We both know the words are empty air ~ 05/07 | 12h50

W/monroe

—vendredi, douze heures cinquante —

Sully avait toujours été de ces personnes affreusement maladroites qu'il valait mieux ne jamais laisser à proximité de choses fragiles et qui avaient traditionnellement 'deux mains gauches'. Il avait alors bien souvent enchaîné les impairs, à son plus grand dam, et avait alors tendance à faire particulièrement attention lorsqu'il se trouvait près de quoi que ce soit qui ne serait pas en sécurité en sa présence. Parce qu'il ne fallait pas croire que sa maladresse ne se manifestait qu'en présence de bibelots anciens et hors de prix. Non, elle était hélas bien moins sélective que ça, beaucoup plus récurrente aussi, si bien qu'il lui arrivait régulièrement de causer toutes sortes de dégâts, a priori minimes, mais qui le confortaient mine de rien dans l'idée qu'il était décidément d'une gaucherie imparable. Et le plus embêtant dans tout ça, c'était finalement le fait de rester optimiste, de se dire malgré tout qu'il pouvait tout de même être capable de ranger de la vaisselle sans pour autant donner lieu à un drame. Après tout, il n'était pas dit qu'il soit incapable de faire preuve d'un peu d'adresse, de temps en temps. Alors oui, c'est dans l'optique de se prouver qu'il n'était pas qu'un bon à rien complètement pataud qu'il avait entrepris de faire un peu de rangement dans la cuisine. La tâche s'avérait pour le moins délicate, car toute la vaisselle qu'il manipulait depuis déjà quelques instants était pour le moins fragile et que c'était finalement presque tenter le diable que de s'essayer à un exercice aussi périlleux. Et justement, tandis qu'il avait tendance à être plutôt fier de lui et du fait d'être jusqu'ici parvenu à éviter un désastre, voilà que le destin se chargea de lui rappeler que sa maladresse était malheureusement innée, et prévenait rarement lorsqu'elle prévoyait de se manifester. C'est donc ainsi qu'un verre finit par lui échapper des mains, quand deux autres, probablement dans un élan de désespoir, crurent évidemment malin de le suivre dans sa chute. Au total, ce sont donc trois verres qui trouvèrent le moyen de se briser au contact du sol, le laissant pour le moins décontenancé, lui qui avait bêtement cru à un miracle. Et alors qu'il soupira pour le moins bruyamment, voilà que la porte s'ouvrit et que Monroe apparut. « Tu dois te demander ce qui est arrivé à ces pauvres verres ... » Disons que ça avait du attirer son attention, hm. « Et bien, figure-toi que je teste une … une thérapie contre le stress. Ça consiste à utiliser la vaisselle comme un exutoire pour soulager ses nerfs. Oui, voilà, c'est nouveau, c'est japonais et c'est très … exaltant. » Il se pinça alors la lèvre et la fixa, silencieusement, n'osant même pas lui avouer la vérité car partant de toute façon du principe qu'il était un si piètre menteur qu'elle n'aurait aucun mal à la deviner tout seule.

