Cette matinée là, je m'étais réveillé bien plus tard que je ne l'aurais imaginé. Moi qui était pourtant habitué à être debout aux aurores, certainement du à l'habitude, voilà que j'avais passé une grande partie de la matinée dans mes draps. On ne pouvait pas dire que c'était quelque chose de particulièrement malin lorsque l'on savait que j'avait été malade la moitié de la semaine passée et qu'ainsi, je n'avais pas vraiment pu défendre ma place comme n'importe qui. Maintenant que j'allais mieux, maintenant que j'avais récupéré, il allait falloir que je fasse des efforts, oui, je ne pouvais décemment pas rester sur mes acquis, et jouer aussi gentiment que j'avais pu le faire jusqu'à présent. J'avais donc quitté mon lit vers dix heures cinquante, descendant pour rejoindre la cuisine et attraper un pain au chocolat. Tout le monde était déjà plus ou moins levé, les volets grands ouverts et le brouhaha habituel avait déjà été mis en marche. Je commençais la journée avec un train de retard, et toute l'agitation autour de moi me le faisait d'autant plus sentir. Je me dépêchais donc de terminer mon petit déjeuner pour rejoindre la salle de bain, laissant l'eau chaude glisser le long de mon corps tandis que je réussissais à me détendre un peu plus. L'eau bouillante avait toujours cet effet là sur moi. Je savais que d'autres préféraient lorsqu'elle était froide, moi je ne pouvais simplement pas me passer de chaleur. Une fois propre, je m'étais essuyé , avait enfilé un pantalon et mis ma serviette autour de mon coup pour me sécher les cheveux en chemin jusqu'au dressing. Je traversais donc le couloir pour pousser la porte, alors que Mallaury - que je saluais d'un sourire - ne tardait pas à me rejoindre, m'annonçant qu'il fallait "qu'on parle". Autant vous dire que mon sang n'avait fait qu'un tour. Je n'aimais pas trop ce genre d'introduction d'ailleurs, parce qu'en général, ça voulait dire que j'avais fait une bêtise -autant vous dire que ça revenait donc souvent par chez moi. N'empêche que je me demandais bien ce que le garçon pouvait bien me reprocher. J'avais bien cassé un verre hier... mais je crois que personne ne m'avait vu, si ? D'accord, je me sentais coupable, autant tout lui dire. « Oui... Je sais... Désolé... Mais j'ai ramassé tous les bouts... » j'espérais ne pas avoir cassé son verre favori, tout de même, ça serait bête. Oui, non, parce que j'en avais un, de préféré. Il avait son extrémité inférieure jaune. Comme le citron. C'était sympa. Oui, j'étais toujours en adoration pour tout ce qui était jaune, mais là n'était pas le soucis, hm. Apparemment, le soucis n'était pas le même, puisqu'il en venait à me parler de la fois où nous étions aller pêcher. Pourquoi s'excusait-il exactement ? Certes il nous avait menti, mais ça n'était pas si grave que ça. « N-Non, mais t'en fais pas, c'est ma faute... Tu sais, je suis parfois un peu trop enthousiaste, y'a de quoi avoir la pression. » lui répondis-je en un léger rire tout en frottant mes cheveux d'une main, à l'aide de ma serviette pour continuer à les sécher. « D'ailleurs, t'étais un drôlement bon acteur ! » Ou alors, c'était moi qui avait été sacrément aveugle sur le coup, mon coeur balançait. Il me remerciait par la suite pour ce que je présumais être l'immunité, et mes lèvres s'étiraient un peu plus, tandis que mes joues rougissaient quelque peu. « Oh... ça... c'est rien. » A vrai dire, je l'avais fait car je me doutais que sa partenaire risquait d'être la cible des nominations, mais de toute évidence ça avait été inutile puisqu'elle avait fini par se nominer d'elle même. « C'était pas grand chose, et puis tu sais, l'argent ne m'intéresse pas trop ici... Enfin je sais que je n'arriverai pas au bout, alors autant que d'autres en profite. » Oui, ça me semblait même tout à fait logique. Je ne m'étais jamais vu comme un potentiel concurrent pour les autres candidats et c'était probablement ça qui viendrait à jouer contre moi.

