L’Australie c’est un peu le monde à l’envers du genre on est le 22 décembre et au lieu d’avoir de la neige et de porter des gros pulls en laine style noël, les gens sont en débardeurs et maillots. Pour cause, la forte température ambiante et le soleil qui tape. Du coup, ça donne envie d’en profiter et vu que maintenant j’ai officiellement plus d’obligation puisque j’ai démissionné du spectacle dans lequel je bossais via un petit coup de téléphone, je peux me faire plaisir. Je suis en quelques sortes en vacances. Lou aussi puisqu’il a toujours pas embarqué dans son bateau et reprit son mode de vie de marin. Tant mieux du coup car on peut profiter pleinement du pays australe et le découvrir de fonds en comble ou presque. Là, on est sur la route dans un pick-up qu’on a loué pour la semaine et j’essaye d’indiquer au marin qui conduit où se trouve la super plage qu’on avait repéré sur internet. Sauf que le plan est pas hyper clair et qu’il y’en a à la pelle des criques dans le coin. Mais Monsieur veut pas comprendre que le GPS sur son téléphone est pourri. Du coup, on se chamaille comme un vieux couple des années 50 et il décide de nous y amener par lui-même. Je boude un peu, septique au possible. J’ai dû lui balancer un truc du genre « démerdes-toi » avant de m’emparer d’une bière dans la glacière. Bref, les minutes défilent, les kilomètres aussi et malgré la chaleur ambiante et les beaux paysages, à l’intérieur de la voiture l’ambiance reste assez froide. A l’extérieur, quand il finit par garer le pick-up vu qu’on est apparemment arrivé à destination, c’est guère mieux. Il me jette un regard limite hautain pour me narguer et moi je tire la tronche agacé. Je finis par m’emparer de la glacière tandis que lui porte le sac avec les serviettes. Evidemment, on doit marcher pas mal et s’aventurer dans un petit chemin entre les arbres pour toucher le sable et voir la mer. Aucun mot n'a été échangé sur le trajet encore une fois. Et puis là… surprise ! J’éclate de rire alors que mon regard se perd sur les baigneurs. « Alors là, bravo ! T’es le champion du GPS mec ! Y’a pas meilleur guide que toi ! Je m’incline. » Je rigole encore oubliant pour le coup les tensions avant de me demander quelle sera la suite. Et là, un sourire amusé et un air presque mesquin s’empare de ma frimousse comme pour annoncer le glas de la vengeance. « Maintenant qu’on y est.. autant rester ! » Je pose la glacière sur le sable et m’approche du marin pour tenter de le dénuder. Je lui enlève du moins son tee-shirt. Je crois que la prochaine étape, il la connait maintenant. Il va falloir qu’il retire tout puisque nous sommes bel et bien sur une plage de nudistes.

