux. » Lui faut-il d’autres raisons ? Qu’importe. Je bois une légère gorgée du champagne dont s’était soigneusement occupé Jouko avant de me caler comme un bébé dans ses bras. « Je peux ? » De toute façon j’y suis déjà d’ailleurs je me penche en arrière du mieux que je peux pour nous faire basculer. Ca n m’empêche pas de penser sérieusement. « Tu… penses-tu qu’à l’extérieur les gens nous considèrent comme un couple ? » Qu’est-on ? Je le regarde un peu timidement car bien que nous passions beaucoup de temps ensemble tout cela n’avait jamais été considéré, catégorisé. En a-t-on réellement besoin ? Je ne sais pas mais je pense que nous aurons quelques surprises en sortant… bonnes ou mauvaises, qu’importe.