Il n'avait pas l'air d'avoir compris mon message concernant le verre cassé, et il ne valait mieux pas que je poursuive ce sujet, parce que j'avais bien du en casser six ou sept depuis le début l'aventure. Heureusement que ça n'était pas des miroirs, je n'avais pas envie d'être maudit moi. J'étais doué pour pardonner, peut-être un peu trop pour mon propre bien, mais je ne voyais pas vraiment les actes et paroles de Mallaury comme étant quelque chose qui devait à tout prix être sanctionné. Je veux dire, d'accord, il nous avait menti sur le fait de savoir pêcher, mais ça n'était pas si grave que ça, à vrai dire, après coup j'avais même trouvé toute cette histoire sacrément marrante. J'étais passé pour la pire des buse, c'est sûr mais ça ne changeait pas beaucoup à d'habitude alors bon. Le garçon semblait tout de même surpris, comme si je venais la chose la plus absurde du monde. D'ailleurs il me demandait si je n'étais pas censé lui en vouloir... Lui en vouloir pour ? « Pourquoi, tu préfèrerais que je t'en veuille ? Je trouverais ça un peu bête moi, mais si tu veux, je peux toujours faire semblant. Bon par contre, je suis pas un aussi bon acteur que toi, donc tu t'en rendras peut-être compte. » Enfin je pourrais essayer oui, même si je n'en voyais pas grand intérêt. Le truc c'est que j'avais trop souvent tendance à pardonner tout, trop rapidement. C'était comme si je n'avais pas de tableau noir, vous voyez ? Comme si toutes les mauvaises actions que l'on pouvait avoir à mon égard s'effaçaient aussi rapidement qu'elles étaient arrivées. C'était triste, parce que du coup, je tombais encore et toujours dans les mêmes pièges, mais bon, j'étais ainsi, et je m'étais habitué à être déçu depuis le temps. Mais Mallaury n'était pas quelqu'un de mauvais, la preuve étant qu'il continuait de s'excuser pour quelque chose qui n'était même plus d'actualité, ce qui avait plus le don de m'amuser qu'autre chose, d'ailleurs. Pour ce qui était de l'immunité, j'avais pensé faire une bonne action, et puis c'était toujours mieux que ce soit quelqu'un que j'apprécie qui l'ait plutôt que quelqu'un que je ne connaissais pas, non ? J'avais l'impression qu'il me reprochait presque de la lui avoir offerte, et d'un coup, je me sentais quelque peu gêné face à ses paroles. « Je... » Je ne savais vraiment plus quoi lui répondre pour le coup, j'avais pensé bien faire... Heureusement, il avait ajouté qu'il avait tout de même apprécié le geste, ce don j'avais doucement commencé à douter. « J'avais pas envie que tu partes à cause de ta partenaire. » soufflais-je finalement, presque inaudible. « Ce... C'est mal de dire ça ? » J'aimais bien Christa, mais il était évident qu'elle allait nous quitter et si elle n'avait pas été nominée par la roulette, elle l'aurait probablement été par les candidats. Et de toute évidence, le public pensait la même chose que moi. Mallaury avait alors ajouté que quelqu'un lui avait dit qu'il se reposait trop sur les autres pour se sauver, et instinctivement, j'avais lâché un « Percy ? » Je me souvenais qu'il m'avait dit que c'était plutôt compliqué entre eux deux, et je l'imaginais être assez bien placé pour faire ce genre de reproche. « Ça n'était pas comme si tu y étais pour quelque chose de toute façon. » repris-je en croisant mes bras contre ma poitrine, avant d'ajouter « Il est peut-être jaloux ? » Parce que dans le cas contraire, je ne vois pas trop pourquoi il ferait ce genre de critique, bien que j'avais arrêté de chercher depuis longtemps les raisons des plaintes du monde entier, hm.

