Tiens, c'est curieux, à vue d'oeil comme ça sa penderie lui semble moins garnie que ce matin. Comme s'il manquait quelques petites choses, ici et là, notamment au niveau de ses chaussettes et de ses slips - clairement pas ce qu'il a de plus chic dans ses affaires par ailleurs. Il ne voudrait pas crier au scandale pour rien mais tout de même, il ne rêve pas, quelqu'un s'est permis de piocher dans ses fringues non ? Plus il passe en revue le contenu de son armoire, et moins il a de doutes : c'est sûr à présent, certains de ses vêtements ne sont plus à leur place. Bon, bon, c'est peut-être simplement une farce qu'on lui fait, si ça se trouve un petit plaisantin est caché dans un coin et guette sa réaction. Du coup, Lamine reste digne face à cette étonnante découverte, il est outré mais il n'en montre rien. Le français fait le tour de la pièce, puis sort une minute dans le couloir... et non, il est bel et bien seul, c'est peut-être plus sérieux qu'il ne l'a pensé au départ alors. C'est quand même pas très rassurant, à peine deux semaines de passées dans ce nid et voilà qu'un premier vol est à déplorer. Et comme par hasard, c'est lui qui trinque, bah voyons. Ça le fait pas rire Lamine, c'est pas comme si on lui avait chouré ses t-shirts ou ses innombrables paires de baskets mais malgré tout, ça le fait chier quoi, parce que c'est pas des trucs qui se font quand on vit en communauté. Le respect de l'autre, c'est la base, sinon on s'en sort pas. Planté devant sa penderie à chercher d'éventuels indices qu'aurait pu laisser le malfrat, il est rejoint par le barbu trentenaire, Allen, qui se pointe comme une fleur sur la scène de crime. Lamine l'observe un instant, silencieux. Non, ça peut pas être lui, il a passé l'âge de faire ce genre de trucs. Mais il a peut-être vu quelque chose, par contre. Lamine l'interpelle alors. « y'a un klepto dans le nid et on me dit rien, okay, c'est cool. » laisse-t-il entendre dans un premier temps, avant d'ajouter « genre j'ai des fringues qui disparaissent, normal. » justement non, c'est tout sauf normal et plus les minutes passent, plus Lamine a la sensation qu'on se fout ouvertement de sa gueule, c'est très désagréable et c'est surtout pas le mec à tester comme ça. « si tu sais qui a fait le coup, ou si tu as vu quelque chose, parle c'est un ordre. » reprend-t-il, en se faisant quelque peu menaçant à l'égard de son ainé. Il a la tête du type prêt à avouer si on le cuisine un peu, maintenant encore faut-il qu'il ait été témoin du vol. Lamine ne le laissera pas sortir d'ici tant qu'il n'aura pas l'assurance que son camarade n'est pas mouillé dans cette affaire, ou qu'il ne protège pas quelqu'un. Il est bien décidé à tirer les choses au clair, et il y passera la soirée s'il le faut.

Si Allen avait été de mauvaise humeur, ou peu disposé à accepter de se faire agresser quelques secondes après qu'il soit entré dans le dressing, il aurait certainement fait remarquer à son camarade qu'il y avait des manières de s'adresser aux gens et qu'en l'occurrence il n'appréciait pas nécessairement qu'il adopte ce ton doucement menaçant alors que jusqu'à preuve du contraire, c'était son problème s'il avait perdu ses fringues. Mais le canadien ne savait pas envoyer promener ceux qui parfois le mériteraient pourtant, c'était son coté indulgent. Il ne connaissait pas bien Lamine mais il avait cru remarquer qu'il avait du caractère, et que dans l'hypothèse où il se risquerait à lui faire une remarque un peu désobligeante, il risquerait de lui rentrer dedans et ça c'était précisément ce qu'il voulait éviter. Le conflit, il le fuyait la plupart du temps, c'est pourquoi il ne lui tiendrait pas rigueur de sa mauvaise humeur. « Crois-moi, j'aimerais t'aider, surtout si c'est demandé aussi gentiment ... » qu'il commença alors, en se rapprochant légèrement de son camarade, non sans se dépourvoir du sourire qu'il arborait généralement, encore une fois parce que ça ne l'intéressait pas d'initier un échange inutilement houleux. « … mais je suis au courant de rien. » Et c'était vrai, non seulement il n'était pas repassé par le dressing depuis ce matin, mais en plus il était généralement le dernier au courant quand des choses un peu louches se tramaient. « T'as cherché partout ? Parce qu'elles ont peut être simplement été rangées au mauvais endroit ? » qu'il suggéra en examinant l'endroit d'un rapide coup d’œil, n'ayant pour sa part pas tellement l'impression que quoi que ce soit ait vraiment changé, mais si Lamine le disait, c'est qu'il lui manquait bel et bien quelques affaires. « Si elles