SAYID & @SHAY
samedi 28 mars - 14:38

Il avait besoin d'air. C'était comme si le prime de dimanche dernier avait rajouté une couche d'angoisse supplémentaire à son esprit déjà bien encombré, et l'enfermement lui semblait encore moins supportable que la semaine passée. A moins que ce ne soit l'approche d'un nouveau prime, demain ... Il n'était pas certain de pouvoir supporter un autre prime comme le dernier, à vrai dire il était même plutôt certain du contraire et si la production avait encore la merveilleuse idée de transformer les candidats en sauvages Sayid fuirait sans la moindre hésitation, simplement. De plus en plus il se demandait ce qu'il foutait là, et si le besoin d'argent valait vraiment qu'il se soit mis dans une situation pareille ... Mais sans doute que oui. Il valait tout, le besoin d'argent, dans la situation qui était la sienne. Alors faute de mieux il tentait de se calmer avec ce qu'il connaissait de plus efficace : la solitude, et le faux silence d'une nature qui vivait de son côté sans rien demander à personne. C'était peut-être bien le seul truc dans le nid que Sayid ne soupçonnait pas d'être de la camelote, parce qu'un jardinier du dimanche ne pouvait pas donner illusion et entretenir une végétation comme celle du jardin exotique. Ces Impatiens par exemple, des plantes capricieuses que Sayid connaissait parce qu'elles venaient du Congo et que l'une de ses collègues en avait installé quelques plants sur le patio commun. Et soudainement au milieu la gueule enfarinée de l'oiseau qui avait fait passer Sayid pour un imbécile la semaine précédente, auprès de Lamine. « J'te retiens, toi. » avait du coup grommelé le britannique à l'adresse de l'oiseau, qui le fixait d'un air impassible. Il se demandait si l'animal avait été dressé, il ne voyait pas trop comment il s'astiendrait à rester là sinon, d'autant plus que la candidate qui en avait hérité ne semblait pas des plus enchantée par la chose. « T'es pas très causant toi non plus. » Pour un perroquet c'était presque dommage, même si Sayid avait entièrement conscience que cette légende des perroquet qui avaient de la conversation était quand même exagérée. Pas impossible, pendant la période où il travaillait au zoo de Regent's Park il avait eu l'occasion d'entendre les Aras répéter quelques mots simples, mais la croyance était quand même exagérée. « C'est pas grave, va. » Sayid avait toujours un ton plus doux, moins contrôlé, lorsqu'il s'adressait aux animaux. Face aux autres êtres humains il avait toujours ce mélange de méfiance et d'incompréhension qui le forçait à faire attention à la manière dont il s'exprimait, mais face aux animaux il n'avait pas à se soucier de cela. Raison sans doute pour laquelle lorsqu'une voix s'était élevée derrière lui il avait senti ses muscles se crisper en réalisant qu'il n'était plus tout seul. Ce n'était assurément pas Coin-Coin qui venait de parler.

