“ I see fire hollowing souls ”

w/clémentine.

La semaine était déjà bien avancée, et à mesure que les journées défilaient, l'anglais arrivait à prendre un peu de recul. Il restait perturbé par le départ d'Elsa, par les derniers mots qu'ils avaient échangé, et par tous ceux qui resteraient peut être éternellement à l'état de non-dits, mais il tâchait de se reprendre, parce que broyer du noir ne changerait rien aux faits et que s'il devait lui-même quitter l'aventure d'ici quelques jours, il aimerait autant pouvoir se dire qu'il n'avait pas passé toute sa semaine à tirer la gueule. Bon, cela dit, s'il essayait de prendre sur lui et d'afficher une mine un peu moins morose, il était toujours tenté de s'isoler, parce qu'il n'avait pas nécessairement envie qu'on lui fasse remarquer qu'il s'était vraiment laisser plomber le moral par cette histoire ou qu'on essaie de trouver les bons mots pour lui redonner la pêche alors que peu ici pouvaient prétendre l'apprécier suffisamment pour le faire d'une façon tout à fait désintéressée. Alors l'anglais se baladait sans réel but à travers le nid, et c'est alors qu'il prit la direction du dressing qu'il nota une fois sur place qu'une blonde bien connue de ses services prenait quelques libertés avec sa garde-robe. Car s'il ne vit sur le moment rien de franchement surprenant à ce qu'elle farfouille, il nota bientôt que c'était dans ses affaires qu'elle avait mis le nez, consciemment ou pas, même s'il avait tendance à penser qu'ils n'étaient pas douze ici à porter des vestes Azzaro et qu'en ça elle aurait facilement pu se douter qu'elle était entrain de foutre le bordel dans la penderie de l'anglais. « Tu veux de l'aide ou tu penses t'en sortir toute seule ? » qu'il lui adressa alors après avoir effectué quelques pas dans sa direction, sans nécessairement chercher à jouer les mecs contrariés qui ont horreur de voir les autres toucher à leurs affaires, alors qu'en soi c'était une chose qui le dérangeait bel et bien depuis toujours. Non il n'était pas agressif, simplement il se demandant de quoi il était ici question. « Allez, repose ça et t'auras pas d'ennuis » qu'il ajouta en notant qu'elle avait toujours l'une de ses chemises entre les mains. Il l'aimait bien Clémentine, mais il aimerait autant qu'elle s'abstienne de mettre ses mains sur ses fringues, qui plus est quand elles étaient d'un blanc immaculé. Mais elle avait de la chance dans son malheur, si elle lui avait fait le coup deux jours plus tôt, il l'aurait pris bien autrement.

Je m'emmerde, alors je tente de passer le temps en expérimentant. C'est donc pour cela que je me retrouve à manipuler avec précaution la veste de Percy. Je me demande s'ils font la même taille. Je suis sûre que Mallaury est plus costaud que le candidat, non ? Aucune idée. Merde. La voix de Percy me trouble, je sursaute parce que j'ai l'impression d'être prise la main dans le sac. A la place, je me contente d'hausser les épaules, comme si rien n'était avant qu'il ne se décide à poursuivre. « Dans le cas contraire, il m'arrive quoi ? » je demande, presque insolente, en posant mes prunelles sur son visage. J'arque simplement un sourcil, le défiant. Je ne vois pas trop ce que je risque. Je fais mine de jouer avec la manche de l'une de ses chemises, principalement dans l'idée de l'agacer. Plus sérieusement ... « J'ai eu une idée brillante Percy » je commence alors en articulant en le regardant pour lui faire passer mon entrain. Il est bien celui qui sait que c'est rarement le cas, les éclairs de génie chez moi, m'enfin. On va essayer d'y croire cette fois-ci. Il faudrait peut-être que je m'explique un peu pour qu'il puisse capter ce que je veux dire. « C'est une sorte de thérapie pour toi et Mallaury» je lui dis avant de lui adresser un sourire ravi pour mieux faire passer la chose. Bizarrement, je m'étais mise dans l'idée d'arriver à arranger les choses entre eux, je ne sais pas pourquoi. Surement parce que les causes perdues m'attirent sans que j'en sache la raison. « Vous allez échanger vos fringues, pour essayer de vous mettre à la place de l'autre » je lui expose ensuite en me demandant quand Percy compte enfin protester, parce qu'il va le faire, j'en suis sûre. Mais je pense que cela pourrait les idées non ? Il faut que j'arrête de feuilleter les magazines de basse psychologie, ça commence à réellement m'atteindre. « Ça va ? » je finis par lui demander soudainement, d'un coup, parce qu'il est vrai que je ne m'étais pas souciée de l'impact du départ d'Elsa sur le candidat. J'étais déjà bien trop préoccupée à gérer celui qu'il avait eu sur mon aventure qui perdait un peu de sa saveur, un peu plus. Je lui adresse un tendre sourire en le regardant.

