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 we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50

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Paloma

Paloma
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MessageSujet: we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50   we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50 EmptyLun 3 Nov 2014 - 21:59

Le nid se vide petit à petit et les absences commencent à peser plus fort, celle-ci plus que les autres et c'est con, parce que Paloma ne sait pas composer avec ce sentiment de vide. Jusqu'à présent, elle a perdu des candidats qu'elle appréciait comme Hadrien ou encore Noah et c'est facile de piger que ça peut l'ennuyer ou lui manquer parce qu'elle avait envie de les découvrir davantage, de les apprécier, de continuer son exploration, lentement, délicatement. Pourtant c'est le départ d'Isaac qui l'atteint le plus et là c'est déjà beaucoup moins rationnel. Paloma n'arrive pas à savoir si elle est soulagée ou triste qu'il soit parti et en fait elle croit bien qu'elle n'est ni l'un, ni l'autre. Ils n'étaient pas amis, pas ennemis non plus, mais ils étaient quand même quelque chose. En fait, elle se rend compte qu'Isaac a toujours été un élément stable de son aventure, aussi agaçant, con, déstabilisant ou intimidant qu'il savait l'être. Il était là, en fait et avec le recul et son absence, Paloma se rend compte que sa présence était moins oppressante qu'elle le pensait. Elle l'a longtemps délibérément fui et c'est toujours lui qui prenait un malin plaisir à venir bousculer son univers mais c'était une constante. Une constante telle qu'elle a du mal à réaliser qu'il n'est plus là et que son pas nonchalant ou sa gueule de con au sourire de branleur ne va pas débarquer de nulle pour venir l'ennuyer. Et ça lui fait drôle, de perdre un repère aussi... illogique a-t-il été. Ca lui fait drôle parce que Paloma en a déjà perdu deux, la semaine dernière et qu'Isaac est le troisième à rejoindre sa liste juste en dessous d'Aaron et Percy. Sauf que les deux autres sont encore là et ça rend le problème encore plus insoluble. Y'a qu'à voir la scène surréaliste qui se joue devant elle. Paloma vient de passer la matinée à la piscine, un bouquin à la main sur un matelas gonflable, à tenter de faire le vide pour reprendre un peu le dessus de ses émotions en vrac depuis la date fatidique et tout ce qui a suivi. Son estomac la surprend à crier famine, l'espagnole se souvient que son dernier repas remonte peut-être à hier midi alors elle prend le chemin de la cuisine, ses pas félins avalant aisément la distance. Et maintenant, elle est là, assise au bar devant une assiette de fruits frais découpés devant un Percy qui agit comme si elle n'était absolument pas à quelques mètres de lui. Il lui tourne le dos, s'affaire à couper elle ne sait quoi et ne prononce pas un mot. Pas un seul. Même pas un banal bonjour de convenance qu'on pense pas, ou un ça va indifférent. Rien du tout. Paloma non plus, ne dit rien. Elle pourrait mais les mots qui lui viennent, spontanément, ne lui ressemblent pas. Ils sont lestés de plomb, remplis d'acide, ce sont des mots qu'ont le goût du sang, des mots blessés qui réclament vengeance et c'est pas elle. Alors elle se concentre sur son assiette mais y'a rien à faire, elle a le ventre noué et l'envie de lui dégueuler à la figure à quel point il peut être con parfois. Le silence est pesant, un silence que même un couteau de boucher ne saurait pas trancher et Paloma songe un instant à battre en retraite juste pour s'épargner cette situation. Sauf qu'elle en a marre de fuir tout le temps, de se dérober, d'esquiver les situations qui lui déplaisent parce qu'elle est pas de taille à les affronter sans s'écorcher les genoux au passage. Le nez dans son assiette faut de mieux, elle relève seulement la tête en entendant Percy jurer dans son coin. Elle saisit le bruit d'un couteau qu'on lâche brusquement et distingue les gouttes écarlates qui perlent et viennent tâcher le sol. Ses jambes se tendent d'elle-même, prêtes à bondir, mais Paloma les retient. Il a qu'à se débrouiller après tout si son immense fierté l'empêche de passer outre le fait qu'elle ait couché avec un homme qui ne soit pas lu, elle devrait également refuser qu'il se fasse aider par une fille, c'est dégradant. Mais il attrape le torchon sans doute pour nettoyer sa plaie et Paloma peut pas empêcher sa prévenance à la con de refaire surface même si elle aimerait l'enterrer. « Tu vas t'infecter » lance-t-elle simplement. Et puis ça s'enchaîne, son corps refuse d'écouter sa volonté vacillante et ses pas légers, aériens, foulent le sol jusqu'à la trousse de premiers secours au-dessus du frigo. Paloma attrape le nécessaire et pivote sur elle-même jusqu'à rejoindre Percy et sa main en sale état. Putain, ce qu'il peut saigner. « Laisse-moi faire » qu'elle demande en attrapant sa main entre ses doigts fins, avec une délicatesse dont elle aurait pourtant aimé se défaire. Il saigne tellement qu'elle voit pas la plaie même si elle doit être superficielle, insignifiante. Un peu comme son nouveau statut chez l'anglais, en fait. Paloma imbibe un coton d'antiseptique pour nettoyer sa main et note sobrement le caractère débilitant de cette scène. « C'que c'est cliché... » Elle, lui, une rancoeur tenace et un destin farceur. On pond des navets avec moins que ça.
