J'avais passé la nuit auprès de Cassandre. Mon élimination me laissait un goût amer dans la bouche, mais je tenais plus que tout à garder le sourire... pour lui ! Je savais que notre séparation lui serait atroce, je savais que j'en souffrirai aussi. Mais je ne tenais pas à rester ici, je ne tenais pas à rester dans la maison une semaine de plus sans être candidats. De toute évidence, la fin était proche et nous savions tous les deux que tôt ou tard, la séparation serait réelle. Nous avions discuté légèrement durant la nuit, nous avions mis les choses au clair. Je savais qu'il m'aimait, il savait que je l'aimais... Ma France me manquait, véritablement. Cassandre me manquerait aussi, mais ma décision était déjà prise. J'avais fait mes valises, j'étais prêt à partir, je n'avais plus qu'une chose à faire, lui dire au revoir. Le temps était beau, le ciel était bleu et le soleil était haut dans le ciel. Je trainais derrière moi ma valise, j'étais pratiquement prêt. L'herbe était fraîche, le temps était superbe... j'en étais presque dégoûté ! Je quittai aujourd'hui l'Irlande, je retournai en France où m'attendrait mon ancienne et ennuyante routine... Oui, Cassandre allait me manquer ! Appuyé sur ma valise, je fixai le vide, ne l'entendant même pas me rejoindre.

Dans la solitude la plus intense, j'avais quitté la maison, trainant derrière moi les derniers vestiges de mon arrivée ici, de mon existence ici. Je franchirai le seuil de cette maison sans jamais rien regretter de mon aventure, je savais qu'au fond, peu de gens se souviendraient de moi, de celui que j'étais et peu de gens tiendraient à me voir, mais je n'avais aucun remords, aucun reproches à me faire sinon celui de n'avoir pas su toujours profiter à fond de chaque instant. Le public m'avait soutenu jusqu'alors, mais face aux autres hommes de la maison, je ne faisais plus le poids. Les yeux embrumés par les larmes naissantes, je tentais de rester calme. Mais ma sérénité vola en éclat lorsque la main de Cassandre chaussa la mienne... Mêlant ses doigts aux miens, il vint me rejoindre dans ma tristesse, je tournai alors les yeux vers lui. Nous pleurions en silence, nos larmes ne coulaient certes pas encore, mais nos coeurs pleuraient. Je ne pouvais me résoudre à le quitter sans lui dire une dernière fois ce que j'avais sur le coeur, mais parler n'était pas à l'ordre du jour, pas tout de suite. Mon autre main quitta la sangle de ma valise, et mon corps se tourna tout entier vers le jeune homme. Mon amour l'étreint, complètement, mes bras l'entourèrent et mon visage vint se lover contre son épaule. Et alors, pour la première fois de l'aventure, je me laissai aller complètement à la réalité. Mes larmes coulèrent, j'éclatai en sanglots, dans les bras de l'homme que j'aimais aujourd'hui... sans un bruit, en silence.

Lorsque j'étais triste, la seule chose qui ne m'avait jamais réconforté était la danse, c'était en elle que j'avais toujours puisé la force nécessaire à mon salut. J'avais mis du temps à m'en défaire, en acceptant de vivre cloîtré dans une maison comme celle-ci, mais j'avais trouvé en Cassandre une nouvelle source de bien être, un nouvel exutoir. Aujourd'hui, je perdai à nouveau pied, je n'avais pas pour habitude de craquer, de pleurer et rares avaient été les larmes que j'avais versées durant l'émission. Pourtant, appuyé contre le corps de mon homme, je ne pus retenir plus longtemps l'émotion qui ne cessait de brûler mon coeur. Je partais sans me retourner, je n'avais dit aurevoir à personne, je ne tenais pas à le faire, sinon rester avec Cassandre, loin de tout. Lorsqu'il se détacha pour glisser un papier dans la poche de mon pantalon, mes yeux cherchèrent les siens, mon sourire chercha le sien. Je soupirai lourdement, avant d'appuyer à nouveau mon visage contre le creu de ses épaules, le serrant à nouveau contre moi. L'idée folle de rester me traversa, mais je ne pu m'y résoudre. J'avais rarement tout abandonné pour une personne, je ne l'avais fait qu'une fois... et ça m'avait conduit à 3 divorces prononcés. Je pleurai, je pleurai. Et puis, doucement, à son oreille, j'approchai mes lèvres. « Je veux... » j'avais de la peine à articuler, beaucoup de peine. « La France est un pays magnifique Cassandre. » Alors je dégageai mon visage de son épaule, déposant mon front contre le sien. Dans ses yeux, je cherchai l'étincelle qui me suffirait à vivre encore, un peu plus. Dans sa respiration, je cherchai mon salut. Je souris en coin, doucement, plantant mon regard mouillé dans le sien. Je m'apprêtai à prendre l'une des décisions les plus importantes de mon existence, moi qui n'avais jamais osé vivre que pour la danse, je m'apprêtai à lui avouer tout ce que je pouvais ressentir à son égard. Je franchissai là une barrière que je m'étais fixée des années plus tôt, par la faute de Louison. Mais je ne pouvais me résoudre à le perdre, je ne pouvais m'y résoudre. «Mon appartement n'est pas très grand, mais je suis sur qu'il te plairait. » Je repris ma respiration, douloureusement. La séparation était trop dure, je ne pouvais totalement refouler les sentiments qui brûlaient en moi, qui déchiraient mon être alors que je m'apprêtais à quitter le nid. « J'ai besoin de toi, Cassandre. »