J'sais pas trop ce qu'il m'arrive ici mais j'ai tendance à me lever un peu plus tôt, peut être parce que j'ai pris le rythme lundi en me levant avant le coucher du soleil et en fin de compte ce n'est pas plus mal. D'ordinaire à cette heure là je suis à peine debout alors que là je suis sur le point de venir me nourrir et la chose la plus étrange c'est qu'en plus de ça, je me suis déjà nourris ce matin, c'est assez exceptionnel me connaissant. Je fais rarement trois repas parce que je me lève beaucoup trop tard ou alors il faudrait sans doute que je sois totalement décalé. Et il n'y a rien de pire pour l'organisme. Sauter un repas aussi mais je n'y peux pas grand chose alors bon ce sera comme ça. Quoi qu'il en soit je passe d'abord dans la salle de détente il est un peu tôt pour manger sauf qu'au moment d'entrer dans la salle j'entends un bruit sourd, comme du verre, oui, il me semble qu'il s'agit de verre, beaucoup de verre. Je suis obligée d'aller jeter un oeil dans le réfectoire ne serait-ce pour vérifier s'il n'y a pas de blessés, ce serait un peu dommage mine de rien. J'entends un soupire assez ... bruyant lorsque je pousse la porte et constate qu'il s'agit de Sully qui a l'air d'être en parfait état de santé, ce qui est un véritable soulagement je dois dire. « Tu dois te demander ce qui est arrivé à ces pauvres verres ... » Je hoche la tête, oui, même si je me doute bien qu'ils sont tombés. « Et bien, figure-toi que je teste une … une thérapie contre le stress. Ça consiste à utiliser la vaisselle comme un exutoire pour soulager ses nerfs. Oui, voilà, c'est nouveau, c'est japonais et c'est très … exaltant. » Je hoche la tête une nouvelle fois, comme pour lui dire que évidemment ça ne peut être que ça alors que je me retiens de rire. C'est pas très convainquant, surtout que c'est de Sully dont il s'agit, je le vois mal jeter des choses, juste comme ça. « Evidemment ça à l'air particulièrement efficace, je connais, je pratique souvent, mais sur les gens. Donc je suis contente que tu te contente de les jeter au sol, c'est plus ... sûr. Moins dangereux. » Evidemment, je lance souvent des assiettes sur les gens, je balance des baffes et des assiettes, c'est original. « De toute façon étant donné que tu m'as dit que tu étais un as de la vaisselle, je ne peux pas imaginer qu'ils soient tombés, ce serait impensable vraiment. » Oh bah non, je me souviens de notre conversation lorsque je lui ai demandé de me servir de cobaye, il y a de cela, des années lumières. Et là, je me souviens d'un truc. « Tu sais quand je t'ai dit que je jetais la vaisselle sur les gens, c'était une mauvaise thérapie, j'imagine que tu pourrais soudainement avoir envie de me prendre pour cible, mais je t'en conjure, ne le fais pas, je suis bien plus jolie avec mes deux yeux. » Je fais la moue, c'est une façon un peu détourné de lui dire que je suis désolée, je le dirais mieux mais bon c'est une entrée en matière.

Bon et bien, Sully savait maintenant qu'il était bien vain de croire que sa maladresse pouvait lui foutre la paix, vu qu'elle avait justement attendu le moment le plus opportun - à savoir celui où il s'était mis à manipuler de la vaisselle - pour se manifester. Et le résultat en était pour le moins désolant, étant donné que deux verres s'étaient tout de même brisés au sol, ce qui était embêtant dans la mesure où il se demandait maintenant s'il était censé les rembourser à la Production ou faire comme si de rien était et se contenter de ramasser les morceaux. Mais voilà que quelqu'un pénétra dans le réfectoire au moment où il en vint à se demander où il pourrait trouver une balayette, et ce quelqu'un s'avérait être Monroe. Sully ne voulait pas donner l'impression de faire un drame de pas grand