Quatorze heures, le ventre repu, Sami a envie d'une clope. Tout d'abord, première mission qui s'impose à lui : trouver ses clopes. Deuxième mission : trouver son briquet. Troisième mission : trouver sa veste. Après ces trois étapes, il pourrait enfin se rendre dehors, prendre un bol d'air frais et fumer sa clope pour se tuer les poumons. Trouver les clopes, c'était fait et en même temps que la veste en plus, si ça c'était pas beau ! Restait le briquet. Encore un coup à la Kat ? Hmm non pas cette fois il n'a pas l'air d'être dans ses affaires. Ah sur la table de nuit voisine, putain qu'est-ce qu'il foutait là ? Soit. Il enfila sa veste et sortit dehors, l'air frais l'embauma de suite. Le soleil n'avait pas encore pointé le bout de son nez aujourd'hui, il faisait plutôt gris. Sami se balada, tout en allumant sa clope puis en la fumant. Il arriva alors nez à nez avec une vieille bâtisse qui avait cependant son charme. Ça ressemblait à une chapelle, oui c'en était bien une. Il décida d'y entrer et surprise, sur qui tomba-t-il ? Dédé. « T'es venu te confesser, tu te sens mal de m'avoir touché les roubignoles ? » demanda Sami, prenant un ton on ne peut plus sérieux. Bien évidemment, sur ce coup, il était pince-sans-rire. Bien sûr que c'était pour taquiner l'allemand.

Un monstre, j'étais un monstre. Comment avais-je pu commettre une telle atrocité ? Oui, je m'étais montré fort cruel cet après-midi. En effet, une pauvre petite bestiole qui n'avait rien demandé à personne - un cafard, en l'occurrence - s'était trouvée sur mon chemin tandis que je m'étais rendu aux cachots dans l'espoir d'y rencontrer un spectre ou un truc dans le genre. Seulement, pris de surprise, j'avais abattu la pauvre petite bête d'une tape du pied des plus brusques. Mon dieu. Je regrettais déjà mon geste, et pour cause à mes yeux, les cafards, ça avait quelque chose de... sacré. Sans déconner, j'affectionnais assez ces dictyoptères. Rappelons quand même que dans l'Antiquité ceux-là servaient de médicaments. Non vraiment, je me trouvais d'un coup bien ignoble et ressentis presque aussitôt le besoin de faire pardonner cet odieux crime dans l'endroit le plus sacré qui soit ici, à savoir la chapelle. On ne m'y voyait pas souvent, car je n'avais rien de croyant, mais voilà il me fallait tout de même m'y rendre en l'honneur de ce pauvre cafard qui avait connu une mort absolument injuste. Quelques minutes après mon arrivée dans la grande bâtisse, une voix se fit entendre derrière moi. « T'es venu te confesser, tu te sens mal de m'avoir touché les roubignoles ? » Sami, bien sur. Ce que j'en avais à foutre, de ses boules à cet instant... « Hum, à vrai dire non. Je viens plutôt confesser un crime. Un meurtre, même. » Oui parfaitement, je venais de commettre un meurtre et j'avais maintenant les mains sales. « Et toi alors, qu'est ce qui t'amène en ce lieu ? » J'aurais eu tendance à lui déconseiller de rester avec moi, ici, des fois que l'envie se serait faite ressentir de l'écraser, lui aussi. Bah on sait jamais... j'étais assez imprévisible aujourd'hui. Plus encore que les autres jours.

« Hum, à vrai dire non. Je viens plutôt confesser un crime. Un meurtre, même. » Hm d'accord, est-ce que Sami devrait partir en courant ou bien ? Enfin on ne sait jamais hein qu'Andreas se révèle être un vrai psychopathe. Sami le regarda, perturbé par une réponse aussi douteuse. « Hm, et qui est donc la malheureuse victime ? » demanda Sami, une main caressant son menton comme pour marquer la réflexion. Il entra alors un peu dans la chapelle, découvrant les lieux, regardant partout. « Et toi alors, qu'est ce qui t'amène en ce lieu ? » Hm, difficile à dire. « J'ai l'habitude de me balader dehors quand je fume une clope, et la vielle bâtisse m'a attiré. » Temps de pause. « À moins que ce soit l'âme en peine d'un Dédé. » Bah oui. « J'ai dû avoir une vision inconsciente qui m'a amené jusqu'ici, pour te sauver de tes regrets de meurtrier. J'ai toujours dit que j'étais un super-héros. » Je vous assure Sami ne fumait qu'une cigarette.

