Valeri avait trouvé refuge dans la grande bibliothèque. Il ne venait pas souvent, ici. Il y venait très rarement même. Il avait trouvé une place, sur un petit divan installé. Entre les mains, un livre en biélorusse qu’il avait trouvé. Il n’était pas friand de lecture, encore moins de littérature. Ainsi, seul, dans son coin, une voix qui lui commençait à être familière retentit dans l’endroit silencieux. Il leva doucement la tête, portant son attention en direction de cet interlocuteur. Il referma le livre qu’il feuilletait. C’était Sully. Oh. Sully. Il se demandait bien ce qu’il lui voulait. Après tout, ils n’étaient pas si proche que ça. Il disait alors savoir. Savoir qu’il avait convenu de ne plus l’évoquer. Il n’eut guère de mal à ne pas savoir à quoi il faisait référence. Il faisait écho à la conversation qu’ils avaient tenu la semaine passée où ils avaient convenu de ne plus évoquer Lena. Un sujet qui les mettait souvent en désaccord. Mais, il y avait un « mais ». Valeri se doutait bien qu’il mentionnait subtilement l’entretien que Valeri avait pu avoir, à la fin du prime, avec Lena. Sully aurait pu aussi avoir le droit à une rencontre avec la jeune femme, si l’équipe adverse en avait décidé autrement. Oui. Tout ceci s’était déroulé lors du prime. L’équipe de Sully avait la possibilité d’accorder le droit – ou non-droit – à Valeri de rencontrer Lena dans le SAS. Après quelques arrangements, le chef de l’équipe (Sully) en avait convenu que le jeune biélorusse aurait le droit à cette rencontre. Il avait eu du mal à y croire, sûrement parce que son équipe avait été composée de nombreux sceptiques. Tant pis. Tant pis pour eux. Valeri hocha alors vaguement la tête, tant dit que Sully disait avoir besoin. Besoin de savoir comment elle allait. Valeri n’allait pas s’amuser à faire perdurer le suspens, ou encore moins jouer avec les nerfs de l’américain. Un léger rictus se dessina sur les lèvres du garçon. « Elle va bien. Très bien même, je dirais ! » lui avoua-t-il alors. C’est alors qu’il se rappelait de la requête que la danoise avait bien pu lui faire. D’embrasser Sun-Hi, mais aussi Sully. Son rictus s’élargit petit à petit sur ses lèvres, à l’évocation de cette pensée. « Elle m’a d’ailleurs demandé de t’embrasser… donc à défaut de le faire, je te le dis. C’est comme si je te l’avais fait, hein. » reprit-il. Non, parce qu’il se voyait mal embrasser Sully, sur la joue, comme si de rien n’était. Déjà, d’une : Sully était un mec. Et de deux : Valeri n’avait jamais été adepte de ce genre de démonstration affective –certes, avec Lena. Mais avec la jeune femme, c’était différent. Tout était différent avec elle.

Les interrogations de Sully, au sujet de Lena, étaient légitimes. Il devait d’ailleurs lui parler. Parler à Sully. En effet, la jeune lui avait demandé de l’embrasser pour elle, mais aussi de lui faire part de quelques petits mots. Etant donné qu’elle n’avait pas pu le voir, Valeri avait jugé bon d’être en quelque sorte le messager. Oui. Il est vrai que ça ne lui ressemblait pas tant. Mais il s’agissait de Lena. Alors pour elle, il pouvait bien le faire. Il lui disait d’ailleurs qu’elle allait bien. Très bien. Enfin, c’était tout simplement comme ça qu’elle lui parut lors de leur rencontre. Sully semblait inquiet au sujet de Lena. Peut-être qu’à sa place, le jeune biélorusse le serait aussi. Oui. Il l’aurait été aussi, à sa place. En plus d’être certainement un brin jaloux. Jaloux de savoir que quelqu’un d’autre aurait pu échanger avec la danoise. Si elle lui avait apparu fatiguée psychologiquement ? Il remua doucement la tête. « Non… elle semblait plus inquiète pour moi… ». Oui. Déjà sa remarque sur une suspecte perte de poids, mais aussi sur le fait qu’il devait faire attention. Attention à lui. Quant au reste, il lui fit part du baiser que la jeune femme lui avait quémandé. D’embrasser l’homme pour elle. Evidemment, Valeri ne se voyait pas vraiment le faire. Embrasser Sully. Oui… non. Les paroles articulées par l’américain ne furent guère accueillies avec beaucoup d’entrain. Il fronça alors quelque peu les sourcils. Il avait beau en rire, Valeri lui n’en riait pas. Non. Ca ne lui faisait pas rire. « Tu lui manques, Dean est fier de toi… elle m’a aussi parlé d’Ismène et toi, mais ça, c’est sans importance. » reprit-il d’un air un brin sec. Il faut dire que la façon dont il venait de lui parler ne lui avait guère plu. Oui. D’ailleurs, ces quelques mots faisaient partis de ce que Lena avait souhaité à ce qu’il répète à l’américain. Chose qu’il venait de faire en direct. Certes, de façon très brève. Il n’allait pas non plus argumenter des minutes, des heures à ce sujet. Valeri finit par hocher vaguement la tête lorsque Sully reprit la parole. En effet, cette rencontre lui avait fait le plus grand bien. Il fallait, certainement, être aveugle pour ne pas remarquer qu’il allait un brin mieux. Alors, oui, cette rencontre avait sûrement gommé quelques stigmates dus à l’absence de Lena. Evidemment, ça ne lui rendrait pas la jeune femme, mais c’était mieux que rien, comme disaient les optimistes. Mieux que rien. Selon l’américain, il avait eu besoin d’être remotivé. Sûrement. Peut-être. Il ne savait pas vraiment. « Je dois avouer que la revoir m’a fait le plus grand bien, j’en avais peut-être besoin au fond de cette rencontre… » souffla-t-il, en baissant quelques instants son regard sur le livre qui était posé sur ses jambes. « …Merci encore. ».