chose, mais il est vrai qu'il avait assez mal vécu la révélation du secret de la jeune femme. Il aurait préféré qu'elle ne soit pas traitre, même si du coup cela avait permis à tout le monde de savoir qu'ils étaient tous démasqués, et donc qu'ils étaient à présent tranquilles avec cette histoire. En tous les cas, c'est sans trop savoir pourquoi qu'il se lança dans un improbable récit, où il fut question d'une pseudo thérapie contre le stress. Oui, bon, il aurait sans doute été plus simple de lui dire la vérité - d'autant plus qu'elle se rendrait vite compte qu'il racontait n'importe quoi - mais sur le coup il avait eu un peu honte de sa gaucherie, disons. A noter que Monroe entra dans son jeu, ce qui ne l'étonna pas étant donné que c'était en soi souvent ce qu'elle faisait. Elle disait alors pratiquer elle-même cette thérapie, fréquemment, mais sur les gens. Sully écarquilla alors légèrement les yeux, puis prit aussitôt un air plus détaché. « Ah oui, c'est une variante de la thérapie, j'en ai moi-même entendu parler ... Mais effectivement, je préfère me cantonner au sol pour le moment, car je ne me sens pas prêt à expérimenter quelque chose de plus extrême, d'autant plus que c'est quand même assez dangereux, effectivement. » Il va de soi qu'il ne pourrait jamais balancer de la vaisselle sur qui que ce soit, que ce soit pour calmer ses nerfs ou non. Tout comme il savait que ça n'était pas non plus le genre de Monroe, encore heureux. « En effet, je suis toujours aussi doué en la matière, alors s'il y a bien quelqu'un dans ce nid qui ne risque pas de faire tomber des verres, c'est moi. » Et en disant cela, il n'était évidemment pas du tout sérieux, étant donné que les événements jouaient contre lui et prouvaient justement que sa maladresse n'était plus à prouver, que ce soit en matière de vaisselle ou bien d'autre chose d'ailleurs. « Oh bah, figure-toi que cette idée ne m'avait pas du tout traversé l'esprit, mais maintenant que tu en parles, c'est vrai que ça me défoulerait pas mal de te lancer un verre en pleine figure ... » Il prit alors un air sérieux, alors qu'il ne l'était pas le moins du monde bien sûr – il avait beau être déçu, il n'en serait jamais violent - et souleva un verre qu'il fit mine d'orienter vers elle. « Je crois que le seul moyen de t'en sortir serait de m'apporter de quoi nettoyer tout ça. Et n'en profite pas pour t'enfuir, je ne voudrais pas être forcé de te courir après dans tout le nid ! » C'est vrai que c'était tout à fait son genre, après tout, de pourchasser ses semblables, hm. « C'est pour toi, hein, moi je suis sûr que tu serais tout aussi belle si tu étais borgne ... » Lui, insister ? A peine, voyons.

Cette semaine c'était un peu la semaine des excuses. Celle où je me devais de présenter des excuses, parce que j'ai une conscience. Et j'imagine que je devais le faire avec Sully. Je pense que je l'ai déçu. Oui ça j'en suis certaine. Ce n'est pas difficile à deviner mais d'un côté je ne savais pas à quoi m'attendre du coup j'avais tout mis en oeuvre pour l'éviter. Pour ne pas l'affronter parce qu'avec l'épisode Zola c'était déjà assez compliqué et puis j'ai continué, pas plus tard que la semaine dernière et résultat elle est nominée - avec Seth, à ma place en quelque sorte. Enfin moi aussi je le suis mais bon. En attendant, il a fait un bruit monstre et par conséquent j'ai accouru dans le réfectoire pour vérifier l'étendue des dégâts et c'est là que j'ai découvert Sully justement, il faut croire que c'était le destin qui me filait un genre de coup de pied au cul pour me dire d'arrêter de faire l'autruche parce que j'suis une grande personne. Et puis en plus ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas retrouvé en tête à tête tous les deux, j'ai