La solitude a gagné ma personne toute entière depuis un long moment déjà. Tellement long que je ne saurais le quantifier. Une demie heure ? Une heure que mes lèvres sont clauses et que mon regard se perd là où il peut trouver de la distraction. Je n'essaie pourtant pas de m'incruster auprès des autres, ce n'est pas un manque de volonté, surtout la peur de gêner les autres, d'interrompre les discussions qu'ils ont déjà entamés depuis le début de la soirée. Ce serait peut-être malvenue d'arriver comme un cheveux dans la soupe. Je m'occupe donc comme je peux. Simplement. Et je pensais que cela durerait tout le prime. Mais Clémentine en a décidé autrement. Sa voix résonne, me pousse à relever la tête pour savoir ce qu'elle me veut. Elle a quelque chose à me dire. Bien. Je me redresse aussitôt sur les deux grandes tiges qui me servent de jambes pour me rapprocher de la jolie blonde. Un large sourire accompagne mes pas tandis que je me pointe dans un premier temps face à elle et l'instant d'après sur le siège à côté du sien, de l'autre côté que celui qui est déjà occupé par Mallaury. «Oui, qu'est-ce qu'il y a ? » Ma voix rauque se pose calmement sur chacune des syllabes prononcées. La rubrique des adjectifs m'accaparent l'instant d'après et celle-ci me parait plus intéressante que les semaines précédentes puisque je suis l'une des trois concernés. Clémentine aussi. Elle ne semble pas complètement satisfaite des mots qui viennent de la qualifier mais j'ignore lequel la fait tiquer à ce point. Je pose un regard interrogateur sur la candidate, mes mots accompagnent d'ailleurs très rapidement ce regard.«Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Heureusement que Ghika vient le sauver en s’installant entre lui et Gaëtane, permettant ainsi de former un petit groupe pour la durée du prime. C’est qu’il n’en démord pas, cela aurait été dommage de passer son peut-être dernier prime seul. La remarque de Ghika ne lui provoque aucune réaction, il est vrai qu’il n’a aucune raison de se réjouir de ce prime en sachant qu’il y joue sa place dans le jeu. Ghika pense qu’il va revenir dans le nid et même s’il n’est pas aussi certain que lui, c’est plaisant à entendre. « C’est gentil, merci. » D’essayer de le rassurer, car il s’agit bien de cela, Ghika ne pouvait pas en être certain. Gaëtane émet ensuite l’hypothèse que le détecteur de mensonges n’est pas fiable du tout. Il hoche la tête pour approuver ses dires. « La production s’arrange pour le rendre intéressant, je suppose. » Pour pimenter le jeu, pour qu’Akela puisse se délecter des explications entre certains candidats à la suite de ce détecteur. Si quelqu’un était honnête à 100%, ce serait bien trop inintéressant pour être exploité. Il tente ensuite un compliment sur la nouvelle couleur de cheveux de Gaëtane. Il l’a croisée rapidement dans les couloirs avec cette nouvelle couleur, mais n’avait pas encore eu l’occasion de l’apercevoir de près et il doit reconnaître que c’est assez sympa. À la prochaine annonce de Cupidon, il en profite pour demander à ses camarades s’ils pensent remporter un award. Du côté de Gaëtane, la réponse est non. « Tu es attachante. » Il lui avoue. S’il y a donc un prix que Gaëtane est susceptible de gagner, c’est bien celui-ci. Mais peut-être qu’il se trompe et que quelqu’un l’a détrôné, il verra bien. Ghika, lui, pense peut-être remporter l’award du plus agaçant ou du plus excentrique. « Si tu ne gagnes pas celui du plus excentrique, je ne comprends pas. » C’est surtout qu’il ne voit personne pouvait faire concurrence au jeune homme. Le prime est animé, entre les awards et les questions. Il écoute les réponses des uns et des autres avec attention et plonge son regard sur l’écran à chaque annonce d’un gagnant. Paloma la plus charismatique, Mallaury le plus persécuté. Et lui en troisième place quand il s’agit du plus méchant. « Je suis si méchant que ça ? » Il lance dans la conversation. C’est qu’il ne perçoit pas la chose ainsi, il n’a pas l’impression de faire souffrir les autres par plaisir. Par inadvertance, peut-être. Enfin, il aimerait savoir si Ghika et Gaëtane l’ont perçu ainsi et si la réponse est oui, il va avoir du travail s’il vient à rester, pour améliorer ce point de son caractère. « Non, laissez tomber. » Il se rétracte, ayant conscience qu’ils n’oseront peut-être pas répondre par l’affirmative, alors autant ne pas obtenir une réponse qui n’est pas sincère.