traînaient - et j'insinue pas par là que t'es bordélique, entendons-nous bien – quelqu'un est peut être tombé dessus et s'est juste trompé de compartiment au moment de les ranger ? » C'était une hypothèse comme une autre, mais lui ça lui paraissait assez vraisemblable, après tout pas plus tard que la semaine dernière, il avait trouvé la robe d'Ariadne par terre et avait failli la ranger au premier endroit où il aurait trouvé un peu de place. « Entre nous, ce serait triste qu'on en vienne à se voler les uns les autres. On est censés être dans la même galère ici, après tout, tu crois pas ? » Peut être qu'il ne voyait pas du tout les choses ainsi, que pour lui ses camarades étaient des adversaires sur qui il ne pouvait en aucun cas compter, dans n'importe quelles circonstances, ça n'était pas le canadien qui risquait de le savoir, étant donné que jusqu'ici ils avaient plutôt échangé des banalités. « Tu saurais me dire ce qu'il te manque, exactement ? » Histoire de faire un rapide inventaire des affaires qu'il ne retrouvait plus, s'ils décidaient de passer l'endroit au crible. Lui, il serait partant pour l'aider, à condition qu'il fasse quand même un petit effort pour être un brin plus sympathique, dans les prochaines minutes.

Non Lamine n'a pas de beau sourire à offrir à son camarade, tout comme il a décidé de bouder toute formule de politesse. Déjà on vient de lui chourer ses fringues donc ça se ressent un peu sur son humeur, et puis c'est bon quoi, si ça se trouve le gars est complice et il espère le voir ramper par terre. Il sait strictement rien de ce type à part son prénom alors à ses yeux c'est un suspect comme un autre. Et même, faut avouer qu'il est louche le gars, car quand même il est présent sur les lieux quelques instants seulement après la découverte du vol. Le seul qui se ramène, ouais, il viendrait contempler la réaction de Lamine pour tirer un max de satisfaction personnelle que ça ne l'étonnerait pas. Et puis ne parlons pas de sa façon de s'exprimer, monsieur je parle un anglais impeccable, limite mélodieux. Il a un peu la dégaine du gendre idéal, nickel pour avoir l'air insoupçonnable. Allen se prétend au courant de rien, bah voyons. « hm hm, t'as un alibi ? quelqu'un était avec toi toute la journée pour attester qu'à aucun moment tu n'es venu ici commettre un vol ? » oui il va loin mais dans la mesure où il envisage de questionner tout le nid pour élucider l'affaire de toute façon, il faut bien qu'il commence quelque part. Vous croyez qu'il va se laisser voler sans mener l'enquête ? oubliez ça tout de suite hein. Non ses fringues n'ont pas été rangées au mauvais endroit, il est pas fou quand même.  « ouais partout. et j'suis bordélique, tu peux le dire, j'en ai pas du tout honte. » y'a qu'à voir sa chambre chez lui à Mortroux, dès qu'on fait un pas on est à peu près sûr de marcher sur un truc. Ici, néanmoins, il veille un minimum à ce que ses affaires ne trainent pas où elles ne sont pas censées être, en l'occurrence hors de sa penderie. « mais là c'est un vol, j'en mettrais ma main à couper ! un petit con s'est servi comme au self dans mes fringues, mais pas en mode emprunt si tu vois c'que je veux dire. » il n'a pas le moindre doute là-dessus, et c'est pas Allen avec ses grandes phrases sur la camaraderie qui risque de lui faire changer d'avis. « non mais mec, ouvre les yeux. on est pas en colo, ici c'est chacun pour soi, chacun sa merde. » tente-t-il de le raisonner même si ça a malheureusement tout l'air d'être un mec qui croit vraiment à ces conneries. Il faudrait qu'il réalise que les autres, c'est pas la peine de compter dessus car la moitié au moins ne sont pas sincères dans ce jeu où tout n'est que faux semblant et où l'hypocrisie règne. « bah, tu te souviens plus de ce que t'as pris ? » il le teste, pour le moment il est pas convaincu de sa culpabilité mais il garde quand même un oeil sur lui des fois qu'il se trahisse. Lamine se pare d'un sourire insolent, puis il reprend. « des slips et des chaussettes. le top du glamour, t'admettras. » ah oui là, on pouvait pas plus taper dedans. Le mec qu'a fait ça est pas très malin, quitte à piquer des trucs autant viser ce qui a un minimum de valeur, ou alors il était vraiment en pénurie de slips et de chaussettes pour le coup. Ou c'est plus inquiétant que ça encore... « oh merde... tu penses à la même chose que moi ? » le mot en " f ", qui fait peur et qu'on associe généralement à des dégénérés. Faut voir ce qu'on lui a piqué, quoi, c'est juste impossible de pas y penser même s'il aimerait plus que tout se tromper.

