w/jessica

Si dimanche il est parvenu à rattraper une partie de son manque de sommeil accumulé lors de la semaine précédente, ce début de semaine s’est avéré compliqué. Il n’a pas beaucoup dormi, pour dire pas du tout, et les rares fois où il parvient à fermer l’œil plus de deux heures, il n’a malgré tout pas l’impression d’être reposé. Autant dire que la situation commence sérieusement à l’agacer. Il a conscience que son esprit est préoccupé, particulièrement à la suite de la perte de cagnotte fictive et des conséquences que cela représente pour lui, mais il ne dirait pas non à avoir la paix quelques heures, ne serait-ce que pour avoir l’air d’un être humain et pas juste d’un zombie. Déjà que Siomha le compare à un fantôme, il ne manquerait plus qu’il soit comparé à un mangeur de chair humaine. C’est donc avec légère satisfaction qu’il constate, en ce jeudi soir, que son corps semble enfin réagir à son manque de fatigue, et qu’il est probablement près à sombrer dans un profond sommeil. Reste plus qu’à espérer que la loveroom ne soit pas occupée ou fermée à clefs, qu’il puisse s’y abandonner jusqu’au lendemain. Sauf que manque de chance, la seconde option est la bonne. Impossible de l’ouvrir. Ce n’est pas la première fois qu’on lui fait le coup, et ça l’agace fortement. Il fait donc demi-tour et vu l’heure, le salon doit probablement être occupé. Mais alors qu’il passe devant sa chambre attitrée, il constate que celle-ci est vide. Bien, ça fera l’affaire en attendant que la loveroom soit ouverte – c’est peut-être un peu tôt pour que des amoureux se bécotent, la production l’ouvrent certainement plus tard, il ose espérer. Il pénètre dans la pièce, cherche le lit qui est supposé être le sien. Il y a des affaires à Clémentine dessus, alors il va s’abstenir. Non, il préfère opter pour un déserté par ses occupants, désormais éliminés, complètement vide. Il ne sait pas à qui il appartenait, mais il fera l’affaire. Il se couche sur celui-ci, habillé, tandis que ses mains viennent se croiser derrière sa tête. Et il fixe le plafond. C’est moins sympa que la chambre stellaire, c’est certain. Même s’il est fatigué, il n’y a pas de risque qu’il s’endorme là, tant il n’a aucune envie qu’on le surprenne lors d’une de ses terreurs nocturnes. Non, c’est simplement ce qu’il a trouvé de plus confortable en attendant que la loveroom ouvre ses portes ou que le salon soit déserté. D’ailleurs, il ne bénéficie pas d’une tranquillité bien longtemps, puisqu’une dizaine de minutes après s’être posé, il entend des bruits de pas. Il relève légèrement la tête et découvre Jessica dans l’encadrement de la porte. « Tu as été virée de ta chambre ? » Il dit, alors qu’il plonge à nouveau son regard sur le plafond. Il ne sait pas dans quelle chambre elle est supposée dormir, il sait simplement que ce n’est pas celle-ci. Enfin, il lui semble. On ne peut pas dire qu’il ait réellement eu l’occasion d’enregistrer les compositions des chambres, pas même la sienne puisqu’il y vient une fois tous les trente-six du mois. Si ça se trouve, Jessica a élu domicile dans la chambre hivernale il y a quelques semaines et il n’est même pas au courant. Et si c’est le cas, il aurait l’air bien con, mais qu’importe. « Ou peut-être que tu viens saccager le lit de Paloma ? » Il ajoutant, tentant là une petite plaisanterie. Ce n’est pas sa spécialité, mais il ne perd pas espoir de s’améliorer. Ce n’est plus un secret d’état que Jessica ne porte pas l’espagnole dans son cœur. Il ne sait pas pourquoi, il n’a pas suivi leurs histoires et il s’en fiche bien. D’ailleurs, si ça se trouve, il dit une autre bêtise, peut-être que Paloma a aussi déménagé pour une autre chambre, mais aux dernières nouvelles elle était dans celle-ci. « Au fait, ta petite déprime, elle a disparu ? » Ça fait beaucoup de questions d’un coup, mais pour une fois qu’il est bavard, on ne va pas l’arrêter, hm.