Les interrogations de l’américain étaient légitimes sur l’état de Lena. Peut-être que Valeri en aurait fait autant. Mais de ce qu’il avait pu voir, et entendre, non. Lena ne semblait pas préoccupée, ou tout du moins pas fatiguée. Oui, parce qu’au vue de leur conversation, elle semblait quelque peu préoccupée, notamment lors de sa mise en garde. Il devait faire attention. Faire attention de ne pas se faire avoir. Le jeune biélorusse hocha vaguement la tête lorsque Sully prit la parole. Quant à la suite, la remarque de ce dernier ne le fit pas spécialement rire. A moins que ça n’était pas le but. Le but de faire rire. Oui. Peut-être l’avait-il fait exprès de lancer de cette réflexion. Non. Enfin peut-être… Oh, il ne savait pas, puis il n’avait pas envie de réfléchir à ce sujet. Il vint alors à lui faire part des choses dont il devait transmettre à Sully. Bon. Il reporta son attention en direction de son interlocuteur, lorsque celui-ci prit la parole. Il ne semblait guère accueillir les propos de Valeri avait beaucoup d’enchantement. Bah voyons. Il reprocha alors à Valeri d’être un mauvais messager, c’était tout du moins ce qu’il crut comprendre. Pouvait-il encore se tromper, une nouvelle fois, à son sujet. Parait-il que quand on choisit de transmettre un message, on le faisait correctement… ou un truc comme ça. Il remua doucement la tête, silencieux. « Qu’est-ce ça peut me faire ? ». Puis l’essentiel était là. Il se doutait bien qu’en tentant de faire le messager, il réussirait sa mission qu’à cinquante pourcent. Tout simplement parce qu’il y avait de nombreux mots qui lui avaient échappé. Un léger soupir s’échappa de sa bouche. Ce n’était pas faute de faire des efforts pour que ça se passe bien, entre eux. La preuve, il tentait de raviver sa mémoire pour retrouver ce que la jeune femme lui avait dit en début de leur rencontre. Pour ce qui s’en suit, il ne pouvait pas nier que cette rencontre lui avait du bien. Le plus grand bien même. Il en avait eu besoin, certainement. Oui. Elle lui avait été bénéfique et lui avait aidé de retrouver un soupçon de moral. Un soupçon de bon moral. Oui, parce que c’était ce qui comptait : le bon moral. Comme tout, il y avait du bon et du mauvais. Le mauvais moral semblait s’être estompé. Tant mieux. Le jeune biélorusse ne put s’empêcher de le remercier encore une fois. Après tout, il aurait pu s’opposer à cette rencontre et opter pour la seconde directive. Celle qui aurait permis à ses camarades d’accumuler plus d’argents. Certains auraient préféré cette voie, n’est-ce pas ? Enfin, c’était ce que Valeri avait pu comprendre, en observant certaines réactions. Il disait avoir envie personnellement qu’il voit Lena. Un léger sourire se dessina se dessina sur ses lèvres. Oui, ça lui faisait plaisir ce qu’il venait de lui dire là. Vraiment. Il ajouta alors l’avoir jalousé. Le jalouser un peu. « Je m’en doute, oui… je pense que si tu avais pu la voir à ma place, je t’aurais envié aussi, je t’aurais jalousé… » souffla-t-il. Il ne pouvait pas nier que si le scénario inverse avait pu avoir lieu, il l’aurait envié, jalousé, voulu… oui. Alors il estimait la jalousie de Sully légitime. « Le scénario parfait aurait été que l’on obtienne tous les deux cette rencontre. » conclut-il alors.

Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? C’est vrai ça. Au fond, ça le dépassait tout ça. Puis, il n’allait quand même pas lui faire part de ses problèmes de mémoire ou tout simplement d’incompréhension face à certains mots qui lui semblaient inconnus. Oui. Alors il préférait jouer la carte de l’indifférence. Elle était beaucoup plus simple à jouer. Et il était presque sûr que quand le cas où Valeri lui conterait la vérité, Sully ne le croirait certainement pas. Un léger rictus étira ses lèvres lorsque l’américain en question prit la parole. Pour la version complète de ce message en question ? Valeri haussa légèrement les épaules. Il tentera de faire appel à sa petite mémoire pour tenter, oui. Avec un brin d’effort, il y parviendra. Peut-être, oui. Ou peut-être pas. Pour le moment, il n’était pas prédisposé à une longue réflexion qui lui permettrait de remettre les mots en place dans son esprit, et à recomposer les bribes de phrases que la jolie Lena avait pu lui énoncer lors de leur rencontre. Il devait remercier une nouvelle fois Sully, d’ailleurs. Le remercier de lui avoir laissé revoir la jeune femme, et d’accepter cette rencontre. Il avait certainement dû être retissent à cette possible rencontre. Oh ça, Valeri n’en douterait pas. Il y avait certes ses coéquipiers à remercier, mais surtout Sully - puisque c’était lui qui avait à choisir. Au dernier moment, il aurait très bien pu changer d’idée. Ca aurait été fourbe de sa part. Bien trop fourbe. Dans l’idéal, les deux hommes auraient obtenu cette rencontre grâce à la générosité de tous leurs camarades. Evidemment, ce scénario n’eut pas lieu. C’était trop beau. Dans le cas contraire, si Sully avait obtenu cette rencontre, il est certain que Valeri l’aurait envié, jalousé, voulu, détesté, haï… de l’avoir vu. Il n’avait jamais imaginé en aucun cas que la production aurait concocté une rencontre entre eux. Eux, Lena et Valeri. Non. Mais il n’allait pas s’en plaindre… cette rencontre lui avait fait le plus grand bien. Elle l’avait aidé à retrouver le moral. Sully était d’accord avec lui. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres, à l’écoute de ces paroles. Il est certain que ces rencontres auraient fait très plaisir à Lena. Valeri hocha vaguement la tête, comme pour approuver les quelques mots articulés par Sully. Il écouta alors silencieusement les mots qui s’échappaient à vive allure de la bouche de l’américain. Il disait que c’était bien que l’un ou l’autre ait pu la voir. Oui, il ne pouvait pas nier ce fait. Ainsi, le fait qu’il ait été privé de cette rencontre l’avait fait espérer que Valeri puisse en bénéficier. Oh ? Il ne pouvait pas réfuter le manque d’enthousiasme de Sully, lors du prime, face à cette alternative. D’un côté, il n’allait pas sauter de joie… Bref. Valeri se contenta d’hocher vaguement la tête, restant silencieux. Un léger soupir s’échappa fébrilement entre ses lèvres. « J’espère que j’aurais d’autres occasion de la revoir… » souffla-t-il, un brin évasif. « …Enfin sans que personne n’ait à débourser un centime. ». reprit-il avant de se taire une bonne fois pour toute.

Il ne pouvait pas nier les faits. Tous ces faits dictés par Sully précédemment. Cette rencontre lui avait fait le plus grand bien, lui avait été bénéfique, l’avait requinqué, l’avait apaisé. Il ne pouvait rien nier, évidemment. Mais il y avait bel et bien une chose dont il aimerait éperdument : la revoir. La revoir, mais cette fois-ci, sans avoir à débourser un seul centime. Oh non. La revoir au sein du nid, à un moment donné, ou tout simplement une fois que son aventure (à lui) sera terminé. Oh oui, il l’aimerait. Il en avait envie. La revoir ici. Ici ou ailleurs. Surtout ailleurs. Il en avait d’ailleurs fait brièvement part lors de leur rencontre. Il baissa le regard lorsque Sully reprit la parole, il hocha alors brièvement la tête lorsque l’américain lui demanda si elle lui avait dit quelque-chose à ce sujet. Oui. Elle lui avait bien « quelque-chose », et il avait bien compris que ce serait compliqué pour la revoir, pour une prochaine rencontre. Il savait bien – ou tout du moins il l’avait compris (ce serait plus correct de dire les choses de cette manière, d’ailleurs) – que Sully ne s’y opposerait pas. Un léger soupir s’échappa de sa bouche. Selon Sully, elle reviendra les voir. Elle reviendra lorsque les anciens candidats le pourront. Faut-il encore qu’il soit encore en course à ce moment, lorsque la jeune femme reviendrait au sein du nid. Il ne manquerait plus qu’il soit éjecté sans même qu’il ne puisse la revoir, une dernière fois encore. Ce serait con. « Tu auras plus de chance que moi à la revoir, dans ce cas… » laissa-t-il entendre. Il est certain que Sully aura bien plus de chance que lui de la revoir que lui. Que ce soit lors du retour des anciens, et même à l’extérieur. Dans les deux cas, Sully pourra jouir de ce privilège. Ce dernier le prévint, d’ailleurs. Parait-il qu’il avait déjà prévu de la monopoliser un bon moment. Il aurait beaucoup de choses à lui dire. Bah voyons. « Non » lança-t-il alors sèchement. « Enfin oui…. mais pas trop non plus. Puis tu seras bien assez occupé comme ça pour la monopoliser » ne manqua-t-il pas à lui faire remarquer. Oh allez, un brin d’humour n’avait pas fait de mal. Faut-il encore que Sully réussisse à l’interpréter comme tel.