+ Je suis déjà passée par ici, il me semble, mais je ne m'y suis pas arrêtée plus longtemps que ça. Pourtant j'aime l'eau, salée ou chlorée, froide ou chaude, surtout bleu ou limpide. J'ai toujours trouvé fascinant le fait qu'un corps pèse beaucoup moins dans l'eau que dans l'air. Je me souviens de quand j'étais petite et que j'habitais en Californie avec mon père. Nous allions souvent à la plage, presque tous les jours, et je me baignais dans une très belle eau. Je dansais plus que je ne me baignais, un peu comme si j'étais une sirène. Ç'aurait été trop beau d'être capable des mêmes prouesses aquatiques une fois sortie de l'eau. À chaque fois, je demandais à mon père comment c'était possible mais sa réponse ne me satisfaisait jamais. Il faut dire qu'il n'a jamais été très intelligent, alors dès qu'il est question de physique ou quoi que ce soit d'un peu trop scientifique, c'était rare qu'il y ait du monde pour me répondre. Je crois que j'ai hérité de la bêtise de mes parents. Ils n'ont jamais été particulièrement brillants. Des rêveurs, principalement, la plupart du temps, et c'est bien ce que je suis devenue en grandissant, ou du moins, en partie. Heureusement qu'on n'hérite pas tout de ses parents. Voilà à quoi je pense, les yeux plongés au fond de la piscine. Et puis quelque chose vient me perturber quelque peu. En tournant la tête je découvre un candidat, un qu'il me semble avoir déjà vu dans les locaux de la production surement, mais dont je ne connais pas le nom, ni rien d'autre d'ailleurs. Ah si, c'est celui qui ne voyage pas beaucoup, ou jamais, non ? Je crois, mais je ne suis pas sûre. « Pour l'instant je préfère l'Australie à l'Irlande. » Que je dis, comme ça. « Il fait meilleur, enfin, il y a un peu plus de soleil et c'est mieux que la grisaille. Tu ne trouves pas ? » Je ne sais pas, moi je préfère le soleil, je préfère avoir chaud que froid, même si j'aime bien quand il fait froid ou mauvais pour pouvoir me réchauffer, justement, mais au final ça revient bien à dire que je préfère la chaleur. « Au fait, je m'appelle Jessica. Et toi ? » Aucune idée. Il faut dire que je ne me souviens pas de beaucoup de noms pour l'instant, et plus je vais rencontrer de candidats dans le nid, moins ça va être évidement. Mais s'il le faut je les noterais tous sur un carnet avec à côté de leur nom un petit quelque chose qui me permettrait de m'en rappeler, un moyen mnémotechnique, c'est comme ça que ça s'appelle, je crois.

Je me rends compte que ma remarque sortait un peu de nulle part, mais ça aura au moins eu le mérite d'entamer la conversation, de façon plus ou moins efficace, mais c'est tout de même déjà ça. Je lui apprends que je préfère l'Australie à l'Irlande, mais d'après lui aucun endroit au monde ne pourrait l'égaler. « Tu serais pas irlandais, toi, des fois ? » C'est une vraie question, même si j'ai l'impression que si. Je ne l'ai assurément pas deviné à son accent, je suis nulle pour les différencier, mais on ne parle généralement comme ça que de son pays d'origine, ou d'un endroit où on a passé une longue période de sa vie, et j'imagine que pour lui c'est l'Irlande. « Moi, je pense que ce sont les Etats-Unis qu'on ne peut pas égaler. » C'est un pays tellement beau, avec tant de choses à voir, un territoire tellement vaste aussi. Du coup, c'est un peu de la concurrence déloyale quand on voit la taille de mon pays par rapport au siens, mais c'est comme ça, on n'y peut rien. J'explique en tout cas que si je préfère l'Australie c'est pour son temps plutôt clément. Je n'aime pas qu'il fasse moche, gris tout le temps, le soleil c'est bien mieux. Il fait