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On peut légitimement se demander si Mylah n’aime pas se faire du mal. S’il y a bien un endroit qu’elle aurait dû éviter jusqu’à définitivement quitter ces lieux, c’est bien le casino. Ce maudit casino. Ou plutôt cette maudite roulette russe. C’est uniquement grâce à celle-ci qu’elle doit sa nomination et par conséquent, son élimination. Et un peu à elle-même, aussi, puisqu’elle est à l’origine du tir qui l’a nominée. Mais il faut qu’elle cherche un coupable à son malheur étant donné qu’elle ne digère pas son élimination. Oh, elle arrivera à passer outre à un moment ou à un autre, ce n’est pas cela qui lui gâchera la vie, mais dans l’immédiat, c’est encore un peu douloureux. Éliminée aux portes des demi-finales, puisque sans le manque du soutien de la part du public, Mylah aurait au moins pu prétendre être demi-finaliste compte tenu des notes qu’elle a reçues par ses camarades. Ainsi, il est vrai qu’elle a du mal à digérer sa défaite, car si elle était assurée d’être nominée la semaine suivante, elle aurait peut-être mieux accepté son sort. Quoi qu’il en soit, Mylah se rend aujourd’hui au casino pour défier cette roulette du regard. Oui, c’est puéril. Totalement puéril, mais c’est le seul moyen d’évacuer sa frustration à défaut de pouvoir détruire la pièce. Elle n’est pas violente Mylah, pas directement du moins, elle n’aurait donc eu des scrupules à se venger sur cette pauvre pièce. Et puis, son obsession du rangement l’aurait tôt ou tard obligée à remettre la pièce en ordre. Ce qui l’aurait fait indéniablement perdre en crédibilité. Alors ainsi, appuyée contre l’une des machines à sous, elle maudit silencieusement cette roulette, un flot d’injures en tête à défaut de pouvoir franchir ses lèvres, elle qui met un point d’honneur à ne pas être vulgaire. Foutue roulette qui n’a jamais été clémente avec elle. Oh, elle lui a bien distribué quelques indices, un peu d’argent, mais elle lui a surtout vidé sa cagnotte et infliger des nominations d’office. Celle de son premier partenaire ne fut pas un malus à ses yeux, mais la sienne le fut, évidemment. D’autant plus que, contrairement à Léo, le public n’a pas été derrière elle. C’est une honte, un véritable échec d’être éliminée après une seule petite nomination. Elle ne pensait pas faire l’unanimité, mais elle pensait toutefois réussir à s’attirer un minimum de faveurs. Elle s’est trompée, on dirait. Alors oui, elle maudit cette roulette qui signe la fin de son aventure en tant que candidate, même si elle n’est pas décidée à déserter les lieux pour l’instant. Elle a hésité, parce qu’elle vit son élimination comme une humiliation et que ce n’est pas agréable d’être confrontée à ceux qui ont toujours le statut de candidat alors qu’elle ne l’a plus. Pour autant, elle n’est pas prête à retrouver l’extérieur, car si elle est venue ici, c’est aussi pour échapper à la pression qui l’entoure, notamment à celle de ses parents, et ce fut agréable de ne pas avoir cette pression sur ses épaules, elle souhaite en profiter encore quelques jours. Elle est perdue dans ses pensées, entre l’apaisement que représente finalement cette aventure et son agacement quant à son élimination, quand elle entend des pas qui s’approchent. Elle sursaute avant de se retourner, et découvre la silhouette de Sayid. Elle aimerait l’accueillir par un sourire, question de politesse, mais elle n’y arrive pas. Il doit probablement être ravi qu’elle ait échouée si près du but. Ou pas, mais elle dans un tel état d’esprit qu’elle en veut à la terre entière. « Je ne l’approcherais pas si j’étais toi. » Elle déclare simplement en passant ses prunelles de Sayid à la roulette. Quoi que, lui il pourrait à la rigueur, ce n’est pas celui qu’elle soutient le plus parmi les demi-finalistes, au contraire. Elle n’est pas très causante aujourd’hui, manque de bol pour lui.

