ft. isaac

Des étoiles. De fausses étoiles… mais des étoiles tout de même. Je me demande si je dois en rire en fait. Cette chambre… Sérieusement, j’en suis encore à me demander si je dois rire, même si cela fait trois jours que nous sommes ici. Plongée dans le noir, personne dans la chambre, ce qui faut dire est un peu un miracle, je fixe cette réplique presque identique, mais totalement fausse du ciel, des étoiles… de l’univers. À New York, il est beaucoup plus difficile d’admirer le ciel comme je le faisais lorsque j’habitais sur la ferme en Alabama. Je me doute qu’ici, si je prenais la peine de sortir à l’extérieur à l’instant même, je pourrais admirer la version réaliste. Mais je n’en ai pas franchement envie. J’en ai même totalement perdu l’envie. C’est le bruit de la porte qui s’ouvre et qui laisse un rayon de lumière briser l’obscurité qui me sort de mes songes, me forçant même à relever la tête pour voir qui venait de faire son entrer. J’ai eu l’habitude à ne jamais avoir droit à une grande intimité, alors je ne suis ni surprise, ni déçue de voir quelqu’un débarquer en fait. Et il s’agit d’Isaac. Je pourrais dire que ça me dérange encore moins, mais d’un autre côté, je ne le connais pas vraiment. C’est juste qu’il est devenu un visage familier maintenant que je l’ai rencontré le soir du premier prime. « Tu viens déjà dormir ? Je ne te voyais pas comme un couche tôt. » Ce n’est pas un jugement sur l’apparence qu’il dégage, simplement, il faut dire qu’il a plus des allures de mec qui vit la nuit. J’en ai rencontré des comme ça, à New York. J’en profite pour me relever légèrement, m’appuyant sur les coudes pour pouvoir mieux le regarder. Et regarder ses tatouages aussi. Il en a beaucoup. « Tu veux venir t’étendre avec moi ? Je regardais les étoiles… Les fausses, étoiles. » l’innocence dans la voix, je lui fais signe de me rejoindre. Je ne sais pas pourquoi je dois ajouter que les étoiles sont fausses, alors qu’il est déjà au courant quoi. « Ça fait longtemps que tu as tous tes tatouages ? » Je demande finalement, laissant ma curiosité prendre possession de ma parole.

Le décalage horaire. Il est vrai que de mon côté aussi je ressens ce débalancement du changement de fuseau horaire. C’est étrange, lorsqu’on y pense, de se dire qu’il n’est pas la même heure ici qu’à New York. Oui, pas de panique, on m’a déjà expliqué le fonctionnement des fuseaux horaire. Je suis peut-être ignorante sur certains sujets, mais pas sur toute la ligne non plus. Je hoche la tête pour démontrer mon accord et ma compréhension de sa venue dans notre chambre, souriant faiblement lorsqu’il parle de douche de champagne. « On le fera un jour, cette douche de champagne, dis ? » Parce que je me dis que s’il en parle autant, c’est que ça doit réellement être un incontournable au niveau de l’amusement de la bonne ambiance non ? Il semble s’y connaître en la matière. Je tourne la tête en sa direction lorsqu’il prend place à mes côtés, heureuse de voir qu’il a accepté ma proposition et qu’il a peut-être, un peu, envie de passer du temps avec moi. Sinon, il aurait décliné l’offre, non ? Et si je l’avais proposé, c’est que moi aussi, je voulais bien de sa compagnie. M’intéressant à ses tatouages, je n’arrive plus à décrocher mon regard de ceux-ci, écoutant le fil de son récit, accrochant sur la partie où il parle d’être devenu un individu à part entière. J’ai cette étrange sensation de comprendre ce qu’il veut dire, alors qu’en réalité, je ne connais aucun détail de sa vie et ce qui le pousse à parler ainsi. « Et ils ont tous un sens et une signification pour toi ? » Ça me semble logique. Voilà que je rêvasse en m’imaginant l’histoire qui se cache derrière chacun des dessins sur son corps, me sentant presque coupable d’une aussi grande curiosité qui se voudrait presque intrusive dans la vie de cet inconnu. Sans même m’en rendre compte, j’approche mes doigts du crâne qu’il a évoqué en premier, effleurant sa peau le temps d’une seconde avant de me raviser, gênée. « Mais je te comprends. » Et là, il doit se dire que non, je ne peux pas comprendre. Pourtant. Je me tourne légèrement sur le côté, remontant mon épaule simplement pour pouvoir descendre le bout de tissus qui cache mon omoplate et donc par le fait même, l’encre qui marque ma peau à cet endroit. « Je l’ai fait faire il y a deux mois environ… » j’indique et replaçant mon gilet et reprenant ma position initiale contre le matelas, fixant à nouveau le plafond. « C’est un peu un signe de liberté. » En quelque sorte oui… « Sauf que maintenant, j’aimerais en avoir d’autres. » C’est peut-être pour ça que je suis fascinée par ceux qui couvrent le corps de Isaac. « Je ne connaissais pas les tatouages avant… Et quand je suis débarquée à New York et que j’ai vu toutes ces personnes avec ces drôles de dessins sur le corps… j’ai trouvé ça magnifique. » Tournant le regard en la direction de l’homme, je souris faiblement, me demandant s’il me trouve idiote. Probablement.