souvent beau de par chez moi. Le jeune homme lui n'a rien contre la grisaille mais il préfère quand il fait beau, lui aussi. Je lui adresse un sourire, le remerciant presque d'aller dans mon sens. Je décide alors de me présenter et il en fait de même. Mallaury, encore un prénom duquel me rappeler mais dans son cas ça devrait aller, je me souvenais déjà plutôt bien de sa bouille et de son air réservé, y fixer un prénom ne devrait pas être trop compliqué. Il déclare alors que cette première semaine s'achève bientôt, et me demande si j'ai eu le temps de faire connaissance avec tous les candidats pendant ces quelques jours. « Une semaine, déjà ! Ça passe trop vite. » Je m'étonne puis je me lamente, même si ça ne fait pas encore tout à fait une semaine, mais presque tout de même. « Et bien, j'ai déjà dû adresser la parole à tout le monde, au moins pour dire bonjour, mais je n'ai peut-être "fait connaissance" qu'avec la moitié des candidats à peu près. » C'est terrible, mais ce doit être normal après juste une semaine dans ce genre d'émission. On ne peut sans doute pas faire connaissance et tisser des liens avec tout le monde dès le tout début, mais ça vient avec le temps. Du moins je l'espère. « Et toi ? » Je lui demande alors, retournant sa question sans prendre la peine d'en reformuler une, assez curieuse de savoir s'il a fait mieux que moi, mais d'après le peu que je perçois de sa personnalité, je ne pense pas que ce soit le cas. Enfin, je n'en sais rien après tout, peut-être que je me trompe, je ne suis pas devin.

Je ne suis pas trop douée pour les devinettes d'habitude, mais il était plutôt facile de deviner sa nationalité, vu ce qu'il avait dit juste avant à propos de l'Irlande. J'avais donc trouvé d'où il venait, et lui en avait fait de même, tout à fait par hasard, n'est-ce pas, après que je lui ai parlé de mon pays, sans pour autant dire que c'était le mien, mais c'était juste évident. « C'est bien ça. » Que j'avais confirmé dans un sourire. Puis la conversation s'oriente vers la météo avant d'en arriver à cette fin de semaine et aux candidats qu'on a pu rencontrer et découvrir au cours de celle-ci. J'avais l'impression qu'elle avait filée à toute vitesse, cette première semaine. Et comme Mallaury, il me semblait de n'être entré dans le nid qu'hier. « Han, moi aussi. » Que j'avais dit dans un soupir en plaquant une main sur ma joue d'un air affligé. Sept jours déjà, et j'avais tout de même eu le temps d'adresser quelques mots à tout le monde, sans pour autant approfondir la discussion avec tous, mais ça avait bien dû être le cas avec la moitié des candidats en jeu tout de même, ou presque. Le jeune homme non plus n'avais pas encore eu l'occasion de faire connaissance avec tout le monde. Il n'était même pas sûr d'en connaître tous les prénoms. « Moi c'est pareil, en plus j'ai toujours eu du mal avec ça, je me souviens jamais de qui s'appelle comment, ou alors il me faut un moment avant de m'en rappeler, à moins que j'ai une espèce de moyen mnémotechnique. » Je lui explique, mais peut-être qu'il n'en a rien à faire. Enfin, il se met aussi à me raconter qu'il a du mal à abandonner son habitude de vouvoyer les autres. « C'est pas grave. » Je lui assure dans un sourire. En réalité, c'est quand même un peu grave parce que ça me donne l'impression d'avoir pris dix ans d'un coup, mais ça devrait lui passer avec le temps. « Ça viendra. » Oui, il va bien finir par réaliser. Moi, en tout cas, c'est déjà fait, et j'espèce que ce sera effectivement pour un bon bout de temps. Je me suis engagée pour du long terme, alors plus longtemps je resterais mieux ce sera.