Percy

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MessageSujet: Re: we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50   we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50 EmptyMar 4 Nov 2014 - 1:10

On aurait du mal à croire que son amertume lui était passée à le voir ignorer royalement Paloma alors qu'ils se trouvaient dans la même pièce, mais à cet instant c'était en fait d'indifférence dont il faisait preuve, ou tâchait du moins, parce que ça n'était pas aussi facile qu'il l'aurait cru de ne plus lui adresser ni un mot, ni un regard. Tout ça, c'était en partie à cause de sa fierté, bien sûr, mais il ne fallait pas pour autant minimiser combien sa révélation de l'autre jour avait pu l'affecter en tant qu'ami, parce qu'il avait cru en être un pendant des semaines, lui qui avait tâché d'accepter, difficilement au début puis avec un peu plus de bonne volonté sur la fin, le fait que l'espagnole ne soit pas de celles qu'on séduit facilement. Si ça l'avait longtemps frustré, il avait fini par lui-même vouloir que leur relation ait du sens, et c'est l'idée d'avoir été endormi par de jolies paroles qui lui était difficilement acceptable, parce qu'à coté de ça elle s'en était tapé un autre, et que c'avait remis tous ses beaux principes en question, tout ce qu'elle avait pu insinuer pour qu'il arrête d'attendre d'elle ce qu'elle ne lui donnerait jamais. Il aurait aimé qu'elle soit honnête, parce qu'il aurait su à quoi s'en tenir dès le départ et n'aurait pas eu à s'étonner de la voir se faire sauter en pleine forêt par un mec qui aurait vite fait de s'étendre en long, en large et en travers sur leurs ébats dans n'importe quel journal maintenant qu'il était dehors. Sur le prime, il avait d'ailleurs à peine regardé les images, mais du peu qu'il avait déjà vu, il avait compris qu'il y avait décidément un monde entre ce que lui pouvait espérer de Paloma et ce qu'elle pouvait donner à d'autres, à ceux qui peut être s'y étaient mieux pris dès le départ, avaient joué de meilleures cartes, mais l'appréciaient assurément moins que lui l'appréciait. Non, lui n'aurait pas pu la sauter après l'avoir vu si mal, si distante durant tout un prime, mais semble-t-il que c'était un tort d'avoir parfois un semblant de scrupules. Dans le fond il n'avait même plus envie de comprendre, parce qu'il tâchait de dépasser tout ça, de faire comme s'il n'était pas encore intérieurement rongé par le sentiment d'avoir été abusé. Alors elle était derrière lui, oui, mais en théorie seulement, parce qu'il ne daignerait pas se retourner vers elle et attendrait en soi qu'elle quitte la cuisine la première. Du coup, tout prétexte était bon pour s'occuper d'ici là, ainsi c'est sans trop savoir comment qu'il se retrouva avec un couteau dans une main et un fruit dans l'autre, commençant à le couper en quelques gestes distraits, parce qu'il pensait, encore et toujours, à ce qu'était devenue leur relation. Peut être bien qu'il avait sa part de responsabilité là-dedans, qu'il était trop fier pour oublier, pour pardonner, mais il ne se sentait pas capable de lui expliquer pourquoi il le vivait aussi mal, pourquoi ça n'était pas seulement son égo de petit joueur, de petit séducteur, qui parlait depuis l'autre jour. Et c'est sur cette idée que prirent fin ses réflexions, au moment où le couteau ripa et le coupa, l'amenant à grommeler de surprise, mais aussi de douleur, parce que ça faisait rarement du bien et que ça le faisait surtout bien chier qu'elle soit là pour se délecter du spectacle, elle qui certainement lui tenait rigueur des mots crus qu'il avait employé dans son bilan et qui rêvait peut être de le voir se vider sous ses yeux. La voix de la brune s'éleva pourtant et le prit de court, mais il ne répliqua pas, pas décidé à flancher maintenant. L'idée, c'était de se faciliter la tâche jusqu'à ce qu'il soit amené à partir. Mais elle ne l'aiderait en rien dans cette entreprise, étant donné qu'il la vit s'agiter et s'emparer d'une trousse de premiers secours. Oh, il voyait ce qu'elle avait en tête, et ça ne lui plaisait pas. Alors quand elle attrapa sa main, il eut un mouvement de recul, bref mais flagrant, et c'est d'ailleurs