Je m'ennuie, je tourne ne rond, je ne sais pas quoi faire. J'ai essayé de dormir, mais il est encore trop tôt pour ça, et je crois que je n'ai rien mangé de la soirée. Je devrais peut-être faire un saut par la cuisine, une bonne âme aura peut-être cuisiné pour tout le monde et il en restera donc suffisamment pour moi. Mais je n'ai pas envie de descendre. L'ascenseur n'est clairement pas fiable et c'est fatigant de descendre les escaliers, j'ai trop la flemme. Alors je vais rester là, allonger sur mon lit, mais sans fermer les yeux parce que je n'ai pas envie de dormir, pas encore, si c'est pour être réveillé par les autres quand ils viendront se mettre au lit à leur tour, pas la peine. Mais je m'ennuie toujours et ça m'agace profondément. Alors je me lève mais je ne sais franchement pas quoi faire. Ma tête est totalement vide d'idées à exploiter pour chasser l'ennui. Jusqu'à ce que j'aperçoive Alistair qui entre dans une chambre, la sienne sans doute. J'hésite à le suivre, à l'embêter en fait, parce qu'il veut peut-être dormir, contrairement à moi, ce serait pas sympa de l'en empêcher, mais je m'ennuie, moi. Je décide donc de le rejoindre en espérant ne pas trop le déranger, parce qu'après tout, peut-être que lui aussi, il s'ennuie. Il m'aperçois à peine qu'il me demande déjà si on m'a virée de ma chambre. « Non. » Je réponds d'un air assez indifférent en hochant la tête de droite à gauche. Puis il pense que je suis là pour saccager le lit de Paloma. « Non. » Je souris cette fois. « Mais l'idée est pas bête, j'y avais même pas pensé. » Je réplique, un doigt sur le menton, juste sous la bouche, comme si j'envisageais véritablement de le faire à présent. « Vas-y, c'est le quel son lit ? » Je sais lequel c'est, enfin si elle en a pas changé, mais c'est juste pour faire comme si, et puis pour voir s'il serait près à me répondre ou pas, ce qui m'indiquerait de quel côté il serait s'il devait choisir, mais je pense pas que ça ira jusque là, entre elle et moi, tout de même. Mais bref. Le candidat s'inquiète alors de savoir si ça va mieux, par rapport à ma petite déprime de rien du tout de l'autre jour. Je plisse les yeux. « Ouh, tu poses trop de questions, toi. » Je remarque, l'air très suspicieux, alors qu'en fait je trouve que c'est plutôt une bonne chose. « Y a quelque chose qui va pas. T'es malade ? » Une maladie qui rend les gens comme lui, qui posent pas trop de questions d'habitude, subitement curieux, hm, je pense pas que ça existe, mais bon, c'est juste pour plaisanter. « En tout cas, pour te répondre... Oui, je crois qu'elle est partie. » Je dis pas ça pour le rassurer, c'est la vérité vraie. « Pour l'instant. » Bah ouais, je suis pas à l'abri d'une rechute.

Il n’a pas le temps de savourer le calme autour de lui que Jessica entre dans la pièce. Heureusement qu’il l’aime bien, parce que ses moments de solitude commencent sérieusement à lui manquer. Il s’isole moins qu’avant, mais il en a toujours besoin. Si lui a des raisons d’être là – enfin, même s’il squatte jamais cette chambre, ça reste la sienne, officiellement – qu’est-ce que l’américaine peut bien faire ici ? Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas sa chambre et celle-ci possède une décoration bien moins agréable que la chambre stellaire, il n’y a personne à part lui en plus de cela, donc il ne voit vraiment pas ce qu’elle pourrait venir faire ici. Peut-être qu’on la virée de sa chambre, c’est une option. Mais ce n’est pas le cas. Alors peut-être qu’elle continue sa petite guerre contre Paloma et qu’elle vient saccager son lit, ça ne l’étonnerait pas. Pas qu’il s’y opposerait ceci dit, les deux jeunes femmes sont assez grandes pour gérer le conflit toutes seules, alors ce ne serait pas de son ressort d’empêcher Jessica de commettre un tel acte. Elle ne vient pas pour cela, mais l’idée n’est pas bête. Voilà, pour une fois qu’on l’écoute, c’est pour suivre une de ses mauvaises idées. Bien que celle-ci soit plus à ranger dans la catégorie plaisanterie que véritable mauvaises idées à soigneusement éviter de reproduire. Par contre, pour ce qui est du lit de l’espagnole, il se voit contraint de donner une réponse des plus imprécises. « Je ne sais même pas, je viens rarement ici. » Il précise, afin qu’elle ne pense pas qu’il essaie d’éviter la question. C’est juste qu’en effet, il n’a aucune idée du lit que Paloma peut occuper, si elle est toujours assignée à cette chambre. Sinon, peut-être qu’il lui l’aurait pointé du doigt, innocemment. Enfin, il pense que ça ne doit pas être très difficile de le trouver, suffit de savoir identifier les affaires susceptibles d’être les siennes. Mais là, il est bien trop occupé à être vautré sur l’un des lits pour relever la tête et se mettre à enquêter pour satisfaire sa curiosité. « Mais si tu t’exécutes et qu’elle découvre que c’est toi, tu ne lui diras pas que je t’ai suggéré l’idée. » Il préfère assurer ses arrières, quand même. Venant de Jessica, un tel geste serait loin d’être apprécié de la part de Paloma, mais si en plus elle découvre qu’il est dans le coup – même de façon minime – il va sûrement se faire sermonner. Pas que ça le dérange d’avoir ce genre de discussions, simplement ses relations avec l’espagnole ne sont pas au beau fixe et il aimerait autant éviter de les dégrader encore plus, déjà que la jeune femme ne fait plus d’efforts envers lui. Mais soit, la question n’est pas là, dans l’immédiat il préfère se concentrer sur Jessica et lui demander si sa petite déprime de la semaine dernière est passée. Elle ne lui répond pas tout de suite, préférant mettre en avant le fait qu’il pose beaucoup de questions, signe que quelque chose ne va pas. S’il est malade ? « Même pas. » Il répond, léger rictus aux lèvres. C’est juste qu’il change, un peu, c’est pas un mal, si ? Et puis bon, il lui a posé trois questions, ça ne veut pas dire qu’il va soudainement devenir un type hyper curieux et s’intéressant particulièrement à la vie des autres, hm. Finalement, elle lui répond que sa petite déprime est partie. « Tant mieux. » Il a juste le temps de répondre avant qu’elle n’ajoute pour l’instant. « Oh. » Il rétorque simplement. Bon, dans l’immédiat, elle a disparu, il va se contenter de cela. « Alors, ça fait quoi d’être demi-finaliste ? Tu t’y attendais ? » Hop, deux questions de plus, on ne l’arrête plus.