Difficile de savoir si c'était les circonstances qui mettaient Lamine de mauvais poil ou si le jeune homme n'était jamais tellement commode, mais c'est vrai qu'Allen était un peu gêné par sa froideur. Surtout qu'après avoir envisagé qu'il ait pu voir quelque chose, il se mit carrément à le soupçonner, lui. « Un alibi ? Mais je … hm … oui, j'étais à la piscine avec Addil cette après-midi » qu'il bafouilla, mal à l'aise d'avoir à se justifier, alors qu'il savait qu'il n'avait rien à se repprocher. « Ce matin, j'ai rien fait de particulier, mais j'aurais jamais … enfin, c'est pas du tout dans mes principes, tu sais. » Fût un temps où comme n'importe qui, il avait pu faire quelques conneries, mais aujourd'hui il était suffisamment mature pour ne pas prendre un malin plaisir à faire ce genre de choses. Lamine, en tout cas, disait être bordélique, et semblait déterminé à crier au vol. « Je pense que tu tires des conclusions un peu hâtives, il y a de nombreuses autres explications possibles, alors c'est un peu pessimiste de tout de suite envisager celle-ci ... » Peut être qu'on lui avait par le passé donné de très bonnes raisons de se méfier, mais là quand même, c'est à peine s'il ne déclenchait pas une alerte enlèvement. Le canadien, lui, pensait plus au fait que quelqu'un ait pu les déplacer par erreur, après tout ils étaient tous liés par cette aventure, alors ça l'étonnerait beaucoup que quelqu'un se soit rabaissé à ça. Mais son camarade semblait avoir une vision bien différente de la chose. « Et je suis pas d'accord, on peut être des adversaires dans le jeu sans pour autant se faire des coups dans le dos à la première occasion » qu'il reprit, forcé d'exprimer un avis contraire, parce qu'il ne voyait pas l'intérêt qu'il y aurait à voler les fringues d'un autre candidat, ils étaient ici pour jouer, oui, mais pas non plus pour se rendre la vie impossible. « Jusqu'ici les candidats avec qui j'ai eu l'occasion de discuter n'avaient pas l'air sournois ou du genre à perdre leur temps avec des mauvaises blagues, alors soit j'ai eu de la chance, soit c'est toi qui ne sait peut être pas faire la part des choses ... » En l'occurrence, différencier le joueur du colocataire, car il ne disait pas que personne ici ne ferait en sorte de s'avantager dans certaines situations, simplement il estimait que l'ambition n'empêchait pas le savoir-vivre. Par la suite, il chercha à savoir ce qui avait bien pu disparaître, histoire de commencer à chercher autour d'eux, et le trait d'humour de Lamine – si tant est que c'en soit d'ailleurs – le mit un peu mal à l'aise. C'est pourquoi il préféra ne pas répondre, se contentant d'esquisser un sourire gêné, avant que son camarade ne lui dise que c'était des slips et des chaussettes qui manquaient à l'appel. Il était ainsi d'autant moins probable que quelqu'un ait cherché à se les approprier, puisque bon, tout se ressemblait à ce niveau-là. Lamine, en tout cas, disait penser à une sorte d'adorateur. « Non non non, ne commence pas à te monter le bourrichon, la probabilité pour qu'un fétichiste de ce genre ait intégré le nid est quand même faible. » Tout du moins, lui, il ne voyait pas comment la production aurait pu passer à coté d'un profil pareil, à moins qu'elle l'ait consciemment intégré au jeu, mais inutile de s'égarer. « Et pourquoi une âme charitable ne les aurait pas emporté en pensant qu'un petit tour à la laverie leur ferait du bien? » Cette théorie pouvait se tenir, même s'il réalisa au moment de l'avancer que Lamine pourrait penser qu'il se faisait une drôle d'idée de son hygiène. « Enfin, je dis pas que t'as l'air d'un type qui change de caleçon tous les six jours, hein, c'est qu'une hypothèse comme une autre ... » qu'il se reprit, marchant à travers la pièce en faisant mine de chercher, alors qu'il tâchait surtout d'éviter son regard, dans l'immédiat, c'était mieux.