MAIA & SOREN

Je venais de me lever avec un mal de crâne horriblement ennuyeux, et je n'aime pas prendre des médicaments, le goût qui reste dans la bouche toute la matinée, beurk, non merci. Quand j'étais petite, je me dirigeais vers la chambre à ma mère, m'asseyais dans son lit en attendant que ça passe. Et ça passait généralement bien. Mais aujourd'hui, il n'y a pas le lit de ma mère. Pour être honnête, cela fait un bout de temps qu'il n'en n'a pas eu. Elle était morte. Mais ces pensées n'allaient pas hanter mon esprit plus longtemps, je me dirigeais vers les toilettes, m'asseyant à l'intérieur, quitte à bloquer celle-ci. Je n'avais pas envie de vomir, mais si l'envie m'en prenait, j'étais juste à côté du trône. Cinq minutes... Dix minutes... Quinze minutes et aucuns de mes vingt-quatre camarades n'avaient d'envie pressante et aucune envie de me vider l'estomac à l'horizon. J'allais alors me lever, quitter cette petite et seule pièce non munie d'une caméra - ça aurait été sadique sinon. Je m'aidais du rebord des toilettes - dégueulasse, Gabriel devait être passé par là - pour me relever, ouvrant ensuite la porte, fermant les yeux car les lumières me brulaient littéralement les iris. J'avais l'intention de quitter cette pièce étroite, enfin ça c'était avant que je ne me cogne contre un corps, une âme occupant l'espace. Quelqu'un semblait trouver un malin plaisir à me bloquer la route, avant que je n'ouvre les yeux et que je découvre Soren. LE Soren. Celui que j'avais embrassé au jeu action ou vérité. J'étais contente qu'il me bloque, finalement, mais je devais partir, ce serait... absolument dégueulasse sinon. « Oh, Soren, ça va ? » Il avait le sourire aux lèvres, j'en déduisais alors que oui. « J'ai pas vraiment envie de savoir ce que tu vas faire là-dedans alors... » Un sourire gênée se présentait à mon visage, c'est vrai quoi, je n'avais pas l'intention de lui demander ce qu'il allait faire ou si ça c'était bien passé. Alors que j'allais - enfin - partir, il m'attrapa le bras, comme pour me dire quelque chose.

J'avais passé une nuit particulièrement agréable, tranquillement enroulé dans les couvertures contre ma partenaire. Si bien que mon réveil avait été bien plus apaisant que les jours précédents, c'est vers les alentours de neuf heures que j'avais ouvert les yeux, un sourire déjà collé sur les lèvres. La journée risquait d'être bonne, je le présentais. Je m'étais levé au bout de quelques minutes, avait pris une bonne douche réparatrice, un bon petit déjeuné de champion, et avait erré dans la maison discutant avec quelques habitants. Vers les alentours de treize heures j'avais cru apercevoir Maia qui se dirigeait vers les toilettes, une mine affreuse collé au visage alors que je sortais tout juste de la cuisine où j'avais prit mon repas en compagnie de quelques habitants. Elle avait l'air tellement mal que son état m'inquiétait quelque peu. Si bien que j'attendais patiemment non loin des toilettes afin d'être sûr qu'elle aille bien. Ce fut qu'au bout de longues minutes que la porte s'ouvrit enfin, accoudé contre l'embrasure de celle-ci, la jeune femme qui avait les paupières closes me fonçait dessus. Me demandant si j'allais bien je n'eus pas le loisir de lui répondre qu'elle tentait déjà de s'échapper, je lui souriais néanmoins alors que je saisissais son bras doucement afin de l'empêcher de partir. « Rien, je t'ai vu entrer et ... Est-ce que ça va ? Tu as une mine affreuse. » Répondis-je dans un murmure alors que je ne lâchai plus ses iris du regard, affichant un air légèrement inquiet.

Dieu devait bien rigoler à me voir m'échapper du jeune homme comme ça. Le pire est que je n'avais pas de raison particulière, je pensais juste qu'il voulait occuper les toilettes, rien de plus. Alors que je comptais partir, quitter ce petit couloir étroit, le jeune homme m'attrapa le bras d'une manière assez douce, ce qui me fit me tourner en sa direction. « Rien, je t'ai vu entrer et ... Est-ce que ça va ? Tu as une mine affreuse. » Il était adorable, ce Soren. « Juste un mal de crâne, enfin j'imagine que tu vois le genre. » Non, il ne devait pas. Il pétait la forme, ça se voyait à sa mine radieuse, tout le contraire de la mienne. Un silence s'installa alors. Ses yeux étaient plantés dans les miens, l'air dépité. Quand tout à coup, et sans que je ne maitrise mon visage, celui-ci s'avança à toute vitesse du sien, laissant nos bouches se coller et nos langues valser. Ce baiser incontrôlé dura pas moins de trois secondes. J'étais définitivement malade, c'était même cliniquement prouvé. J'étais folle, même. Qu'est ce qui venait de me prendre ? « Oublies ce que je viens de faire ! » J'aurai voulu partir, m'enfuir, mais il me tenait encore, m'empêchant d'aller me cacher.

