C'est en nuisette de soie qu'elle dévale les escaliers pour se chercher un café à la cuisine. Elle se recouvrit les épaules dénudes de son kimono en entrant dans la pièce. Il était plus de quatorze et elle était tout fraîche et pimpante.  Elle avait récupéré ses heures de sommeil suite au décalage horaire et à son arrivée tardive dans le nid tôt ce matin. Auparavant, elle était à Singapour. Elle avait pris le premier avion pour pouvoir débarquer à l'île dès le début de la semaine pour ne rien rater. Le voyage fut tranquille, mais elle avait besoin d'une bonne nuit de sommeil pour se remettre d'aplomb. Elle se servit du café dans une tasse, cala sa tartine entre ses dents et remonta jusqu'au dressing où ses valises l'attendaient en face de son dressing. Elle croqua un bout de sa tartine, puis le déposa au-dessus de la tasse. Elle fredonna une chanson qui tournait en boucle dans sa tête depuis son réveil. Elle ouvrit les malles, sortit toutes ses tenues une à une et les rangea soigneusement sur des cintres. Elle plia ses pantalons, dépoussiéra ses vestes. Le rangement lui prit une bonne demie-heure. Elle avait tendance à emmener trop de choses avec elle. Notamment, les chausses. Heureusement, il y avait une place pour chacune des pairs. Satisfaite, elle ferma ses valises désormais vide. Elle souleva l'une d'elle pour la disposer dans l'étagère d'au-dessus. Elle était petite sans ses talons vertigineux. Elle se retrouva sur la pointe des pieds à faire du mieux qu'elle pouvait. Sans succès. Elle retenta une seconde fois, mais cette fois, une personne vint à la rescousse. Elle sentit la main de cette dernière frôler la sienne pendant que son sauveur posa la malle sur l'étagère sans difficulté.  « Qui dois-je remercier ? », demanda-t-elle d'une voix suave, le regard espiègle. Elle rit légèrement. Elle connaissait déjà l'identité de son bienfaiteur. Elle voulait seulement faire durer le mystère. Elle arbora un sourire mi-amusé, mi-troublé lorsqu'elle attrapa la main du jeune homme qu'elle effleura délicatement avec ses doigts, retraçant les yeux fermés ses phalanges avec velouté.

Malgré mon caractère, malgré ma fierté, j'ai décidé de remettre les pieds dans ce jeu. Jeu qui m'a donné ce que beaucoup recherchent, la popularité. Désormais, même aux Pays-Bas, on me reconnait. On me sourit. On me drague et puis on me complimente aussi. Foutue popularité. Je n'arriverai sans doute jamais à m'y acclimater. J'aimais bien ma tranquillité, le calme de ma vie d'antan. J'imagine que pour certain, remettre les pieds dans ce nid est un paradoxe à tout ce que je viens de dire. Oui, peut-être. Mais ce nid, est sans aucun doute l'un des seul endroit où je peux encore vivre la vie de cet ancien sloan. La vie d'un sloan pas connu. Ici, les candidats ne me verront pas comme le gars de la télé, ils retrouveront le gars qu'ils avaient rencontré quelques semaines plus tôt. Puis, pour être honnête, je venais ici dans l'espoir de recroiser certaines personnes. Des candidates. Des anciennes candidates. Une en particulier. Ancienne candidate que je venais d'apercevoir dans le dressing et de toute évidence, celle-ci semblait en difficulté. Alors qu'elle tentait de hisser l'une de ces valises en haut de cette étagère, je décidais de me rapprocher et de l'aider. Sans prendre la peine de se retourner, elle demandait qui était la personne qu'elle devrait remercier. Comme simple réponse, j'entrelaçais tout d'abord mes doigts aux siens. Souvenirs. J'avais toujours apprécié la proximité avec la jeune femme, j'avais depuis le début était indéniablement attiré par elle. Je me penchais un peu, rapprochant mes lèvres de son oreille pour y murmurer quelques mots. « A ton avis ?» Sa main redessinait les contours de la mienne, je fermais les yeux un instant. Je profitais de cette proximité retrouvée. « Ca fait longtemps ... Tu n'avais pas envie de me donner des nouvelles ?» Que je lui dis, convaincu qu'elle sait qui je suis. Spontanément, guidé par mes envies, je dépose un baiser dans sa nuque.