J'avais envie qu'il me rejoigne, je ne pouvais décemment plus vivre sans sa présence à mes côtés. Cassandre avait révélé ce qu'il y avait de meilleur en moi, plus qu'un candidat, il avait su être mon ami, mon soutien, mon confident. Il avait su me pardonner mes erreurs et me regarder comme un être humain, près de lui, j'étais capable du meilleur, loin de lui... Je n'en savais rien, je n'étais pas prêt à le savoir. Je le fixai, mon front posé contre le sien. Il m'embrassa alors doucement, un baiser auquel je répondis sans défaillir. Je retins à nouveau mes larmes, je ne voulais plus me montrer si faible, pas devant lui. Il avait besoin de me voir fort, prêt à surmonter tout ça. Je lui souris lorsqu'il me poussa à m'assoir près de lui, sa main sur ma cuisse, je la fixai sans détourner mon regard, impassible. Il n'avait pas compris, il n'avait pas réagit. Je venais d'essuyer un vent, peut-être. Je posai alors mes yeux dans les siens, incrédule, incompris. Je lui souris doucement, du mieux que je le pus. J'avais retrouvé un brin d'énergie, de confiance. L'avenir nous souriait, je le savais, je le sentais. J'étais prêt à nous laisser la chance de vivre une relation bien plus intense que celle que nous avions vécu ici. « On n'est pas obligé de se quitter Cassandre... » lui dis-je doucement, en l'observant, les yeux allumés d'une lueur d'espoir. Me comprendrait-il cette fois ? Répondrait-il à mon appel ? « Pourquoi... Pourquoi tu ne me rejoindrais pas ? En France... » lui avais-je alors confié à mi-voix, conscient du sacrifice que je lui demandais, que j'allais lui imposer. Mais peu importe, j'avais trop besoin de lui, trop besoin de le sentir présent pour m'en sortir.

J'étais perdu... le garçon solitaire que j'avais toujours été semblait soudainement s'effacer, laissant place à un homme plein d'assurance, à un homme prêt à changer, à faire des concessions. Oui, la langue serait une barrière énorme pour Cassandre, mais je ne le laisserai pas tomber. Il avait été là pour moi depuis plusieurs mois, je serai aujourd'hui là pour lui, pour l'aider à s'adapter. En acceptant mon offre, il m'offra le plus beau des cadeaux que je puisse un jour espérer. Je croyais en nous, plus que jamais, même si on m'avait blâmé d'avoir profité du jeune garçon, j'étais aujourd'hui sur de ce que je voulais, de ce à quoi j'aspirais. L'amour, la paix... la stabilité ! Cassandre me les procurrait, je le savais déjà. Je lui souris, le laissai m'enlacer, profitant de cet avenir qui s'ouvrait devant nous. Cet instant dura quelque secondes, quelque secondes durant lesquelles j'acceptai ses larmes avec plaisir, quelque secondes où je me laissai aller, à mes émotions moi aussi. Embrassant doucement son front, je souris dans le vide. « Je t'aime vraiment, Cassandre. » lui dis-je alors pour le rassurer. L'heure tournait, les adieux se prolongeaient mais je ne pouvais me résoudre à me lever, à prendre mes affaires et quitter la maison. J'aimais profondément la plupart des gens qui avaient partagé cette aventure avec moi, même si je n'étais pas le candidat le plus apprécié, j'avais tout de même réussi à me faire un chemin dans les méandres de Fake Lover. Je souris dans le vide, plantant mon regard dans le lointain.