“Bon, y a quoi de bien à mater à la télé ce soir ?” La blonde se parlait toute seule, là, occupée de regarder tous les écrans de contrôle devant elle. Bon, franchement ? Y avait quoi. Rien. C'était ça le problème. Franchement, pas grand chose. Bon, elle avait bien remarqué que quelques candidats étaient occupés de discuter mais franchement à part ça.. rien de particulier à se mettre sous la dent, quoi. Elle glissait son regard sur l'écran tandis qu'elle changeait d'image en même temps, elle tombait sur une scène entre Nicola et Pavel par exemple. Où ils s'expliquaient, tout ça. Il se passait quoi ? Elle aussi, il l'avait baisée dans une piscine ? Et elle, elle avait choisi qui entre Pocahontas et l'ours ? Non franchement elle y comprenait plus rien mais c'était pas vraiment comme si ça lui importait non plus. Pour être tout à fait honnête, elle ne comprendrait jamais toutes ces histoires de couples. Pourquoi ? Pourquoi se mettre en couple ? Pour elle, c'était un peu comme se mettre soi même en prison, un peu comme si on se privait de nos libertés, ce genre de conneries. C'était à peu près pour ça qu'elle comptait s'amuser toute sa vie, et jamais s’intéresser à ce genre de conneries. Rien à foutre. Elle passa une main dans ses cheveux quand soudain un bruit la fit se retourner, vers un candidat qui venait d'entrer dans la pièce. Celse. Elle ne le connaissait pas plus que ça, bon ok elle lui avait déjà parlé au prime, et avait sans doutes échangé quelques banalités avec lui mais à part ça.. rien de spécial. En gros. Elle l'accueillit tout d'abord un sourire. “T'es en couple, toi ? Ou tu trouves que c'est de la grosse connerie ?” pendant qu'elle y était.. et bonjour oui.

Je ne suis encore jamais allé dans la salle de vidéo surveillance. Le lieu me fait un peu flipper, façon Big Brother, et j’ai peur de tomber sur une scène qui ne me regarde absolument pas. Sauf que là, quelqu’un a laissé la porte entrouverte. Ou bien c’est un courant d’air ? J’approche ma main pour refermer quand j’aperçois à l’intérieur de la pièce une cascade de cheveux blonds. J’ouvre la porte et c’est sur Kinga que je tombe. Elle a l’air d’être en solitaire, mais visiblement, ça ne l’a jamais dérangée, parce qu’elle l’est bien souvent dans cette aventure. Ni bonjour ni rien d’autre, elle s’adresse à moi comme elle s’adresserait à n’importe qui d’autre, poursuivant le cours d’une pensée dont je ne connais pas l’origine, d’une conversation à laquelle, pourtant, je n’ai jamais participé avant cette seconde précise. Je la regarde un moment, pesant le pour et le contre : elle a l’air tellement à fond dans l’ignorance totale de ma personne, de mon intérêt ou désintérêt pour la conversation qu’elle me tend sans mon accord que je me dis que je pourrais tout aussi bien tourner les talons et me barrer sans rien répondre, après tout. Et puis bon, maintenant que j’y suis… Je peux bien lui taper une réponse, je ne suis pas un gars méchant. « Je suis en couple  », j’annonce simplement, avant d’ajouter, « ce qui ne m’empêche pas de penser que c’est une grosse connerie.  » Cause à effet. Je me rapproche des caméras, et me penche légèrement pour en observer quelques-unes. Cian et Judith, Pavel et Nicola, Ivan et India… Je hausse les épaules. « Faut croire qu’on est beaucoup à lui courir après, à la connerie… » On participe bien à Fake Lover, non ? Et dans le tas d’entre nous, osez me dire en me regardant droit dans les yeux que vous n’êtes pas venus, tout au fond de vous, à « Real Lover » ? Je me désintéresse des caméras et m’appuie sur le côté, bras et jambes croisés, le regard posé sur Kinga. « J’en déduis que j’ai affaire à une farouche célibataire ? T’es au-dessus de ça ?  » Je demande dans un sourire mutin, avant de murmurer à voix basse l’essentiel : « Ou t’as juste la trouille…  »