pas envie de perdre bêtement ce qu'on avait construit. Enfin bref, en tout cas au moins il ne m'attaque pas avec ses verres restant je présume que c'est plutôt bon signe, il aurait pu. Et en plus il plaisante, évidemment que je rentre dans le jeu, c'est logique. J'y vais sans doute un peu fort vu sa tête. « Ah oui, c'est une variante de la thérapie, j'en ai moi-même entendu parler ... Mais effectivement, je préfère me cantonner au sol pour le moment, car je ne me sens pas prêt à expérimenter quelque chose de plus extrême, d'autant plus que c'est quand même assez dangereux, effectivement. » Je ne peux qu'agir comme si je comprenais tout à fait son point de vue, de manière tout à fait sérieuse devant ces énormes conneries on peut le dire. « Je te comprends, j'ai mis un long moment avant de pratiquer, il faut un mental d'acier et avouons le, une conscience assez limité, c'est dur je ne te le cache pas mais ça vaut le coup. » Et puis moi à sa place j'attendrais qu'il n'y ait pas de caméras pour le filmer ça risque d'être encore plus dangereux je pense. « En effet, je suis toujours aussi doué en la matière, alors s'il y a bien quelqu'un dans ce nid qui ne risque pas de faire tomber des verres, c'est moi. » Dit-il au sujet de la vaisselle. Je n'ai aucun doute de sa réputation, il me l'a bien dit après tout c'est que c'est obligé et que du coup ce n'est pas à cause de la vaisselle évidemment. « Je n'oserais jamais remettre ta parole en doute, soit en sûr. » J'suis tellement déterminée que moi même j'y crois, pas que je pourrais remettre sa parole en doute mais que ça ne peut pas être la vaisselle en gros. Enfin j'sais bien qu'il n'est pas sérieux, là n'est pas le problème mais c'est mieux si j'continue. « Oh bah, figure-toi que cette idée ne m'avait pas du tout traversé l'esprit, mais maintenant que tu en parles, c'est vrai que ça me défoulerait pas mal de te lancer un verre en pleine figure ... » C'est maintenant que je prends un air totalement flippé, je ne le suis pas, enfin pas vraiment parce que c'est Sully et qu'il ne m'a pas l'air d'être un violent mais du coup je lève mes mains pour me protéger. « Oh te sens pas obligé, et puis je m'en voudrais tellement que tu te retrouves nominé parce que tu aurais appliqué ma technique... » Je ne veux pas du tout qu'il pâtisse de mes conneries, il l'a déjà fait et là je suis beaucoup plus sérieuse. « Je crois que le seul moyen de t'en sortir serait de m'apporter de quoi nettoyer tout ça. Et n'en profite pas pour t'enfuir, je ne voudrais pas être forcé de te courir après dans tout le nid ! C'est pour toi, hein, moi je suis sûr que tu serais tout aussi belle si tu étais borgne ... » Par mesure de sécurité, je me dirige vers le petit placard à balais, et c'est le cas de le dire puisqu'il y a des balais justement. J'attrape le tout et je reviens, genre comme si j'étais braquée par un flingue ou un truc comme ça, j'veux pas qu'il pense que je vais l'attaquer alors je fais des mouvements lents. « J'vais nettoyer regarde, baisse ton arme, je... je vais le faire, et non je serais assez moche, je t'assure. » Et là j'commence à nettoyer tout en me disant qu'il faudrait juste que j'sois sérieuse au moins deux minutes. Juste deux minutes et du coup je lève la tête et m'arrête, j'ai l'air sérieuse et je le suis. « Est-ce que tu veux qu'on parle de sujet sensible ? Mon secret, Lena, et... le reste ? J'imagine que j'ai dû te décevoir, j'imagine que j'ai sans doute brisé un truc et ça m'énerve parce que je t'apprécie vraiment et j'ai toujours été sincère. » J'veux qu'li le sache parce que c'est important pour moi, Sully est un type bien, je le respecte beaucoup et je ne veux pas qu'il pense que je me suis joué de lui ou quoi. Enfin ça me paraît normal.