Lunettes de soleil, ok. Chapeau, ok. Je suis fin prête à me confronter au soleil californien que je connais déjà bien. Je sors ainsi du nid d’amour pour me balader dans le jardin et peut-être me rendre au salon de thé. Sauf qu’une scène assez drôle s’offre à moi. « L’homme qui parlait à l’oreille des perroquets.  » Nouveau film qui sortira en 2015 avec pour acteur le candidat ici présent et coin-coin. C’est une histoire d’amitié entre un homme et un perroquet qui a très vite tournée en relation zoophile. Berk. Faut que j’arrête de délirer moi. En plus, techniquement ça serait impossible. « Enfin… pas sûr que les perroquets aient des oreilles. » J’essaye de me rappeler à quoi ça ressemble un perroquet puis je réalise ensuite que j’en ai un devant les yeux donc je regarde l’animal attentivement en essayant de voir où pourraient être leurs oreilles. Bonne question. « Quoi que si, en fait, ils en ont puisqu’ils répètent parfois nos sons. » Je suis vraiment pas spécialiste en la matière mais ça me paraît plutôt logique. Ou alors les perroquets entendent par le nez ? Roooh, j’en sais rien. « Laisse-moi te montrer qui c'est la pro : dit JE T’AIME coin-coin. » Je plisse les genoux en espérant de tout cœur obtenir une quelconque réaction de l’animal et qu’il m’emplisse d’affection. Oui, entendre ces mots là ça fait toujours du bien même. Sauf que tout ce que la bestiole réussit à dire c’est son prénom : coin-coin. Je rigole instantanément. J’imagine que c’est la seule chose que les hommes lui ont appris. J’en sais rien. C’est pas sa supposée propriétaire qui me répondra à cette question. « Quelle idée d’appeler un chien un chat. Enfin plutôt de donner un nom de canard à un perroquet. » Je sais pas quel est le con qui appelé l’oiseau ainsi mais j’aurai bien aimé lui dire que coco ça aurait été largement mieux. Mais bon, passons, mon regard revient sur le candidat. Je vais quand même pas prêter plus d’attention à l’animal. « Et toi quel est ton prénom ? » J’ai déjà dû le voir écrit quelque part genre sur les réseaux sociaux ou quelque chose comme ça mais sérieusement, je me souviens plus. Faut dire que le candidat ne m’a pas particulièrement marqué jusqu’à présent. Il était là au moins avant ?

Il se sentait stupide d'avoir été ainsi pris en flagrant délit de conversation avec l'animal de compagnie du nid, mais pas pour les raisons qu'on croyait. Il ne se sentait pas stupide parce que "c'est débile de parler à un animal, il ne comprend pas", il se sentait surtout stupide parce qu'il n'aimait pas être pris par surprise dans ces moments-là, lorsqu'il ne faisait pas d'efforts particuliers sur son comportement et sa façon de s'exprimer. Et il avait tressailli, forcément, en entendant commenter derrière lui « L’homme qui parlait à l’oreille des perroquets. » Il ne connaissait pas cette voix. Ou plutôt si, il la connaissait un peu, mais pas assez pour qu'elle lui semble vraiment familière et l'espace d'un instant il avait craint de voir qui il trouverait derrière lui. « Enfin … pas sûr que les perroquets aient des oreilles. Quoi que si, en fait, ils en ont puisqu’ils répètent parfois nos sons. » Une bavarde. A ranger dans la même catégorie de personnes que Sailor et Claudia, car Sayid ne pouvait s'empêcher de catégoriser les gens pour parvenir à s'y retrouver correctement. « Ils ont des oreilles. Elles sont simplement à l'intérieur. » s'était-il en tous les cas senti obligé de préciser, sans vraiment réfléchir, tout en se retournant pour découvrir l'identité de la candidate mystère. Shay. Maintenant elle sautait que les perroquets, comme les autres oiseaux, ne possédaient qu'une oreille interne ... Mais elle n'en avait probablement pas grand chose à faire, et