Cette histoire d'honnêteté radicale commence à lui taper sur les nerfs, elle ne supporte plus que les gens lui posent incessamment des questions qui fâchent pour l'entendre répondre de manière confuse pour mieux s'excuser ensuite. La française a passé la semaine à s'excuser, ce défi ne lui plaît vraiment pas surtout lorsqu'elle sait que certains en profitent pour la mettre dans une position plus que délicate. Elle s'est laissée prendre au jeu pendant les premiers jours mais toute cette histoire commence à lui peser, elle compte désormais les jours qui la séparent du prochain prime. En attendant elle a décide de passer un peu de temps seule pour éviter la présence des autres candidats et surtout de leurs questions gênantes. Cette après-midi, elle a choisit la forêt, un lieu très peu fréquenté par les autres candidats surtout après la semaine dans les abysses. Ses petits camarades n'étaient pas prêts à refaire du camping de sitôt. Elle n'est pas venue les mains vides puisqu'elle a décidé d'emmener avec elle un bon livre et une couverture sur laquelle s'allonger pendant sa lecture. Tout est si calme, si paisible qu'elle ne fait plus attention à ce qu'il se passe autour d'elle, la jeune femme n'a même plus peur de tomber nez à nez avec une bête sauvage. Pourtant elle reste à l'affût et lorsqu'elle entend des pas s'approcher d'elle, la jeune femme décide de se cacher derrière un tronc d'arbre pour observer le candidat qui a décidé de s'aventurer dans la forêt. La rouquine reconnaît Léandro et elle repense automatiquement à une discussion qu'elle a eu quelques jours plus tôt avec une autre camarade. « Salut ». Elle annonce tout sourire en sortant de sa cachette, amusée devant le bond que fait son camarade en la voyant. Elle est très satisfaite de sa farce et ne s'en cache pas, elle a au l'effet escompté. « Ça c'est pour avoir comploté avec Sailor, votre petite histoire de lasso je suis au courant ». Ahah il ne peut plus se cacher maintenant. Adélie connaît la vérité et s'amuse même à jouer les offusquées, elle n'est évidemment pas sérieuse, l'idée est plutôt drôle si elle ne risquait pas sa vie en se faisant attraper au lasso comme une vache texane.

Promenons nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas. Si le loup y était, il nous mangerait. Je marche dans la foret, clope au bec. Oui oui ce n’est pas bien de fumer parmi tous ces arbres, mais c’est bon, je fais attention. Je ne vais pas mettre le feu. Vous imaginez les gros titres ? Le tournage d’une emission de téléréalité suspendu : un candidat fou le feu à la forêt. Je me promène tranquillement, lorsqu’Adélie sort de nul part pour m’effrayer. Surpris, je fais un bond, et j’en fais meme tomber ma cigarette. Rha. « Ah t’es fière de toi.” Je te jure. Du coup je l'écrase du pied. Voilà qu’elle dit que c’est pour se venger de mon petit complot avec Sailor, à propos de cette histoire de lasso. « Quuuuoi ? Mais tu te doutes bien que c’est une idée de Sailor, je n’y suis pour rien moi, tu sais quand elle a une idée en tête…” Oui bon, d’accord, en vrai c’est peut être moi qui ait balance le nom de la demoiselle en premier comme cobaye, mais chut, ça elle n’est pas obligé de le savoir. Ce n’est pas moi qui doit appliquer l’honnêteté radical aujourd’hui. Ah oui, c’est vrai d’ailleurs que je viens de me rappeler qu’elle est censée être honnête. « Puis bon arrêtes, je suis sur que t’adorerais ça… » Que je rajoute dans un petit sourire, en jouant des sourcils, et dans une expression qui se veut pseudo perverse. « Alors comment se passe cette semaine ? Tu dois dire toute la vérité, rien que la vérité. » En vrai elle n'est obligée à rien. On ne lui a pas injecté de serum la poussant à tout nous dire. Elle ne partagera que ce qu'elle voudra bien. On est pas dans sa tête pour savoir si elle ment ou non, si elle joue la langue de bois ou pas.

