Je me suis levé ce matin avec la faim au ventre. Une vraie faim de loup. Puis elle s'est atténuée avec une bonne douche chaude, qui a fini de me décrisper parfaitement. Alors comme mon ventre a pris l'habitude de faire taire la faim avec la cantine terrible de la semaine dernière, je ne me suis pas rendu compte qu'il n'était plus question d'ingurgiter cette nourriture terrible et que je peux me faire plaisir à partir de maintenant. La faim m'a pris à la gorge, m'a serré le ventre avec violence il y a quelques minutes et depuis je traverse les pièces dans l'espoir de trouver la cuisine. La cuisine. Une vraie cuisine, merci mon dieu. Je rentre, conquérant, j'ouvre le frigo et je commence à sortir trop de chose pour que ce soit un repas normal, un repas pour une seule personne. Tant pis, il y aura des restes mais pour l'instant je vois plus gros que mon ventre. Une tête inconnue arrive elle aussi dans la pièce, et les mains à la pâte, je lève les yeux pour le saluer. " on a faim ? j'espère, parce que là, même à deux on aura du mal à manger tout ce que je suis en train de faire. et dire que d'habitude je déteste cuisiner, cette prison m'a pas fait du bien, sérieux. " je parle trop.

J'avais faim, un peu beaucoup faim même. Du coup c'est tout naturellement que je me dirigeais vers la cuisine. Je savais que là-bas j'allais trouver de quoi me nourrir et que j'allais pouvoir remplir mon ventre qui commençait à émettre des sons étranges. Oui je sentais qu'il souffrait, mais j'allais lui venir en aide en grand homme que je suis ! C'est alors que je vis quelqu'un qui était déjà là et qui avait l'air plutôt enthousiaste. C'était cool de voir une personne comme ça, j'aime les personnes joyeuses, j'aimais la joie de vivre, les coquelicots, les petits oiseaux, la légèreté dans l'air tout ça tout ça. Ah et bien euh merci. dis-je en souriant. Je n'avais pas l'habitude qu'on me prenne sur le fait comme ça. D'habitude c'était plutôt moi qui venait vers les gens du coup c'était un peu différent. Mais bon ce n'était pas non plus hyper désagréable quoi ! Tu ne veux pas que je t'aide ? Et c'est quoi ton nom déjà ? demandais-je en voulant commencer à engager la conversation. Il fallait vraiment que je commence à memoriser les prénoms parce que ça n'allait pas le faire tout ça. Parce que bon là si je posais la question à tout le monde ça n'allait las le faire non plus. Bon, bon, bon, un peu de stop dans le cerveau, il fallait que j'arrête de penser un peu et que j'écoute ce mystérieux cuisiner. Au moins je mettais un visage et un adjectif sur lui.

J'aurais pu tomber sur n'importe qui, sur un type antipathique qui n'aime rien ni personne, et donc passer un très mauvais repas, ou pire encore, me sentir bien seul quand il m'aurait craché à la figure avant de faire demi tour. On ne sait jamais, les gens aimables ne courent pas les rues, il faut arrêter de croire à la beauté du monde. Mais je veille toujours à être accueillant de la même manière pour tout le monde, et parfois ça paye. Comme là. Le type a l'air d'apprécier le fait que je l'accueille comme ça, et lui même répond plutôt positivement à l'invitation. Il a le sourire et les bonnes questions. Il est adopté. " parfait, viens par là. " je continue à m'activer, mais je comprends tout doucement que je suis surtout en train de m'égarer bien vite. Ca va être un massacre, en fait. Tant pis, je tente jusqu'au bout mon expérience culinaire. Je relève la tête quand il m'adresse à nouveau la parole. " c'est Clotaire, et toi ? un truc comme Rody ? nan ? " j'ai presque honte d'essayer de me rappeler de son prénom et de tenter des approximations, mais tant pis, on ne peut pas non plus demander l'impossible à mon cerveau. Je retente de me concentrer sur ce que je suis en train de faire, mais à part la salade que j'ai déjà presque terminé, mon énorme quiche ne ressemble à rien. " tu sais faire une quiche ? nan parce que là pour l'instant, avec mon talent, on risque juste l'intoxication alimentaire et je tiens pas à te rendre malade dès le premier repas ensemble ... "

Il avait l'air sympathique, oui il était sympathique. Enfin de premier abord, après je ne savais pas trop c'est vrai. mais je préférais partir positivement plutôt que négativement. C'était forcément mieux non ? Je me posais trop de questions rhétorique en ce moment. Fallait que je me calme sur ça, enfin un petit peu. Pas beaucoup, je savais que je n'allais pas forcément y arriver de toute façon. Je viens le rejoindre comme il me l'a demandé et je reste silencieux en attendant les indications qu'il avait à me donner. Il s'appelait donc Clotaire, ouais c'était dur à retenir comme prénom, atypique, mais bon un peu trop dur à retenir quand même. Il m'avait appelé Rory, bon au moins il connaissait trois lettres sur quatre de mon prénom. C'était déjà un bon début, après c'était normal qu'il ne retienne pas tout. Je comprenais que c'était pas facile quoi. « Ouais tu y es presque. C'est Cody, mais Rory ça peut-être bien. Enfin non oublis, on va rester sur Cody c'est mieux. » dis-je en comprenant moi-même que je m'égarais à nouveau. Ouais c'était mon problème, parfois j'allais un peu trop à droite à gauche et je divaguais. Je pensais, je réfléchissais tout en parlant. Du coup je n'avais pas cette option philtre et ma phrase ne voulait plus rien dire après. Puis il me tira de mes pensées, réflexions, enfin de ma tête quoi en me disant qu'il était vraiment nul en cuisine. Bon j'avoue que je n'étais pas un génie non plus, mais je voulais bien essayer. J'ai bien dis essayer pas sur que j'y arrive. « Euh, je ne sais pas trop. Enfin j'ai déjà essayé, mais c'est pas top. Des pattes à la limite peut-être, mais sinon. Donc bon je pense que tu as mal choisi la personne pour t'accompagner en cuisine et bien manger. » dis-je en grattant l'arrière de mon crâne légèrement gêné. Je regardais un peu ce qu'il y avait préparant au cas où ce que j'allais pouvoir faire en nourriture pour me remplir et également lui remplir l'estomac.