Sayid à nouveau avait l'impression qu'il aurait du se contenter de ne rien dire. Loin de perdre son air enjoué pourtant la jeune femme avait repris, en posant les yeux sur le volatile « Laisse-moi te montrer qui c'est la pro : dit JE T’AIME coin-coin. » et si Sayid n'était pas le genre à rire à gorge déployée, il n'avait pourtant pas pu retenir le sourire amusé tandis que le dénommé Coin-Coin se contentait vaguement d'articuler ce qui ressemblait à son nom. Ou presque. « Peut-être qu'il ne t'aime pas. » Si d'ordinaire le ton neutre de Sayid aurait pu passer pour vexant, l'embryon de sourire qu'il avait réussi à produire quelques secondes avant tempéraient un peu sa tendance à dire ce qui lui passait par la tête sans vraiment réfléchir au côté potentiellement vexant. Et puis le rire de Shay était communicatif, assez pour que sans se mettre à rire lui aussi il ne produise malgré tout quelque chose qui y ressemblait vaguement, le temps de quelques secondes. C'était déjà beaucoup pour lui, dans ces circonstances. « Quelle idée d’appeler un chien un chat. Enfin plutôt de donner un nom de canard à un perroquet. » Elle marquait un point. Et puis ce n'était pas simplement inadapté, c'était aussi assez laid. Ridicule plutôt, c'était ridicule, et ce n'était pas parce qu'il s'agissait d'un animal qu'il n'avait pas le droit à un nom acceptable lui aussi ... Sayid ne comprenait pas cette mode de donner des surnoms stupides aux animaux, comme s'ils étaient des objets. « Comment est-ce que tu l'aurais appelé, toi ? » Elle devait bien avoir une idée sur la question, même si soit, on ne devait pas se dire tous les jours "si j'avais un perroquet comment je l’appellerai ?" ... et puis finalement elle avait posé une question elle aussi « Et toi quel est ton prénom ? » C'était un peu comme une avalanche de questions pour en arriver au final à un sujet de conversation qui n'avait plus rien à voir avec le début. Et si Sayid était dubitatif quant au fait que la jeune femme n'avait toujours pas retenu le prénom des autres candidats au bout de presque trois semaines - en comptant les abysses - il s'était contenté de répondre d'une voix calme « Sayid. » mais n'avait pas jugé utile de lui retourner la question puisqu'il en connaissait lui déjà la réponse. Au lieu de cela il avait regardé le perroquet les abandonner finalement sans plus de cérémonie en disparaissant derrière une plante, et un sourire amusé sur les lèvres, un peu plus franc encore que le précédent, le britannique avait reposé les yeux sur la candidate « Pas très douée en dressage d'animaux, hm ? Tu ne travailles pas dans un cirque ou dans un zoo, donc. » C'était sa manière à lui de lui demander ce qu'elle faisait dans la vie, au cas où elle n'aurait pas compris.

Le candidat que j’ai surpris en train de converser avec la mascotte de la saison alias le perroquet de Maha m’explique plus ou moins l’anatomie de l’animal. « Aaaaah. » La réponse du brun m’illumine. J’ai l’air bête à réagir comme ça mais ça reste spontané. Je trouve ça intéressant au final de savoir qu’un perroquet ou tout autre oiseau en fait possède des oreilles internes. J’avoue que je ne m’étais jamais réellement posé la question et que sur le coup, en me la posant, je me suis presque sentie conne de ne pas savoir. Histoire de me rattraper, je décide de tenter l’impossible : faire parler le perroquet. J’affiche de l’assurance et je me montre tellement sûr de moi que l’échec de mon essai en devient drôle. Néanmoins, j’ai pas totalement échouée puisque l’oiseau a répété au moins son nom. Enfin je crois. Ça y ressemblait un peu. Du coup, le tout a le mérite de m’amuser. Le candidat déclare néanmoins que Coin-Coin ne m’aime peut-être pas. J’ouvre