La journée avait démarré sans qu'il ne parvienne à aller contre cette impression bizarre dans sa poitrine, ce mauvais pressentiment venu d'il ne savait trop où et qui avait eu le don de l'agacer parce que c'était le reflet parfait de son incapacité à contrôler ses émotions. Et puis finalement la sensation était passée, quelque part entre sa confrontation avec Gigi et sa balade jusqu'au bassin japonais, bien que les deux événements n'aient aucun rapport et ne soient probablement pas directement en cause dans ce changement. Reste qu'il se sentait un peu plus léger lorsqu'il avait rejoint l'intérieur, sans doute le bénéfice d'avoir observé les carpes koï aussi longtemps en s'imprégnant du silence, et s'il ne savait toujours pas comment il allait occuper son temps, le fait de ne pas avoir de réponse à cette question l'agaçait un peu moins qu'à l'accoutumée. Déambulant d'un couloir à l'autre il était entré dans le casino un peu par hasard, cette pièce était maintenant devenue synonyme de roulette russe et donc de risque qu'il n'était plus prêt à prendre. Mais en remarquant Mylah installée devant une machine à sous il avait renoncé à l'idée de passer son chemin et s'était aventuré à l'intérieur de la pièce sans toutefois savoir comment se faire remarquer ou engager la conversation. Mylah ne lui apparaissait plus comme une menace - au sens où lui l'entendait, et non pas au sens commun - et pour cette raison il se montrait un peu moins méfiant avec elle. Il essayait en tout cas. Dès qu'elle s'était retournée vers lui pourtant il avait pu remarquer qu'elle ne faisait pas état de la meilleure des humeurs et il avait presque regretté. Mais c'était finalement un bon exercice pour lui, essayer de s'en affranchir et se forcer à ne pas prendre contre lui le moindre ton trop rêche ou le moindre haussement de voix. « Je ne l’approcherais pas si j’étais toi. » Il avait un court instant été tenté de demander précision quant à ce à quoi elle faisait référence, mais suivre le regard de Mylah lui avait finalement suffit pour poser à son tour les yeux sur la roulette russe, qui bien que silencieuse et immobile semblait les appeler, et même les narguer. Mais Sayid n'avait pas eu besoin du conseil de la blonde pour savoir qu'il ne se risquerait pas à poser les doigts sur la roulette russe, le montant actuel de sa cagnotte et les demi-finales approchant à grands pas le dissuadant de prendre le moindre risque inconsidéré. Soudainement cette cagnotte n'avait plus l'odeur du jeu mais bien celle de l'argent. « Je n'en avais pas l'intention. » avait-il donc calmement fait savoir, prenant sur lui de ne pas prendre pour lui le ton somme toute assez froid de Mylah. « Il y a une différence entre prendre un risque et être kamikaze. » Et prendre le moindre risque de dilapider cette cagnotte dont il avait pourtant tellement besoin, et qui constituait la raison de sa participation à l'émission, c'était se montrer kamikaze, à ses yeux. Contournant la table de poker devant laquelle il s'était arrêté, il avait rejoint la machine à sous à gauche de celle de Mylah et s'était assis, son attention pourtant entièrement tournée vers la jeune femme. « Je suis désolé. Pour ton élimination. » Le ton était toujours aussi neutre, mais la phrase pourtant pas moins vraie que s'il parvenait à la prononcer avec la douceur d'une Mackenzi ou la candeur d'une Sailor. Il prenait un risque en faisant un effort sans savoir si elle en ferait de même, mais il essayait vraiment ; Se dire désolé n'était pas dans sa nature, de base, parce qu'il trouvait toujours ce genre d'excuses inutiles. Mais cela faisait partie de la politesse élémentaire parait-il, et Mylah était quelqu'un d'attaché aux bonnes manières. « Tu aurais eu ta place en demi-finale. » Il ne s'agissait pas d'un compliment, ce genre de concept était un peu abstrait aux yeux de Sayid, mais simplement d'une constatation basée sur son impression - subjective - mais aussi sur les notes reçues par la jeune femme lors du dernier prime et qui représentaient aux yeux du britannique une preuve tangible de ce qu'il venait d'avancer. Il essayait de se montrer agréable, presque gentil parce qu'il avançait en aveugle et ne savait pas trop où poser ses limites. Sans avoir conscience que peut-être il versait du sel sur les plaies de la jeune femme.