« Hm, et qui est donc la malheureuse victime ? » Désirait-il réellement le savoir ? Tout de même, je venais de lui avouer avoir commis un meurtre... Ça ne l'effrayait donc pas plus que ça ? L'imprudent. Remarquez, il semblait quand même bien suspicieux face à cette étonnante révélation. Qu'il se rassure, ça n'était jamais qu'un insecte qui, sans doute à ses yeux, ne représentait rien de plus qu'un machin ovale et luisant de la taille d'un ongle. « Une... blatte. Oui je sais, n'en dis pas plus, j'vois clairement à quel point tu es outré. Je suis un monstre, hein, c'est ça ? Tu... vas me dénoncer à la prod' ? » Il n'avait vraiment pas intérêt, car je pourrais bien l'éliminer à son tour. Oh et puis merde, ça va j'allais m'en remettre. J'avais déjà tué des mouches ou des araignées, alors un cafard... Mouais, je serais probablement amené à faire bien pire, au cours de ma vie. Point de regrets à avoir, donc, au final. Et lui, que pouvait-il bien faire ici ? « J'ai l'habitude de me balader dehors quand je fume une clope, et la vielle bâtisse m'a attiré. » Ouais, jusque là rien de bien passionnant. « À moins que ce soit l'âme en peine d'un Dédé. » Ah, j'en doutais quand même. Car de la peine, je n'en avais aucunement. « J'ai dû avoir une vision inconsciente qui m'a amené jusqu'ici, pour te sauver de tes regrets de meurtrier. J'ai toujours dit que j'étais un super-héros. » Un super-héros,... mais oui bien sur ! On y croyait tous. « Ça a l'air puissant c'que tu fumes. La vache. » Ah non vraiment, je commençais à me demander lequel devait avoir peur de l'autre. « Et quels sont tes super-pouvoirs, dans ce cas ? » Car il en avait, n'est-ce pas, comme tout super-héros digne de ce nom ?

La victime, Sami n'avait aucune idée de la nature dont elle pouvait être. Humain, animal ? Telle était la question. Il regarda l'allemand avec un regard suspicieux. « Une.. blatte. Oui je sais, n'en dis pas plus, j'vois clairement à quel point tu es outré. Je suis un monstre hein c'est ça ? Tu.. tu vas me dénoncer à la prod ? » hm, d'accord, il débloquait un peu là le Dédé. Un cafard, bon dieu Sami détestait les insectes. « Mec, t'es mon héros. Un monstre certainement ça c'est pas nouveau mais mon héros aussi. T'as tué un insecte, bravo, la pire espèce d'animal qui existe sur cette terre. » Oui, ça faisait du bruit les moustiques et ça vous piquait, les guêpes ça vous tourne autour et plus tu cours plus elles te suivent et plus elles veulent te piquer, les mouches c'est con et les araignées ça pique. Beaucoup d'insectes piquent, en fait, réflexion du jour. Seules les abeilles servent à quelque chose. L'exception qui confirme la règle. « Ca a l'air puissant ce que tu fumes. La vache. » Sami s'indigna. « Attends, tu fais une cérémonie d'enterrement à un cafard et tu me dis que c'est moi qui fume ? Je rêve » dit Sami, tout sourire. « Et quels sont tes super-pouvoirs dans ce cas ? » demanda-t-il. Sami réfléchit un instant. « Je peux.. déshabiller les gens en moins d'une minute. » Sourire amusé. Au moins en disant ça, Andreas ne demanderait pas de démonstration.