la bouche en grand en prenant un air outrée. « Pas possible ! » Je tourne la tête aussitôt de gauche à droite en réfutant cette hypothèse et en cherchant une explication rationnelle. « Les hommes se répètent en disant qu’ils préfèrent les blondes. Les perroquets répètent ce que disent les hommes. Donc les perroquets aiment les blondes. » Et toc ! En voilà du syllogisme. Du coup, Sayid ne pourra plus dire que le perroquet ne me porte pas dans son cœur puisque je suis une vraie blonde. « Convaincu ? » J’espère que oui. Je me suis donné du mal là. En attendant, j’en reviens sur le prénom douteux de l’animal. Pourquoi l’avoir appelé ainsi ? Coin-Coin c’est le son d’un canard et à moins d’avoir des problèmes de vision, le perroquet ne ressemble en rien à un canard. Moi je l’aurais plutôt appelé... « Coco ! Parce que tous les perroquets s’appellent Coco. » Je sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs mais bon, ça me semble plus logique et ce, même si dans ma logique, tous les oiseaux de cet espèce devraient porter le même nom. Je serai limite tenté d’appeler le candidat ici présent pareil. Sauf que non, je me permettrai pas. Enfin déjà, faudrait que je sache son prénom. Sayid. « Tu n’es pas américain. » Je sais que je viens probablement de casser l’ambiance avec cette simple affirmation. Mais c’était plus de la maladresse qu’autre chose. J’aurai dû faire cette constatation intérieurement et pas à haute et intelligible voix. Du coup, maintenant, j’ai probablement vexé ou contrarié le candidat. J’espère que non. Peut-être qu’il verra là simplement l’occasion de me dévoiler son origine. « Tout dépend de la notion que tu as de cirque ou de zoo car parfois je dois bien t’avouer que c’est un peu le cirque ou le zoo où je travaille. » Je décide de jouer sur les mots suite à la question du candidat. J’adore jouer sur les mots. Il n’y a qu’à voir la dernière publication sur mon compte twitter. J’ai posté avant de m’endormir une photo de la méduse de l’aquarium en disant être médusée ou autrement dit fatiguée. « Tu ne m’as toujours pas demandé comment je m’appelle. » Simple constatation. Ça ne l’intéresse peut-être pas après tout. Ou alors, il connaît déjà mon prénom et là, je serai assez impressionnée.

Coin-Coin n'avait assurément pas l'air d'être le plus coopératif des animaux, mais d'un autre côté il n'avait peut-être pas été dressé pour cela non plus ... C'était déjà beaucoup, qu'il soit assez apprivoisé pour ne pas décider de prendre la poudre d'escampette et quitter cet hôtel pour aller voir ailleurs si l'on ne s'occupait pas de lui un peu mieux. Et par mieux Sayid entendait que le nourrir et lui faire une gratouille sur le sommet du crâne une ou deux fois dans la semaine ça ne comptait pas, on ne s'occupait pas bien de ce genre d'animal si l'on ne s'était pas renseigné un minimum avant, et jusqu'à preuve du contraire personne ici n'était expert en perroquets ... Ce n'était pas comme un chat ou un hamster. Coin-Coin en tout cas n'était pas hyper bavard, pour un perroquet. A moins que ce ne soit simplement que la tête de Shay ne lui revenait pas, mais cette dernière ne parvenait pas à s'y résoudre. « Pas possible ! Les hommes se répètent en disant qu’ils préfèrent les blondes. Les perroquets répètent ce que disent les hommes. Donc les perroquets aiment les blondes. » Heureusement pour elle que Sayid ne faisait pas partie de ces hommes à se vexer du fait qu'une femme les mette tous dans le même panier, du coup. Et d'ailleurs semblant particulièrement certaine de ce qu'elle avançait elle avait dodeliné la tête légèrement en demandant « Convaincu ? » montrant à Sayid qu'elle attendait donc véritablement une réponse de sa part. Entre le