La française est plutôt tranquille seule dans les bois avec son livre pour compagnie, elle se maudit même de ne pas y avoir songé plus tôt. La sérénité que confère ses bois la tranquillise plus que toutes ses heures passées dans la salle zen, la jeune avait finalement trouvée un refuge, son propre petit jardin secret. Les candidats osant s'aventurer dans les profondeurs insondables de la forêt étaient encore rares même après six semaines d'aventure, seuls les nostalgiques des abysses et les amoureux de la nature s'y rendaient pour le plaisir. La jeune se situait dans la deuxième catégorie et même si elle préférait être seule, la présence d'un autre candidat dans la forêt ne la dérangeait pas. Adélie décide de se cacher derrière un arbre pour voir sans être vu et lorsqu'elle aperçoit Léandro la jeune femme ne résiste pas à l'envie de lui faire une belle frayeur en surgissant de nul part. Si elle est fière d'elle ? « Plutôt oui, j'ai eu ce que je voulais ». Elle déclare avec son petit air malicieux, Adélie s'amuse à jouer les sales gosses. C'est de bonne guère, elle veut se venger du petit complot organisé par le texan et Sailor afin qu'elle joue les cobayes dans un concours de lasso. Le jeune homme tente de se défendre en rejetant même la faute sur l'asiatique prétextant qu'il s'agissait de son idée à elle et qu'il n'avait pas pu l'en empêcher. « Tu te défends bien vite pour quelqu'un de complètement innocent, hm. » Elle remarque l'air de rien. Le jeune homme venait de se trahir tout seul, elle se doutait bien que l'idée ne venait pas uniquement de sa camarade. Il fallait bien plus d'un cerveau pour élaborer un plan aussi farfelu. « Et je gagne quoi si j'accepte ? ». Elle ne compte pas faire ça gratuitement, les deux petits génies allait devoir la payer cher, très cher pour s'offrir ses services. Leandro plaisante en affirmant qu'elle adorerai qu'il l'attraper au lasso, elle arque un sourcil, sceptique. « Ça fait quand même très Brokeback Mountain cette histoire de lasso sauf que je suis une fille aux dernières nouvelles. ». C'est qu'elle a des références la petite française, elle n'aurait certainement pas pensé à ce film s'il n'avait pas fait sa petite tête de pervers qui soit dit en passant est tout sauf crédible. Il n'a pas des allures de pervers Leandro, il devrait sûrement demandé des cours à Léo. Le texan change de sujet pour lui demander comment s'est passé sa semaine, il exige même qu'elle lui dise la vérité. Elle hausse les épaules, de toute façon elle n'a pas le choix. « J'ai hâte qu'elle se termine. Au début c'était marrant de donner son avis mais parfois les questions étaient vraiment très gênantes. Je n'aime pas vexer les gens, c'est pas moi tout ça. ». Elle répond honnêtement baissant le regard se concentrant sur un point fixe au sol. Cette situation la fatigue, elle compte les minutes la séparant du prochain prime.

Si elle a eu ce qu’elle voulait alors. « Tu devrais pourtant avoir honte de toi ! Effrayer les pauvres âmes innocentes. » Ce n’est franchement pas très gentil. « Sans parler d’une clope gâchée. » C’est ça probablement le pire. Ma cigarette, pfffiou, aux oubliettes. Bon il va de soit que je plaisante. Voilà qu’elle me parle de cette histoire de lasso. Oui bon, je n’assume pas trop hein. En même temps c’est un peu ridicule, puis je ne veux pas qu’elle pense qu’on la considère comme du bétail ou je ne sais quoi. Parce que c’est pas spécialement flatteur, même si dans nos têtes, ça n’a rien de méchant et c’est juste pour s’amuser. Bon à la base pour moi, c’était surtout une idée pour blaguer, mais c’était sans compter sur Sailor qui elle est décidée à mettre le plan à exécution. Que gagne t’elle si elle accepte, hm. « T’as déjà eu un massage, que veux tu de plus de moi ? » Et en plus il était gratuit ! « Puis je pense que tu ferais une heureuse, tu ne voudrais pas décevoir cet adorable petit minois ? » Oui voilà, je doute qu’elle veuille briser tous les espoirs de Sailor. « Pourquoi dès qu’il est question de cowboy, il faut toujours que ça se rapporte à ce film ? » Que je demande alors quelque peu blasé. Je n’ai rien contre le film, je le trouve très bien d’ailleurs, mais c’est chiant que ça soit toujours cité en référence. « C’est parce que je fais du rodéo, et de la prise de veau au lasso tu vois. Il y a un contexte, Sailor voulait juste une démonstration… » Oui parce que bon, cela ne sort pas de nulle part non plus. Je lui demande alors comment se passe sa semaine. Cela n’a plus trop l’air de l’amuser cette histoire d’honnêteté radicale. « T’inquiètes