J'ai l'impression que je dois quelque chose à la fontaine qui se trouve dans le jardin, l'impression que c'est grâce au vœu que j'ai fais la semaine passée en jetant une pièce dans celle-ci, que le public m'a sauvée lors du dernier prime. Une sensation étrange qui me pousse à me rendre sur les lieux, comme pour aller remercier le monument. Ce qui est absolument ridicule, je le sais bien. Personne ne s'y trouve lorsque j'y arrive et je passe un moment à écouter l'eau coulée, étonnement, cela ne me donne pas envie de faire pipi. Tant mieux. Silencieuse, je décide de jouer l'équilibriste, je monte sur l'un des murets de celle-ci et marche d'un côté à l'autre. Je me mets dans la peau d'une funambule et je m'amuse comme cela longtemps. Très longtemps. Je suis dans un monde totalement parallèle, j'ai une tendance exagérée à me perdre au fin fonds de mes pensées. Je suis carrément déconnectée du reste du monde, j'en suis éloignée au possible. Tellement que l'apparition d'un visage familier apparaissant tout d'un coup m'effraie et me fait basculer dans l'eau. Ouch. J'ai l'air un peu bête maintenant, heureusement que la chute n'était pas si vertigineuse que cela. «Ca fait deux fois en deux semaines que je finis trempée jusqu'aux os quand je te vois.» Que je rétorque alors, les fesses toujours installées dans le bassin.

C’est peut-être ma dernière semaine ici. Je n’ai franchement pas envie de quitter l’aventure, mais si les téléspectateurs le décident ainsi, je ne pourrais rien y faire. Alors je me promène, comme pour faire un dernier tour de l’endroit. De toute manière, ma mémoire est assez grande pour que je retienne tous les détails des lieux sans y refaire un dernier tour, mais j’ai pourtant envie de le faire. Et lorsque je passe par la fontaine, je croise Elsa, marchant sur le rebord de cette même fontaine. À peine m’aperçoit-elle qu’elle vacille dans l’eau. Eh bien, je lui en faisais de l’effet, dis-donc. Je ne peux pas m’empêcher de rire, me doutant qu’elle ne s’était pas fait bien mal - sinon j’aurais accouru pour la sauver. Je m’approche alors, un grand sourire aux lèvres. «  C’est que je dois te faire un sacré effet, tiens. » Je dis en souriant, même si la première fois c’était moi qui l’avais jeté dans l’eau. Mais bon ce n’était pas la peine de le lui rappeler. Je me penche alors pour lui tendre la main afin qu’elle se lève. «  Ça va, pas trop mal aux fesses ? Besoin d’un massage peut-être ? » Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres. Oh, je n’y pouvais rien si je me sentais obligé de faire ce genre de commentaire.

Je suis assez maladroite par moment et je ne suis pas très étonnée de me retrouver les fesses dans la fontaine. C'est de ma faute, ça m'apprendra à jouer avec le feu. Je repose cependant la faute sur Lou, ça fait quand même deux fois que je me retrouve mouillée alors qu'il est pas loin. Il n'y aucun doute, c'est l'un des facteurs qui mène à ce résultat. Ça me parait super logique à moi. «De l'effet tu dis ? Même pas. C'est ta tête, elle me déconcentre. » que je le taquine alors avec un fin sourire «C'est l'eau de la fontaine qui a mouillé ma culotte hein. » Charmant comme commentaire n'est-ce pas ? Je suis sûre que tout le monde est super ravi de le savoir. Il me tend sa main et je l'attrape très rapidement pour me sortir de là. Je n'vais pas y passer trois heures non plus. «Oh, un massage je veux ! » que je lui réponds dès que mes pieds ont retrouvés le sol. «Où est-ce que je m'installe monsieur ? Et comment dois-je vous payer par la suite ? » J'ai plusieurs moyens de paiement en tête, plus ou moins intéressants mais je prends la décision de le laisser choisir, je suis ouverte à toutes proposition si il accepte. Je guette du coin de l'oeil un endroit où nous pourrions nous installer. L'herbe c'est bien. Mais encore une fois, c'est lui qui choisit. Et peut-être que sa proposition n'était pas sérieuse le pauvre mais il ne peut plus faire demi-tour désormais.

Elsa est tombée dans la fontaine à ma vue, qu’est-ce que je suis censé penser, moi ? Que je lui fais assez d’effet pour la faire chavirer, bien sûr. Il y avait eu aussi cette première fois dans le labyrinthe où elle était tombée les fesses en première. Bon, c’était à cause de notre collision, mais autant se faire des films jusqu’au bout, n’est-ce pas ? Je ne peux pas m’empêcher de rire à ses paroles. Très classe, Elsa. Très classe. «  Arrête de te mentir à toi-même, tu as fais exprès de tomber dans la fontaine pour me faire croire ces balivernes, tout le monde sait que tu es dingue de moi. » Ou pas, en fait. Mais je m’amuse, c’est plus fort que moi, et Elsa doit le savoir. Je finis par l’aider à ses relever, naturellement, et lui propose un massage sans grand sérieux. Après tout, peut-être que ses pauvres fesses trempées avaient besoin d’être massé, n’est-ce pas ? Mais bien évidemment Elsa saisi l’occasion pour prendre tout ça au sérieux. Oh, j’étais donc censé la masser, là, maintenant ? «  Il faut d’abord me payer en nature, et après c’est le massage. Ça marche dans cet ordre là, désolé. » Je feins une grimace. Je ne suis pas désolé du tout, à vrai dire, et ça se voit bien sur mon visage. J’arbore même un sourire malicieux qui me caractérise plutôt bien.