Pauvre petit cafard. Il n'avait rien demandé à personne et ne cherchait qu'à vivre sa vie pleinement... seulement je n'avais pas hésité à écourter celle-ci. Oui, l'insecte malheureux n'avait eu d'autre choix que de finir écrasé sous ma godasse. On avait vu mieux comme fin, tout de même, même pour un insecte. « Mec, t'es mon héros. Un monstre certainement ça c'est pas nouveau mais mon héros aussi. T'as tué un insecte, bravo, la pire espèce d'animal qui existe sur cette terre. » Ah d'accord. Donc j'étais son héros. Et bien pourquoi pas... Bon, un monstre aussi visiblement, mais ça en revanche j'en étais déjà pleinement conscient. « J'savais pas que tu méprisais les insectes au plus haut point. C'est pourtant gentil. Y'a rien d'plus adorable qu'une araignée, par exemple. » Les araignées étaient mes amies - qu'on se le dise, j'aimais les insectes. Je ne comprenais même pas mon geste d'il y a quelques minutes. Pourquoi tuer de sang-froid une pauvre bête comme je l'avais fait ? C'était tellement ignoble. Et l'autre qui se prenait pour un super-héros... Ah vraiment ! Quelle journée. « Attends, tu fais une cérémonie d'enterrement à un cafard et tu me dis que c'est moi qui fume ? Je rêve » Heuuuu. Alors certes, vu comme ça, c'est clair que je passais presque pour plus cinglé encore mais j'assumais. Ouais, toujours. J'eus un léger rictus, tandis que le grand barbu ne tarda pas à me faire part de ses super-pouvoirs. « Je peux.. déshabiller les gens en moins d'une minute. » Alors là, on touchait vraiment le fond. « Et bien, voilà qui est fort intéressant. » Ça, c'était du super-pouvoir ou je ne m'y connaissais pas. « Je demande à voir. J'veux une démonstration. » Et tout de suite. En gros je me proposais comme cobaye - oui, j'étais d'un bienfaisance déconcertante.

« J'savais pas que tu méprisais les insectes au plus haut point. C'est pourtant gentil. Y'a rien d'plus adorable qu'une araignée par exemple » répliqua l'allemand. Hm d'accord, il était maso ou bien ? « T'as déjà vu comment une araignée c'est hideux ou bien t'es bigleux ? En plus ça te pique sans raison et parait que t'en avales trois ou quatre sur toute ta vie » dit Sami en ayant un frisson de dégout. Sami fit alors part à Andreas de son super-pouvoir. « Et bien voilà qui est fort intéressant » dit alors Andreas. « Je demande à voir. J'veux une démonstration » dit-il. Sami fronça les sourcils le regarde de haut en bas. « On t'a jamais appris à dire le mot magique ? » Le mot magique, formulation pure et simple d'un jeune papa. Sa fille avait parfois un peu du mal à sortir le mot magique lorsqu'elle demandait quelque chose. Sami eut alors un léger rictus amusé sur le visage. « Seulement, j'ai oublié de préciser que ce pouvoir ne fonctionnait que si la personne m'attirait » ajouta le tatoué. « Alors si tu veux vraiment servir de cobaye, il va falloir que tu mettes tout en oeuvre pour devenir attirant à mes yeux » fit Sami, en rigolant déjà intérieurement ce que Andreas allait pouvoir faire – s'il daignait faire quelque chose du genre mais après tout il appréciait Sami. Il le voyait déjà faire le gros macho, découvrir ses biceps et les contracter en les montrant, hilarant.

« T'as déjà vu comment une araignée c'est hideux ou bien t'es bigleux ? En plus ça te pique sans raison et parait que t'en avales trois ou quatre sur toute ta vie » Une araignée, hideuse ? Moi, bigleux ? Ah vraiment, j'en entendais de belles cet après-midi. « Arrête, les araignées c'est trop classe ! Elles sont maitresses du destin et tisseuses de la réalité. C'est un insecte divinatoire. » Tuer une araignée était, à mes yeux, un crime odieux. Je considérais très peu de choses comme étant réellement sacrées, mais les araignées en faisaient partie. Sami disait posséder le pouvoir de déshabiller quelqu'un en moins d'une minute. Et bien je demandais à voir, alors, sceptique. « On t'a jamais appris à dire le mot magique ? » Oh ça va, je n'étais pas un gamin. Il pouvait toujours courir pour que je lui dise les trois mots qu'il attendait. « Non. 'Toute manière j'suis mal élevé. » C'était le cas de le dire. Vu l'intérêt que m'avaient porté mes parents, il ne fallait pas s'en étonner. J'étais de la mauvaise graine. « Seulement, j'ai oublié de préciser que ce pouvoir ne fonctionnait que si la personne m'attirait » avoua-t-il alors. Super. « Alors si tu veux vraiment servir de cobaye, il va falloir que tu mettes tout en oeuvre pour devenir attirant à mes yeux » Okay, et il attendait quoi de moi au juste ? Que je me désape ? Bah non, puisqu'il était justement le faire après. Donc non, point de strip-tease à envisager. Mmmm. « Heuuuuu. Si j'te chante une chanson en allemand, une chanson d'amour, y'a moyen qu'je devienne attirant ? » Tout ce cinéma qu'il me faisait, quand même, alors qu'il était dingue de moi et de mon corps. Prétendre que je ne l'attirais pas... alala, vraiment, je n'en croyais pas un traitre mot.