L'anglais ne savait pas trop ce que Clémentine pouvait bien magouiller, toujours est-il que ça ne lui plaisait pas des masses qu'elle ait le nez dans ses affaires. Non pas qu'il ait quelque chose à cacher, simplement par principe il n'aimait pas tellement qu'on fouille dans ce qui lui appartenait. Il lui conseilla en tous les cas de reposer la veste qu'elle avait entre les mains, parce qu'elle lui avait coûté bonbon et que pour cette raison il n'avait pas envie de la voir la dégueulasser. Son ton parut peut être un tantinet menaçant, alors qu'il n'irait pas lui faire physiquement regretter de s'être intéressée d'un peu trop près à ses fringues. « Dans le cas contraire, Hadrien risque d'avoir un peu de mal à te reconnaître la prochaine fois qu'il te verra » qu'il lâcha pourtant d'une voix faussement hostile. Ce serait une première pour lui de s'en prendre à une fille et il trouverait ça moche, donc elle ne risquait rien. La blonde parla en tout cas d'une idée brillante et il ne put s'empêcher de plisser les yeux d'un air perplexe, pas sûr de la qualifier de cette manière, lui. Il la laissa poursuivre, mais lorsqu'il entendit parler d'une 'thérapie' pour Mallaury et lui, il fut d'autant plus sceptique, parce que la connaissant ça allait pas être triste. Le coup de grâce, elle le lui donna cependant lorsqu'elle émit l'idée de les amener à échanger leurs fringues, parce que c'était bien le truc le plus sordide qu'il ait entendu depuis un moment. « Ah mais je savais pas que par chez toi 'brillante' c'était un synonyme pour 'saugrenue' » qu'il fit alors remarquer, parce que rien que de s'imaginer avec les fringues de Mallaury sur le dos, il se sentait nauséeux. Pour sûr elle n'était pas bien sérieuse, cela dit il la savait capable de s'imaginer que quelque chose pouvait être réglé entre son camarade et lui, et c'était peut être ça le plus saugrenu. « Ce que je peux faire sinon, c'est te faire du gringue, comme ça j'aurai l'impression d'être à sa place sans avoir besoin de me déguiser en croque-mort » qu'il suggéra, parce que si elle semblait s'intéresser à sa relation avec Mallaury, lui pouvait tout aussi bien foutre son nez dans la leur. Ça ne l'étonnerait pas que le Mallaury n'ait jamais rien tenté, cela dit il l'imaginait se rapprocher très subtilement de la blonde au fil des semaines. Clémentine lui demanda alors plus calmement si ça allait, et l'anglais n'eut évidemment aucun mal à deviner à quoi elle faisait allusion. Tout le monde avait pu noter que le départ d'Elsa l'avait retourné, même si Paloma était la seule à avoir vraiment vu à quel point. « Je vais bien » qu'il lui assura spontanément, dans un haussement d'épaules distrait. A ce jour, disons qu'il tâchait de se reprendre. « ... J'en ai pas l'air ? » Sa mine impassible aurait pu le trahir en début de semaine, mais les choses s'étaient simplifiées au fil des jours. Mais peut être que la blonde sentait qu'il lui restait ce poids considérable dans la poitrine, qui l'étourdirait encore facilement s'il s'abandonnait à cette détresse lancinante. Peut être bien que pour avoir elle-même vécu un départ éprouvant, elle savait qu'il fallait plus que quelques jours pour dépasser ce genre d'afflictions.

La pseudo menace de Percy m'arrache un léger rire. « Je suis sûre qu'il apprécie tes propos » je lâche d'une voix claironnante en le regardant parce qu'il sait très bien qu'on ne touche pas à mon visage sans conséquence derrière, je dis cela, je ne dis rien, bien sûr, mais cela ne serait pas dans son intérêt. Juste comme ça. « De plus, je sais très bien que tu ne violenterais jamais une fille» je déclare sûre de moi avant d'afficher un large sourire sur mon minois, autant vous dire que le contraire nuirait clairement à l'image que j'en ai de lui. Devrais-je lui rappeler qu'il m'aime bien et que je suis une chouette fille, d'après lui ? Je lui expose ensuite mon idée, il semble y être réfractaire, encore. « Alors déjà il ne s'habille pas comme un croque-mort, pour commencer » je tiens à préciser en levant un index pour se secouer devant ses yeux, on va dire qu'il a son propre style vestimentaire, pas très gai, je vous l'accorde mais quand même ! « Après il ne me fait pas non plus de gringue » je lui dis en grognant parce que ce n'est pas non plus la première fois qu'il l'évoque devant moi. Il est un peu lourd le Percy, quand il veut. Mais bon c'est ce qui fait son charme, apparemment.... « Je ne comprends pas pourquoi tu as du mal à accepter la simplicité de notre relation » je souligne alors en arquant un sourcil. On est amis. Point. Je sais que certaines personnes pensent qu'une réelle amitié entre homme et femme ne peut exister mais c'est bien le cas. Avec Mallaury c'est simple, on le sait, on n'attend rien, il n'y a pas de côté caché ou de sous-entendu ou de ne-je-sais-quoi qui pourrissent les relations. C'est d'ailleurs cela qui me pousse à rester avec lui parce que c'est apaisant de savoir clairement où l'on va. Je ne peux m'empêcher d'embrayer sur le départ assez douloureux d'Elsa. Enfin il l'est pour moi, et je l'imagine encore plus pour lui. Alors sans arrière pensée, je m’enquière de son moral. Justement, je veux savoir s'il va bien ou s'il a simplement l'air d'aller bien, il y a une certaine nuance quand même. « Donc maintenant c'est bon ? » je lui demande perplexe, même pas une semaine à s'attrister de son départ ou alors à enrager contre les votes mal orientés des téléspectateurs. « Tu veux la revoir en sortant ? » je lui demande, cash, sans filtre.