Par chance la jeune femme se stoppa net, ne résistant pas à quitter la pièce. A vrai dire ça m'arrangeait, je n'avais aucune envie de lui arracher le bras. Elle m'avouait avoir un mal de crâne, bizarrement j'avais du mal à visualiser. Aujourd'hui tout particulièrement j'étais dans une forme olympique à vrai dire. Et les seuls maux de têtes que j'avais étaient ceux liés aux excès d'alcool, qui devaient être bien différent à mon humble avis. Je me contentais de faire la grimace, m'imaginait que ça ne devait pas être bien agréable. Un silence s'installait, je ne l'avais pas lâché, allez savoir pourquoi d'ailleurs. Jusqu'à ce que sans que je m'y attende, elle s'approcha de mon visage et commença à m'embrasser. Surpris d'abord, je répondis néanmoins au baiser, plus par réflexe qu'autre chose à vrai dire. Elle se détachait au bout de quelques secondes, puis s'excusait presque honteuse. Je ne savais que dire. J'arquai un sourcil assez surpris de voir la timide Maia prendre ce genre d'initiatives. « Huumm. Non c'est ... Etrange ... Pas en mal rassures-toi mais ... A vrai dire, je ne sais pas trop quoi penser de ce baiser ... Tu m'éclaires ? » Demandais-je soudainement embarrassé.

J'en avais vraiment envie. Me sentir près de lui, sentir son corps près du mien. En réalité, le baiser de l'action ou vérité ne m'avait pas suffi. C'était juste un baiser, rien de plus. Je n'étais pas amoureuse de lui, du moins, je ne ressentais pas encore de sentiments à son égard. Pour être honnête, je ne voulais pas en avoir. Les hommes dont je suis tombée amoureuse étaient des connards finis, mon ex m'a même trompé. Ça m'avait blessée. Maintenant je me méfie d'eux. Mais Soren semblait différent, il semblait sympathique, sincère, sage. Il devait en faire tomber des filles. Son air dépité m'interpella. Qu'avais-je fais de mal ? Je pensais qu'il m'aimait bien. « Je vis. cela aurait pu être la seule réponse qu'il aurait obtenu, mais il y avait de grandes chances qu'il ne comprenne pas. Tu es mon médicament. » Je paraissais sérieuse, ne laissant aucuns sourire apparaitre sur mon visage. Je préférais écouter ce qu'il avait à dire avant d'éclater de rire. Pourtant, après l'avoir embrassé, mon mal de crâne décampait. Était-il vraiment un médicament le Soren ? A ce moment là, j'aurais pu chanter, danser, sauter, gambader dans tout l'hôtel, mais sa main douce tenait encore mon bras.

J'appréciais Maia, vraiment, mais l'appréciais assez pour vouloir l'embrasser à tout bout de champs j'en avais aucune idée. A vrai dire, notre baiser échangé ne signifiait pas grand chose bien que ce n'était pas désagréable. Seulement, elle semblait en vouloir plus, c'était surtout cette attitude qui me désarçonna plus que le reste. Plus que le baiser en lui même et qui contrastait avec la mine affreuse. Je me décrispai alors qu'elle m'avouait vivre. J'arquai un sourcil étonné avant de me remettre à sourire. Moi un médicament, pourquoi pas. D'ailleurs elle semblait étrangement en meilleur état, presque rayonnante. « Ton médicament, si je comprends bien dès que tu te sentiras à nouveau à plat, tu devrais m'embrasser à nouveau pour te sentir mieux ? C'est le bon plan finalement. » Elle ne souriait plus, à contrario le mien ne cessait de s'élargir à mesure que j'y pensais. A moins que ce ne soit qu'une ruse de sa part pour m'embrasser lorsqu'elle le désirerait. C'était à méditer, à vrai dire j'avais connu bien pire comme remède.

« Le voudrais-tu ? » J'attendais sa réponse avec impatience, bien que j'avais déjà la réponse. Il n'avait pas l'air d'être content que je l'embrasse. J'embrassais si mal que ça ? « Tu m'aimes bien... Soren ? » J'espèrais vraiment une réponse positive. En tout cas pour moi, je l'aimais bien. Mais j'avais peur que le gens ne pensent que je tombe amoureuse de lui. Cela n'en était pas le cas, je l'aimais juste bien, en ami. Enfin, si on peut appeller ça une amitié. J'avais visité sa bouche avec ma langue de fois, rien de plus. Puis, je le vis afficher un sourire. Je m'avançais alors vers lui - tout aussi violemment que pour le baiser - et lui fis un énorme câlin qui me parcourait de frissons. Câlin qui dura de bonnes seconde, je me blottis alors dans le creu de son cou. Il ne me repoussais pas, je souriais mais je ne savais pas si lui était content ou encore plus étonné que je le câline ainsi. « En toutes amitiés Soren... »

