L'accueil de Charlie à mon étreinte fut plutôt froide étant donné qu'elle se dégagea aussitôt de celle-ci, me lançant une réplique plus que glaciale qui eut le mérite de me refroidir aussi sec. Je devais me faire violence pour ne pas me vexer ou l'apostropher violemment, je comprenais qu'elle aille mal mais je ne méritais pas un tel traitement, à l'instar de Leone et Héléna. Je la suivis du regard monter les escaliers, laissant un presque inaudible " Mais " s'échapper d'entre mes lèvres avant de soupirer tristement, déçu. Je ne pensais pas me faire rejeter ainsi dans un élan d'amitié profondément sincère. On ne m'y reprendrait pas à deux fois, j'enfilai aussitôt ma veste sur mes épaules et, une cigarette déjà coincée à la commissure de ma bouche, je sortis de la maison d'un pas morose. M'isolant à la table, je me plantai face au mur, une main dans ma poche de jean, consumant rapidement le bâton de nicotine avant de jeter celui-ci dans l'herbe, à peine entamé. J'entendis alors une voix derrière moi. Les bras de Charlie venant m'enlacer dans mon dos, je laissai un bref soupire s'échapper de ma bouche, ne songeant pas une seule seconde (ou presque) à lui faire regretter son comportement à l'entente du "mon" particulièrement attendrissant. Je ne pouvais pas en vouloir à Charlie, la Française comptait beaucoup trop pour moi. Déposant ma paume là où se joignait ses bras, je me retournai finalement, enroulant mes mains autour de sa taille, la forçant ainsi à s'accrocher à moi alors que je la soulevais dans mes bras pour lui faire un long câlin, la respiration fébrile et le coeur serré.

Tu ne partiras pas, je ne te lâcherai pas.

Je poursuivis mon étreinte, tentant par ce biais de la rassurer, de soulager ses peines et de peut-être lui faire oublier un instant ce qui l'attendait dehors si elle partait Vendredi. Je ne le voulais pas, j'avais encore besoin de Charlie à mes côtés, elle était un pilier dans la maison, l'une de mes dernières attaches à ce jeu que je pouvais claquer à n'importe quel moment. Des candidats apaisants, drôles et frais comme elle était une nécessité dans cette émission, et je ne doutais pas du public, il devait le savoir. Elle se détacha alors de moi, et je glissai ma main sur sa joue, esquissant un léger sourire face à sa mine boudeuse, jusqu'à sa question qui eut le mérite de l'effacer aussitôt.

Je ne serais pas ici si tu n'avais pas ta place dans cette maison et surtout dans mon cœur. Je ne t'aurais pas rattrapé si tu ne méritais pas de rester ici, tu es mon amie Charlie, tu es une joueuse formidable, une femme exemplaire, tu ne peux pas partir aussi tôt. Tu mérites les demi-finales amplement, plus que beaucoup.

J'étais sincère, tellement sincère, ça m'en décevait que la comédienne ait un jour pu douter de ce que je pensais d'elle.