pas, c’est pas moi qui risque de te poser des questions embarrassantes sur ma personne ! » Parce que bon parfois, y a des réponses qu’on préfèrerait ne pas entendre. Puis je ne voudrais pas l’embarrasser, et que ça devienne gênant entre nous ou quoi. « Par contre, il y a quelque chose que je voulais te demander… » Oui mais dont je n’ai jamais osé jusqu’à présent. « J’ai remarqué que t’étais très pudique…que tu te baignes jamais avec nous…Que…Enfin j’ai vu ta cicatrice et j’ai compris que c’était à cause de ça….Et je me demandais comment c’était arrivé…Et…Je me rends compte que je dépasse les bornes. Désolé, oublie ce que je viens de dire, t’es pas obligée d’en parler. » Oui à mesure que je parlais, je me suis rendu compte que j'aurais mieux fait de me taire.

Soit disant qu'elle devrait avoir honte de lui avoir fait peur de la sorte , elle a effrayé un âme innocente. Adélie ne cache pas son étonnement en entendant ce terme. « Une âme innocente ? Où ça ? Je t'assure que j'en vois aucune dans les environs ». Elle demande très sérieuse faisant même mine de chercher du regard dans les bois si une âme innocente avait eu le courage de se promener dans les bois. La liste des reproches s'allonge puisqu'en plus d'avoir effrayé le pauvre Leandro la jeune femme a aussi gâché une cigarette. Bon, ça, elle risque de s'en remettre. « Tu devrais me remercier, grâce à moi tu as gagné des minutes de vie supplémentaires ». Elle ajoute d'un air malicieux, c'est donc comme ça qu'il la remercie pour allonger son espérance de vie. Pour sa part Adélie n'a jamais fumé, la cigarette tout comme l'odeur insupportable de sa fumée la dégoûte alors elle est plutôt contente d'avoir gâché sa clope. De toute façon ce n'est pas à elle d'avoir honte, elle n'a pas encore imaginé un complot visant à attraper une jeune fille innocente avec un lasso. Ça c'est du pur Sailor et Leandro et même si l'idée est totalement farfelue et plutôt amusante elle se doit de réprimander son camarade. Il sait pertinemment qu'elle plaisante mais si elle vient à accepter cette proposition elle espère au moins qu'elle sera payé grassement. Leandro s'offusque, elle a déjà eu le droit à un massage gratuitement. « Je ne sais pas encore ce que je demanderai mais je vais bien finir par trouver ». Parce que sur le moment elle séchait un peu au niveau des idées, avec un peu de concentration elle allait bien finir par trouver quelque chose à la hauteur de cette tâche ingrate qu'ils veulent qu'elle effectue. Leandro décide de tirer sur la corde sensible en affirmant qu'elle pourrait bien détruire tous les espoirs de Sailor si jamais elle refusait. Sortez les violons. « Ne me fais pas culpabiliser, c'est déjà assez difficile comme ça ». Non pas besoin d'en rajouter. Toute cette situation lui rappelle vraiment Brokeback Mountain aka le seul film de cowboy qu'elle vu de se vie. C'est sa seule référence en la matière. « Pourquoi tu l'aimes pas ce film ? ». Elle a adoré pour sa part, elle se gardera bien de lui dire qu'elle a même versé une petite larme à la fin mais nul besoin de jouer les jeunes filles fragiles Son camarade finit par lui confier qu'il fait lui-même du rodéo et qu'il attrape des veaux au lasso. Elle a presque envie de chanter le générique de Dallas mais elle va s'abstenir, elle n'aimerait pas le vexer. « Tu t'es déjà blessé en faisant du rodéo ? ». Question stupide mais cette activité étant réputé pour être particulièrement dangereuse et spectaculaire. Les chûtes devaient souvent être rudes et les blessures courantes dans ce milieu. Pour changer de sujet il lui demande de raconter sa semaine et la réponse peut le décevoir puisqu'elle ne garde pas vraiment un bon souvenir de ces sept derniers jours. Certaines questions lui restent en travers de la gorge. Qu'elle se rassure Leandro n'est pas là pour ça, le visage de la rouquine s'illumine un court instant puisqu'il finit par évoquer sa pudeur et sa cicatrice. Il l'a vu et elle ne peut pas le croire. Non c'est impossible, elle a fait attention  pendant tout ce temps. Le jeune homme aimerait en savoir un peu plus, comprendre ce qu'il s'est passé avant de se raviser mais le mal est fait. La rouquine esquisse un mouvement de recul, s'appuie contre un tronc d'arbre avant de détourner le regard incapable de soutenir celui de son camarade plus longtemps. « Non ». Elle parvient à murmurer, non elle ne peut pas en parler et elle ne veut pas. Alors elle se contente de se concentrer sur un point fixe dans l'horizon en essayant de réprimer les frissons qui parcourent son échine.    