Je m'en fichais un peu moi de ce que Mallaury avait bien pu raconter la dernière fois, dans le sens où je savais que ça n'était pas mal intentionné de sa part. A vrai dire j'avais bien du mal à l'imaginer comme étant quelqu'un qui pourrait volontairement se jouer d'une autre personne. Non, malgré sa discrétion habituelle, il m'avait tout de même l'air d'être sacrément droit et juste. Le genre de personne en qui on pouvait placer une confiance aveugle, ce qui n'était malheureusement pas une qualifié que l'on pouvait retrouver chez beaucoup. Moi par exemple, j'étais un peu trop bavard et maladroit pour mon propre bien, il m'arrivait donc de laisser échapper des choses que je ne devrais pas dire et ce sans forcément m'en rendre compte sur le moment. Assez triste quand on y pense, non ? Mallaury trouverait donc ça plus juste que je lui en veuille, et moi, je trouvais quand même ça bizarre. Enfin, je veux dire, il devrait être rassuré non ? Pas étonné. D'autant plus que je ne savais pas ce qu'il en pensait, mais je n'estimais pas avoir la tête de quelqu'un de particulièrement rancunier. En fait, j'étais même approximativement sûr de ne pas l'être, hm. Il me demandait ensuite si je savais que c'était mal de mentir, et j'hochais la tête comme un gosse, ayant quelque peu l'impression qu'il me prenait comme en étant un. « Bon eh bien d'accord, je t'en veux alors, beaucoup même ! » j'exagérais, surtout que je ne lui en voulais absolument pas, mais si ça pouvait lui faire plaisir, pourquoi pas après tout. Il en venait ensuite à parler du fait que j'ai volontairement choisi de l'immuniser. Il est vrai que ça pouvait être surprenant comme choix, puisque Mallaury n'était pas le candidat que je connaissais le mieux ici, bien qu'il était un de ceux que j'appréciais le plus. Mais ça m'avait semblé logique, oui, dans la compétition, Christa était quelque peu devenue transparente, et j'avais peur que ça joue contre le jeune homme. D'après lui, elle ne m'en voudrait pas, j'espérais qu'il avait raison, car j'appréciais tout de même beaucoup la jeune femme, bien que nous avions des goûts assez différents. C'était une rockeuse elle, et moi j'étais un romantique. Deux poles opposés en somme. Mes lèvres s'étirèrent légèrement lorsqu'il me remercia une nouvelle fois. Je ne savais pas trop quoi répondre moi, en fait je crois que je n'étais pas habitué à ce que quelqu'un ait ce genre de paroles envers moi. D'habitude c'était plutôt des "c'est normal" alors oui, ça me faisait plutôt plaisir, j'avais eu l'impression d'être utile. Percy était évidemment l'auteur des paroles que le blond venait de me dire, ce qui ne m'étonnait pas franchement. A vrai dire, hormis peut-être Isaac, j'aurais bien eu du mal à imaginer quelqu'un d'autre dire ce genre de chose. D'après Mallaury, Percy n'avait rien à lui envier, mais sur ce point, je n'étais pas tout à fait d'accord. Je n'avais rien contre le voleur de foudre, non, mais Mallaury se dévalorisait et ça, je ne voulais pas l'entendre. « T'es attachant, sensible, agréable, bienveillant, je ne vois pas ce qu'il n'aurait pas à t'envier. » répondis-je finalement en évitant soigneusement son regard. Mais je le pensais, on ne pouvait pas dire que le brun était toutes ces choses que je venais de citer, et lui même devait en avoir conscience. Chacun avait son caractère, et les forces des uns pouvaient être les faiblesses des autres. Dans tous les cas, Percy et Mallaury ne semblaient pas être les meilleurs amis du monde, et je me rappelais maintenant que ça faisait un petit bout de temps que je n'avais pas parlé au premier. « N-Non, ça va... Enfin, j'ai parfois l'impression de ne pas être très utile ici. Tu sais, à l'extérieur, je suis toujours entrain de m'occuper de tout le monde, alors forcément, dans le nid je tourne un peu en rond. » Oui, j'avais la nette impression de ne pas être indispensable. Et je ne l'étais assurément pas, non, personne ne l'était en fait. Nous n'étions que des pions sur un échiquier.