trop plein d'ironie de certains et le sérieux à toute épreuve d'autres le britannique ne savait plus trop sur quel pied danser ... C'était toujours le souci lorsqu'il côtoyait trop de monde à la fois, il ne parvenait pas à cerner les gens autant qu'il le souhaiterait, comme si tout était un peu flou. « Je dois en déduire que mon goût pour les blondes fait de moi quelqu'un de prévisible ? » Le ton était toujours calme, mais on pouvait presque déceler une pointe d'ironie dans les propos de Sayid, et en effet l'idée d'être mis dans la catégorie des gens prévisibles amusait presque le britannique ... Il avait entendu répété tellement de fois qu'on ne savait jamais sur quel pied danser avec lui. C'était d'ailleurs plus souvent dit comme un reproche qu'autre chose, mais qu'y pouvait-il lui. Bref, pour en revenir à cette histoire de perroquet le nom de celui du nid ne semblait pas convenir à Shay, et nul doute alors qu'elle avait autre chose de plus approprié à proposer « Coco ! Parce que tous les perroquets s’appellent Coco. » Une moue légèrement déçue s'était dessinée sur le visage du britannique tandis qu'il secouait légèrement la tête « J'espérais plus original. » Parce que Coco ce n'était pas beaucoup mieux que Coin-Coin en définitive, et ce pauvre perroquet méritait un peu mieux ... Déjà qu'on le forçait à subir les candidats d'une émission de télé-réalité. Contre toute attente Sayid ne tapait pas sans réfléchir sur les zoo, les animaux n'y étaient pas forcément malheureux ou maltraités, mais là on parlait de lâcher un oiseau à la merci de candidats qui n'avaient aucune idée de comment s'en occuper, c'était n'importe quoi. Puisqu'ils en étaient à parler de prénoms en tout cas Shay lui avait demandé le sien, et Sayid ne savait pas trop s'il était surpris ou non d'entendre « Tu n’es pas américain. » parce que même chez lui il était déjà arrivé plus que de raison qu'on ne le taxe d'étranger uniquement parce qu'il n'avait pas la "chance" de s'appeler John, Charles ou Matthew. « C'est aussi ce que tu as pensé de Barack Obama la première fois que tu as entendu son nom ? » Quoi, ce n'était pas le même principe ? « Je suis anglais. » Ce qui ne répondait pas plus à la question que Shay n'avait pas clairement formulé, certes, parce que Sayid cela ne faisait pas britannique non plus, à priori. Et pourtant Sayid faisait partie de ces anglais profondément attachés à leur pays et à son mode de vie. Et à sa Reine aussi, oui. « Je suis né en Irak. Puisque je suppose que c'était ta question. » Et puisqu'il venait de lui délivrer non pas une mais deux informations, pour le prix d'une seule, Sayid attendait forcément de Shay qu'elle en fasse de même. Et par la même occasion qu'elle lui dise un peu ce qu'elle faisait dans la vie, histoire qu'il donne l'impression de s'intéresser un minimum à ses camarades même si ce genre de chose ne lui venait jamais naturellement ... Interagir avec les autres n'était pas naturel pour lui, de toute façon. « Tout dépend de la notion que tu as de cirque ou de zoo car parfois je dois bien t’avouer que c’est un peu le cirque ou le zoo où je travaille. » Et cette fois-ci c'était à son tour de ne pas vraiment répondre à la question qui lui était posée. Pourtant bien décidé à ne pas poser sa question directement, Sayid s'était contenté de secouer légèrement la tête, comme pour demander Mais encore ? avant que Shay elle ne lui fasse soudainement remarquer « Tu ne m’as toujours pas demandé comment je m’appelle. » Parce qu'il n'en avait pas besoin, tout simplement, et plutôt que de le lui expliquer par A+B il s'était contenté de répondre d'un air calme « Shay. » pour lui montrer directement pourquoi il n'avait pas pris la peine de demander.