seulement à ce moment-là qu'il nota qu'elle était en maillot de bain. « T'as pas à faire semblant » qu'il articula péniblement, les yeux rivés vers cette blessure qu'elle commençait à traiter. A faire semblant de vouloir l'aider, parce qu'elle n'aurait a priori aucune raison d'être aussi désintéressée. Entre eux, quelque chose s'était cassé, et il avait été très dur dans sa façon de la qualifier dernièrement, alors oui, qu'elle ne se sente pas obligée de lui offrir son secours. « Je peux finir » qu'il suggéra alors, pas pour la couper dans son élan, parce qu'en soi ça le touchait en partie qu'elle se soit approchée, mais si elle ne l'avait pas fait pour les bonnes raisons, c'était idiot. Et effectivement, il pourrait tout aussi bien se débrouiller tout seul. La brune s'amusa sommairement de la situation, et il avala sa salive, complètement pris de court, parce que lui s'était dit qu'ils allaient s'éviter, ne plus s'adresser la parole, et voilà qu'elle était affairée à désinfecter sa blessure et qu'il était de nouveau question d'échanger. « Raison de plus pour en rester là, sans doute. » Il le suggérait, là encore, peut être assez lâchement, parce que ce serait plus simple pour lui de terminer tout seul à soigner sa plaie, et pour elle de faire comme si elle n'avait pas croisé sa route. Elle était à double sens, sa réplique, mais il n'en eut pas nécessairement conscience au moment de la prononcer. Finalement, il s'autorisa à relever brièvement les yeux pour tâcher de croiser son regard, ne serait-ce que l'espace d'une seconde. « Parce que t'étais pas censée revenir vers moi. Pas après ce que j'ai dit. » Après les mots qu'il avait employé dans son bilan, après la façon dont il l'avait accusée la dernière fois. Elle avait beau s'être approchée pour l'aider avant tout, le contact était restauré, et il s'en étonnait. Est-ce qu'il insinuait alors qu'il avait été aussi dur pour faciliter les choses et faire en sorte qu'elle ait aussi peu envie que lui de continuer ? Peut être, ne serait-ce qu'inconsciemment. Une chose était sûre, en tout cas, ses plans étaient tombés à l'eau à la seconde où elle avait quitté son tabouret.
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MessageSujet: Re: we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50   we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50 EmptyMer 5 Nov 2014 - 21:15

Composer avec Percy est moins évident que ça en a l’air et Paloma a l’impression que ses gestes sont maladroits, empruntés, mécaniques et loin de son ballet habituel – languide et caressant. C’est qu’une perception amenée par sa sensibilité profonde, accrue, mais ses doigts sur sa peau lui semblent inappropriés et c’est pas la réaction fuyante de l’anglais qui la rassure. Le problème de Paloma, c’est qu’elle sait pas laisser tomber. Elle sait pas abandonner, tourner le dos, mettre un point final et puis déchirer les pages d’un livre au lieu de simplement les rabattre. Elle, elle a besoin de les relire avec tendresse à chaque fois que la nostalgie frappe à sa porte et ça lui arrive souvent malheureusement. Paloma n'apprend jamais de ses erreurs parce que c'est un mécanisme de défense qu'elle n'a jamais développé. Elle, elle recherche l'intensité. Elle aime penser qu'elle vit quelque chose de rare, de fort, de beau, qu'elle est sur le bon chemin, celui qui la mènera exactement jusqu'aux cieux dont elle rêve pour elle, poétiques, exaltants. Paloma a l'idéalisme chevronné, biberonné aux livres romanesques et aux sentiments élogieux qu'on dévore que chez les plus grands auteurs comme des friandises. Et ce genre de chose, ça ne naît pas dans des relations apathiques. Ca surgit du fond des tripes et même si ça fait mal Paloma se persuade que c'est une douleur utile, nécessaire, comme une mauvaise herbe qu'on arracherait pour planter une graine plus jolie à la place. Alors ouais, elle devrait arrêter de se montrer aussi conciliante, de se laisser écraser en ravalant sa colère derrière le silence mais elle pense que ça s'arrangera, toujours. Que les cons ne le sont pas vraiment, que c'est qu'un reflet, une illusion, un mirage. C'est en réfléchissant ainsi qu'on s'mange des murs et elle le