Spoiler:

Lorsque Monroe pénétra dans le réfectoire et le trouva en compagnie de débris de verre, il tâcha donc d'expliquer l'origine, lui qui avait préféré éviter de lui avouer la vérité - à savoir qu'il avait simplement fait tomber quelques verres au sol - ce qui pourtant aurait été préférable, quoi que moins amusant sans doute. Car ce qui était bien avec Monroe, c'est qu'elle n'avait jamais de mal à rentrer dans son jeu et à partager ses délires. Elle lui avait donc fait savoir qu'elle pratiquait quant à elle une variante de cette fameuse thérapie anti-stress et consistant à orienter la vaisselle non pas vers le sol mais vers ses semblables. Différent, et un peu plus risqué en effet. « Je m'en doute, ça n'est pas donné à tout le monde de procéder d'une manière aussi extrême. Encore faut-il y être psychologiquement préparé et je suis sans doute encore loin d'être prêt à tenter ce virage à cent quatre-vingt degrés. » Oui, bon, il vivait plutôt bien le fait de dire un peu n'importe quoi, car c'était le délire qui voulait ça et que ça n'était pas déplaisant de ne pas se prendre au sérieux. En tous les cas, il est certain que personne ne saurait douter des incroyables compétentes de Sully en matière de vaisselle, que ce soit pour la laver ou bien la manipuler en général. Tenez, aurait-il pu faire tomber des verres par terre, lui ? Assurément pas. Il maitrisait bien trop la chose pour se laisser aller à des erreurs dignes de débutants. Et tant mieux que Monroe ne remette pas en douter son indéniable talent, parce qu'il aurait pu s'en offusquer, clairement. Et la suite n'en aurait été que plus terrible encore, déjà qu'il était question de viser Monroe avec la vaisselle, une idée qu'elle lui avait malencontreusement donné l'instant d'avant. Sully laissa entendre que l'idée était tentante, pour lui du moins, car Monroe semblait déjà un peu moins partante, étrangement. « Parfois, tout prix est bon à payer pour se soulager un bon coup ! » alla-t-il jusqu'à énoncer, presque convaincant pour le coup. Il va de soi qu'il ne se permettrait jamais de lui lancer quoi que ce soit à la figure, que ce soit un verre ou rien qu'un mouchoir en soi. Il insista pourtant, laissant entendre qu'elle pourrait toujours échapper à son funeste sort si elle trouvait de quoi balayer tout ça. Du chantage ? Presque, c'est vrai. Mais il fallait bien qu'il profite de cette situation pour parer au plus important, à savoir faire en sorte que personne ne se blesse à l'avenir. Monroe revint alors avec un balais, et s’exécuta avec grande docilité. « Et bien, maintenant je sais quoi faire la prochaine fois que je ferai tomber des ... hm ... je veux dire, la prochaine fois qu'il me prendra l'envie de m'essayer à une thérapie délirante et impliquant de la casse ! » Oh allez, ça n'était pas comme si elle ne connaissait pas la vérité depuis le début, hein. Bon. D'autant plus que Monroe en vint bientôt à évoquer un sujet plus sérieux, à savoir le fait qu'elle soit traitre et qu'il puisse mal le vivre. C'était le cas en soi, pour certaines raisons, mais il ne voulait pas dramatiser les choses. « On peut en parler, oui, c'est sans doute la meilleure chose à faire » énonça-t-il alors, sans animosité aucune, beaucoup plus sérieux que l'instant d'avant en tout cas. « Je dois bien avouer avoir été déçu, oui. J'essaie de faire la part des choses quant au statut des traitres, parce que je sais que vous ne l'avez pas choisi, mais toute cette histoire aura fait souffrir des personnes auxquelles je tiens beaucoup et c'est ce qui me laisse un peu amer aujourd'hui. » Il pensait principalement à Zola et Lena, évidemment. « Je ne dirais pas que tu as 'brisé un truc', parce que je refuse que ça change quoi que ce soit entre nous et que je sais que tu ne t'est pas jouée de moi. Je vais juste avoir besoin d'un peu de temps pour avaler la pilule et tâcher de passer à autre chose. » Et s'il avait eu besoin de s'éloigner de Cosmas par le passé, pour les mêmes raisons, il ne se voyait pas s'éloigner de Monroe, parce que cette histoire de traitres était théoriquement terminée et qu'il fallait qu'il tourne lui-même la page en soi. « Je dois quand même admettre que tu as très bien joué. D'autant plus qu'être la dernière à tomber, ça doit être comme une petite fierté personnelle, non ? » Elle aurait de quoi être fière, parce qu'à l'échelle du jeu c'était quand même un exploit. On ne pouvait pas lui enlever le fait de s'être bien débrouillée, c'est certain.