Percy avait peut être bien des défauts, mais jamais il n'avait cogné une fille, déjà parce qu'aucune d'elle ne l'avait poussé à bout au point de l'avoir rendu violent, mais aussi parce que ça faisait partie des rares choses qui étaient encore susceptibles de lui faire horreur. « C'est une façon de me dire qu'on retrouvera mon corps dans un bloc de béton ? » qu'il fit mine de s'inquiéter en plissant légèrement les yeux. Hadrien ne lui avait jamais tellement donné l'impression d'être un nerveux, non il le voyait plutôt comme un gars relativement pacifiste, cela dit il ne toucherait pas à un cheveu de la blonde, histoire de pas prendre de risque. « C'est certainement ce qui me différencie des vraies enflures » qu'il commenta en tout cas suite à sa remarque, parce que ouais, il n'allait pas sérieusement prétendre qu'il serait capable de s'en prendre à une fille, alors qu'il savait pertinemment que c'était susceptible de l'arrêter, quoi qu'il arrive. Quoi qu'il en soit, l'idée de Clémentine était on ne peut plus sordide, et l'anglais ne se voyait absolument pas échanger ses fringues avec un mec comme Mallaury, ce serait à coup à avoir l'impression de porter le deuil à longueur de journées. « T'es mignonne quand t'es pas objective » releva-t-il alors sur un ton presque amusé lorsque sa camarade contesta ses observations. Clémentine précisa également que Mallaury ne lui faisait pas de gringue, et c'est vrai que ça l'étonnerait un peu qu'il ne mise pas sur un brin de subtilité. « Ouais, maintenant que tu le dis, je l'imagine pas trop dragouiller ouvertement. Je suis sûr que son truc à lui, c'est plus d'apitoyer les filles pour arriver à ses fins. » C'est que lui, il s'étonnait depuis le début du tempérament de son camarade, et ça le rassurerait presque que dans le fond il aspire comme tous les types à se rapprocher des nanas, et qu'il ait pour ça misé sur une technique pas inintéressante. « Je sais qu'on a tendance à l'oublier, mais le Mallaury il a une queue, alors à mon avis il attend qu'une chose, que tu t'en occupes, parce que c'est peut être une couille molle mais ça reste un mec. » Il était bien placé pour savoir que les mecs avaient souvent de petites idées derrière la tête. Lui-même s'était déjà rapproché de certaines filles dans la simple optique de les ramener dans son pieu, c'était un classique. Elle chercha en tout cas à savoir s'il allait bien et il tâcha de l'en assurer, se demandant quand même s'il était crédible, tandis qu'il soupira doucement à la question de la blonde. « C'est pas "bon", non ... Tout ça, ça me pèse toujours. Mais j'essaie de me reprendre, ça me ressemble pas de me laisser abattre et si ça se trouve elle l'aurait pas aussi mal vécu si les rôles avaient été inversés. » Parce qu'elle était plus positive que lui, Elsa, et qu'elle devait être moins dépendante de cette relation, vu qu'elle avait sûrement davantage l'habitude de s'attacher. « Ouais, parce que j'aimerais autant éclaircir quelques malentendus, mais je suis pas sûr de le pouvoir ... Et puis je devrais peut être la laisser tranquille. » C'était un fait, quand il rentrait dans la vie de quelqu'un, il y foutait un sacré bordel. La dernière personne en date à l'avoir approché aurait d'ailleurs un peu de mal à en témoigner. « Vous resterez proches toutes les deux, tu penses, à l'extérieur ? » Il avait bien vu qu'elles s'appréciaient beaucoup, rien qu'à l'intervention de Clémentine sur son blog. Et lui il trouvait ça cool que deux filles qu'il appréciait soient amies.