sait parce qu'elle en a bouffé du plâtre. Mais qu'importe. Elle est quand même là, à panser la plaie d'un type qui l'estime encore moins qu'une vieille pute sur le déclin atteinte de syphilis. « Je sais pas faire semblant » qu'elle note d'une voix égale sans lâcher sa main. Il est peut-être temps qu'il le comprenne, Percy, qu'elle fait pas semblant. Bien sûr, qu'elle a été blessée et bien sûr qu'une partie d'elle aurait préféré le laisser se démerder seul comme le con qu'il sait si bien être mais la vérité c'est qu'elle n'en est pas capable. Son corps s'est activé tout seul, comme un grand, suivant une impulsion instinctive, primaire, qui voulait qu'elle lui vienne en aide. Paloma, elle sait pas désaimer les gens, c'est comme ça. On peut la mettre dans une colère folle qu'elle exprimera pas, on peut se montrer odieux, la blesser, elle restera. Elle oubliera pas, mais elle pardonnera et elle restera là comme une conne persuadée que tout pourra toujours s'arranger jusqu'à ce qu'on la jette pour de vrai, pour toujours. La seule personne de sa vie qu'elle ait jamais quittée, c'est Aslam qu'a tiré sur la corde jusqu'à ce qu'elle rompe – la corde, et elle avec – et ça lui a tellement coûté d'le faire comme si une partie d'elle crevait en même temps qu'eux, fanait en elle et s'en remettrait jamais. Y'a fallu une thérapie pour réparer des dégâts irrémédiables et on peut voir que ça n'a pas vraiment fonctionné parce que Paloma n'a pas changé sa nature profonde. Celle qui fait qu'elle sait pas se préserver ou même s'entourer. Percy ne mérite pas qu'elle s'attarde près de lui, qu'elle ignore ses répliques qui lui balancent qu'il peut finir ou qu'il vaut mieux en rester là. Une infime partie d'elle le sait, le sent. Sauf que le reste réagit pas parce qu'elle n'a pas envie de le perdre, parce qu'elle n'a pas envie que tous leurs échanges aient été du vent, une vague tentative de la serrer qu'a pas aboutie et qui froisse son ego de mâle alpha. Paloma ne répond pas, elle laisse les mots de Percy voguer en eaux troubles et elle se concentre sur sa tâche. Elle laisse glisser le coton, le change quand il s'imbibe de sang et découvre la vilaine plaie cachée derrière des embruns pourpres. C'est une sale balafre et ça doit lui faire mal et pour une seconde, elle se dit que c'est bien fait, que c'est juste mérité en fait, avant que ses mauvaises pensées ne soient pulvérisées par toutes les autres – bien plus nombreuses. Elle attrape un nouveau coton et le presse sur la plaie pour estomper le saignement et pouvoir le panser. Elle essaye d'être délicate mais ce genre d'exercice n'est jamais évident dans cette situation alors elle se doute bien qu'elle lui fait mal, Paloma, même si les doigts de main libre, tout doux, viennent glisser à l'intérieur de son poignet juste pour chasser les picotements. Paloma s'arrête quand elle croise le regard de Percy et reprend, lentement, en n'y lisant rien qui l'incite à tourner les talons. Y'a que sa réplique, qui la frappe et fait se froncer ses sourcils. Il insinue quoi, là ? Que c'était fait exprès pour qu'elle s'éloigne ? Il la prendrait pas un peu pour une conne ? « N'essaye pas de me faire croire que ce que t'as dit c'était dans le but que j'revienne pas. C'était pas des paroles calculées, c'était des mots crachés sur le coup. » Un vomi verbal, en fait. La voix de Paloma ne trahit rien du tout. Elle est un peu fuyante, mais très douce. Elle ne hausse pas le ton, ni ne s'énerve. Elle va pas lui mentir, elle lui en a voulu, oui. Mais elle a réfléchi. « Je vais pas t'faire croire que ça m'a pas fait mal, que ça m'a pas blessée et que j'ai pas eu envie de faire pareil moi aussi, de te balancer n'importe quoi à la gueule au prime. Mais ça sert à rien. T'as le droit de me juger et j'ai le droit de trouver que c'est dégueulasse ou un ramassis de conneries. » Et c'est tout, c'est la vie, c'est un statu quo. Paloma n'oubliera pas, Percy ne s'excusera pas. Maintenant, ils peuvent composer, recoudre ce qui peut encore l'air ou décider de vivre leur aventure séparément. Elle, elle est là. Elle est là alors que personne ici lui a autant manqué de respect que lui et c'est déjà assez clair, comme geste.