Spoiler:

« Je m'en doute, ça n'est pas donné à tout le monde de procéder d'une manière aussi extrême. Encore faut-il y être psychologiquement préparé et je suis sans doute encore loin d'être prêt à tenter ce virage à cent quatre-vingt degrés. » Oui non mais c'est sûr, on ne prend pas assez en compte ce genre de risques, l'effort que ça demande. Et le pire, c'est que j'ai l'air tellement sérieuse que je vais sans doute me mettre à le penser. Enfin oui mais non parce qu'on est pas sérieux pour un sou, c'est la particularité avec Sully quand on se croise. Je trouve ça super cool en fait. « T'es un homme fort, je crois en tes capacités. Mais d'un côté, j'ai peur que ça te transforme en une personne totalement différente et je m'en voudrais, si la méthode du sol te convient, garde là, ne t'aventure pas sur des chemins sinueux, parce que crois moi, on en sort jamais, il n'y a pas de retour en arrière possible, réfléchis bien. » Oui je suis entrain de parler de vaisselle brisée, et oui, ça vous en bouche un coin hein ? Moi aussi, mais c'est parce que je pars rapidement, c'est la passion tout ça, il faut essayer de me comprendre, d'ailleurs Sully va me comprendre, je le sais. Bon par contre j'avoue m'être un peu emballée avec le fait de me viser parce que voilà qu'il tenait un projectile dans ma direction. Ce n'est pas croyable. « Parfois, tout prix est bon à payer pour se soulager un bon coup ! » Oui bon c'est vrai qu'il a de bons arguments, je ne peux pas luter contre ça. « Oui mais non, il suffit d'un peu de volonté, souviens toi, il n'y a pas de chemin de non-retour. » Et après pris d'une peur incommensurable je pars en quête d'un balai et d'une pelle à poussière et me voilà à ramasser les débris sur le sol, je crains beaucoup trop pour ma vie. Il me fait peur. « Et bien, maintenant je sais quoi faire la prochaine fois que je ferai tomber des ... hm ... je veux dire, la prochaine fois qu'il me prendra l'envie de m'essayer à une thérapie délirante et impliquant de la casse ! » Je suis obligée de rire, je n'arrive plus à garder mon sang-froid, c'est trop de pression, c'est trop dur tout ça. « Oh tu crois que ce sont les menaces ? Non du tout, je n'ai pas peur, je suis juste doté d'une grande sympathie et d'une grande compassion, ce serait dommage que quelqu'un entre en vitesse pour un besoin vitale de boire et qu'il ne voit pas le verre et qu'il se mette à se vider de son sang. » Et bien il n'aurait pas l'air malin, alors je pense à tout, et je pense tellement à tout que j'en viens à aborder un sujet sensible. C'est que c'est bien beau de déconner tout ça, mais autant mettre les choses à plat toute suite au sujet de mon secret. Il est d'accord pour en parler donc, tant mieux. Au moins il ne se ferme pas au dialogue. « Je dois bien avouer avoir été déçu, oui. J'essaie de faire la part des choses quant au statut des traitres, parce que je sais que vous ne l'avez pas choisi, mais toute cette histoire aura fait souffrir des personnes auxquelles je tiens beaucoup et c'est ce qui me laisse un peu amer aujourd'hui. » Oui non mais évidemment, je comprends son point de vue c'est logique, tout ça. « Je sais, néanmoins tu sais aussi bien que moi qu'on avait pas le choix, je comprends que ça puisse te faire souffrir, que ça a peu faire souffrir d'autres personnes, mais, enfin on est pas responsable du départ de Lena tu sais, elle n'était pas censée partir. Et je reconnais avoir eu tord au sujet de Zola, néanmoins je n'avais pas prévu de prendre la parole au début, puis j'ai pensé que si je ne le faisais pas j'aurais pu être en danger vu mon tempérament. C'est tombé sur elle parce que Cupidon nous l'a donné en proposition, sa tactique était discutable et voilà, tu sais tout. Et puis elle est encore là, et voilà, je crois que tu sais à peu près tout. » Bon voilà, je ne me sens pas obligé de