La simple idée que Coin-Coin puisse ne pas m’apprécier me refroidit et j’en viens à me persuader et à persuader le candidat que ce n’est pas le cas. J’utilise pour cela une théorie abracadabrantesque en passant par un syllogisme totalement dénué de sens. Ceci étant, cela semble avoir l’effet escompté puisque le garçon ne conteste pas. Il me demande simplement si le fait qu’il préfère les blondes fait de lui quelqu’un de prévisible. « Très prévisible. » Je décide d’ajouter aussitôt avec un sourire en coin comme pour avoir le dernier mot sur cette affaire. Je ne sais pas si c’est vrai ou non le fait qu’il fasse partie de ces hommes qui préfèrent les blondes, mais si j’avais pu parier, je l’aurai ajouté dans la catégorie. Peut-être simplement sur une question de contraste physique. « Mais ça n’empêche que tu as bon goût. » Je suis tout à fait objective, bien sûr. Non, sérieusement, je m’en fiche un peu qu’il préfère les blondes, les rousses ou les brunes. Il peut même adorer les mélanges de couleur genre noir et blanc comme Cruella De Vil. Ça m’est complétement égal au final. L’essentiel étant que j’ai su démontrer par A + B que le perroquet ici présent m’apprécie. Et ma théorie, bien qu’un tant soit peu douteuse, a probablement assez convaincu le jeune homme pour ne pas qu’il revienne sur le sujet. En revanche, en ce qu’il concerne le prénom de l’oiseau, ma réponse ne le satisfait pas. Il est vrai que j’ai pas donné dans l’originalité. Mais un perroquet a-t-il vraiment besoin d’être original ? C’est comme tous les lapins qui s’appellent Panpan et toutes les biches Bambi. Un seul nom nous suffit comme repère. Et coin-coin, étant donné que c’est le domaine privilégié d’un canard ou du moins le son que cet animal produit, ça me perturbe. Le perroquet ici présent aurait dû s’appeler Coco, je persiste. « Tu l’aurais appelé comment, toi, alors ? » Je croise les bras tandis que mon regard percute le sien comme pour lui lancer un défi. Le défi de trouver mieux comme prénom. C’est pas sorcier et en même temps, c’est pas évident. Surtout avec moi comme juge. Je serai intransigeante. En attendant, j’ai pas la meilleure des réactions suite à la révélation de son propre prénom. Au lieu de lui demander gentiment de quelle origine il est, je constate haut et fort qu’il n’est pas américain. Déjà, c’est complétement idiot car il pourrait très bien avoir la nationalité américaine tout comme moi. D’ailleurs, il me le fait remarquer en prenant pour exemple Obama. Je me suis aussitôt idiote et je suis forcé d’admettre que ma question était stupide. « Non. » Du coup, j’imagine que j’ai vexé le candidat et ce, même s’il semble avoir compris où je voulais en venir. J’obtiens ma réponse mais au final, je crois que j’aurai préféré ne rien savoir. Le ton a changé et le garçon est devenu presque froid. Il me confit alors être anglais et d’origine Irakienne. Cela me semble assez logique compte tenu de sa couleur de peau et de son accent. « Je suis désolé. Ne vas pas t’imaginer quoi que ce soit d’hâtif à mon sujet. Je suis tout simplement maladroite. » Autant dans mes gestes que dans mes propos. Du coup, je crois que c’est bien de le préciser avant qu’il me qualifie de raciste ou je-ne-sais-quoi. En plus, s’il me connaissait mieux, il comprendrait que c’est tout le contraire. D’ailleurs, je décide de lui dévoiler une petite partie de cela après lui avoir fait comprendre que parfois dans mon métier c’était le cirque ou le zoo. « J’aide les immigrés du quatre coins du monde à avoir des papiers aux Etats-Unis. Enfin pas moi seulement mais je fais partie du processus. C’est ce que j’aime me dire car concrètement, c’est plus de la traduction de paperasse administrative. » J’ai su mettre à profit mes compétences en Russe étant donné mon niveau mais pas seulement. Tout ça me tenait réellement à cœur. C’est un métier que j’aime car je sais que j’aide, dans le fond, même si je ne contribue qu’à une petite partie du processus. En attendant, j’espère m’être rattrapée de cette maladresse auprès du concerné. Mais je n’en oublie pas que celui-ci ne m’a toujours pas demandé mon prénom. Et cela s’explique par le fait qu’il le connaisse déjà. Mes paupières se lèvent tandis que je le pointe du doigt d’une façon théâtrale. « Sorcier ! » Voyant, médium, tout ce que vous voulez. Puis je me reprends alors avec un ton calme et presque neutre suite à cet instant de folie. « Je crois que je devrais me méfier de toi. » J’imagine qu’il a fait des recherches sur moi. Quelle est la suite. Demain, il m’annonce mon âge et après-demain il dévoile mon secret après m’avoir buzzé ?