Percy

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MessageSujet: Re: we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50   we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50 EmptyJeu 6 Nov 2014 - 19:03

Finalement, le plus inconfortable ici, ça n'était pas cette douleur qui le lançait méchamment, parce qu'il en avait vu d'autres. Non, c'était plutôt le fait que Paloma se soit levée et qu'elle ait entrepris de le soigner, parce que si ce geste d'un altruisme évident serait on ne peut mieux passé il y a quelques semaines, il lui était plus difficilement gérable à cet instant, compte tenu du fait qu'entre eux, ça n'avait justement plus rien à voir avec ce qu'ils avaient pu partager par le passé. Ce qu'il avait appris de la bouche de l'espagnole l'avait contrarié, mais ce qu'il avait appris de la bouche de Siomha, ça l'avait blasé pour de bon. Parce que c'était une chose d'avoir le sentiment légitime qu'on ne connaîtra jamais vraiment quelqu'un qu'on rencontre dans un pareil contexte, mais c'en était une autre de réaliser au bout de quelques semaines qu'une nana dont on pensait pouvoir se dire proche était complètement différente de ce qu'elle avait montré. Alors bien sûr qu'il était le premier que la situation faisait chier, qu'il aimerait pouvoir revenir aux premières semaines de jeu, pour lui laisser l'occasion de lui balancer directement quel était son passé, mais il ne pouvait pas pour autant faire comme s'il n'avait pas l'impression d'avoir été pris pour un abruti. Alors oui il lui avait manqué de respect, à sa façon, parce qu'il était peut être un peu moins fourbe qu'Isaac, que lui il aimait autant insulter en face, parce qu'il gardait bien assez de choses pour lui comme ça. Du coup, à cet instant, il ne comprenait pas qu'elle soit là, en face de lui, à s'affairer à le soigner. Si elle l'aidait simplement parce qu'il lui faisait un peu pitié, avec son doigt en sang, ça n'était pas la peine qu'elle reste plus longtemps. Parce que lui, il ne croyait pas tellement au fait qu'elle soit pleinement désintéressée, peut être parce que lui avait tellement de mal à pardonner aux autres qu'il n'imaginait pas qu'elle puisse ne pas lui tenir plus longtemps rigueur de ses propos. Pourtant, elle lui assura qu'elle ne savait pas faire semblant, et dans un sens ça ne le surprenait pas, même s'il aurait été le premier à comprendre qu'elle ne soit là que pour lui faire d'autant plus mal au moment où il s'y attendrait le moins. Il arqua simplement un sourcil, insistant sur le fait qu'il pourrait de toute façon finir, que quelle que soit la raison pour laquelle elle était là, elle n'avait pas à s'attarder. Et puis, bien sûr que la scène était clichée, c'était le lot des relations qui foutaient un peu le camps et qui en confrontaient les protagonistes à des scènes dignes d'une très mauvaise sitcom. Pas de réponse, mais le silence fut bientôt troublé par le son plaintif qui s'échappa de ses lèvres au moment où elle pressa un nouveau coton contre sa plaie, lui infligeant une désagréable sensation de brûlure. Mais les gestes que l'espagnole exécuta en parallèle apaisèrent assez efficacement sa douleur, l'amenant à ouvrir la bouche pour reprendre la parole, cette fois, mais d'une façon qui sembla déplaire à la brune, qui peut être le trouvait lâche de se chercher des excuses, alors qu'il n'était pas question de ça. « Pourtant je voulais que chacun d'eux t'affecte. En ça, c'était forcément un peu calculé » qu'il lâcha d'une voix graveleuse, pas tant pour retourner le couteau dans la plaie que pour ne pas minimiser les faits. Il n'allait pas prétendre qu'il n'avait pas voulu lui faire du mal, qu'il n'avait pas choisi certains mots avec l'intention de lui causer du tourment. Il était comme ça, Percy, assez cruel quand il était animé d'une sorte de désir de vengeance, parce que le blesser, c'était le meilleur moyen de faire ressortir ses pires travers. Semble-t-il alors que ça l'avait effectivement affectée, et on pourrait croire qu'il en serait fier, mais pas du tout. Parce qu'il n'était déjà plus dans l'état d'esprit de l'autre jour. « Je juge pas toutes les filles qui tombent là-dedans, parce que sur la forme je m'en fout de ce que chacun peut faire de son cul, et parce que je suis loin d'ignorer combien on peut parfois avoir à se rabaisser » consentit-il à lui expliquer, cette fois, parce qu'il savait que ne rien dire, et se contenter d'agir comme une teigne frustrée, ça pouvait facilement laisser penser que les choses étaient plus simples qu'elles ne l'étaient en réalité. « Moi, je juge celle que je fréquente depuis près de deux mois, que je pensais avoir cernée, mais que je reconnais pas. » Elle pensait que c'était précisément le fait qu'elle ait fait du porno qui le dérangeait ? Mais n'était-il pas le moins susceptible de la juger pour ses choix ? Alors le problème, c'était qu'il l'ait appris après six semaines de jeu, après avoir été frustré par certains de leurs échanges, mais surtout après avoir appris pour elle et Isaac. On aurait pu croire que ça ferait mieux passer la pilule, d'apprendre qu'en soi les mauvais choix ça la connaissait vraiment, mais ça l'avait surtout conforté dans l'idée qu'elle était différente de ce qu'il avait cru voir, interpréter. « Si je l'avais su dès le départ, pour ton passé, je pense qu'on aurait fini par en rire ensemble. » Ou tout du moins que ça aurait facilité la réconciliation, parce qu'Isaac était parti et qu'au fond de lui il pouvait s'amuser du fait que leur partie de jambes en l'air n'ait pas mobilisé les foules, mais il y avait eu deux révélations pour le prix d'une. « D'autant qu'Isaac savait, lui. » C'est en tout cas ce qu'il avait interprété du bilan du brun. Dans le fond, tant mieux pour lui s'il savait dès le départ comment jouer ses cartes, quoi exploiter avec elle, et comment gérer la situation de l'autre soir, dans la forêt. Mais l'idée qu'ils aient pu partager ça, tous les deux, en le laissant en dehors, ça le blasait. Dès le départ, les chances avaient été inégales, et même s'il essayait de s'en foutre maintenant, ça le frustrait. « Merci, en tout cas » qu'il souffla d'une voix plus basse, constatant qu'au moins sa blessure ne saignait plus et que ça ne pourrait qu'aller mieux. Il la remerciait de prendre cette peine, celle de s'occuper de lui, et plus généralement celle d'être là, d'être celle des deux qui a bien voulu ravaler un tant soit peu sa fierté pour tâcher d'amorcer un échange. Il n'était pas sûr qu'une issue s'offre à eux, mais si elle semblait disposée à leur en offrir une, alors peut être que le meilleur moyen de l'en remercier, justement, ce serait d'y mettre un peu de bonne volonté à son tour.