Je n'avais vraiment aucunes mauvaises intentions en m'invitant dans la chambre hivernale, mais Alistair pense pourtant que je pourrais être là pour faire quelque chose de mal, comme saccager le lit d'une certaine candidate. Non, ça ne m'avait même pas traversé l'esprit, mais c'est une idée intéressante. Je demande même au candidat où se trouve le lit de la brune, pour plaisanter, mais il ne sait même pas, il vient rarement ici. Je hoche la tête. « Hm, parce qu'elle ronfle, j'en étais sûre. » Je commente à voix basse, toujours pour plaisanter. Je vais m'installer sur un des quelques lits vides de la pièces alors qu'il me demande de ne pas lui dire que c'est lui qui m'a suggéré l'idée, si jamais je décidais de réellement mettre le bazar dans ses petites affaires. « T'inquiète, je serais muette comme un Alistair. » Encore une petite blague, j'espère qu'il va pas le prendre mal, c'était pas méchant. Mais faut dire qu'au début de l'aventure il était pas aussi bavard que maintenant, et encore, c'est pas non plus un moulin à parole le gars. Je m'inquiète tout de même un peu de son état et lui demande s'il est malade, mais même pas. J'affiche un air faussement dubitatif avant qu'il ne me questionne à propos de ma petite déprime. Oui, elle est partie, pour l'instant. Il se contente de ça et ne cherche pas à en savoir plus. C'est un truc que j'apprécie chez lui, il est un peu curieux, mais juste ce qu'il faut. Enfin aujourd'hui peut-être un peu plus que d'habitude. Il me demande ce que ça me fait d'être demi-finaliste, si je m'y attendais. Je hausse les épaules en souriant timidement. « Je sais pas, je suis super contente, surtout parce que je pensais pas arriver jusque là, alors je suis contente. » J'ai l'air un peu con là, non ? Mais on s'en fiche. C'est vrai que je suis contente, je suis ravie, je suis fière de mon parcours. Ça aura pas été facile, en dépit de ce qu'on peut penser. Je me suis un peu traîné un boulet au début de la saison, que j'ai fait nominer pas mal de fois, donc quelque part c'était un peu moi le boulet mais j'ai pas fait exprès. Ensuite j'ai eu chaud aux fesses les deux fois où j'ai été nominée, quelques points en moins pour moi et en plus pour les autres et c'était au revoir Jessica. Alors oui, je suis contente et je pense que j'ai raison de l'être. De toute façon, qui ne le serait pas, à ce stade de l'aventure. « Et toi alors, qu'est-ce que ça te fait ? » Parce que lui aussi il est demi-finaliste, tout ceux qui ne sont pas nominés cette semaine le sont. Si j'étais nominée cette semaine et que je partais dimanche ça me ferait vraiment chier, encore plus que de me faire éliminer avant la finale, je crois. Mais bon, bref. « Comment ça se fait, que tu viennes rarement ici ? C'est ta chambre. Non ? » Je reviens là-dessus parce que ça me turlupine un peu. Enfin, peut-être que je me trompe complètement et que c'est pas sa chambre, voilà pourquoi il ne vient pas souvent. De toute façon, c'est pas comme si j'allais mémoriser la composition de toutes les chambres, déjà la mienne mais pas les autres, faut pas trop m'en demander non plus. Surtout qu'en plus il doit y avoir eu des changements de chambres pour certains candidats tout au long de l'aventure, donc c'est juste trop compliqué de savoir qui dort où et avec qui. Et, en fait, au fond, j'en ai pas grand chose à faire, on fait tous un peu ce qu'on veut ici.