Cette semaine n'est pas aussi drôle que les autres. Parce qu'il est en danger et parce qu'il ne sait pas encore à qui il va être confronté, sinon qu'il sait déjà que ce sera contre sa partenaire. Le mec au stand de tir est plutôt sexy, c'est une raison suffisante pour que Lloyd soit là cet après-midi. Mais c'est parce qu'il voit en le tir à la carabine une façon de se dépenser autre que la course à pied, la natation ou la musculation qu'il pratique plus ou moins tous les jours. Ça a quelque chose de très... puissant de tenir un fusil entre ses mains. Lloyd a presque l'impression qu'on lui donne le permis de s'évader complètement d'être, l'espace d'une pression sur la détente, une autre personne. Il s'imagine chassant dans les plaines blanches de la Suède profonde. Et il sourit. Une personne approche, un regard dans la direction du bruit l'informe que c'est Zélie. « Je crois pas que tu viennes pour mâter le tenant des lieux, alors... tu tires ? » demande-t-il avant d'appuyer sur la gâchette et de passer pas très loin de la cible. C'est pas si mal pour un débutant. Non ?

Il y avait des stands à la fête foraine, que je n'avais, pour le moment, pas encore testé. En cette après-midi, veille de Noël, je décidais donc de me jeter à l'eau. Après un bref petit tour des installations, j'optais pour le tir à la carabine. Ce serait parfait pour tester mon habileté et mon sang froid. Je ne suis pas la seule devant le stand. Lloyd-Snö est déjà là, je l'écoute puis le regarde tirer. Pas trop, mal mais j'étais sûr de pouvoir faire mieux, enfin j'allais essayer.
Je te laissais juste commencer…
Je demandais au tenancier une carabine, me préparait et tirait. Je n'osais pas trop regarder le résultat de peur d'avoir été plus ridicule qu'autre chose. Détournant mon regard du stand, je me contentais de demander à Lloyd :
Alors c'est bon ou pas ?
Qui c'est, avec un peu de chance, j'avais peut-être tiré en plein dans le mille. Après, il ne fallait pas trop rêver. Quoi que… tout bien réfléchis les rêves, c'étaient un peu la carotte qui faisait avancer le cheval. Réaliser nos rêves, c'était le but de tout être humain, enfin c'était l'un des miens et je comptais vraiment sur Fake Lover pour me permettre d'atteindre cet objectif.

Zélie tente sa chance et rate. Pas de beaucoup cela dit. Peut-être qu'il ne devrait pas trop lui faire confiance la prochaine fois qu'elle fait la vaisselle, si au lieu de mettre le couteau dans l'égouttoir elle le lance à travers la pièce. D'un autre côté ça élimine la possibilité que son secret soit un truc du genre « j'ai été tireuse d'élite » ou alors elle le cache vraiment très bien. « Je crois que tu as encore une marge de progression. » Pas grand chouse, trois fois rien. Elle a même pas touché la cible mais lui non plus. La leçon à tirer de tout ça c'est peut-être que BuzzyBuzz (voilà le nom) a trafiqué les armes pour qu'elles ne tirent pas droit. Ce serait tordu mais venant de la production, ça n'étonnerait même pas Lloyd. « Alors, comment tu te fais à la vie en retrait de la société ? Quoique... t'es archiviste tu vis un peu en dehors du temps en général non ? » demande-t-il en se saisissant de la carabine. Il ne trouve pas le métier de la jeune femme très excitant, mais faut dire que lui il est plus branché contact avec le monde ambiant, être archiviste demande probablement une personnalité très posée. Ce dont Zélie n'a pour l'instant pas vraiment fait preuve. C'est un paradoxe comme les autres. « Allez ! À mon tour ! » fait-il en armant l'arme à feu. Grisé par la puissance qu'il tient entre les mains il se concentre une seconde, puis deux, le doigt taquinant la gâchette et puis il appuie. Pas sûr d'avoir fait beaucoup mieux.