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MessageSujet: Re: we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50   we might as well be strangers ~ 04.11, 12h50 EmptySam 8 Nov 2014 - 20:31

Percy lui balance qu'il voulait que chacun de ses mots l'affecte et Paloma mesure pour la première fois l'ampleur de leur différence. A l'inverse, elle aurait jamais cherché à l'accabler davantage parce que son truc c'est de secourir, pas d'enfoncer, c'est de comprendre, pas de juger et ça la blesse – encore une fois – que lui n'ait pas essayé une seule seconde. Non ce qu'il voulait c'était l'affecter et c'est pas facile à entendre. « Eh bien bravo, t'as réussi » note-t-elle calmement, sans émotion lisible dans la voix. C'est sa façon de procéder, elle peut pas lui enlever alors elle n'a qu'à s'adapter, apprendre à ne pas être aussi aisément atteinte sauf que Paloma se balade la chair à vif, offerte, le coeur en bandoulière avec tout ce que ça implique. Elle le porte avec toutes ces cicatrices, toutes les souffrances du passé comme un trophée qui aurait pourtant une sale tête, comme une croix. Sa croix, un peu trop lourde pour ses épaules toutes frêles mais elle s'en fiche, Paloma, elle refuse de se couler dans du béton armé pour devenir aussi insensible en apparence que Percy. Parce que c'est pas la vie, ça, même si c'est plus facile de vivre comme ça. La suite ne lui plaît pas davantage et elle croit avoir paumé le décodeur qui leur permet de communiquer sans que chaque réplique que l'autre prononce les laisse interdits. Ses doigts qui caressent la peau fine de son poignet se stoppent bien qu'elle ne cesse pas la pression du coton imbibé d'alcool sur sa plaie. Paloma cherche le regard du Percy pour essayer d'y déceler quelque chose, la preuve d'une plaisanterie, peu importe, mais non. Il est sérieusement en train de juger les filles qui font du porno tout en affirmant le contraire. Mais il le fait, sinon il dirait pas qu'elles se rabaissent. C'est moche, comme mot. Ca implique une pitié qui fait mal, parce que la pitié c'est pas un bon sentiment c'est un peu le mauvais côté de la compassion en fait. Paloma n'est pas d'accord avec lui. Y'a des tas de filles qui tournent des films parce qu'elles aiment le sexe, elles aiment être un fantasme et sans doute qu'elles aiment aussi la notoriété que ce genre d'activité peut rapporter. C'est pas son cas du tout, mais elle trouve ça dégueulasse de prétendre de ne pas juger alors que c'est exactement ce qu'il fait. « C'est exactement ce que tu fais pourtant, en disant qu'elles se rabaissent. » Paloma a la voix neutre, le timbre qui prend malgré elle de la distance alors que jusqu'à présent, elle a avalé tous les pas qui la séparaient de lui et ils étaient nombreux. C'était pas seulement des pas, c'était un fossé, un ravin, un précipice, un océan même. Elle est venue, Paloma, elle s'est laissée conduire par son coeur qu'est toujours plus sensible que sa tête, toujours prompt à se donner, à pardonner, à ne rien envenimer et maintenant, elle se demande à quoi bon. Elle se demande si ça vaut la peine, s'ils parviendront à s'comprendre. A se croiser au lieu d'être deux lignes parallèles jusqu'à la fin, vouées à jamais se rencontrer. « Venant de toi, c'est un peu facile de juger les filles qui baisent à tour de bras » Parce que lui aussi, le fait. Parce qu'il devrait être content que ce genre de nana existe. Paloma le trouve de nouveau injuste, en fait, et ça l'ennuie d'esquisser des gestes de recul, des pas en arrière, alors qu'elle a pas envie de le perdre et qu'elle sait que Percy est inflammable, qu'il faut le manipuler avec douceur, précaution. Mais elle aussi, faut la manipuler avec précaution. Pas pour les mêmes raison, mais parce qu'elle est ébréchée, fissurée et que chaque mot qu'il lui lance c'est une nouvelle faille qui se creuse et qu'un jour elle va se casser. Pas à cause de Percy, pas à cause d'Aslam, pas à cause de sa mère, mais à cause de tout le monde, toutes les petites blessures jamais soignées qui se réveillent à chaque fois qu'on les attise. Paloma abandonne la main de Percy. Elle la repose avec délicatesse sans laisser l'empressement qui bout à l'intérieur se répercuter sur ses gestes. Elle fouille dans la trousse à la recherche de bandes et de ciseaux pour le panser et en fait, ça lui fait du bien d'avoir une minute de répit, de porter ses yeux ailleurs que sur lui et de penser à autre chose qu'à ses mots. « Ce que j'ai fait ne change pas