le faire, je le fais simplement parce que j'en ai envie, parce que j'ai l'impression qu'il a le droit de savoir la vérité. En tout cas je n'ai pas brisé de truc et il lui faut un peu de temps. « Bien sûr, pas de problèmes. C'est tout à fait logique. » C'est normal, je termine de ramasser le tout puis je me relève pour aller jeter les débris dans la poubelle. Ça au moins c'est fait. « Je dois quand même admettre que tu as très bien joué. D'autant plus qu'être la dernière à tomber, ça doit être comme une petite fierté personnelle, non ? » Je souris légèrement. « Merci, j'avoue que je suis assez contente de moi, j'ai la sensation que j'aurais pu sans doute perdurer au moins encore une petite semaine mais finalement peut être que c'est un mal pour un bien. Et puis j'avais cru que j'allais être découverte bien avant, ma position au conseil aurait pu me mettre en danger, mes relations avec les autres traîtres aussi je n'ai jamais tenté de les atténuer. » J'aurais bien pu calmer mon attirance pour Sandro quand on a découvert son secret sauf que non, au contraire, quant à Hadatt, je trouve ça étrange que personne n'a trouvé notre proximité suspecte. Enfin maintenant ça n'a plus d'importance. « Au fait, je n'ai pas eu l'occasion de te le dire mais je suis heureuse pour vous, Ismène et toi. » Je lance sincèrement alors que j'attrape un torchon pour les verres. « Je ne trouve ça limite irrespectueux de laisser la vaisselle égoutter sans même penser à l'essuyer, tu ne trouves pas toi ? » Non mais quand même c'est dingue, et puis ça ne peut pas être lui puisque lui l'aurait fait. Evidemment.

Spoiler:

Cette histoire de thérapie avait de quoi inquiéter, surtout sa variante, celle qui consistait à lancer de la vaisselle non pas au sol, mais sur ses semblables. Une variante que Sully n'osait pas franchement essayer, pensant ne pas être tout à fait prêt pour s'essayer à quelque chose d'aussi extrême. D'autant que selon Monroe, ça pourrait surtout changer la personne qu'il était, faire de lui quelqu'un de différent. « C'est vrai, maintenant que j'y pense, je risquerais de me laisser envahir par un effroyable sadisme et ne plus pouvoir par la suite redevenir cet être inoffensif que je suis encore tant que je me cantonne à la thérapie de base ... » Toujours est-il que pourtant, il fut tentant pour lui d'orienter un peu de vaisselle en direction de Monroe, qui venait tout de même de lui donner une idée pour le moins intéressante. Il avait beau ne pas vouloir changer, il est certain qu'il partait du principe que lui lancer une assiette en pleine tronche aurait un coté d'autant plus exaltant. Non, bien sûr, il ne comptait pas la viser, c'était simplement pour rester dans le délire. D'autant plus qu'il est vrai qu'il serait fâcheux qu'il se retrouve nominé en ayant simplement voulu calmer ses nerfs. Quoi que dans l'immédiat, c'était peut être le cadet de ses soucis, oui, admettons. Monroe parla à nouveau de volonté, et il se contenta de hausser doucement les épaules, ne tardant de toute façon pas à laisser entendre que le seul moyen pour elle d'échapper à son triste sort serait de l'aider à nettoyer tout ça. Et le pire, c'est que Monroe s'y employa véritablement, alors qu'il s'était dit qu'elle saisirait l'occasion pour briser leur délire et reprendre son sérieux. Il la laissa cependant faire, prenant la liberté de laisser entendre qu'il avait comme une source d'influence sur elle lorsqu'il usait de menaces, ce à quoi Monroe répondit pourtant par des propos qui le firent sourciller. Alors comme ça, il ne pouvait même plus rêver ? « Oh arrête, la seule raison pour laquelle tu n'es pas encore partie en courant est que tu préfères abdiquer maintenant plutôt que de prendre le risque d'être plus tard assassinée sous la douche à coup d'assiette en mélamine ! » Là, c'était peut être le cinéphile qu'il