Son attitude était tout à coup étrange, sa question l'était également. Est-ce que je le voudrais ? A vrai dire je n'y avais pas réfléchit. Je ne réfléchissais pas souvent avant d'agir, ou de parler si bien que ça pouvait créer de quiproquo, des situations étranges. Je mis quelques secondes avant de répondre. « st-ce que je voudrais que tu m'embrasses à nouveau ? Oui sûrement, je ne sais pas, peut être différemment, dans un autre contexte. J'en sais rien. » J'avais tenté d'être le plus honnête possible, elle semblait pendu à mes lèvres et je n'avais aucune envie ni de la blesser ni de lui donner de faux espoirs quant à une éventualité qui ne se présenterait pas. A vrai dire je ne savais pas ce qu'elle cherchait à me faire dire, ni ce qu'elle attendait de ma réponse. Sa deuxième question me parut tout aussi déroutante à une certaine mesure. « Oui bien sûr, tu penses que je me serais inquiété de ton état dans le cas contraire ? Je t'apprécie effectivement Maia. » Je ne lui retournais pas la question volontairement, d'autant que j'avais l'impression que la réciprocité était de mise. Pour continuer dans les surprises, je la fis se jeter à nouveau sur moi, se serrant contre moi dans une étreinte que je lui rendis, je passais mes bras autour d'elle l'a ramenant contre mon torse, relativement étonné une fois de plus. J'arquai un sourcil qu'elle ne pouvait voir lorsqu'elle se sentit obligé de me signifier que ce geste était amical rien de plus. « Tu es sûre que ça va Maia ? » Demandais-je inquiet, sans briser l'étreinte.

« Est-ce que je voudrais que tu m'embrasses à nouveau ? Oui sûrement, je ne sais pas, peut être différemment, dans un autre contexte. J'en sais rien. » Oh. J'étais... bouche-bée. Bouche-bée mais un peu contente. Cela prouvait qu'il m'aimait bien, chose qu'il me confirma quelques secondes plus tard. « Oui bien sûr, tu penses que je me serais inquiété de ton état dans le cas contraire ? Je t'apprécie effectivement Maia. » « On sait jamais, tu aurais pu trouver un avantage par exemple. » J'arquai un léger sourire malicieux, on aurait dit le visage d'un enfant. C'est à ce moment là que je me jetais dans ses bras, laissant son corps chauffer le mien. Chauffer un peu trop d'ailleurs. Soren me demandait si j'allais bien. Tout à coups, non. « Soren je... j'ai envie de... » Vomir. La substance venait de quitter mon estomac pour aller se nicher dans son dos. Aaaaaah. Quelle conne ! J'étais collée sur son torse, et je venais de salir son dos. « Soren... Ça te dérangerait de me... tu vois, me raccompagner jusqu'aux toilettes... Je suis pas sûre que ça soit fini... » Je posa alors ma main sur mon front, pendant que Soren ne me raccompagne jusqu'aux rebords des toilettes. J'avais honte, mais pourtant je lâcha un petit rire incontrôlé. Je trouvais ça déplacé, mais je ne pouvais m'arrêter de rire de cette situation très... cocasse ?

« Oh oui depuis tout petit j'adore mater les filles dans les toilettes. » Répondis-je taquin à son affirmation incluant un avantage. Non cette idée ne m'avait d'ailleurs pas traversée l'esprit. Si j'étais venu c'était comme je lui avais dit simplement parce que sa moue m'avait inquiétée. J'avais d'ailleurs eut raison de m'inquiéter puisque finalement, elle n'allait pas si bien qu'elle ne paraissait. Alors que je sentais la chaleur s'évaporer de nos corps respectifs, elle se liquéfia sur place, blafarde, elle avait l'air presque aussi mal que lorsque j'avais rejoins le petit couloir. Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'un filet chaud et épais coulait le long de mon dos. Je me raidis instantanément, réalisant que le liquide visqueux était de la gerbe, la gerbe Maia coulant littéralement le long de mon corps. J'ôtai rapidement mon t-shirt que je jetai dans le couloir évitant ainsi d'être complètement imbibé. Puis j'accompagnai la demoiselle qui chancelait jusqu'au rebord de la cuvette. « Je crois que c'est la première fois que je donne la gerbe à jeune femme après l'avoir serré dans mes bras ... C'est déroutant. » Tentais-je de plaisanter avant de poursuivre plus sérieusement. « J'vais te chercher un verre d'eau, ne bouge pas ! » Je m'échappai de la petite pièce attrapant mon t-shirt qui allait terminer sa triste vie au fin fond de la poubelle tandis que je me dirigeai vers la cuisine ...