qui je suis. Au contraire. » laisse-t-elle échapper en réponse, les yeux affairés à trouver ce qu'elle cherche. C'est vrai, il l'agace à penser ça, il peut pas essayer de réfléchir sans la forcer à tout sortir, à s'arracher le coeur pour lui tendre et qu'il lise lui-même dans ses balafres la vérité ? Parce que le sens que cherche Paloma, il découle directement de là, c'est pas qu'une volonté de jouer à la vertueuse ou elle ne sait plus quelle connerie il a pu sortir sur le moment. « T'as eu quoi au juste, trois mots ? Avec eux t'as déjà écrit toute une histoire alors que t'en sais rien » dit-elle en relevant les yeux sur lui sans agressivité, de son éternel ton qui sait pas s'imposer. Siomha a laissé échapper quoi, une poignée de mots, qui en soit ne veulent rien dire et Percy a déjà décidé de les assembler, de créer une histoire qu''est peut-être fausse et de juger en conséquence et ça lui déplaît. Encore une fois, ça lui déplaît parce qu'elle attend trop des autres. Paloma attend inconsciemment qu'ils agissent comme elle l'aurait fait sauf qu'elle, elle peut se manger des murs et continuer à croire, à avancer et c'est sans doute un signe de connerie infinie. Elle trouve enfin ce qu'elle cherche dans la trousse et c'est con mais Paloma se rend compte qu'elle était bêtement en train de retenir son souffle en attendant la suite, parce qu'elle sent que la conversation glisse vers une issue qui lui plaît pas. Et elle aimerait la retenir mais ce serait comme retenir des trombes d'eau pendant une inondation – impossible. inéluctable. « J'en parle pas, à personne, parce que justement ça ne me fait pas rire. » répond Paloma sans chercher à le regarder alors qu'elle s'occupe à couper la bonne longueur de pansement pour sa plaie. Le ciseau tranche, clac, c'est un joli bruit, il tranche le pansement comme elle aimerait qu'il coupe le silence et la rancoeur de Percy, la déchirer en pleins de petits cotillons jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement. Sauf que c'est pas possible. Paloma reprend sa main dans un geste mesuré, plus hésitant mais quand ses doigts se referment, elle se jure de pas la lâcher comme si ses gestes pouvaient rattraper ce que leurs mots peinent à faire. Il évoque Isaac, et une nouvelle fois, elle s'arrête pour poser sur lui un regard intense. « Arrête avec Isaac. Il est parti et tu as gagné. » souffle-t-elle sobrement. Il a gagné leur compétition débile alors vraiment, elle comprend pas en quoi ça peut lui importer ce qu'il savait ou pas. Paloma finit de bander son doigt, elle serre un peu, entoure une dernière fois et laisse le ciseau couper le cordon entre la bande et l'anglais. « Je lui ai jamais rien dit » Elle y est pour rien si Isaac savait, c'est pas sa faute si ses passe-temps dans la vie c'est le porno et le ping-pong. Paloma plante son regard mordoré dans les iris polaires de Percy comme pour lui ancrer que c'est vrai, qu'elle l'aurait pas dit parce que c'est tout un pan de sa vie qu'elle occulte. Il souffle un merci et elle se rend compte qu'elle tient encore sa main entre ses doigts, sans raison, juste parce qu'elle a pas envie de le laisser partir. En fait, elle a envie qu'il comprenne, qu'il la juge pour de bonnes raisons quitte à le faire. Alors Paloma relève la tête et plonge ses yeux dans les siens en essayant de ne pas s'y perdre sinon elle va tomber, chuter et perdre le courage qu'il lui faut pour rouvrir volontairement des plaies même pas cicatrisées. La vulnérabilité se lit dans ses pupilles qui brille d'une lueur étrange qu'elle ne peut éteindre et elle reprend la parole, la voix portée par un cérémonieux qu'on lui connaît pas. Son minois de poupée ne laisse rien transparaître, il est sobre, neutre, déjà résigné. « Si tu savais, ça t'aiderait à comprendre ? » qu'elle demande ou implore peut-être, elle sait pas, elle veut juste qu'il laisse tomber. Paloma s'ouvre la poitrine, elle accepte de le faire, de dévoiler son palpitant nécrosé, son coeur tout mou qui ressemble à une marmelade. Mais c'est un truc qu'elle peut pas dire à voix haute, c'est quelque chose qui fait trop mal, qui fait naître en elle une rage tapie dans l'ombre, un monstre dans son estomac, une colère, une haine même, qu'elle peut pas entendre dans le son de sa voix. Elle veut pas que ça soit diffusé, repris, transformé. Paloma s'avance et libère enfin la main de Percy. Elle la laisse retomber mollement le long de son bras et son corps vient frôler le sien pour s'y presser, son visage