était qui ne pouvait s'empêcher de se manifester et de faire peu subtilement écho à un film où, a priori, l'éphémère héroïne avait fait plus que s’enfuir d'une cuisine pour ne pas avoir à y passer le balais. Toujours est-il qu'ils en vinrent par la suite à évoquer un sujet un peu plus sérieux, et sur lequel il leur était sans doute nécessaire de revenir. Monroe avait donc bien fait d'y faire référence, étant donné que Sully n'aurait pas nécessairement osé le faire, n'ayant aucune envie de la braquer. Il tâcha alors de lui expliquer que la chose qui le dérangeait le plus, était que des personnes qu'il appréciait beaucoup aient souffert. La répartie de Monroe le poussa alors à hocher doucement la tête, parce qu'il est certain qu'il ne prévoyait pas de lui faire endosser des torts qui n'étaient pas les siens. « Non, bien sûr, je ne tiens personne responsable du départ de Lena … Je trouve juste dommage qu'elle soit partie d'ici en ayant été possiblement persuadée d'être mal aimée et en ayant vécu des derniers jours pour le moins difficiles, malgré le soutien qu'elle a reçu. » Le sien, mais aussi celui de personnes comme Sun-Hi et Valeri. « Mais je sais que vous n'avez pas eu le choix, et c'est pour ça que j'aspire à ne pas rester sur cette histoire éternellement. » Cela faisait déjà quelques semaines qu'il y pensait, alors il était sans doute temps de passer un peu à autre chose. Quant à Zola, il est vrai qu'il estimait qu'elle avait subi un acharnement pour le moins injuste, mais bon, Monroe n'avait fait que tâcher de protéger son secret. « Je comprends, et je peux difficilement t'en vouloir d'avoir tenu ton rôle, en soi. » Et il tâchait de la jouer aussi compréhensible que possible, pensant qu'il serait vraiment idiot de lui tenir rigueur d'une chose à laquelle il ferait surtout mieux de ne plus penser. Car en soi, rien n'avait été brisé par cette révélation et il lui faudrait simplement un peu de temps pour digérer tout ça. Quant au reste, il lui sembla bon de féliciter Monroe, qui avait été la dernière traître démasquée, la dernière à avoir préservé son statut donc, ce qui du point de vue du jeu n'était quand même pas rien. « Je t'avais suspectée, à l'issue du premier conseil, mais uniquement parce que ton attitude vis à vis de Zola avait attirée mon attention. Car par la suite, va savoir pourquoi, j'ai eu de plus en plus de mal à t'imaginer traître. C'est bien la preuve que tu t'es bien débrouiller, que les risques que tu as pris en ont valu la peine. » Puisqu'elle disait elle-même n'avoir pas cherché à cacher ses affinités d'avec les traitres. Semble-t-il que ça lui avait réussi, jusqu'au jour où elle avait évidemment été buzzée. Mais voilà qu'alors qu'il ne s'y attendit pas tellement, la jeune femme glissa un mot au sujet de sa relation avec Ismène, ce qui le fit sourire, car il avait décidément droit à pas mal de félicitations cette semaine. « C'est très gentil, je te remercie. Je vis vraiment quelque chose de formidable, et vous y contribuez tous lorsque vous m'adressez ce genre de paroles. Ça me fait infiniment plaisir, et j'en suis d'autant plus fier d'avoir officialisé ce qu'on vit elle et moi. » Leurs camarades se disaient heureux pour eux, et lui l'était lui-même d'autant plus. Quant au reste, la réflexion de Monroe au sujet de la vaisselle laissée à égoutter le fit rire légèrement. « C'est même carrément honteux ! Je propose qu'on appelle Horatio Caine et son équipe pour mettre un nom sur … une assiette, et faire regretter au coupable d'avoir voulu gagner deux minutes en s'abstenant de l’essuyer. » Oui bon, peut être énonçait-il un scénario pour le moins improbable, un peu extrême aussi, mais c'était pour en revenir à un ton plus léger. C'était ce qui faisait le charme de ses échanges avec Monroe, après tout.

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