Il semblerait qu’elle ne voit aucune âme innocente dans les parages. Clairement je n’en suis pas une, mais c’est toujours beau de rêver. « Ouais ouais, tu fais semblant de ne pas la voir. » Assurément. Alors qu’elle est pile en face d’elle. « Ceci dit, il n’y a qu’une âme innocente pour en reconnaître une autre, alors ceci explique peut être cela. » Sous entendu qu’elle ne fais pas parti de cette catégorie. Je me plains alors du fait qu’en plus elle m’ait gâché une clope, mais selon elle je devrais plutôt la remercier. « Han merci merci ! Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire avec ces minutes supplémentaires… »  J’ai toute une nouvelle vie qui s’offre à moi ! Bon et sinon que veut elle de moi pour qu’elle puisse accepter de faire ce petit numéro de lasso ? Je lui ai déjà fait un massage l’autre jour, et gratuitement en plus. Elle finira par trouver qu’elle me dit hm. Du coup j’essaie d’en faire appel à sa conscience. Encore que j’aurais pu mettre sur le tapis le fait qu’elle soit malade, mais bon, on va éviter. De toute façon, elle le sait très bien voilà, donc ça augmente le fait qu’elle ne peut guère la décevoir. « Je dis ça pour toi, si tu veux pas avoir sur la conscience le fait de briser tous ses rêves, mais bon… » Mais non mais non je n’exagère pas du tout. Si peu. Elle me parle alors de Brokeback Moutain. « Si, mais là n’est pas la question. » Oui je l’aime bien le film. Mais faut arrêter de le sortir tout le temps dès qu’il est question de cowboy rha ! Elle cherche alors à savoir si je me suis déjà blessé en faisant du rodéo. « Oui quelques fois…Surement pour ça que je dois avoir des neurones en moins. » A force des chocs. « Je me suis cassé le bras une fois. » Quelques côtés cassés aussi. « Mais c’est pour ça que je pense arrêter aussi. De toute façon je ne suis pas si doué que ça… » En vérité, c’était plus pour me rappeler mon père, avoir l’impression d’être plus proche de lui. Mais maintenant je pense qu’il est temps de tourner la page. C’est alors qu’on parle de sa semaine d’honnêteté radicale, et puis je ne sais pas pourquoi, je trouve le courage de lui parler de sa cicatrice. Sauf que j’aurais mieux fait de ne pas le trouver. J’ai l’impression qu’elle se braque, elle a un mouvement de recul, détourne le regard et me répond que non. Elle n’en parlera pas. Je comprends. Même si quelque part, j’aurais aimé qu’elle se confie à moi… Parce que cela voudrait dire qu’elle me fait confiance et qu’elle se sent assez à l’aise avec moi. « Désolé…Allez hein on oublie. Parlons d’autre chose. » Vite, vite, trouver un sujet. « Belle journée, n’est ce pas ? » Oui alors, ma transition est complètement moisie. T’es nul Leandro, t’es nul.