Ma belle plage californienne me manquait. Indéniablement. Ça, et les nombreuses soirées passées à me prélasser sur le bord de celle-ci en regardant le ciel perdre graduellement de son éclat. S’il devait y avoir ne serait-ce qu’une seule petite part de romantisme en moi, c’est là qu’elle se trouvait : dans les couchés de soleil, que j’adorais regarder lors des rares moments où je me permettais de ralentir mon rythme effréné, de prendre une pause, même pour ce court instant. Ces précieuses minutes où j’allais me ressourcer pour quelques minutes, ou quelques heures. D’ici, la vue n’était pas aussi belle. Il y avait toujours un bâtiment ou un arbre pour obstruer ma vision. Pas de toit et donc pas de champ libre pour savourer pleinement ce crépuscule qui s’amène tout doucement. La seule autre option qui s’offre à moi est de grimper tout au haut de la grande roue, qui n’en ait pas vraiment une, mais je ne suis pas très regardante quant à sa véritable définition, en ce moment. Je me tiens à côté de l’entrée du manège, jugeant du regard le responsable de cette attraction qui semble peu enclin à m’accorder le plaisir d’interrompre le mouvement de la roue pour me permettre d’embarquer dans celle-ci. Pourtant, elle est vide : personne ne s’y trouve. Je soupçonne sa présumée partenaire conjugale – la sympathique Margaret – de lui avoir glissé un mot ou deux à mon sujet. Mon impertinence finira par avoir ma mort, dans ce coin du nid. C’est que les rumeurs circulent vite parmi les forains. Au bout de quelques minutes, probablement lassé de m’entendre soupirer à répétition, je remarque enfin que la structure mouvante ralentit sa course. Il était temps, un peu plus et je ratais mon spectacle. Je passe enfin la barrière afin de rejoindre la cabine, quand j’entends, derrière moi, une personne hélé mon prénom. Me retournant, je reconnais la silhouette de mon partenaire qui avance d’un pas rapide dans ma direction. L’accueillant d’un sourire léger, je l’invite d’un geste de la main à me rejoindre. « Accompagne-moi. Tant qu’à rester coincé dans ce manège, aussi bien que ce soit en ta compagnie. » Vu l’air renfrogné de notre hôte, je ne doutais pas un seul instant que sa négligence pourrait nous en faire voir de toutes les couleurs. Je préfère encore avoir mon partenaire à mes côtés plutôt que de subir les caprices du clown toute seule. Un scénario digne des films d’horreur.

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'PAS-SI-GRANDE-ROUE' :