+ tilda

Ça doit faire plus d’une semaine que je dors affreusement mal. Et la raison en était autre que Tilda. J’essayais d’agir normalement avec elle, bien que ce soit affreusement dur pour moi, mais une fois la nuit tombée je me forçais à ne pas fermer les yeux pour ne pas m’endormir. Tout simplement parce que j’avais peur. De quoi ? Eh bien tout simplement d’avoir un sommeil agité et de faire un mauvais mouvement. Qui sait, je pouvais lui donner un coup de pied sans m’en rendre compte. Et ça, je ne me le pardonnerai pas. Alors si j’avais passé toutes les nuits dans notre lit commun depuis son annonce, cette nuit était la nuit de trop. J’avais besoin de dormir sans avoir peur d’être dangereux pour Tilda, et surtout pour son bébé. Alors après quelques heures, je m’étais levé en prenant soin de ne pas faire le moindre bruit afin de ne pas réveiller ma partenaire. J’attrapais alors mon coussin et je pris la direction du salon, vêtu seulement d’un caleçon en guise de pyjama. Je m’installe alors sur un canapé. Et ça a beau être moins confortable que mon lit, ça restait tout de même un meilleur endroit pour dormir tranquillement sans avoir constamment peur. Je m’endors à l’instant même où je pose ma tête sur mon oreiller, montrant bien à quel point j’étais crevé. Je ne savais même pas comment j’avais eu la force de me retenir de m’endormir pendant tout ce temps. Quoi qu’il en soit, j’avais des heures de sommeil à rattraper.

Ce n’était pas le fait que Tilda soit enceinte qui me mettait dans cet état. Enfin si, ça l’était. Mais ce que je voulais dire par là, c’était que si c’était Elsa, ou Gaëtane, j’aurai réagis de la même manière. Ce n’était pas Tilda, le problème. C’était le fait d’attendre un bébé qui me faisait me sentir particulièrement mal. Mais en plus de ça, il avait fallu que ce soit Tilda. Celle avec qui je passais la majorité de mon temps, celle avec qui je m’entendais le mieux dans cette aventure. Il avait fallu que ce soit elle, et c’était encore pire. Je le vivais mal, et ça se voyait. J’en étais même au point de découcher et de m’installer sur le canapé, parce que sinon je ne fermerai pas l’oeil de la nuit. Et je m’assoupis à peine quelques secondes après m’être installé. C’était fou ce que je pouvais m’endormir plus facilement sans avoir la peur de faire quelque chose de mal à Tilda. «  Hmmm. » je grommelle en entendant mon prénom et en sentant des doigts dans mes cheveux qui m’apaisaient drôlement. Et puis j’ouvre doucement les yeux alors que le reste des mots montent lentement jusqu’à mon cerveau. C’était fou ce que j’étais crevé. Je ne peux pas m’empêcher de sourire à la vue de Tilda, malgré tout. Parce que je ne lui en voulais pas, et que je n’étais pas en mauvais termes avec elle. «  C’est un lit pour deux personnes… » Je justifie dans un murmure. Et Tilda était deux, désormais. Bon, mon excuse était nulle, mais je n’y pouvais rien. Je ne cesse pas de la regarder, du moins de ce que je peux voir puisqu’il fait plutôt noir, et je ne bouge pas d’un poil, souhaitant intérieurement qu’elle ne cesse jamais de jouer avec mes cheveux parce que ça avait le don de me rassurer. «  Tu devrais aller te reposer. » je lui souffle en portant ma main jusqu’à sa joue.

J’ai l’impression de faire la meilleure chose pour elle afin de la protéger. Et de me protéger moi aussi. Et je ne me rends pas compte que je m’y prends sûrement très mal. Je ne comprends même pas si Tilda comprend, ou si elle est complètement paumée par rapport à mon comportement. Mais j’ose croire qu’elle sait. Qu’elle a deviné. Après tout, nous étions devenus proches si vites, c’était pour une bonne raison : on se ressemblait. On se comprenait. Alors oui, j’osais croire qu’elle comprenait tout ce qui se passait-là. Et si je découche ce soir, ce n’est pas parce que je ne veux pas dormir avec elle, c’est juste que je ne peux pas. Et ça fait une grande différence, croyez-moi. Je me fais réveiller par cette Tilda même qui est la raison de tout mon mal être ces derniers jours. Enfin, ce n’est pas réellement sa faute et je m’en rends tout de même très bien compte. Je ne la blâmais pas. Le seul à blâmer dans l’histoire, c’était moi. Tout simplement parce que je n’arrivais pas à me faire à tout, et que je n’étais pas capable de surmonter mes peurs et mes peines. Je la regarde sans bouger, n’ayant pas envie qu’elle cesse de jouer avec mes cheveux, ce qui avait le don de m’apaiser et de me détendre. Et malgré tout ça, malgré tout ce qui se passe dans tête, je ne peux pas m’empêcher de lui sourire. Parce que Tilda n’était que la raison indirect de tout ce qui se passait dans ma tête, rien d’autre. «  Ça en devient gênant la manière dont tu es accroc à moi. » Je souffle dans un sourire amusé, ne faisant que la taquiner, ne pensant pas un traitre mot de ce que je venais de dire. «  J’espère que tu as conscience que bientôt tu auras un orgasme rien qu’en me regardant me déshabiller, si ce n’est pas déjà le cas. » Je rajoute, pour l’avoir déjà vécu. Enfin, après peut-être que les femmes réagissaient différemment par rapport à leurs hormones, j’en savais trop rien. Je n’étais pas un scientifique, et je n’avais côtoyé qu’une seule femme enceinte de ma vie. «  Alors tu vois, je fais ça pour ton bien. » Oui oui, c’était pour son bien que je l’évitais d’avoir un orgasme. N’importe quoi. J’ai beau rire sur tout ça, parler sur un ton léger qui m’est habituel, ça ne m’empêche pas de m’inquiéter pour elle et c’est bien pour ça que je ne suis pas sûr de vouloir retourner dans notre lit commun. Je veux la protéger. Je me relève alors un peu, m’appuyant sur mon coude afin d’être un peu plus à son auteur. «  Tu vas squatter mon canapé, hm ? » Je répète, en arquant un sourcil. Ce n’était pas vraiment une question, mais plus un « essaie un peu pour voir ».