se penche sur lui et ses lèvres effleurent son oreille pour tout déballer. Elle raconte Aslam, Aslam le magicien qui savait si bien créer les sortilèges qui l'enivraient, qui enchantait la quotidien et la faisait se sentir précieuse, importante. Elle raconte les sentiments exaltés du premier amour, de la première histoire, son adolescence gâchée à être privée de vision et son empressement à rattraper ses années, combien elle se sentait vivante, avec lui. Elle raconte les premiers mois, l'étourdissement perpétuel, la valse du bonheur, les voyages, les belles choses, les déclarations enfiévrées et l'amour n'importe où, la sensation de voler, de voler très haut, sans limite, d'atteindre tout ce dont elle avait toujours rêvé auparavant. Elle raconte un homme charmeur et charmant, roublard mais drôle, sûr de lui, terriblement charismatique. Et puis, Paloma énonce la chute. Une chute équivalente à trois mille pieds, une chute lente, lancinante, inéluctable même si elle se raccrochait à chaque étage quitte à s'en arracher les ongles. Elle raconte une personnalité plus trouble au fil des jours, les démons jamais loin, sa façon de l'humilier sans avoir l'air d'y toucher pour la supplier quelques heures plus tard et ses excès, amenés par le contrôle qu'il exerçait perpétuellement sur lui et l'ennui, l'ennui de tout, la lassitude perpétuelle parce que le monde tournait entre ses doigts et que tout était trop facile. Elle évoque en filigrane le sexe de plus en plus difficile, espacé, l'incapacité d'Aslam à jouir et sa culpabilité, à elle, persuadée que c'était sa faute, qu'elle lui suffisait pas, qu'elle devait être nulle, empotée, ou ne pas l'aimer assez. Et ses envies à lui, toujours plus tordues, plus nombreuses mais amenées avec douceur, même pas suggérées, à peine soufflées parce que de toute manière Paloma aurait tout fait, absolument tout, pour pas le perdre, persuadée qu'elle s'en remettrait pas. Elle reste vague sur l'escalade lente mais continue jusqu'a l'apothéose qui voulait qu'il prenne son pied qu'en la regardant se faire prendre par d'autre(s), sous son nez, pour une caméra. Et elle, elle cherchait son regard au moment de l'orgasme, elle trouvait son plaisir dans le sien et se foutait bien du reste, des notions floues de bien et mal, de la pudeur, de la morale ou de toutes ces conneries. Paloma voulait seulement qu'il soit heureux, comblé, comme elle l'était avec lui, même si les souvenirs heureux s'évanouissaient derrière la crainte qu'il ne l'aimait pas vraiment, qu'il aimait l'idée qu'elle lui appartienne et c'est tout. Parce qu'au fond, elle l'a découvert bien avant de le quitter, y'a juste fallu qu'elle accepte d'ouvrir les yeux, de voir la vérité en face, de s'extraire dans une illusion pour retrouver la dureté de la vraie vie. Son timbre chaud s'estompe doucement et Paloma a le coeur au bord des lèvres. Elle déglutit péniblement, la gorge sèche, et s'écarte de Percy pour reprendre sa position initiale et conclure. « Je suis pas une victime » Elle se sent obligée de le dire, tout de suite, d'entrée de jeu, pour pas lui laisser l'occasion de la ranger dans cette case qui amènerait une pitié dont elle ne veut pas. « Si je suis victime de quoi que ce soit, c'est seulement de ma connerie. Il m'a jamais forcé à rien » C'est ça, le propre de l'influence ; ça se passe de la contrainte. Même s'il a brisé sa jolie figurine avec un talent certain, Aslam n'a jamais rien risqué, personne ne pouvait décemment se retourner contre lui ou l'accuser de quoi que ce soit. « Je voulais juste que tu comprennes avant de juger. Ce que j'ai fait, je l'ai pas fait pour moi. Je l'ai fait pour lui, parce que je l'aimais et que tout le reste n'avait aucune importance » Aucune importance tant qu'il l'aimait aussi, qu'il restait avec elle, qu'il ne la quittait pas en reprenant ses cartes d'un coup pour l'abandonner à son triste sort. Paloma se demande même comment elle a pu l'aimer, avec le recul. Comment elle a pu éprouver pour lui autre chose que la haine qui lui cisaille les entrailles, la haine qu'elle ressent jamais pour personne parce que c'est douloureux, de haïr. Ca demande des forces, ça demande à être entretenu, ça brûle, c'est comme avaler du poison et attendre que ça soit l'autre qui en crève. Mais elle est tombée de trop haut, jusqu'aux entrailles de la terre, pour pas nourrir à son égard toute la rage qu'elle muselle mais qui n'en reste pas moins là.

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