Pourquoi lui demander s'il était en couple ou non, le Celse ? Pour savoir s'il était de ces faibles, là. Non franchement l'amour c'était pour les faibles. Bon, il fallait bien l'avouer, plus du côté des filles. Toutes ces nanas qui pleuraient pour leurs mecs, tout ça parce qu'ils allaient voir ailleurs. Par exemple. Ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autre, n'est-ce pas. Enfin bref. Le jeune homme lui révéla, qu'en effet, il était en couple. Donc il était con, en fait. C'était ça. Il était con. Oh, elle ne l'insultait pas particulièrement, à vrai dire il fallait de tout pour faire un monde. Non, en réalité, il devait sans doutes avoir une vision différente du couple qu'elle, ce qui pouvait tout expliquer, remarque. Mais visiblement, il trouvait que c'était une grosse connerie. Mais. Pourquoi. Enfin, elle ne comprenait pas comment on pouvait dire qu'être en couple, c'était de la connerie, mais cependant l'être. Elle savait pas trop, en fait. “Et ça te plait, toi, la connerie, c'est ça ?” elle comprendrait sans doutes jamais, tout ça. C'était pas pour elle, c'était tout. Le garçon fit quelques mouvements et se pencha sur les caméras situées non loin d'elle. Beaucoup à courir derrière la connerie ? Tu m'étonnes. Beaucoup trop au gout de la blonde. De nouveaux couples, ça voulait dire de plus en plus de personnes prises, et franchement Kinga n'avait plus beaucoup de gens avec qui s'amuser. En fait ? Plus personne, clairement. Mais bon c'était pas grave, dans pas longtemps elle retrouvera ses vieux et ses yachts chéris, donc à la limite.. Celse posa une question la blonde qui la fit froncer les sourcils. Au dessus des autres ? Il venait vraiment de lui poser cette question ? “Quoi attends tu en doutes encore ?” elle lâcha un rire. Le genre de rire qui dit "je rigole". Elle ne se la pétait jamais réellement, à vrai dire elle était gentille comme fille, c'était juste que les gens présents dans ce château ne l'aimaient pas vraiment du coup elle contre-attaquait. Logique. La trouille ? Attendez. “J'ai peur de rien, moi.” il fallait que ce soit dit. De rien, être en couple ne lui faisait pas peur, clairement. “J'ai juste pas le temps.” répondit-elle d'une manière assez sèche, il fallait l'avouer. “Je vous comprendrai jamais, de toute évidence. Vous vous emprisonnez pour une seule personne, et c'est n'importe quoi.” après tout c'était son avis. Elle n'insultait pas Celse - encore une fois - à vrai dire il faisait ce qu'il voulait de sa vie, le gars, mais voilà, elle était libre et répondait juste à sa question, en fait. “Regarde-les moins un peu, ceux-là, - fit-elle en montrant du menton les gens sur les vidéos, en train de parler de leurs histoires de coeurs et tous ces trucs, ils se connaissent depuis quoi ? Deux mois ? On a l'impression qu'ils jouent leurs vies. C'est ridicule.” Jalouse ? Hell no. Ils étaient juste pathétiques.

J’évite de répondre à sa question, à savoir : est-ce que ça me plait, la connerie. Evidemment que oui, maline. Sinon je serais célibataire. Il me semble que la réponse va de soi. Ça peut paraitre surprenant, mais vous ne me verrez jamais chercher à me donner l’air intelligent : j’en ai clairement rien à foutre, d’avoir l’air malin. Je passe l’intégralité de mon existence professionnelle à muscler mon corps pour gagner des combats, est-ce que vous pensez sérieusement une seule seconde que je m’attache à ce qu’on me trouve intelligent ? Assis à ses côtés, je souris lorsqu’elle affirme qu’il n’y a pas à en douter, elle est effectivement au-dessus de tout ça. Et elle a raison – quand je vois les talons qu’elle s’acharne à porter, elle est en effet au-dessus de tout le monde dans le nid, de l’intégralité de la gente féminine et la moitié de la gent masculine. Je hausse un sourcil sans la regarder, les yeux fixés sur la caméra devant moi, légèrement sceptique, quand j’entends qu’elle n’a peur de rien. Trop sur la défensive pour être vraiment honnête, pas vrai ? Je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’elle enchaine avec la question du temps. Pas le temps. Sérieusement ? Je me tourne vers elle, glissant mes mains dans mes poches, étalé sur mon fauteuil confortable. « Tu plaisantes. C’est changer tout le temps de partenaire qui prend du temps. Réenregistrer les numéros de portable, répéter les mêmes conneries qu’on a déjà dites la dernière fois, reposer les mêmes questions… » C’est ça, la perte de temps. « Tu confondrais pas homme et chien, par hasard ? Parce qu’un chien, ouais, ça prend du temps, faut le sortir, le faire bouffer… Mais un mec, en général, il sait faire ça tout seul », je demande dans un sourire en coin, moqueur. « Enfin, après, je sais pas qui tu vises… » Après tout, elle tombe peut-être toujours sur des attardés qui l’attendent chaque soir de la semaine pour qu'elle leur fasse la cuisine et lave leurs chaussettes après une pipe digne de ce nom. Kinga poursuit sur la lancée : on s’emprisonne pour une seule personne. Las, je me penche sur le siège, appuie ma nuque contre le dossier et tourne la tête vers elle. « Certains couples s’emprisonnent, d’autres pas. Sois pas si étroite », j’ajoute dans un sourire. Elle me désigne alors une caméra, et je suis du regard son index pointé sur les images. Je fronce les sourcils. A part India et Ivan… « J’ai pas vu beaucoup de meufs ici qui veulent absolument se caser, moi. Zoey est comme toi, Freddie ne cherche pas l’amour, Nicola est tranquille aussi de ce côté-là… » Bon, je ne les connais pas tous, hein. « Pour ce qui est de se raconter leur vie alors qu’ils ne se connaissent pas ; ils jouent simplement le jeu, non ? » Je demande en me tournant de nouveau vers elle. « T’es ici pour gagner de la thune. C’est le public qui votera ou non pour toi. Le public te juge par ce qu’il voit et entend, il faut donc lui donner à voir et à entendre. Si tu n’acceptes pas ces règles essentielles, tu ne dures pas longtemps dans ce jeu », je lâche en faisant allusion à sa récente nomination, qui n’est pas la première. Qu’est-ce qu’elle attend pour changer la donne, Kinga ?