S’il y a bien un endroit qu’elle aurait dû s’abstenir de visiter, d’autant plus si peu de temps après son élimination, c’est bien le casino. C’est se faire du mal pour rien. Rien ne peut changer son sort ; y compris le fait de maudire cette roulette. Mais elle a besoin de trouver un responsable à son malheur et c’est bien la seule option qui s’offre à elle à défaut de rejeter la faute sur les autres. Elle sait pertinemment que cela ne serait pas juste de sa part, sauf si la situation avait été différente. Si Léo l’avait nominée à l’issue du précédent prime ou si Gigi avait usé de ses pleins pouvoirs contre elle. Dans ces deux cas de figure, elle aurait pu s’expliquer avec la personne qu’elle estime – indirectement – responsable de sa nomination. Et peut-être que cela aurait été plus facile, car elle aurait certainement pu être raisonnée assez rapidement, au fil de la conversation. Mais face à la roulette, impossible de se calmer. Elle est l’unique responsable de son élimination. Il lui faudra quelques jours avant d’être plus raisonnable et d’accepter sa part de responsabilités ainsi que celle des téléspectateurs. Ce sont bien eux qui ont refusé de voter pour elle, ils peuvent aussi avoir mauvaise conscience. Quant à elle, si elle n’avait pas mis un point d’honneur à tourner cette roulette une fois par semaine, elle n’en serait pas là. Voilà ce que cela lui apporte, de tenter de sortir de sa zone de confort. Pour peu, elle serait presque dissuadée à l’idée de faire des efforts, pour ce que cela lui apporte. Il faudrait qu’elle fasse demi-tour et quitte cette pièce au plus vite avant que sa mauvaise humeur n’empire encore plus. Il y a une raison pour laquelle elle rase les murs en ce début de semaine, outre l’humiliation d’afficher un statut de candidate éliminée, c’est qu’elle n’est pas de bonne compagnie et elle en a conscience. Même si elle se fiche de l’avis des autres, ce n’est pas pour autant qu’elle souhaite présenter cette facette d’elle. On la prend déjà pour plus froide et capricieuse qu’elle ne l’est réellement, elle aimerait autant éviter d’aggraver son cas. Et, malgré tous ses défauts, Mylah a conscience qu’il serait injuste de malmener les autres parce que sa fierté a été égratignée. Forcément, elle en veut à la terre entière, mais elle sait aussi que ses anciens camarades n’y sont pour rien dans son élimination. Alors il faut qu’elle se raisonne et qu’elle maudisse cette roulette une bonne fois pour toutes pour libérer un peu de la tension qu’elle a accumulée depuis la veille. Sauf que la roulette ne sera peut-être pas la seule bénéficiaire de sa mauvaise humeur puisque Sayid ne tarde pas à la rejoindre. Il est clairement la dernière personne qu’elle espérait voir. Si aujourd’hui ils arrivent à cohabiter, elle sait d’avance que leur relation risque, une nouvelle fois, d’être mise à mal s’il vient à être maladroit dans ses propos. Ou si elle vient à l’être, même si cette fois-ci, elle ne s’excusera pas ou ne s’expliquera pas sur ceux-ci. Alors elle préfère simplement le prévenir qu’il est préférable pour lui de se tenir éloigné de la roulette ; ainsi il peut faire demi-tour et elle peut reprendre son affrontement ridicule face à cet objet de malheur. Sauf que Sayid, à défaut de simplement hausser les épaules et détourner les talons, lui annonce qu’il n’est pas venu pour cela. Elle tourne la tête et l’observe un instant, le suivant des yeux tandis qu’il vient s’asseoir non loin d’elle, attendant une suite, car c’est la seule raison pour laquelle il persiste à rester. « Si j’avais pensé comme toi, je n’en serais pas là aujourd’hui. » Soupire-t-elle en reportant son attention sur la roulette. Mylah est quelqu’un d’assez réfléchi, elle aurait dû savoir que tirer cette roulette ne lui apporterait rien de bon sur le long terme. Mais il a fallu qu’elle se soumette à la volonté de sa meilleure amie et elle a joué la kamikaze, pour reprendre les termes de Sayid. Restant muette, la jeune femme ne dit plus rien jusqu’à ce que Sayid reprenne la parole le premier, la surprenant au passage. D’autant plus qu’il s’avère désolé pour son élimination. Fronçant les sourcils tout en reportant son attention sur lui, elle cherche une once d’ironie dans ses expressions. Pourtant, elle devrait le savoir que le britannique est très premier degré, comme elle et que, par conséquent, à défaut d’être réellement sincères, ses propos sont surtout l’objet d’une politesse d’usage. « Merci. » Elle rétorque simplement, d’un ton moins froid sans pour autant être chaleureux. Elle doute de la sincérité de Sayid, mais elle ne jettera pas de l’huile sur le feu. Elle sait qu’il se sent rapidement agressé et il vaut mieux qu’elle s’abstienne de tout commentaire, sans quoi elle risque de se venger sur lui et ce ne serait pas la bonne solution. « Félicitations pour ta place en demi-finale. » Elle déclare ensuite, sur le même ton que lui, par politesse. Il faut qu’ils s’en tiennent à ce genre de conversation, cela leur réussit mieux. « Tu te voyais aller jusque-là ? » Elle demande, afin de prétendre faire un effort de son côté. Sayid ajoute qu’elle aurait eu sa place en finale et Mylah reste toujours aussi sceptique. Qu’il se dise désolé pour son élimination, c’est déjà surprenant, mais qu’il estime en plus qu’elle aurait eu sa place en demi-finale, cela en devient suspect. « Il faut croire que non. » Elle déclare en haussant les épaules. Elle ne souhaite pas s’attarder sur le sujet ; c’est encore trop récent et, forcément, douloureux. Elle prenait ce jeu à cœur, peut-être trop à cœur, alors elle n’arrive pas encore à positiver à l’idée d’avoir vu son aventure écourtée. « Tu es satisfait de ton parcours, Sayid ? » Le questionne-t-elle en tournant la tête en sa direction. Plutôt que de repenser à son parcours avorté, autant qu’elle s’intéresse à celui de Sayid. Et puis, le sujet est d’actualité, l’heure étant aux bilans.