Il a sans doute cru qu’avec son statut de marin il avait une boussole ou un GPS intégré quelque part dans sa petite cervelle sauf que non, pas du tout. A trop faire le malin, voilà ce qu’il récolte : une plage de nudistes. Bien fait ! Je ne peux que rire de cette situation et de son erreur. Non franchement, faut le faire ! « Bah oui, bien sûr ! » Comme si c’était de ma faute. On dirait limite que c’est le destin qui se venge. Bon, j’en paye aussi un peu les pots cassés mais moi ça me dérange pas tant que ça au final. Je suis pas exhibitionniste mais je trouve ça drôle. Et puis je me dis que là y’a pas de caméras ou de gens qu’on connait qui risquent de nous voir donc au pire, qu’est-ce-qu’on risque à se foutre à poil ? On peut se caler dans un coin un peu reculé en plus à l’abri des voyeurs. Et… bon, en attendant, il a raison Lou, c’est moi le voyeur. Mon regard scrute les nibards et pénis des gens sans trop de retenu. Sauf que bon, y’a pas grand-chose d’intéressant à mater. Personne ne fait le poids face à Lou et son corps d’athlète. « C’est trop tentant ! » Je continue bien évidemment à scruter les baigneurs en évitant quand même les corps des plus vieux qui ont don de me dégouter. « Regarde là-bas le boa constrictor ! Whaou ! C’est vrai que les blacks en ont des grosses. » C’est pas tellement un cliché au final ça. Bref, je vais m’arrêter là et me contenter de dézapper mon homme. Il va finir par être vraiment jaloux sinon et ne plus jamais me parler. Je lui montre donc un signe d’attention en lui ôtant le tee-shirt et quand je commence à toucher son pantalon il recule en déclarant qu’il n’est pas question qu’on reste. « Trop tard. » Il m’a tellement pris la tête dans la voiture que j’ai pas envie de bouger maintenant. Du coup, j’enlève mon tee-shirt, mon short et mon caleçon que je laisse devant ses pieds puis je file en direction de la mer en plantant Lou. J’imagine qu’il va se sentir bête. Comme pour le provoquer, je fonce voir le fameux black afin juste de lui demander s’il est du coin et s’il a des endroits sympa à me conseiller pour visiter . J’imagine que de loin, Lou va penser que je le drague. C’est le but un peu. J’ai envie qu’il rapplique.

Me voilà face au grand black sur la plage. En vrai, il ne m’attire pas et même pas du tout. Déjà, c’est pas trop mon style et puis, de toute façon, je ne jure que par Lou. Je n’arrive presque plus à voir la beauté chez les autres maintenant. Et pourtant, c’est pas ce que je lui laisse croire. Justement, je le laisse imaginer que le black me plaît ou plutôt que je suis attiré par son attribut géant histoire qu’il soit jaloux et qu’il me rejoigne sur la plage. Je jette de temps à autre un coup d’œil vers lui d’ailleurs pour le provoquer et qu’il rapplique. Mais au lieu de ça, toujours rien. Au contraire, il s’entête à rester dans son coin et à bouder. Du coup, le black répond à ma question et me donne des endroits intéressants à visiter mais j’écoute qu’à moitié. Je devrais pourtant, mais rien. Ce qui me préoccupe à présent c’est cette potiche qui s’approche autour de Lou. Qu’est-ce qu’elle lui veut, elle ? Qu’elle déguerpisse avec ses seins qui tombent ! A tous les coups il fait exprès de lui parler pour me faire rager tiens et le pire c’est que ça marche. Je ne quitte pas la scène des yeux alors que le black continue son blabla tout seul. Et là, quand je vois le marin écrire un truc sur le bras de la candidate, je brûle intérieurement. J’abandonne alors mon interlocuteur et je pars retrouver l’autre zigoto qui me sert accessoirement de copain. Il va m’entendre lui ! En attendant, je fusille la bonne femme du regard avant de lui adresser un faux sourire et de poser ma main sur la nuque de Lou puis l’embrasser langoureusement. « Pas de chance pour toi, il est gay ! » Hallelujah, elle se casse et je me retrouve seul avec le marin et mes vêtements posés sur le sable. Je récupère d’ailleurs sans attendre mon short de bain que j’enfile. « T’as gagné, on se casse. Ils sont nazes les nudistes. » Parfois, je m’étonne à parler comme ça. On pourrait croire que j’ai pris du sale caractère depuis quelques semaines. « Franchement t’as de la chance d’être encore en vie. » C’est ce qu’il voulait, non ? Que je devienne jaloux et que je le surveille de très près. C’est inhabituelle pour moi et pourtant ça me fait du bien car je sais qu’au fond, y’a de l’amour fort et sincère et que cette jalousie est une manière d'exprimer notre affection mutuelle. « On fait une trêve ? » On a à peine replié bagage et emprunter la petite route entourée d’arbres et menant à la voiture que je pose par terre la glacière et le reste de mes vêtements que j’ai à la main. Je me place face au brun en plantant mes prunelles dans ses yeux et en le regardant amoureusement dans l’espoir qu’il réagisse.