Au final, à quelques exceptions près, Mallaury et moi, nous nous ressemblions assez, oui. Evidemment, nous n'avions pas non plus la même conception des choses, mais nous étions tous les deux assez calmes, pas des personnes bruyantes et encombrantes en somme, contrairement à d'autres qui se trouvaient dans le nid. Nous n'étions pas de ceux qui voulaient à tout prix exister au travers du regard des autres. Et je crois que c'était ce qui faisait que j'aimais passer du temps en sa compagnie, et qui faisait également que je pouvais le pardonner aussi facilement. Il est certain que si ça avait été quelqu'un que je n'aurais de base pas réellement apprécié, il m'aurait été plus difficile de passer l'éponge. Oui, je l'aurais assurément pris différemment, bien que me connaissant, j'aurais fini tout de même par lui pardonner. Il n'y avait qu'à voir ce qu'Alistair m'avait fait vivre il y avait de ça quelques semaines, si je lui en avais voulu sur le moment, au final je l'avais presque oublié maintenant. Mais soit, si Mallaury voulait que je lui en tienne rigueur, je pouvais toujours faire semblait de lui en vouloir, là, tout de suite. Pas sûr que ça serait très convaincant cela dit et c'est d'ailleurs ce que me fit remarquer le blond sur un ton quelque peu amusé. « Si on m'écoutait, je crois qu'il y aurait pas mal de choses qui ne serait pas "mon truc". » ajoutais-je en un sourire. Cela dit, ça n'était pas tout à fait faux, j'étais nul en cuisine, en musique, en acting, en équilibre et à tout ce qui touchait au "goût" en général... Je devais bien être bon quelque part cela dit. Ah oui, en sport ! En natation et en endurance particulièrement. Mais bon, je n'étais pas certain que ça comptait dans tout ce que nous disions pour le coup, si ? D'après Mallaury, Percy n'avait rien à lui envier, pourtant, moi j'avais réussi à trouver quelques trucs qui pourraient aisément faire penser le contraire. J'hochais la tête quand il me demandait si tout était à compter. Evidemment. Et encore, j'avais pesé mes mots. Cela dit l'irlandais n'avait pas l'air de me croire sur parole. Il faut dire que j'avais un quotient de persuasion proche de zéro. Peut-être que si j'avais été quelqu'un d'un peu plus imposant, il m'aurait de suite cru ? Je n'avais pourtant aucune raison de lui mentir, moi. « Et maintenant, tu le répètes avec un peu plus de conviction, allez ! » repris-je en tapant dans mes mains comme pour lui dire de s'exécuter dans l'immédiat. Oui, c'était bel et bien moi qui était entrain de lui donner une leçon de confiance en soi, franchement, on aura tout vu, hm. D'autant plus que j'avais bien vite fini par dire que je ne me trouvais pas particulièrement utile au sein du nid, ce qui en disait long sur tout le bien que je pensais de moi. Je ne savais pas trop quoi lui répondre lorsqu'il me demandait qui était réellement utile. Disons que je n'avais simplement pas le profil type d'un candidat de téléréalité, et que l'on s'attendait moins à voir quelqu'un comme moi que d'autres dans un jeu comme celui ci. Et d'après moi, il s'agissait d'une mauvaise chose, mais peut-être avais-je tord ? J'hochais instinctivement la tête lorsqu'il me disait que je n'avais pas à me sentir comme ça ici, et que je n'avais pas à m'occuper des autres non plus. C'était pourtant dans ma nature. Et c'était compliqué de lutter contre ça... « D-d'accord. » soufflais-je en capitulant même si pour le coup, je ne voyais pas trop ce que je pourrais faire si je ne m'appliquais pas à faire plaisir aux autres. M'affirmer ? Pourquoi faire ? J'étais bien ainsi. « Tu crois qu'un candidat discret a une chance de remporter un jeu comme celui ci ? » finis-je par lui demander. Parce qu'il en faisait partie après tout. Et je me demandais si il s'imaginait aller loin ou non, même si je n'avais pas vraiment de doute à ce sujet, le concernant.